– Quand je pense que tu n’allais rien nous dire… murmura Hirelda.
Installées dans le petit salon de la caravane, Noria et Hirelda discutaient depuis leur départ. Assises dans les canapés qui se faisaient face, son amie lui en voulait de ne pas avoir été la première informée de cette aventure. Il avait fallu qu’un Titanomancien de Gavion vienne à sa rencontre pour lui préciser l’existence d’Arvald et de la cité en ruine.
Noria récupéra la tasse de thé encore chaude posée sur la table basse. Elle souffla, puis huma la délicieuse odeur fleurie qui s’en dégageait. Elle porta lentement le liquide à ses lèvres, évitant ainsi de se brûler l’œsophage. Elle en avala quelques gouttes, au grand dam d’Hirelda qui attendait une réponse de sa part.
– Tu m’entends ? grogna Hirelda.
Noria reposa la tasse.
– Oui, oui, mais je ne vois pas ce que je pourrais répondre vu que je t’ai déjà tout expliqué, soupira-t-elle. Gavion avait déjà tout prévu et il vous a envoyé du monde pour vous prévenir.
– Mais t’allais pas nous le dire, hein ? demanda-t-elle en tendant sa petite cuillère vers elle, comme si elle pouvait la menacer avec.
Hirelda dégustait un gâteau au chocolat dans une petite assiette, alors que Noria lui souriait bêtement pour tenter d’échapper à la conversation. Elle ne voulait pas voir son amie en colère. Ne pas la mettre au courant de ses recherches la rendait toujours folle de rage, et cette énième erreur n’allait pas arranger les choses. Même si Noria évitait toute réponse en scrutant le paysage qui défilait en vitesse à travers la fenêtre, alors que la caravane était tirée par des Karabas : des reptiles à la force prodigieuse.
– N’essaye pas de détourner la conversation !
Noria roula des yeux.
– C’est bon, je suis désolée. Je voulais partir seule. Voilà, c’est ce que tu voulais entendre ?
Hirelda termina sa pâtisserie avant de se lever d’un bond. Elle semblait déçue par le ton employé par son amie. Noria aurait aimé s’excuser, mais Hirelda emprunta à la hâte, la porte sur le côté pour se rendre directement à l’étage, où se trouvait la banquette pour guider les reptiles, laissant la jeune femme toute seule. Un soupire d’exaspération sortit de la bouche de Noria quand elle l’entendit se plaindre à Allen. Finalement, le jeune homme descendit quelques minutes plus tard. Il croisa le regard de Noria, ce qui le rendit rouge comme une tomate. Elle le salua, alors qu’il passait devant elle pour se rendre un peu plus au fond. Il passa l’une des deux portes qui menaient aux chambres. Allen avait le droit à la sienne, tandis que Noria et Hirelda dormaient ensemble. Elle espérait d’ailleurs qu’elle n’allait pas lui faire la tête tout le voyage, au risque de passer de mauvais moments. Allen revint avec son carnet et quelques stylos, dont celui offert par Noria. Il s’installa face à elle et se mit à écrire, les jambes croisées.
– Qu’est-ce que tu écris ? s’intéressa Noria.
Alors que la mine frottait le papier, il leva les yeux vers elle.
– Ce sera le journal de nos aventures, murmura-t-il.
– Oh chouette ! s’exclama Noria. Tu racontes notre trajet ?
Il sourit légèrement.
– Oui. Hirelda est venue me voir en colère et elle m’a raconté votre discussion. Je vais la notifier aussi.
Noria fit la moue. Elle ne pensait pas qu’il coucherait sur papier absolument tout ce qui se passait. Mais Allen aimait tellement écrire. Rien ne pouvait l’empêcher de relater leurs aventures, quoi qu’il s’y passait.
– Tu devrais aller la voir… proposa Allen d’une faible voix.
Noria plaqua son visage dans ses mains. Elle n’osait pas aller se confronter à sa meilleure amie. Elle allait devoir s’expliquer et elle n’aimait pas exposer ses sentiments. En ce moment, elle désirait uniquement retrouver cette cité pour se défaire de sa malédiction. Mais qu’importe tout ça. Hirelda était là, et au final, elle était heureuse de pouvoir compter sur elle.
