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tome 1, Chapitre 9 « Apprendre de ses erreurs » tome 1, Chapitre 9

Le jour se levait sur Oktarim. Une journée où la population n’avait plus à avoir peur de la corruption de Nowo. Après l’intervention des Titanomanciens, la garde fouilla le repaire du voleur et dénicha tous les documents permettant d’identifier ses plus proches collaborateurs. Les prisons se remplirent rapidement, jusqu’à ce que les dirigeants décident d’expulser les traitres.

Les mercenaires furent rapidement mal vus, de par leur inaction face à ce problème, mais aussi pour leurs allées et venues dans le marché noir rendues publiques. Une victoire qui permit aux gens de souffler un peu et de reprendre une vie bien plus saine. L’argent volé de Nowo et ses comparses fut redistribués dans les faubourgs pour venir en aide aux démunis. Les dirigeants annoncèrent également un agrandissement d’Oktarim pour leur permettre d’y vivre sereinement.

Tout cela, grâce à quatre personnes qui s’étaient battues comme des diables pour venir à bout de ce monstre. Et actuellement, l’une d’entre elles dormait dans une belle chambre à l’orphelinat.

Noria remua sous sa couverture avant d’ouvrir lentement les paupières. Elle ne comprenait pas comment elle avait fait pour se retrouver dans un lit aussi confortable. Tout ce dont elle se souvenait, c’était du violent combat d’Allen contre Borg et Nowo et avoir senti son ami la porter, pour enfin perdre connaissance dans ses bras.

Elle se redressa lentement. Ses muscles endoloris lui arrachèrent une grimace. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas battue aussi férocement. Sa malédiction avait encore pris le dessus, et elle se demandait combien de temps de vie elle lui volait à chaque fois. Elle soupira, les bras tremblant, terrorisée à l’idée de quitter ce monde.

Noria secoua la tête et se leva. Elle n’avait pas le temps de se lamenter. Elle devait encore dénicher le grimoire pour mettre fin à son calvaire, et cela passait par l’aide de Kain pour les emmener aux montagnes d’Agnard. Enfin, s’il respectait sa part du contrat. La Titanomage s’étira longuement. En écartant les rideaux, la lumière du jour passa par les interstices du volet, dévoilant ainsi la grande pièce où elle se trouvait. Une fois les fenêtres ouvertes, un vent frais la ravigora, alors qu’elle entendait les oiseaux piailler. Elle hésita à ouvrir les volets, mais se voyant en sous-vêtement, elle préféra dénicher de quoi s’habiller avant toute chose.

Noria se dirigea vers la grande penderie illuminée d’un filet de lumière. Elle en ouvrit les portes dans l’espoir des dénicher des affaires, mais remarqua bien vite qu’elle était vide. Noria fit la moue, déçue. Elle continua ses recherches, certaine que personne n’aurait l’idée de la laisser ici sans vêtements de rechange.

Une deuxième porte la conduisit dans la salle de bain où elle trouva de quoi se changer en plus d’une belle baignoire. Quoi de mieux pour se détendre ? Ce fut avec un large sourire que Noria se baigna dans une eau bien chaude, le temps que ses muscles se détendent et ne lui fassent moins mal.

Elle enfila ensuite le pantalon beige qui lui allait parfaitement, même si elle préférait les jupes pour se sentir plus à l’aise dans ses mouvements. Une chemise blanche et un corset de cuir, qu’elle laça par le devant, s’ajoutait sa nouvelle tenue. C’était la première fois qu’elle mettait ce genre de vêtement, et elle devait reconnaitre que cela lui allait bien. Pour finir, une paire de bottes hautes et des gants en cuirs achevèrent son nouvel accoutrement.

Elle ouvrit les volets de sa chambre, dévoilant toute la beauté d’Oktarim. Elle entendit les gardes s’activer dans la rue, pendant que la population écoutait les crieurs publics relater les informations. Un sentiment de félicité l’envahissait. Le combat contre Nowo ne les avait pas laissés indemnes. Noria voyait encore les images d’Hirelda blessée, torturée par cet homme immonde. Allen qui restait derrière pour affronter ses sbires. Kain partant en fumée face à Borg.

