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tome 1, Chapitre 6 tome 1, Chapitre 6

— C’est extraordinaire, fit Dame Sylve, en examinant attentivement la bulle de lumière tourbillonnante.

Mal à l’aise, Isidore avait vraiment l’impression d’être un sujet d’expérience. Les filaments d’énergie bleue électrique manipulés par sa tante s’agitaient autour de lui et de Qeepip. Le hibou, perché sur son épaule, se nettoyait les plumes dans la plus totale indifférence. Une ou deux fois les éclairs les avaient traversés, lui ou son familier. C’était une sensation étrange, mais pas douloureuse, juste quelques picotements, même si le diadème posé sur son front était un peu chaud.

Il avait jeté un regard inquiet à Améthyste quand l’objet s’était activé. Elle lui avait répondu par un sourire serein. Cela l’avait un peu rassuré, mais il n’aimait pas trop l’attention dont il faisait l’objet. Il aurait préféré visiter la Tour du Rituel dans d’autres circonstances. Il possédait toujours au fond de lui la crainte qu’on lui avoue que le lien n’existait pas, que c’était son imagination ou l’état de faiblesse du petit animal.

Il ne le connaissait que depuis quelques jours et n’était lié à lui que depuis encore moins de temps, mais les sensations qu’il avait déjà partagées avec lui, la veille, lors de ses vols autour du village étaient trop précieuses pour qu’il les perde. Emporté dans ses réflexions, il mit un certain temps avant de s’apercevoir que la lumière avait disparu.

— Tu peux enlever l’Oniroscope, fit Sylve.

Il l’ôta délicatement de sa tête et le lui tendit. C’était un bel objet de métal ciselé et de cristal. Améthyste lui avait dit que c’était un outil technomagique très utile pour vérifier les courants magiques chez une personne.

— Vous êtes bel et bien lié. Félicitations, Isidore : tu es son ami-lié.

Le soulagement qui l’envahit le laissa tremblant. Puis il pensa à Améthyste et lui jeta un coup d’œil. Elle le regardait en souriant ; aucune tristesse ne se lisait sur son visage. Il lui rendit son sourire et caressa la tête de Qeepip, qui choisit cet instant pour s’envoler par la porte.

— Pourtant, je ne suis pas un enchanteur ; je n’ai pas de magie.

— Ce n'est pas tout à fait vrai, Isidore. Ta magie est là, mais très faible. Il est effectivement rare qu'un familier se lie avec un être qui ne manifeste pas de magie, si rare que cela n’est pas arrivé depuis des siècles, mais pas impossible. Tu as de la chance.

— Oui. J’en suis conscient, fit isidore.

Dame Sylve posa les deux mains sur ses épaules et le regarda fermement. Son visage était si grave qu’il crut que quelque chose n’allait pas.

— C’est bien. Mais il faut aussi que tu sois conscient que Qeepip est un familier très particulier. Les circonstances de sa naissance font qu’il ne s’est pas développé convenablement. Ce sera à toi de veiller à l’aider du mieux possible.

Isidore sentit son cœur se serrer. De quoi parlait-elle ? Serait-il à la hauteur ? Une ombre passa sur son visage et il pâlit. Mais sa tante sourit.

— J’ai confiance, mon garçon. Tu as pris des responsabilités que personne ne t’a imposées, pour aider les gypsaèdres de ta contrée. Je pense que tu es le jeune homme qu’il faut pour éduquer Qeepip et que c’est une des raisons pour lesquelles il t’a choisi.

— Tu … en es certaine ?

— Bien sûr. Cependant, tu vas avoir besoin d’acquérir des connaissances et de t’entrainer avec lui. Les enchanteurs se préparent longtemps avant de pouvoir obtenir un familier.

S’entrainer ? Il en était capable. Acquérir de nouvelles connaissances avait toujours été sa passion. Isidore hocha la tête avec détermination.

— C’est bien, fit la directrice sur Refuge. Améthyste ?

— Oui, madame, s’empressa la jeune enchanteuse.

Dame Sylve se tourna vers elle et la regarda d’un air interrogateur.

— Peu de personnes en savent autant que toi sur les familiers. Te sens-tu capable d’apporter ton aide à Isidore ?

Malgré le fait que tu n’aies pas été choisi par un familier toi-même. Le sous-entendu avait été bien compris par les deux amis. Isidore regardait Améthyste avec espoir.

— Évidemment, répondit-elle, sans aucune once de doute.

— Parfait, ma chérie. Vous allez commencer par annoncer la nouvelle à Balthazar.

Isidore pâlit. Il avait occulté de son esprit cette obligation. Après avoir passé la journée avec Améthyste, la veille, il l’avait invitée comme prévu à manger avec eux. Mais Qeepip était sagement resté dehors, puis il s’était installé dans sa chambre. Cependant cette organisation ne fonctionnerait pas sur le long terme. Son père avait le droit de savoir. Il espérait juste qu’il prendrait bien la nouvelle. Améthyste et sa tante paraissaient amusées par son expression.

— Allez, les enfants. Je compte sur vous pour me tenir régulièrement au courant des progrès de ce petit.

— Oui, ma tante, fit Isidore.

Améthyste salua sa supérieure et entraina Isidore à l’extérieur. Le jeune homme n’était plus gêné par sa familiarité amicale, car il avait compris qu’elle était ainsi avec tous les gens qu’elle appréciait. Il commençait à considérer cela comme un honneur. Lorsqu’ils furent dans le parc, il chercha des yeux Qeepip. Ne le trouvant pas, sa poitrine se serra légèrement.

— Appelle-le en esprit, conseilla la jeune fille.

Évidemment, se dit-il. Il allait vraiment devoir s’habituer.

Qeepip ? Viens, on rentre.

Quelques secondes plus tard, le hibou-abricot jaillit du chenil et se rua sur son ami. Il freina un peu trop tard et il dut l’attraper dans ses bras, pour l’empêcher de le heurter.

— Doucement.

Il voyait bien ce que la soigneuse avait voulu dire : Qeepip était plein de bonne volonté et de joie de vivre, mais il avait parfois des difficultés à coordonner ses mouvements et à communiquer. Le hibou se frotta contre sa poitrine en hululant doucement. Isidore sourit sous la vague de contentement et de gratitude qui pénétra son esprit.

— On rentre à la maison.

Maison.

Il jeta un coup d’œil sur la Mélusinienne qui les observait juste à côté de lui.

— Je n’aurai pas trop de travail ; tu es déjà très doué.

Il rougit sous le compliment. Ils quittèrent tranquillement le Refuge sous le chaud soleil de la mi-journée.


Texte publié par Feydra, 27 août 2023 à 17h34
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