– Merci pour ton aide, Allen. Tu sais, je suis contente que tu sois là toi aussi.
À ces mots, le jeune homme sourit, gêné. Il s’enferma dans ses écrits dans l’espoir d’arrêter cette conversation gênante à ses yeux. Noria se leva et passa la porte pour monter les escaliers en colimaçons. Au sommet, elle passa un autre battant pour se retrouver dans une petite cabine ouverte qui proposait un banc confortable. D’ici, il était possible de tenir les rênes des six reptiles qui tiraient la caravane.
Leur corps recouvert d’écailles vertes brillait sous les rayons du soleil. Grâce à des pattes arrière musclées, les karabas galopaient sur la route de terre en tirant la caravane, tandis que les longues oreilles gesticulaient vers les bruits inconnus pour rester en alerte le long du trajet.
Hirelda guidait les Karabas tout en observant le paysage. Noria s’installa à ses côtés, mais son amie ne réagit pas. Elle était toujours comme ça. Il fallait faire avec son tempérament, même si elles finissaient toujours par se réconcilier. Et comme d’habitude, elle ne faisait jamais le premier pas pour mettre fin à une dispute.
– Je suis désolée, Hirelda, avoua Noria. C’est vrai que je pensais y aller seule. Seulement, je ne voulais pas vous mettre en danger vu ce que l’on risque d’affronter.
Hirelda la foudroya du regard.
– On a toujours tout bravé ensemble ! s’emporta-t-elle. Et ce n’est pas ces ruines qui vont m’empêcher de continuer à te soutenir.
– La seule chose qui pourrait t’arrêter, c’est ton caractère de cochon… ricana-t-elle.
Hirelda ouvrit la bouche pour répondre, mais rien ne vint. Elle la poussa d’un geste amical.
– Saleté ! T’es pas mieux, je te signale !
Noria se mit à rire. Cela ne lui arrivait pas souvent. Seule Hirelda arrivait à lui faire oublier sa malédiction pendant quelques instants. Les deux jeunes femmes restèrent en silence sur le banc. Elles empruntèrent une belle route pavée qui serpentait à travers de magnifiques collines d’herbes vertes. De l’autre côté, elles croisèrent quelques voitures à vapeur nouvellement apparues, ainsi que des passants sur une petite chaussée de terre.
Des oiseaux sillonnaient le ciel parsemé de nuages blancs, semblables à du coton flottant dans un océan bleu. Ils piaillaient tous ensemble, alors qu’un vent frais permettait de supporter la chaleur de l’été. Noria se cala au fond de la banquette et prit une bouffée d’air. Elle avait hâte d’arriver à destination, malgré la peur d’affronter l’inconnu qui subsistait en elle.
Elle voulait se débarrasser de cette pensée encombrante. Elle venait fissurer sa détermination pour l’empêcher d’aller plus loin. Intérieurement, elle remercia Gavion d’avoir mis ses amis au courant, sans quoi elle serait partie seule et sa détermination n’aurait pas forcément tenue jusqu’à la fin de sa quête.
– Ça va ici ?
La voix d’Allen les fit sursauter. Hirelda sit volte-face en tendant le poing.
– Tu ne peux pas prévenir quand t’arrives ?
– Désolé…
Allen fit le tour du canapé pour s’assoir à côté d’Hirelda, mais elle s’allongea sur la moitié de la banquette.
– Y’a plus de place ici. Il faut que tu ailles à côté de Noria, je crois.
Allen l’observa, les joues rosies. Il insista, mais Hirelda ne voulait absolument pas bouger. Elle sifflait d’un air dédaigneux, tout en guidant les Karabas dans le virage qui longeait une immense forêt. Le jeune homme s’installa finalement à côté de Noria, en prenant soin de garder une distance. La tête dans son carnet, il n’osait pas croiser son regard. Noria toisa son amie, toujours aussi fière d’elle. Elle secoua la tête en ricanant. Elle aurait bien fait le premier pas vers ce garçon qu’elle aimait bien, mais sa malédiction lui interdisait toute relation. Elle avait déjà des amis qu’elle risquait de laisser tomber du jour au lendemain, alors elle ne pouvait pas blesser Allen en allant plus loin.