Elle ferma les yeux. Elle se demanda si elle empruntait le bon chemin. Pouvait-elle continuer ainsi, en sachant qu’elle mettait ses proches en danger pour une quête aussi personnelle ? En quelques secondes, l’idée de les abandonner ici et de partir en douce lui traversa l’esprit. Mais Hirelda ne la lâcherait pas. Même de cette façon, elle trouverait un moyen de retrouver sa trace et de lui en faire voir de toutes les couleurs.

Noria rouvrit les paupières, prit une grande inspiration et soupira. Le voyage l’attendait, elle devait reprendre la route. Elle quitta sa chambre pour se retrouver dans les couloirs de l’orphelinat. Elle chercha ses amis à travers les quelques pièces, jusqu’à ce qu’elle entende Hirelda grogner. Noria courut la rejoindre dans un grand salon.

Elle se disputait avec Kain sur sa tenue.

– Mais on va traverser une montagne, gronda Kain. Tu ne peux pas y aller en jupe ou en short !

Hirelda faisait de grands gestes de la main.

– Je fais ce que je veux. Je ne vais pas mettre un pantalon pour te faire plaisir ! Je préfère être comme ça, je suis mieux pour bouger.

– Mais tu vas te les geler !

– Mais pas du tout !

Kain secoua la tête. Il cherchait de l’aide auprès d’Allen, mais ce dernier n’osait pas s’attirer les foudres d’Hirelda. Mais lorsque Noria s’avança vers eux, la dispute se tut. Hirelda oublia toute la confrontation avec Kain et se jeta dans ses bras, heureuse de la voir en vie. Elle l’embrassa longuement sur la joue avant de reculer.

Elle devait l’avouer, la nouvelle tenue d’Hirelda lui allait comme un gant. Toujours en mini short noir, elle portait de hautes chaussettes attachées à sa ceinture par des lanières de cuir. Comme pour elle, un corset en cuir mettait en valeur sa poitrine généreuse, et sa longue veste mi-longue sans manche beige complétait son style.

– Tu vas en montagne comme ça ? s’étonna Noria.

Hirelda soupira bruyamment.

– Ah non, tu ne vas pas t’y mettre toi aussi !

Kain arriva à sa hauteur et tendit la main vers Noria.

– Tu vois ? Elle aussi le dit !

Noria ne le pensait pas, elle voulait juste embêter son amie. Elle les laissa se disputer et rejoignit Allen. Il se leva à son arrivée et épousseta sa nouvelle veste en cuir bleu nuit. Le cœur de Noria tambourina dans sa poitrine en l’observant de la tête au pied. Le gilet et la chemise qu’il portait le rendait très séduisant. Un pantalon cintré venait compléter la tenue avec un harnais spécifique pour tenir sa grosse épée dans son dos.

– Je suis content de voir que tu vas mieux, déclara Allen avec le sourire.

Noria le lui rendit.

– Merci de nous avoir sauvés, avoua-t-elle avec sincérité.

Allen hocha la tête. Elle le voyait hésiter, les bras tremblants et se mordant les lèvres. Noria fit le premier pas et l’enlaça, heureuse de le retrouver. Ils restèrent l’un contre l’autre pendant un long moment. Le cœur d’Allen battait à toute vitesse alors qu’il passait les mains dans son dos pour la caresser.

Elle aurait aimé rester comme ça pendant des heures. Elle se sentait bien, loin des ténèbres qui la préoccupaient. Ce moment de tendresse calma ses angoisses, alors que son esprit se vidait de tous les évènements récents.

– Bon, il va falloir y aller, déclara Kain. Les montagnes d’Agnard ne sont pas à côté, même avec votre caravane.

Noria et Allen s’éloignèrent. Le jeune homme sourit une dernière fois, avant de passer la main dans sa chevelure, les joues toutes rouges. Il détourna le regard et se racla la gorge, sous les yeux amusés de Noria.

– Tu nous accompagnes alors ? demanda-t-elle en faisant face au Titanomage d’eau.

Kain hocha la tête.

