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tome 1, Chapitre 4 « La proposition » tome 1, Chapitre 4

Vingt-ans. Il était aujourd’hui en âge de décider de la suite de son existence. Enfin presque. Ce soir, il célébrerait l’événement autour d’un repas avec ses quelques amis et sa famille. La tradition voulait que ses proches lui préparent des défis à relever, connaissant Benny il se préparait au pire. Ce jour signifiait aussi que le délais avant la cérémonie se raccourcissait : seulement huit jours. A cette pensée une vague d’angoisse le submergeât, il pouvait encore changer d’avis et demander simplement à quitter le clan, songea-t-il. Il avait reprit sa vieille habitude de se ronger les ongles, il fourra ses mains dans ses poches pour s’en empêcher. Il étouffait ici. Abiès attrapa ses affaires et quitta la maison au pas de courses.

Il pensa d’abord rejoindre la brasserie pour l’atelier du jour, mais se ravisa lorsqu’il remarqua que le jour se levait à peine, seule une pale lueur bleuté éclairaient ses pas. Tout en mastiquant un bâton de perchana pour épargner ses ongles, il déambula au hasard dans la ville. Il atteignit le Perchoir : un aplomb rocheux offrant un panorama sur la vallée. Il s’installa alors en tailleur sur un bloc presque rond et attendit le lever du soleil. Sa respiration se fit plus calme et ses doutes s’évanouir peu à peu. Les rayons du soleil d’abord timides, s’intensifièrent et lui réchauffèrent la peau, finissant de le détendre totalement. Il resta ainsi un long moment profitant de cet instant paisible et réconfortant. Lorsqu’il ouvrit les yeux il s’aperçut qu’un cercle d’iris des rochers avaient fleuris tout autour de lui. D’abord surprit, il jeta des coup d’œil à la ronde pour vérifier qu’il n’y est personne, puis il éclata de rire, d’un rire si joyeux que les arbres autour se penchèrent vers lui pour le frôler. Il se calma enfin et les branches se retirèrent comme à regret. Abiès jeta un dernier regard au cercle de fleur avant de s’engouffrer dans les ruelles en direction de la brasserie.

La brasserie se trouvait au bas du village au bord d’un ancien canal alimentant un moulin. Abiès arriva le premier et parti à la recherche d’Humulia, la brasseuse. La jeune femme déchargeait des sacs de grain. Ils déchargèrent et stockèrent les sacs dans la grange, puis elle invita Abiès à boire une tisane avec elle. Abiès savait qu’elle voulait lui dire quelques chose car elle n’arrêtait pas de se trémousser sur sa chaise et lui jeter des regards furtifs.

Au bout d’un moment, elle se décida enfin et lâcha d’un ton décidé :

- Ecoutes Abiès, j’ai murement réfléchis. Je ne sais pas ou tes réflexions d’avenir t’ont menée, et si tu as pris ta décision. Tu travailles bien, malgré les résultats hasardeux de tes expérimentation. J’y pensais depuis quelques temps et j’ai décidé de te proposer de venir travailler avec moi à la brasserie. Prends ton temps pour y réfléchir. Je pense que l’on ferait un bon duo.

Et elle le planta là. Pas de gaspillage de mot. C’était l’un de leur point commun : ne pas s’embarrasser de mot inutilement.

Après tout, pourquoi pas, si sa première requête était refusée il pourrait s’y accommoder avec le temps. Il s’imagina travaillant avec Humulia, peut-être même vivre avec elle et laisser sa réputation derrière lui. Ne pas faire de vague. C’était un risque pour elle de le lui proposer, une chance pour lui. Il devrait en discuter avec son père.

Il continuait d’observer la jeune-femme en train de s’affairer. Il admira ses gestes souples et sur. Ses longues boucles brunes rebondissait sur ses hanches au rythme des ses pas sautillants. Depuis quand la regardait-il comme une femme et non comme une enseignante, il ne saurait le dire, peut-être depuis toujours. Etait-ce vraiment le métier de brasseur qui l’attirait ici, ou la brasseuse elle-même ?Est-ce-que cette proposition d’association révelait un autre aspect ? Lorsqu’Humulia croisa son regard béat, elle se renfrogna et lui intima de s’activer. Abiès s’exécuta.