Elle se pencha vers lui pour scruter son carnet. Toujours le nez dedans, cette fois-ci, il dessinait la caravane ainsi que certains paysages. Non seulement il était doué pour écrire, mais en plus il possédait un coup de crayon incroyable. Avec le sens du détail, il donnait vie à leur propre véhicule. Elle percevait même le vent souffler sur les arbres et le piaillement des oiseaux.
– C’est vraiment incroyable ! dit-elle en se rapprochant.
– M-Merci…
Pendant que la caravane filait à travers la région, Noria gardait un œil sur les extraordinaires dessins d’Allen. Hirelda racontait des histoires, sifflotait des chansons, divertissant ses amis pour éviter un voyage trop monotone.
Plus tard dans la journée, lorsque le soleil fut si bas qu’il aspergeait le monde de ses rayons orangés, le groupe décida de faire une halte dans la première auberge routière. Ces bâtisses attendaient les voyageurs sur les routes, à intervalle régulier, pour y proposer suffisamment de chambres pour passer la nuit, ainsi qu’un restaurant couvert. Pour eux, tout se faisait dans leur caravane, mais un bon plat préparé par un cuisinier ne leur serait que bénéfique. Et surtout des bains pour se laver !
Ils s’arrêtèrent à côté de l’auberge. Une fois descendu de la caravane, Hirelda s’étira bruyamment, alors qu’Allen gardait sa grosse épée à deux mains dans son dos. Il restait quelqu’un de très prévoyant et de prudent, un trait de caractère qui, certaines fois, l’empêchait d’aller de l’avant. Il prit la tête du groupe en se dirigeant vers le premier bâtiment qui offrait un restaurant pour les voyageurs, ainsi que des bains soigneusement camouflés par des murs de bois. Le deuxième, un peu plus loin et beaucoup plus grand, proposait de nombreuses chambres accessibles par l’extérieur.
Allen ouvrit la porte. Une délicieuse odeur de viande grillée mélangée à la bière flottait dans les airs. Hirelda se lécha les babines en humant ce doux parfum. Un brouhaha s’élevait dans la pièce. Des serveurs slalomaient entre les tables pour glisser des assiettes ainsi que des pintes de bières aux clients affamés.
– Bon sang, ça me donne faim ! s’exclama Hirelda en passant la main sur son estomac.
Ici, il n’y avait aucun Titanomanciens, reconnaissable soit à leurs habits, mais surtout à la couleur de leur cheveu. Heureusement, leur groupe n’était pas mal reçu par la population qu’ils aidaient régulièrement. Ils se rendirent au comptoir où ils furent accueillis par une femme d’un certain âge en train de servir des chopes.
– Bonsoir, dit Noria. Avez-vous de la place pour trois couverts ?
La tenancière leva les yeux vers les nouveaux clients. Elle posa les verres sur un plateau avant d’appeler l’un des serveurs. Puis, elle sortit un carnet et un stylo.
– Bonsoir, pas de problème, soupira-t-elle d’un ton lassé. Que voulez-vous ?
D’habitude, les relais n’étaient pas aussi bondés de monde. Mais il s’agissait de la route menant à la grande ville d’Oktarim. Et cela voulait dire une chose : les grandes vacances approchaient pour la population, et comme toujours, elles étaient célébrées par une grande fête : Le soleil doré. La barmaid avait sûrement vécu une très longue journée, et elle espérait quitter son travail en laissant un collègue prendre sa place.
– Vous auriez de la nourriture pour six Karabas ? Ils attendent dehors, près de notre caravane, expliqua la jeune femme.
La barmaid acquiesça d’un hochement de tête en griffonnant son carnet.
– Bien sûr. Vous n’êtes pas les premiers Titanomanciens à passer ici. Nous avons aussi de quoi boire pour eux. Mon équipe va s’en occuper. Et pour vous ?
