Le vent se levait du côté des cimes ardentes. Ses bourrasques n'allaient plus tarder à déferler sur les marais avec leur souffle brûlant. Sur son perchoir végétal, une immense racine qui s'élançait parmi d'autres à l'assaut des hauteurs, quelques centaines de pieds au-dessus du sol, Fenrir contemplait la vallée qui s'emplissait des plaintes de la tempête. Son visage était impassible. Seul le coin de sa bouche à peine incurvé trahissait son amertume.
La surface de la plaine, divisée en bancs de sables par les bras ocres du fleuve, commençait à être balayée par l'ouragan. Ce vent, chargé d'une odeur de charogne comme aurait pû l'être l'haleine d'un dragon, faisait ployer la végétation de buissons épineux et d'ombellifères géantes qui prospérait dans la région désolée de Hvergelmir. Sous l'effet de cette chaleur, des voiles de vapeur naissaient à la surface des eaux et envahissaient tout le paysage.
Fenrir se décida enfin à s'arracher à la contemplation de ce qui était depuis quelques lunes sa triste terre d'exil. Les effluves de la rivière, en plus de transporter des relents pestilentiels, étaient franchement malsaines. Malgré son âme endurcie, l'ami des loups supportait assez mal cette brume empoisonnée. Elle ne réussissait pas davantage à l'énorme loup alpha qui l'accompagnait, ainsi qu'à toute la meute qui les entourait. Fenrir s'accroupit et flatta de la main la crinière drue du fauve, avant de lui chuchoter son dessein de gagner leur abri.
" Il est temps de retrouver notre refuge, Ging. Nous ne quitterons pas encore cet endroit aujourd'hui. "
Le chef de la meute, s'il se languissait lui aussi de quitter ce repaire de fortune, ne le montra pas. Les pupilles argentées du loup renvoyaient plutôt une lueur de fatalisme résigné, une patience animale devant l'épreuve. La bête se contenta de détourner son front marqué d'un clair croissant de lune pour trottiner en direction du réseau de radicelles convergeant vers l'immense tronc de l'arbre-monde. Les autres loups lui emboîtèrent le pas avec l'intention d'aller s'abriter dans la cathédrale organique constituant le pied d'Yggdrasil. Fenrir ferma la marche, non sans avoir lancé un dernier regard à ce pays désespérément vierge de vie animale.
Moïn n'était pas revenue. Alors que la constellation de la Grande Ourse glissait désormais au-dessus du pic en forme de croc qui ponctuait la chaîne lointaine de Nidafjöll, il était peu probable qu'elle vienne apporter à Néri des nouvelles du Vingolf, le Valhalla infernal, avant au moins une demie révolution. L'attente était interminable pour Fenrir. Les heures s'étiraient à l'infini dans ce domaine : il n'y avait rien d'excitant à faire ici, aucun lever ni aucun coucher de soleil auquel assister, aucune vie à observer, aucun intrus à faire fuir, aucun animal à chasser ...
Libérée qu'elle était de la nécessité de se nourrir pour subsister, la meute n'en souffrait pas moins de la lancinante faim que connaissent les habitants de l'autre rive. Etant enfant, Fenrir avait entendu que pour les morts, toute nourriture quelle qu'elle soit avait un goût de cendre. Il n'avait pas encore eu l'occasion de mettre cette légende à l'épreuve, et ce n'était ni dans la cueillette des feuilles urticantes du maquis, ni dans les eaux empoisonnées qu'il irait chercher des réponses.
Quelques cycles stellaires plus tôt, le guerrier défunt s'était rendu compte que les méandres de Hvergelmir recelaient dans leurs profondeurs toute une faune reptilienne. Dans les creux formés par les racines où stagnaient de petites mares verdâtres, le fond des eaux était jonché de serpents de toutes formes et de toutes tailles qui roulaient et déroulaient paresseusement leurs anneaux. Leurs corps verts et noirs, brun et jaunes, rouges et blancs, formaient une mosaïque multicolore dont les mouvements donnaient le vertige.
