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tome 1, Chapitre 8 tome 1, Chapitre 8

— J’ai été surpris en apprenant que tu voulais combattre le champion de Valronn, fit Skryg.

Isobel interrompit ses préparatifs et posa un regard interloqué sur le maitre de l’arène.

— C’est toi qui l’as proposé à Grégoire Valronn.

L’homme dégingandé haussa les sourcils.

— Surement pas. Il est venu me voir hier en me disant que tu lui avais demandé de faire ce combat. Il était tout excité…

— Qu’est-ce que … ? Pourquoi Valronn aurait-il menti ?

— Je ne sais pas, mais si j’étais toi, je me méfierai. Valronn est une pourriture.

Isobel sentit un frisson glacial remonter le long de sa colonne vertébrale. Valronn avait-elle essayé de l’éloigner du théâtre ? De la mettre hors d’état de nuire, hors d’état de protéger Cynred. Elle défie les bandages dont elle était en train d’entourer ses mains.

— Le champion est là ?

— Pas encore, maugréa Skryg. Il a l’habitude de se faire attendre.

— Il faut que je file.

— Quoi ? Mais le combat !

Elle regarda son ami droit dans les yeux et posa ses deux mains sur ses épaules.

— Je ne peux pas faire ce combat. C’est un piège.

— Un piège ?

Skryg avait l’air perdu.

— Est-ce que tu peux me rendre un service ?

— Bien sûr.

— Retiens le champion. Il faut qu’il comprenne le plus tard possible que je ne viendrais pas.

L’homme, interdit, la dévisagea quelques secondes, puis il serra sa main droite.

— Je vais demander aux gars de m’aider. Fais ce que tu as à faire.

Isobel eut un sourire pâle.

— Merci.

Puis elle enfila sa cape, attrapa son sac et sortit de l’arène. Dès qu’elle fut dans la rue, elle se glissa dans les ruelles et se mit à courir. Le trajet n’était pas direct, mais elle préférait éviter de se faire repérer par des hommes de Valronn. Elle connaissait le quartier comme sa poche et elle n’eut aucun mal à trouver un trajet jusqu’au théâtre.

Quelle idiote ! Elle ne savait pas ce que voulait Valronn, mais elle avait senti que quelque chose n’allait pas en quittant le théâtre tout à l’heure. C’était très diffus, des regards, des expressions et, à l’époque où elle était dans la garde, cela aurait suffi à lui mettre la puce à l’oreille. Tu t’es ramollie, se morigéna-t-elle.

Parvenue derrière le théâtre, elle dissimula son sac dans un buisson d’herbes hautes. Elle observa le haut bâtiment, sans trop savoir quoi faire. Elle n’avait pas assez d’informations pour entrer, même par l’arrière. Elle suivit donc la ruelle qui séparait le théâtre de la boutique voisine, vers l’axe principal. Se pelotonnant derrière un amas de caisses entreposées là, elle observa les environs. La rue était vide. Un carrosse attendait devant l’entrée. Elle voyait de la lumière briller à travers les vitraux de la salle de spectacle, mais nulle part ailleurs dans le bâtiment.

A qui appartenait ce carrosse ? Soudain la porte d’entrée s’ouvrit et elle aperçut Sélyna, et Valronn. La chanteuse était pâle. Elle portait la tenue avec laquelle elle l’avait vue tout à l’heure, une vêture inhabituelle pour elle : une chemise blanche, à manche bouffante, un gilet de soie noire, un pantalon en cuir marron et des bottes. Isobel écarquilla les yeux. Était-ce du sang sur sa manche ?

Ils s’approchèrent de la calèche et le cocher en descendit vivement. Grégoire Valronn lui tendit une bourse pleine de pièce. Le cocher sourit et l’empocha.

— Ramenez ma fille chez nous. Et nous sommes bien d’accord : elle n’était pas au théâtre ce soir. Tu as déposé la baron de Vilepierre et tu es reparti.

— Bien sûr, patron.

Valronn se tourna vers sa fille et déposa un baiser sur son front.

— Va te laver et te reposer, ma chérie.

— Et pour Cynred ?