– On va vous prendre trois plats du jour avec trois bières, annonça Noria.
Quoi de mieux qu’un rôti de Ganslier, un animal à la viande succulente malgré son goût fort et prononcé. Hirelda approuva en tapant dans ses mains, pressée de gouter les mets culinaires.
– Et trois places pour les bains, s’il vous plait, compléta Hirelda.
– C’est noté. Pas de chambre, je suppose ? demanda la tenancière.
– Non merci. Nous allons dormir dans notre caravane, avoua Noria.
– Très bien. Installez-vous, on vous apporte tout ça dans quelques minutes.
Les trois amis choisirent la table proche de la petite scène en bois, où un groupe de musiciens inondait la salle d’une petite musique d’ambiance. L’un à la guitare et l’autre au piano, l’association de ces deux instruments offraient une douceur aux oreilles de Noria. Si elle avait eu davantage d’années devant elle, elle aurait pu apprendre à en jouer elle aussi. Malheureusement, le destin ne voulait pas lui offrir cette chance.
Lorsque le repas arriva, Noria se pinça les lèvres devant des plats si soignés. Les pommes de terre et les légumes verts s’associaient parfaitement au Ganslier. Une fois les assiettes devant chaque personne, tout le monde se souhaita bon appétit avant de déguster cette viande. Hirelda but sa pinte de bière la première, avant d’en commander une autre. Comme toujours, elle avait une descente à ne pas sous-estimer. Si bien qu’elle gagnait régulièrement les concours de boisson dans le village.
Noria écoutait les conversations des clients autour d’eux. Ils parlaient tous de la fête qui approchait. Beaucoup avait pu poser leurs jours de vacances à cette période pour en profiter. Il faut dire qu’elle valait le coup, surtout dans les grandes villes comme Oktarim. Entre les feux d’artifice, les spectacles à n’en plus finir, et les stands en tout genre, la population pouvait y rester durant les trois jours qu’elle durait.
– On doit donc passer les montagnes d’Agnard pour se rendre dans la cité de ce corrompu ?
La question d’Allen ramena les filles à la réalité.
– Oui, répondit Noria en sortant le carnet de Gavion.
Elle leur montra la carte qu’il avait dessinée.
– On doit se rendre à Oktarim pour trouver un guide. Je ne sais pas trop où d’ailleurs, avoua-t-elle.
– La guilde des explorateurs, annonça Hirelda.
Noria l’observa d’un œil interrogateur. Son amie posa violemment les coudes sur la table et la toisa d’un large sourire machiavélique.
– Qu’est-ce que tu ferais sans moi, hein ?
Noria roula des yeux. Elle sourit à son tour et lui fit signe de continuer.
– La guilde des explorateurs possède de nombreux guident pour ceux qui veulent s’aventurer dans des contrées dangereuses. Ils s’occupent aussi des brigands et des soucis de la population, en plus de nous.
– Comment ça se fait que cette guilde existe ? demanda Allen. Après tout, nous gérons beaucoup de problèmes pour aider, nous aussi.
Hirelda se cala dans le fond de sa chaise. Son air s’assombrit brusquement.
– Depuis quelque temps, tout le monde essaye de s’émanciper de la magie et des Titanomanciens. Le nouveau conseil du pays n’aime pas trop la Titanomagie. Alors, pour que nous ne soyons plus la solution à leur problème, ils ont ouvert cette guilde.
Noria ne comprenait pas ce nouveau conseil, élu pourtant par le peuple.
S’ils oeuvraient contre leur espèce, cela montrait-il le désire de la population de s’affranchir de leur service ? Malgré tout, ils avaient besoin d’eux pour lutter contre la corruption et leur monstre, car les armes conventionnelles ne leur faisaient absolument rien.
– Bon, donc on va là-bas et on se paye un guide ? questionna Noria.
– Voilà ! acquiesça Hirelda.
– Ça me parait simple. Nous ne devrions pas avoir beaucoup de mal.
Son amie ricana.