L'idée d'en embrocher quelques-uns au moyen d'un harpon improvisé dans une branche sèche avait effleuré l'esprit de Fenrir, mais il s'en était remis à l'instinct de Ging qui l'avait averti de quelques grognements désapprobateurs. Cela n'était certainement pas bon à manger et tout compte fait, il ne souhaitait pas revivre la maladie dans la mort telle qu'il l'avait connue. Il préférait de loin endurer la faim, cette ancienne et familière ennemie.
La maladie dans la mort ... Fenrir se souvenait avoir été longtemps suspendu dans un état de grande confusion à son arrivée dans l'autre monde. Pendant une période qu'il n'arrivait toujours pas à estimer, il avait vu passer des ombres devant ses yeux, senti des présences, souvent les mêmes. Trop faible, les sens et la raison égarés, il n'avait pû les identifier qu'à la longue. Entre des accès de terreur et de confusion, il avait appris à reconnaître le cosmos féroce de Moïn, la présence furtive de Ratatosk, ainsi que l'aura aussi feutrée que troublante de Néri.
Et puis, on lui avait fait boire l'hydromel des braves. La fièvre s'était dissipée et il était redevenu maître de ses sens et de ses pensées. Son corps avait pû guérir de ses blessures.
Dans le premier visage qu'il avait pû distinguer nettement à son réveil, Fenrir avait cru reconnaître des traits familiers. Ces joues rondes et ce sourire mutin, n'était-ce pas ...
" Mère ? "
Mais la femme qui lui soutenait la tête et venait de retirer la corne à boire de ses lèvres lui avait opposé une tranquille impassibilité. Alors que sa vue se détroublait, il avait reconnu qu'elle n'avait pas les beaux yeux verts émeraude qu'il attendait. Entre ses mèches rebelles blondes, l'inconnue le dévisageait de ses prunelles noisette d'une grande quiétude, un sourire muet aux lèvres.
" Il va se remettre désormais. Partons. On ne doit pas découvrir ton absence au palais. "
La voix rauque et profonde surgie de derrière l'ange silencieux appartenait à une deuxième femme. Couverte d'une Robe Divine évoquant la forme d'un dragon, Moïn, s'était avancée dans les lumières mouvantes qui perçaient à travers les racines de l'arbre-monde. A l'avenir, Fenrir allait devoir s'habituer à son timbre rocailleux. Il avait malheureusement été le premier son humain qu'il avait entendu distinctement dans l'au-delà.
La Valkyrie-dragon était arrivée à la hauteur de sa compagne qui avait sobrement hoché de la tête sans desserrer les lèvres. La jeune femme s'était redressée pour aller replacer la corne à boire sur une Robe Divine à la silhouette caprine qui l'attendait, campée à quelques pas de là sur ses sabots. La toison or pâle de la créature de métal avait luit dans l'obscurité avant de recouvrir d'elle-même sa propriétaire pour le voyage à venir. Tout en tournant les talons, Moïn avait prévenu Fenrir :
" Je reviendrai dans quelques heures. Prends garde. L'eau de ce pays est mêlée au venin des serpents. Ne la touche pas, ne la porte pas à tes lèvres, ou tu le regretteras. Entraîne-toi. Tu en auras besoin prochainement. "
Une fois qu'elles furent parties, Fenrir commença à éprouver cette nouvelle existence qui était la sienne : une faim inextinguible, une sensation de froid perpétuel, impossible à vaincre. Seule la présence de sa meute, sortie de manière inattendue du chaos de la troisième racine, avait été une source de réconfort. Les loups lui avaient fait la fête, et il n'avait jamais été aussi heureux de les voir.
Les cycles stellaires avaient passé, et il avait suivi les prescriptions de Moïn. Il avait parcouru les racines en long et en large pour mettre son agilité à l'épreuve. Il connaissait désormais le réseau végétal comme sa poche. Il jouait à tester sa force avec les loups, mais sans armure, il ne pouvait pas pousser l'entraînement bien loin. Depuis il n'avait plus revu la Valkyrie au doux regard . Il regrettait de ne pas lui avoir demandé son nom.