– Évidemment, je ne suis pas un menteur. Vous m’avez aidé, et c’est maintenant mon tour de le faire.

– Alors, partons ! cria Hirelda en tendant le poing en l’air.

– CEPENDANT !

Le ton impérieux de Kain calma tout le monde. Le silence retomba et tous les regards se focalisèrent sur lui. Il posa les mains sur ses hanches, puis montra du doigt des affaires sur une table en bois.

– Là-dedans, il y a des élixirs de soin. Les mêmes qui nous ont permis de guérir aussi rapidement.

Noria n’y avait pas pensé, mais elle n’avait plus aucune trace de son combat. D’habitude, les Titanomanciens de lumière prodiguaient des soins et ils étaient capables de miracles. Mais là, comme il n’y en avait pas, ils avaient dû boire un liquide vert contenue dans une fiole argentée.

– Ils ont été faits par l’alchimiste officiel du dirigeant, en remerciement à ce que vous avez fait. De plus, vous avez maintenant suffisamment d’or pour le voyage. Et même davantage.

Noria remarqua les bourses de pièces, bien plus volumineuses que celle qu’ils trainaient depuis le début de leur aventure.

– Ne vous les faites pas voler, dit-il d’un air narquois.

Hirelda lui lança un regard noir avant de lui faire un geste obscène. Il ricana, puis continua.

– J’ai acheté des armes. Une épée pour Noria, et deux autres plus courtes pour Allen.

Noria fronça les sourcils. Elle n’avait jamais magné une lame, elle ne savait pas s’en servir. Alors pourquoi Kain avait-il dépensé autant d’argent pour en prendre.

– On va s’entrainer sur la route et ce n’est pas négociable. Allen, ton épée est balèze, mais il faut que tu saches te battre dans des endroits plus étroits. Comme une grotte, par exemple…

Ce n’était pas le fruit du hasard si Kain parlait de ça. Leur aventure allait les mener dans des tunnels traversant les montagnes d’Agnard, et effectivement, ils devaient apprendre à se battre dans des endroits plus étroits. Allen était fort. Très fort. Noria en avait eu une démonstration lors de l’affrontement contre Nowo et Borg. Mais s’il ne pouvait plus utiliser son arme, comme lors du combat contre Jimdin, il était à la merci de son adversaire.

Avant de quitter l’orphelinat, Noria remercia Cécile et Julia pour leur hospitalité et les soins prodigués à elle et ses amis. La gérante lui prit les mains et la gratifia de louanges. Surprise, Noria jeta un œil à ses amis dans l’espoir d’en apprendre davantage. Après leur affrontement et la saisie des biens de Nowo, Kain avait volé une partie de son butin pour le verser à l’orphelinat.

Noria hocha la tête et les quitta sous les acclamations des enfants. Ils venaient dans les bras de chacun d’entre eux, heureux de voir leurs conditions de vie s’améliorer grâce à eux. Pour la première fois, Kain riait à gorge déployée en portant des gamins, a qu’il avait raconté leurs aventures.

Hirelda se frayait un chemin entre les petits. Lorsqu’elle la vit en mauvaise posture, Noria pouffa. Et ce n’était pas la seule. Un peu plus loin, Allen répondait aux quelques questions posées par les enfants, même s’il était assez maladroit dans ses réponses.

Il était temps de dire adieu à la ville d’Oktarim. Noria n’y regrettait pas son passage, même si elle aurait préféré des évènements plus calmes et reposants. Mais cette gratitude à son égard, ce sentiment d’accomplissement, même s’ils avaient l’habitude des reconnaissances de la population, lui faisait toujours chaud au cœur.

Le groupe de Titanomanciens se rendit jusqu’à leur caravane, où les Karabas semblaient en pleine forme. En les voyant arriver, ils se levèrent d’un bon pour leur faire la fête. Leurs petits cris amicaux poussèrent Noria à les caresser, s’excusant d’avoir été aussi long.

– Tu leur as manqué on dirait, signala Allen en la rejoignant.

Noria lui sourit.

– Oui ! Eux aussi. Je suis contente de les retrouver !

