Les droit de l’homme et les devoirs de la femme. C’est ainsi que nous devrions nommer la loi qui guide le système patriarcal (hétéro-cis-normé, blanc et valide) dans lequel nous évoluons. Parce que tant que nous aurons besoin de dédier une journée aux « Droits des femmes » alors il restera évident que l’égalité n’est pour l’instant qu’une utopie. En revanche, le fait d’être femme, en l’étant de fait ou en le devant, comme le proclamait notre chère Simone Weil, reste avant tout une liste continu de devoirs: esthétiques, hygiéniques, comportementaux, maternels, éthiques.
A chaque jour que la vie me donne, je prend conscience de la chance que j’ai d’être née à cette époque. Comme si je portais inconsciemment sur mes épaules le fardeaux de tous les droits bafoués à mes ancêtre. J’ai ainsi entièrement conscience de l’aspect politique de mon existence: en étudiant, travaillant, voyageant, lisant, écrivant, buvant. Dans mon célibat, mes questionnements identitaires, dans mes choix de lecture, mes déplacements et mes missions professionnelles. A chacune de ces actions j’ai conscience de vivre les interdits qui ont brimé tant de femmes passé sur ce même chemin à des époques différentes.
Avoir des droits signifie être protégé.e. Pourtant, ces dernières années avec la démultiplication des plaintes pour harcèlement sexuel et viols, on se rend surtout compte qu’avec des droits signifie devoir se battre pour les faire respecter. Parce que visiblement les droits des coupables ont plus de poids que les droits des victimes. Deux réalités (oh vision sociale binaire), deux définitions du droit. Dans ma courte vie, je n’ai pas eu besoin de me retrouver dans une court de justice pour ressentir cette injustice. Au collège déjà, les personnes morales en charge de nous protéger avaient favoriser leur quiétude plutôt que la justice. Par mon silence, j’ai alors perdu mes droits.
Les années COVID ont elles ramené les devoirs au coeur de nos préoccupations. Le devoir de suivre les lois, les arrêtés, les annonces gouvernementales. La moindre de nos liberté s’est ainsi vu rabaissé, sans que nous puissions dire quoi que ce soit. Ou s’arrête la liberté individuel ? Là ou commence celle des autres. Or, les virus on fait de chacun et chacune d’entre nous des dangers pour la liberté des autres. Le risque de contamination a paralysé nos sociétés et les peurs figées ont, elles, étouffé la moindre de nos revendications. Alors nous avons appliqué les règles. Toutes plus folles les unes que les autres. Quitte à y perdre la tête.
J’ai longtemps suivi les règles. Au mot près. A la virgule près. Avide d’être une bonne élève qui respecte le cadre posé par les adultes détenteur.trice.s de la loi. En grandissant, j’ai fait face au non sens de certaines d’entre elles. Moi qui pensais les règles et lois justes, toujours, j’ai déchanté. Ce fut rapide, violent, douloureux. Quand le cadre s’effondre, plus rien ne nous protège de nos craintes. Pourtant, cette prise de conscience fut aussi libératrice. Mon libre arbitre en étendard, j’ai alors compris que si nous devons encore nous battre pour garder et faire respecter nos droits, nous pouvons également questionner nos devoirs.
Qui fait la loi ? Qui atteste de son respect ? Qui dénonce ses manquements ? Ces personnes qui fixent les règles sont elles toujours légitime de le faire ? Surtout, sont-elles encore légitimes lorsqu’elles-même elles ne respectent pas ces lois ? Lorsqu’elles les violent. Lorsqu’elle les contournent. Lorsqu’elle les ignorent. Peut-être devrions-nous questionner l’exemplarité de ceux (et parfois celles) qui dictent nos devoirs et sont censé.e.s faire respecter nos lois. Peut-être devrions-nous le faire, avant de ne plus en avoir le droit. Parce que le droit est friable. Fragile. Tout comme les devoirs sont abstraits et réglables à notre guise.
Je suis une privilégiée. De part ma couleur de peau. De par ma nationalité. De par ma naissance. Je suis une privilégiée. Le féminin affaibli cette affirmation c’est certain, mais cela n’enlève en rien sa véracité. C’est pourquoi il est important d’avoir conscience des différentes grilles de lecture de ces droits et devoirs. D’autant plus en ayant grandi dans un pays se revendiquant des « Droits de l’homme » mais violentant des vies, condamnant des hommes et excluant des êtres, au motif seul de leur origine, de leur couleur de peau ou de leur papiers.
Avoir conscience de ces privilèges, ce n’est pas nier ses souffrances. C’est avoir conscience des autres réalités, pour mieux les soutenir. Il n’est alors pas question de s’entraider mais bien de s’apprivoiser. Sur un même pied d’égalité. Dans une union des luttes qui ne cherche pas la meilleure victime mais condamnation les pires bourreaux. Qui qu’ils soient. Quelque soit leur métier, leur origine, leur classe social, leur statut politique, leur nom et leur âge. Parce qu’il ne s’agit alors plus seulement de dénoncer un homme, mais bien de faire tomber un système; opprimant, violent et injuste. Pour que les doits et les devoirs soient les même pour tous et toutes, enfin.
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