Un verre de matchou à la main, un croustillant au fromage dans l’autre Abiès profitait de la musique en compagnie de Cerise. Benny, Willy et Orme étaient là eux aussi, blaguant autour du feu. Sa sœur se cachait dans la cuisine avec un air faussement boudeur. En réalité elle s’était pliée en quatre pour le repas et l’organisation de la soirée. Abiès soupçonnait que cet élan d’attention ne devait pas lui être totalement destiné, et que sa sœur cherchait à plaire à l’un des invités.

Benny enchaînait les bourdes, comme à son habitude lorsque celle-ci était dans les parages. A son actif, après seulement une heure : il avait échangé une bouteille de vinaigre à la place d’une liqueur si bien qu’il avait la voix déformé par l’aigreur du breuvage, un début d’incendie (la faute de la bougie pour sur), et il venait à l’instant de rentrer de plein fouet dans la baie vitrée qu’il pensait ouverte. Arrivant d’un bon pas il s’était retrouvé sonné et tomba à la renverse.

La scène déclencha un fou rire général. Abiès riait tellement qu’il failli s’étouffer en avalant de travers. Avec l’aide de Willy ils le relevèrent et l’installèrent dans un fauteuil, loin du vide ou d’objet tranchant en lui ordonnant de ne plus bouger. Puis tout le monde vint le rejoindre, pour surveiller autant son état que ses gestes maladroits. Benny finit par retrouver son entrain naturel et enchaina pour se venger, toutes les anecdotes aussi hilarantes qu’embarrassantes, sur les membres de la petite assemblée. Ils se régalèrent des croustillants aux fromages, des beignets aux fleurs et des tartinade d’olives, le tout arrosé de cidre et boisson plus corsée.

Puis l’heure redoutée des défis arriva. Abiès s’en tira admirablement au vue des défis lancés ; servir de cible à un lancer de couteau (Benny), boire une décoction, descendre en rappel le long de la falaise, entre autres… Il reçu de la part de Sauline un sac de voyage, et une choppe décorée de plantes par ses amis, son père lui offrit un livre à ouvrir plus tard. La soirée s’éternisa. Ce furent les premiers rayons du soleil qui sonnèrent la fin de cette joyeuse assemblée.

Les derniers jours avant la cérémonie passèrent en un battement de cil, alternant les dernières séances d’apprentissage, ses entraînements et des nuits angoissantes. Abiès ne voyait pas le temps s’écouler, les journées était trop courtes : il en avait le tournis.

Il prit conscience que son attente touchait à sa fin la veille au soir : son appréhension était au plus haut et sa tension palpable dans toute la maison. Il s’éparpillait, commençant à faire quelque chose et l’abandonnant sans terminer. Son père tout d’abord compréhensif s’impatienta au bout de quelques heures:

- Maintenant ça suffit ! Abiès, tu es une vraie tornade ce soir, regarde autour de toi, dit Dioran en ouvrant les bras et en désignant le champs de bataille. Il attrapa Abiès par les épaules et lui dit tout en le menant à la cuisine : assieds-toi, manges quelque chose, ensuite tu attrapes ton sac et tu t’enfermes la haut jusqu’à demain. Sur ces mots, Dioran attrapa un bol plein de soupe et le fourra dans les mains de son fils, puis il le fixa jusqu’à ce que celui consente à bouger.

Ce fut comme si une bulle venait d’éclater autour de sa tête, Abiès se ressaisit et exécuta ce que son père lui conseillait. Il avala tout rond son repas, s’excusa auprès de son père et s’engagea à tout ranger le lendemain. Il gravit l’escalier et se roula en boule dans son lit. Après ce qui lui sembla des heures, il s’endormit d’un sommeil étonnement calme et profond.


Texte publié par Margauttinaa, 21 juillet 2023 à 19h41
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