Celui qu’elle caressait colla sa gueule contre le torse d’Allen. Il passa sa paume sur sa peau écailleuse à son tour et l’animal émit une sorte de ronronnement. Noria posa sa main sur celle d’Allen pour l’accompagner, sentant les vibrations dans le cou de la bête.

– Bon ! On saute dans cette caravane ? décréta Kain d’une voix forte.

Après ravoir remit les sangles sur les Karabas, le groupe partit en direction des montagnes d’Agnard, guidé par leur nouveau compagnon de route : Kain Dolko. Ils empruntèrent le chemin des grandes plaines d’Arabas, connues pour leurs immenses étendues d’herbe verte. Elles s’étalaient à l’horizon, alors que des animaux gambadaient à toute vitesse. Un troupeau de Gouh courait à côté de la caravane. Des bêtes à quatre pattes, aux poils très longs virevoltant dans le vent. Leurs fines jambes leur permettaient de suivre l’allure des Karabas, alors qu’ils barétaient avec leur longue trompe. Hirelda essaya de les toucher en se penchant en dehors de la caravane, sous le regard courroucé d’Allen qui la tenait par la ceinture.

Comme leur avait promis Kain, il profita de leur halte en début de soirée pour les entrainer. Il ne savait toujours pas pourquoi Noria ne voulait pas utiliser ses pouvoirs, mais il lui apprena le maniement de l’épée, et Noria était plutôt douée. Elle se concentrait au maximum et suivait les mouvements qu’il lui apprenait avec soin. Le poids de l’arme l’empêchait de faire de grands mouvements, mais elle pensait régler ce problème en se musclant. Kain n’avait aucune pitié et la poussait dans ses retranchements. Comme il aimait le dire :

– Vous avez toute la journée de voyage pour vous reposer, alors quand on s’arrête, vous trimez !

Et il ne plaisantait pas. Il expliqua plusieurs fois que c’était pour les forger au combat. Leur voyage périlleux n’aurait aucune pitié pour des Titanomanciens naïfs et faibles comme eux. Hirelda l’envoyait balader à chaque insulte, et sa colère se déchainait par la magie. Elle se battait contre Kain en utilisant toute sa force, mais la technique de son adversaire prenait le pas sur elle rapidement.

Allen, quant à lui, s’entrainait à se battre avec les deux épées courtes. Au début, il n’arrivait pas à les utiliser en même temps, mais Kain lui expliqua les bases du combat ambidextre. En plus d’utiliser ses deux lames, Allen usait de la magie du vent pour faire virevolter sa grosse épée. Cela lui demandait une énorme concentration et l’épuisait rapidement, mais Kain approuva ses idées.

Le voyage dura ainsi plusieurs jours. La journée, les Titanomanciens se reposaient. Kain était seul à diriger les Karabas toute la matinée, avant que les jeunes ne se lèvent à l’heure de déjeuner. Des courbatures s’emparaient de leur corps meurtri par l’entrainement, même si Noria commençait à sentir du changement.

La dernière nuit, Noria portait son épée avec moins de difficulté. Elle fendait l’air plus rapidement et arrivait à échanger des coups avec Kain sans faire d’erreur de posture. Allen fatiguait moins vite en utilisant sa magie du vent, et jouait avec ses lames avec tant de facilité, que Noria restait l’observer, ébahie. Hirelda, quant à elle, réussit à mettre Kain à terre qui fut obligé de se battre avec ses illusions pour corser l’entrainement.

Kain les félicita, alors que tout le monde tomba de fatigue à côté du feu de camp. Même si leur apprentissage n’avait duré que trois nuits, Noria et ses amis restaient des combattants redoutables capables d’évoluer rapidement.

Le lendemain midi, après un copieux repas, il était possible d’apercevoir le bas des montagnes d’Agnard. Kain se dirigeait vers Navas, une ville minière qui bordait la roche. Noria espérait y trouver un moyen de franchir les monts afin de se rendre à Iznarum le plus vite possible. Elle sentait la fin de sa malédiction arriver à mesure qu’elle avançait. Bientôt, elle pourrait enfin profiter d’une vie entière.


Texte publié par Seiki, 22 août 2023 à 12h51
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