Nuala entra dans son bureau d’un pas rapide, tout en défaisant son écharpe légère. Elle la laissa tomber sur son fauteuil. Le tissu vert vint parfaitement se draper sur le dossier avec un léger tintinnabulement.
La Fae, qui se servait une tasse de thé, lui jeta un regard courroucé.
— Arrête donc de bouder, fit-elle.
L’écharpe ne bougea pas d’un millimètre. Elle soupira et s’installa à son bureau, la tasse fumante entre les mains. Elle sentit le tissu effleurer son cou et sa joue. Elle sourit.
— Elysiana, cesse donc.
Nuala attrapa avec délicatesse le tissu vaporeux et le lança en l’air. Des étincelles le parcoururent et il sembla se contorsionner dans tous les sens. Une forme se dessina à l’intérieur. Au bout de quelques secondes, une créature humanoïde, aux grands yeux verts, avec des ailes de papillons diaphanes, drapée dans une tunique émeraude, se laissa gracieusement tomber sur le bureau. Ses longs cheveux verts tombaient dans son dos. Son visage ovale et ses oreilles effilées soulignaient l’immensité de ses yeux.
— J’étais anxieuse, ma dame, fit Elysiana d’une petit voix aiguë qui ressemblait au son d’une multitude de clochettes.
Dame Nuala ne répondit pas immédiatement. D’un geste de sa main gauche, elle activa un sort : la théière posée sur une commode derrière elle déversa son contenu dans une minuscule tasse, puis une cuillère argentée y versa une bonne dose de sucre et la tasse flotta jusqu’à la Faerile.
— Bois ça, ma chérie. Cela te consolera.
Avec un grand sourire, Elysiana prit la tasse et la porta à ses lèvres rouges.
— Tu sais bien que je ne t’aurais jamais laissé au Refuge. C’est toi qui a refusé de jouer avec les autres familiers. Tu n’es pas obligée de prendre cette forme à chaque fois que nous quittons mes appartements.
La petite créature bouda.
— Les chats-fées sont trop bêtes.
— Ne parle pas ainsi, Elysiana, la réprimanda la Fae. Tu sais que je veux que tu fasses des efforts avec eux. Ils auraient beaucoup à apprendre de toi et toi d’eux.
— Je suis unique ! fanfaronna alors la Faerile, en croisant les bras et en la regardant fièrement.
— Chaque familier est unique, ma chérie.
— Ils se ressemblent tous.
— C’est que tu ne regardes pas très bien. J’attends mieux de ta part, Elysiana.
Soudain la petite créature écarquilla les yeux et posa sa tasse sur la table. Des larmes aussi pures que du cristal perlaient à ses yeux. Nuala la regarde avec satisfaction, attendant qu’elle lui dise enfin la vérité.
— Ils ont une famille. Ils jouent entre eux, souffla-t-elle. Moi je ne suis pas comme eux. Et je ne les comprends pas.
— Nous y voilà ! pensa la Fae.
Elle tendit les bras et Elysiana se jeta contre sa poitrine en sanglotant. Nuala sentait l’angoisse et la peur dans le petit corps frêle. Sous ses airs arrogants, elle était très sensible.
— Tu ne les comprendras que si tu les écoutes et que tu passes du temps avec eux, et pas sous la forme d’une écharpe, ma chérie. Ce sont des petits êtres qui sont faits ainsi, tu sais : les familiers savent comprendre et écouter ; si tu les laisses faire, ils t’enseigneront comment. Et à travers eux, tu pourras aussi faire connaissance avec les autres habitants de Sombremur.
— Tu ne me laisseras pas ? fit la créature, entre deux sanglots.
— Jamais. Nous sommes liées, toi et moi.
Alors le sourire d’Elysiana illumina son fin visage et la pièce.
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