Elle avait beau crier, personne ne pouvait l’entendre dans les sous-sols du manoir. Noria, une jeune femme d’une quinzaine d’années, se trouvait attachée à une table cérémoniale. Ell pleurait, demandant aux inconnus encapuchonnés de la laisser partir, mais ils ne se préoccupaient des jérémiades d’une enfant. L’un d’eux, un homme aux longs cheveux noirs aux pointes grises, s’approcha d’elle avec un livre en main.
La pièce était éclairée de plusieurs torches, dont les flammes faisaient danser leurs ombres dans cet endroit froid et humide. Noria essayait tant bien que mal à se débarrasser des chaines qui la retenait, mais impossible de se libérer. Elle avait beau tirer dessus en hurlant, elle ne faisait que de s’écorcher les poignets et faire couler du sang sur la table en pierres.
L’espèce de prêtre tenait d’une main un vieux grimoire poussiéreux. Il psalmodiait des phrases sans aucun sens pour une petite fille de cet âge. Une lueur ténébreuse émanait de son corps, alors qu’il approchait sa main du torse nu de la prisonnière. Celle-ci appelait sa mère, dans l’espoir qu’elle lui vienne aide, mais personne ne venait la secourir. Livrée à elle-même, sans le moindre espoir de salut, elle hurla le plus fort possible, en espérant que ses pleures suffiraient à dissuader ses hommes de continuer leur manigance.
– Ne t’en fais pas. Je fais ça pour t’assurer une longue vie, expliqua l’inconnu d’une voix pleine d’assurance et de conviction.
Elle ne le croyait pas. Elle savait que sa main serait signe de douleur. Noria continuait de se tortiller dans tous les sens et de brailler. Les larmes coulaient le long de ses joues.
Pourquoi ? Pourquoi lui faire subir ça ? Elle ne voulait que vivre comme une petite fille normale. Aller jouer avec ses camarades, faire des gouters d’anniversaire, aller à l’école. Alors pourquoi devait-elle apprendre la politique, gérer les affaires de son père, et subir cette cérémonie obscure contre son gré ?
Lorsque Nirven posa la paume de sa main sur sa poitrine, le hurlement de Noria s’arrêta. La douleur qui perça son cœur fut si forte qu’elle lui coupa toute respiration. Elle avait l’impression qu’on lui enfonçait des aiguilles dans le palpitant. Elle observait cet homme d’un air triste, contrarié, virant à la haine, alors que la fatigue l’emportait de plus en plus.
– Je te déteste ! réussit-elle à crier de toutes ses forces.
Petit à petit, une brulure dévora sa chair. Elle se remit à remuer et à crier. La jeune fille releva la tête, en pleure, voyant le tatouage d’une ronce s’enrouler autour de son coeur se dessiner. Cela dura si longtemps. Elle avait l’impression que la torture ne finirait jamais. Sur le coup, elle espérait mourir pour éviter d’avoir à subir ça encore plus longtemps.
Puis tout s’arrêta. La marque sur son torse était bien visible quand l’inconnu retira sa main.
– C’est fait, dit-il en soupirant. Laissez-la dormir. Maintenant, tout ira bien pour elle.
Noria sentit son esprit s’embrumer après cette souffrance. Sa tête bascula, puis elle se laissa tomber alors qu’on lui détachait les poignets. Ses paupières se fermèrent d’elle même et elle sombra dans un sommeil profond.
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