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volume 1, Chapitre 1 « JE PENSE DONC JE SUIS » volume 1, Chapitre 1

Définir le fait d’être, de façon palpable, c’est comme chercher un élément à toucher en remuant ses mains inlassablement dans l’air. Aucune preuve tangible n’existe, pourtant, nous sommes là, ici et maintenant. Condamné.e.s à être, nous sommes pourtant bien plus préoccupé.e.s par le fait de mourir. La question de la fin semble ainsi être celle qui subsiste de siècle en siècle, alors que nous ne questionnons que très rarement celle du début. Pourquoi nous, ici et maintenant ? Au delà des questions biologiques, l’origine de notre existence reste tellement floue qu’elle créait un vide béa dans ma quête de sens perpétuelle.

Si le fait de penser fait de moi l’être que je suis alors, aucun doute ne peut subsister, je suis bel et bien. Parce que si il y a bien une chose que je fais en permanence, c’est penser. Je pense du matin au soir, en marchant, en travaillant, en faisant du sport. Je pense ma vie et rêve d’autres existence, comme avide de combler un vide mental trop profond pour se contenter de la vie se déroulant en premier plan. Ce flot est certaine fois tellement important qu’il m’avale, envahissant mon mental et tout mon être dans une vague subversive incontrôlable.

Souvent, j’ai l’impression de plus penser ma vie plutôt que de la vivre, vraiment. Cette façon d’intellectualiser en permanence ma longtemps donné l’impression d’une force inestimable, source permanente de créativité et d’idées. Pourtant, plus je grandis, plus ces pensées m’aliènent, m’angoissent et m’empêche d’apprécier la vie et les simples joies qui la compose. Super stimulée par les bruits, les odeurs, les lumières, les matières, les gouts, je trouve en tout l’origine d’une nouvelle pensée paralysante. L’art est dans les détails et ma vie n’est que détails endiablés.

Être à partir du fait de penser nous amène aussi à une certaine exigence de soi. Parce qu’il y a penser et penser. Il y a pensées futiles et pensées utiles. Comme il y a culture et Culture. Nous n’avons pas les mêmes chances face à cette exigence. Parce que nourrir sa pensée ne va pas de soit pour les animaux que nous sommes. Avant cela, nous essayons d’abord de survivre. On commence alors à nourrir l’esprit seulement lorsque le corps est rassasié. C’est certainement pour cela que la pensée des Lumières doit être à nuancer; parce que pour allumer les lumière, il faut avoir de quoi les faire fonctionner.

Combien d’Hommes se sont perdu.e.s à chercher à comprendre ? Combien de vies à passer à résoudre le mystère de notre pensée, de notre intelligence ? Je suis toujours fascinée par cette quête insatiable que nous menons pour comprendre et démontrer notre différence face aux autres animaux. Une ironie lorsque l’on observent, à contrario, comment notre instinct animal peut facilement revenir dans l’argumentaire de ceux qui expliquer des comportements intolérables: si je viole c’est à cause de mes pulsions animales … Alors à quoi sert de savoir penser si ce n’est que pour l’utiliser à justifier des actes barbares ?

Car penser peut aussi être un piège. Un tourbillon dans lequel on se laisse emporter sans pouvoir l’arrêter. Un cycle infernal qui peut tout remettre en question, bousculer la plus intime des certitudes et nous obliger à tout reconstruire. Ouvrir un chemin de pensée, vers les inégalités, l’injustice, le réchauffement climatique, c’est reconnaitre l’existence de ces maux terrifiants. C’est ne plus pouvoir les ignorer. C’est se retrouver face à deux choix: se battre ou renoncer. C’est certainement pour cela que pendant des siècles les jeunes filles n’avait accès qu’aux pensées futiles, pour ne pas nourrir leur pensées enragées.

C’est en tout cas le cheminement que j’ai vécu dans mon éducation féministe. Parce que l’on ne m’a pas enseigné le féminisme, je suis tombée dedans. Violemment, douloureusement, nécessairement. Je suis devenue féministe pendant un échange universitaire au Chili, face aux manifestations universitaires contre les viols sur le campus et en lisant effarée un livret m’expliquant comment avorter à la maison face aux interdits de la justice. Avant cela, je n’avais jamais pensée que j’étais une femme et ce que cela impliqué. Je n’avais pas pensée à l’aspect politique de mon existence. Depuis, je vis avec une colère sourde qui gronde en moi.

Je n’ai pas choisis, ni d’être, ni de penser. Mais aujourd’hui, l’un ne pas pas sans l’autre sur le chemin de ma vie. Parce que malgré la fatigue et les doutes perpétuels que cela implique, ma pensée m’a donnée les cinq plus grand pouvoirs de ma vie: ma soif d’apprendre, ma détermination à faire changer les choses, mon monde imaginaire, mon empathie face aux autres réalités et surtout, ma certitude d’être celle que je devais être. Non pas parce que je pense, mais parce que je suis un Je: sujet, impliquée et déterminée.


Texte publié par Etendard pourpre , 27 juin 2023 à 06h50
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