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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

Accoudé à sa fenêtre, Isidore contemplait les nuages sombres qui flottaient dans le ciel. Les rayons des lunes jumelles les teintaient d’une lueur laiteuse. Un vent puissant secouait les branches des arbres et leur arrachait fleurs et feuilles. La saison chaude de Naeva se terminait et ils glisseraient lentement dans l’intermède de Niflum, avant de subir les froids de Sketera, moment où leur soleil était le plus éloigné du Continent.

Un air frais soulevait les cheveux du jeune homme, mais cela ne lui était pas désagréable. L’air était moins lourd qu’Montdazur, plus plaisant aussi. Dans son enfance, Naeva était clémente avec eux, puisque les vents venus de l’est contribuait à maintenir la température dans des limites acceptables. Cependant, la situation s’était bien dégradée depuis le début des opérations de minage et la saison chaude était devenue étouffante.

Il peinait à trouver le sommeil depuis que son père et lui étaient rentrés. Après sa visite du Refuge, ils avaient dîné en compagnie de Dame Sylve. Sa tante. C’était une idée entièrement nouvelle pour lui : avant il n’y avait que son père, qui l’avait élevé seul, et lui. Peut-être devrait-il lui en vouloir de la lui avoir caché. Mais il n’y parvenait plus. Balthazar avait toujours été dévoué envers lui ; il l’avait élevé seul, tout en travaillant considérablement ; il avait fait en sorte qu’il ait une place à l’Académie ; il avait toujours été là pour lui, même quand il s‘était fait renvoyé à cause de son comportement. Une grimace amère déforma sa bouche à ce souvenir. Non, il ne pouvait rien lui reprocher. Ni ces secrets, ni le déménagement.

Une ombre noire traversa soudain son champ de vision. Il la suivit des yeux alors qu’elle filait vers la forêt. Une centaine de mètres au-dessus de la canopée, elle déploya ses ailes immenses et ralentit, puis elle étincela. Bouche bée, Isidore contempla l’oiseau gigantesque, qui irradiait d’un éclat aveuglant. Il distingua un long bec pointu, deux yeux brillants et des plumes orangées et rouges, telles des flammes. Son cri s’éleva dans l’atmosphère juste avant qu’il ne disparaisse dans la forêt. Quelle était donc cette créature ? C’était la deuxième fois qu’il l’apercevait.

Il fut pris d’une soudaine envie de partir à sa poursuite dans la forêt. Il se morigéna immédiatement. Son père l’avait expressément averti de ne pas y aller et Dame Sylve avait encore plus accentué le danger : d’après elle, sans un entrainement préalable, il ne devait pas y mettre les pieds. Il était curieux, mais pas stupide. Il se promit d’en parler à Améthyste quand ils se verraient le lendemain.

Penser à la Mélusinienne le fit sourire. Ils ne se connaissaient que depuis quelques heures, mais elle était tellement accueillante et sympathique, qu’il ne pouvait que l’apprécier. Sombremur lui apparaissait de plus en plus agréable d’heure en heure. Peut-être arriverait-il à trouver ici aussi une mission comme celle qu’il avait à Montdazur.

Le sommeil commençait à l’envahir. Il attrapa les deux battants de la fenêtre pour la refermer. Un petit couinement attira son attention. Une ombre se déplaçait dans sa direction. Elle était plus petite que celle de l’oiseau de feu, mais elle volait vite. Il n’eut pas le temps de réagir et de se mettre à couvert : il fut percuté par une boule de plume et fut projeté sur le sol. Il se reçut avec un grognement et croisa le regard d’un hibou au plumage orangé.

— Qu’est-ce que … ?

Ses pensées s’effilochèrent alors qu’il plongeait dans les pupilles noires du familier. Des étincelles bleutées semblèrent en jaillir et l’entourer. Sa chambre disparut dans un brouillard grisâtre. Sur son front, il sentait une chaleur grandissante, mais il n’avait pas mal. Au contraire, il se sentait bien. Le hibou lui posa une question.

— Oui ! murmura alors Isidore.

Une immense joie envahit le familier et se répercuta dans l’esprit du jeune homme. Il vit alors se dessiner sur le front plissé de l’animal une sorte de glyphe bleutée qui disparut en quelques secondes, au moment où il entendait :

— Qeepip.

La chaleur sur son front disparut en même temps que la lumière et les étincelles. La chambre reprit son apparence habituelle alors qu’Isidore regardait fixement le familier blotti sur sa poitrine.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? souffla-t-il.

Le hibou-abricot pencha la tête sur le côté, mais ne daigna pas lui répondre. Il battit des ailes et plana un moment, puis il entreprit de visiter la chambre, en hululant paisiblement. L’adolescent se redressa, le souffle court, puis se remit sur ses pieds. Perplexe, il observait le familier prendre ses aises dans sa chambre.

— Tu … Tu ne devrais pas être au refuge.

Le volatile le regarda.

— Non…, entendit-il distinctement dans son esprit.

Isidore tressaillit, surpris.

— Ok. D’accord, balbutia Isidore. Moi, je pense qu’il faut que je te ramène.

Qeepip secoua la tête et s’envola au plafond. Isidore se passa une main dans les cheveux, perplexe.

— D’accord. Mais demain je t’emmène voir Améthyste.

Qeepip émit un petit hululement joyeux, puis fondit sur l’un des oreillers où il se pelotonna. Isidore s’installa à côté de lui et le contempla.

— Comment t’es-tu échappé de ta cage ?

Aucune réponse ne vint du hibou qui paraissait endormi.

— Et tu n’es pas censé être un animal nocturne ?

— Non.

Isidore eut un petit rire. C’était à croire qu’il ne connaissait que ce mot. Il s’installa confortablement et le sommeil le prit rapidement.


Texte publié par Feydra, 21 juillet 2023 à 01h04
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