— Il va rester emprisonné dans sa chambre jusqu’à ce que j’ai réglé la question du meurtre avec la garde. Puis il disparaitra. Malheureusement on ne retrouvera jamais le meurtrier du Baron de Vilepierre.

Sélyna eut un petit rire, puis elle grimpa dans le carrosse avec l’aide de son père. Isobel, tremblante de rage, se pelotonna derrière les caisses quand le véhicule passa devant sa cachette.

Valronn rebroussa chemin et atteignit la porte au moment où trois hommes en sortirent. La guerrière fronça les sourcils : elle se rappelait de ces hommes, elle les avait aperçus du coin de l’œil quand elle avait quitté le théâtre, en train d’attendre de l’autre côté de la rue. En train d’attendre que tu partes ! fit une voix aigre dans son esprit. Elle serra les poings.

Elle les observa attentivement, pour graver leur apparence dans sa mémoire : l’elven, grand, chauve, à la peau parme ; son compagnon plus svelte, bien coiffé et maquillé, qui marchait comme un paon, et le troisième. Sergueï, grogna-t-elle intérieurement.

Qu’est-ce que cet idiot faisait avec Valronn ? Elle le connaissait depuis qu’elle l’avait arrêté, quelques années auparavant. Son frère fréquentait l’arène et elle était allée souvent prendre un verre dans sa taverne, dans le quartier du port. Sergueï était jeune, elle avait eu pitié de lui et l’avait aidé à éviter sa dernière incarcération, contre une promesse de se ranger. Et c’était ainsi qu’il tenait sa promesse !

La colère était si forte qu’elle perdit le fil de ce que se disaient les autre hommes. Mais les trois sbires s’engagèrent dans la rue en direction de la place du marché et Valronn rentra dans le théâtre. Isobel se releva et remonta la ruelle en courant. Après avoir récupéré son sac, elle entra dans le jardin et se colla à la porte du fond. Aucun bruit de l’autre côté du battant. Elle déverrouilla doucement la porte et la tira. Elle s’ouvrit en silence.

Elle se glissa dans le couloir des communs qui desservaient une petite cuisine pour les employés et les artistes, des espaces de rangement et son appartement. Elle se figea au bruit des pas qui montait l’escalier. Une fois qu’elle eut entendu la porte de l’appartement de Cynred s’ouvrir et se fermer, elle se précipita vers le sien, le plus silencieusement possible et s’y enferma.

D’après ce que Valronn avait laissé entendre, son patron était en vie. Mais il fallait qu’elle se dépêche car elle n’avait aucune idée de ce qu’il lui voulait. Elle attrapa son ceinturon qu’elle ceignit et glissa son épée dans son fourreau. Puis elle coinça une dague à l’arrière de sa ceinture, sous sa veste. Ensuite, elle vida le sac qu’elle utilisait pour ses séances de combat, récupéra le portefeuille en cuir qui contenait son permis qu’elle glissa dans une sacoche plus petite. Elle ouvrit son coffret verrouillé et en sortit la bourse qui contenait tout son argent, qui alla rejoindre son permis. Enfin elle ajouta son trousseau d’outils, très utile pour ouvrir des portes verrouillées.

Puis elle s’assit sur le lit et attendit en retenant son souffle. Quelques minutes plus tard, elle entendit les mêmes pas redescendre les marches et rejoindre le rez-de-chaussée, puis, un instant après, la porte extérieure s’ouvrir, se fermer et être verrouillée.

Elle sortit dans le couloir, qu’elle suivit prudemment jusqu’au hall. Tout était silencieux. Un frisson la parcourut : ce n’était pas un silence apaisant. Le regard rivé sur la porte extérieure, s’attendant à ce que Valronn et ses sbires jaillissent à tout moment, elle patienta un peu.

Puis elle se glissa dans les escaliers et les grimpa quatre à quatre . L’appréhension

commença à lui serrer la poitrine : et si elle découvrait Cynred mort, assassiné par Valronn ? Elle serra les dents et contrôla les battements de son cœur. Elle tourna la poignée de la porte, la poussa doucement, se faufila dans l’appartement et la referma. Elle laissa tomber son sac et se précipita dans sa chambre. Dès qu’elle eut poussé la porte, une exclamation sourde jaillit de sa gorge.


Texte publié par Feydra, 6 août 2023 à 21h01
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