Pour qui vivons-nous ? Lorsque l’on choisi ses habits, ses ami.e.s, ses études. Quelles voix imaginaires avons nous dans la tête, quels regards sentons nous sur nous, au moment de choisir toutes ces choses qui dans un sens nous définissent ? Je suis parce que tu es. Pas seulement parce que ensemble nous sommes, mais bien parce que se définir dépend grandement des autres. C’est le jeu des être sociaux que nous sommes. Néanmoins, à quel moment l’être humain à pousser cette tendance à son paroxysme ? Rendant ainsi nos comparaisons perpétuelles les un.e.s envers les autres, à la limite de la violence.
Je me rappelle précisément du moment ou j’ai pris conscience que je n’étais pas suffisamment (cool, sympa, populaire) au regard des autres. J’étais en colonie de vacances, ma première. J’avais 12 ans et je partageais ma chambre avec des « grandes ». Elle avaient 14 ans et visiblement beaucoup plus (de coolitude, de sympathie et de popularité) que moi. Entre autres, elle écoutaient de la pop, américaine, regardaient des séries, américaines et jouaient avec le feu en sniffant leur déodorant Ushuaia. À côté avec mes romans fantastique, mon MP3 aux playlist 100% françaises (coucou Jena Lee) et mes références de comédies françaises faisaient pâle figure.
Il ne s’agit donc pas là de savoir, originellement, si notre existence est suffisante ou non, mais bien de savoir comment elle est en comparaison aux autres. Les enfants sont les pires à ce jeu là. Au delà de répéter le fonctionnement des adultes qu’ils et elles voient fonctionner tous les jours, ils et elles jouent subtilement avec des codes publicitaires, culturelles et les modes empruntés à leurs références. Les pubs, les séries, les jeux vidéos ont ainsi dicté les codes des cours d’école année après année, définissant les populaires (en mesure de reproduire ces codes) et les autres.
L’ironie de ce constat est que souvent, des années après, les rôles sont plutôt inversés. Ceux et surtout celles qui étaient au summum de leur popularité au collège ont été rattrapé par des codes bien plus grands qu’elle, sociaux, économiques et patriarcaux. Elles sont peut être toujours aussi « cool » mais seulement dans leur tête. Intervient alors la question de réussite. Comment définissons-nous la réussite ? Là aussi, souvent en fonction des autres et donc de ceux et celles qui nous entourent dans notre milieu social. Pour les filles, deux idéaux s’opposent: la réussite professionnelle (carrière) et la réussite personne (famille).
La vie est un cycle n’est-ce-pas ? Et il en va de même pour le fonctionnement de nos société. Nous revenons ainsi toujours aux mêmes question: Suis-je belle ou intelligente ? Suis-je féminine ou masculine ? Suis-je forte ou délicate ? Parce que nous sommes dans une société binaire qui nous pousse à faire des choix et à les assumer. Comme si nous avions vraiment le choix … La réalité c’est que nous devons faire plus. Plus que les hommes d’abord mais plus que les autres surtout. Ta cousine à réussi à être mère de deux enfants et à faire carrière, regarde, elle a réussi, elle est épanouis et belle et forte; alors, à quand ton tour ?
Là je parle d’accomplissement, mais avant cela il y a un autre terrain ou la comparaison empoissonne nos existence: nos corps. Men Sana In Corpore Sanum (Un Esprit Sain dans Un Corps Sain). Je suis hantée par ce crédo. Hantée par les magazines féminins, par les corps des filles en cours de sport, leurs corps, celles des « belles », je suis hantée par les heures à me faire vomir, à me priver, à m’enfermer dans des jeans trop serrés. Encore aujourd’hui, je n’arrive pas à poser un regard bienveillant sur ce corps, mon corps, qui à fait pourtant tant pour moi. Parce que ce corps, n’est pas le leur. Il n’est pas beau puisque le leur l’est, lui.
Nous nous sommes toujours comparé.e.s les un.e.s aux autres, c’est d’ailleurs pour cela que les commères ont toujours existé, comme les putes. Mais aujourd’hui, il n’y a plus besoin de zieuter sa voisine à la fenêtre ou d’écouter aux portes, il nous suffi d’ouvrir Instagram. Nous avons alors accès aux vitrines des vies des autres en un clic: de tes potes, de ton ex, de ta voisine, de ta cousine. Tu peux voir leurs photos, leurs bobos, leurs joies et leurs peines et ainsi comparer à ta guise vos existences. Quel bonheur.
J’ai toujours aimé dire que la vie était une pièce de théâtre. Aujourd’hui elle est surtout un grand stade olympique. Tout n’est que compétition pour être meilleur.e, gagner des points, de la reconnaissance, de l’argent. On essaye pas forcément de vivre mieux pour soi mais surtout par rapport aux autres. Je veux parce que tu as. Je suis parce que tu n’es pas. Je fais pour te montrer, à toi. Comparer est un curseur essentiel, mais un curseur est censé rester un moyen par une fin en soi. Se comparer pour se nier, se détester, se renier, c’est supprimer nos unicité, nos différences, nos spécialités. Hors, pour faire un arc en ciel, il faut une multitude de couleurs.
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