– Sauf qu’ils sont là pour nous remplacer. Alors si on leur demande de l’aide, ils ne vont peut-être pas nous la donner facilement. Même avec de l’argent…
Noria soupira. Finalement, toute cette histoire n’allait pas être simple. Elle ne s’attendait pas à devoir subir la politique du pays pour se rendre dans une contrée éloignée.
– Et il n’y a pas un village de Titanomanciens dans les environs ? demanda Allen. On pourrait leur demander de l’aide.
Hirelda secoua lentement la tête. Elle piqua une pomme de terre avec sa fourchette, puis la mangea.
– Il n’y a que notre village dans les environs. Et personne n’a été aussi loin dans l’exploration de cette région. Nous pourrions aller à Elekya, mais cela nous prendrait des mois à faire tous ces allées retour. Et…
Hirelda scruta son amie avec tristesse.
– Nous n’avons pas des mois à perdre, finit Noria.
L’ambiance devint subitement morose. Évoquer la malédiction de Noria effaça leur sourire. Elle se sentait honteuse de faire subir ça à ses compagnons. Elle baissa les yeux, l’appétit soudainement coupé. La Voyant mal en point, Hirelda tendit sa pinte vide.
– Une tournée pour nous ! C’est moi qui offre !
Noria écarquilla les yeux quand on lui apporta un nouveau verre plein. Elle ne s’attendait pas à devoir boire autant, mais Hirelda les poussait à s’amuser. Heureuse de l’avoir à ses côtés, Noria la suivit sans discuter, profitant des dernières soirées qui s’offraient à elle. Plus tard, ils prirent tous leur bain afin de se détendre. Noria et Hirelda partirent de leur côté, dans une eau bien chaude.
– Bon, Allen ne t’a pas avoué son amour ?
Noria hoqueta de surprise.
– Quoi ? Pourquoi tu me dis ça d’un coup ?
Hirelda soupira longuement.
– Mais vous êtes faits l’un pour l’autre !
– Il trouvera bien mieux qu’une fille qui va bientôt mourir.
Hirelda grogna. Elle lui jeta de l’eau à la figure.
– Arrête tes bêtises ! Tu devrais profiter un peu de la vie au lieu de t’enfermer dans ta dépression.
Noria ne discuta pas davantage. Elle n’avait pas la force de s’opposer à son amie, d’argumenter encore sur le peu de temps qui lui restait. Elle préféra se murer dans le silence. Hirelda arriva derrière elle et passa les mains autour de sa taille. Elle se colla à son dos et elle sentit son souffle dans son oreille. Un frisson lui parcourut l’échine.
– On va te sauver, murmura-t-elle. Fais-moi confiance un peu !
Noria baissa les yeux. Elle voulait la croire. Garder cet infime espoir qu’elle pourrait vivre encore plusieurs dizaines d’années. Mais pour l’instant, cela ne restait qu’un rêve. Noria et Hirelda terminèrent leur bain pour retourner à la caravane ensemble. Allen les y attendait déjà, assis à côté d’un feu de camp en compagnie des six Karabas. Ils mangeaient du gibier bien frais dans des gamelles en cuivre. Les reptiles se gavaient, heureux d’avoir autant d’attention de la part des aubergistes. Allen les caressait chacun leur tour en leur racontant ce qu’ils venaient de vivre dans le restaurant. Même s’ils ne pouvaient pas comprendre leur langage, leur parler montrait l’amour que l’on pouvait avoir pour eux.
Pour les Titanomanciens, les Karabas devaient mener une vie de rêve sans jamais le moindre souci. Aussi, ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour les nourrirs, prendre soins de leurs écailles, et même jouer avec eux pour les divertir. Ainsi, aucun Karabas n’avait rechigné à tirer les caravanes ou de servir de monture.
Noria caressa le premier qu’elle croisa. Celui-ci leva la tête pour se faire gratter le cou. Lorsque la jeune femme y passa ses ongles, l’animal ferma les yeux et poussa de petits cris de plaisir. Les trois amis s’installèrent autour du feu, puis après avoir discuté de leur trajet, ils se couchèrent dans leur chambre.
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