Lorsqu'elle était revenue, Moïn avait refusé de répondre à la plupart de ses interrogations. Encore irrité que cette femme lui donne des ordres dès son réveil et qui traversait son territoire son montrer le moindre respect, il s'était mis en travers de son passage, résolu à lui demander des comptes avec le soutient de Ging et de la meute.
" Te revoilà. Qui êtes-vous ? Et où suis-je ?
- Tu es mort, guerrier divin, et cet endroit est Hvergelmir, la région la plus sauvage de nos Enfers. Appelle-moi Moïn, cela suffira.
- Oui, je suis mort. J’ai pû m’en rendre compte. Je voulais simplement l’entendre de ta bouche … même si j’aurais préféré que ce soit ton amie qui me l’annonce, elle a tout de même plus de manières.
Fenrir s'était alors souvenu d'avoir basculé sur cet autre plan d'existence après avoir combattu l'un des chevaliers d'Athéna, Shiryu du Dragon. Alors qu'il le tenait à sa merci, le Saint l'avait surpris en détruisant la cascade d'Elivagar.
Rétrospectivement, il fallait avouer que c'était un prodige assez étonnant. La cascade regorgeait de la puissance mystique qui imprégnait le pays d'Asgard. Fenrir l'avait senti : c'était pour cela même qu'il avait choisi cet endroit pour attaquer son ennemi. La force que Shiryu avait déployée pour le détruire était inimaginable. Mais cela n'expliquait pas la situation dans laquelle le guerrier d'Epsilon se trouvait. Il avait dévisagé Moïn qui le toisait, toujours immobile devant lui, le regard revêche et dénué de chaleur.
- J'ai de la peine à croire que je me trouve en face de l'un de ces êtres de légende, une Valkyrie, grinça-t-il. Car c’est ce que tu es, n’est-ce pas ? Que s'est-il passé ? Pourquoi ne suis-je donc pas auprès d'Odin après avoir vaillamment combattu pour lui, avec les autres guerriers divins ? Je sens leur présence dans ce monde, mais ils sont très loin ... Est-ce que ton amie les a rejoints ? Qui est-elle, que m'a-t-elle fait boire ? "
- Ma tâche était de te ramener à la conscience, avait répondu Moïn après être restée impassible quelques instants devant les âpres questions de Fenrir. Va ennuyer quelqu'un d'autre avec des questions, ou mieux encore : cherche les réponses par toi-même.
- Tu crois que tu peux te débarrasser de moi ainsi ? Quelle prétention. Sache que toute Valkyrie que tu es, tu ne m'impressionnes pas ! "
Il était passé à l'attaque en poussant un rugissement. Ses dents s'étaient serrées en un sourire triomphant alors qu'il sentait son énergie refluer en lui, aussi grande que celle dont il avait disposé dans la bataille contre les chevaliers de bronze. Et encore, il ne portait pas d'armure ...
Il lança en avant un coup de poing fulgurant en direction de la moue méprisante de Moïn. Ce n'est que le millième de seconde suivant qu'il se rendit compte qu'elle s'était simplement écartée de sa trajectoire. Loin de se laisser démonter par cette rapidité hors du commun, Fenrir roula au sol pour rebondir aussitôt dans le dos de son ennemie. Son cosmos se concentra au bout de ses doigts. Désormais, ses mains étaient telles une paire de griffes prêtes à lacérer sauvagement l'arrogante.
Il fut à peine étonné lorsqu'elle pivota instantanément pour bloquer un à un ses assauts qu'il tentait pourtant d'enchaîner le plus rapidement possible. Lui de son côté tenait bon tandis qu'elle cherchait à le repousser fermement. Lorsqu'il se rendit compte qu'elle ne faisait que se défendre, il décida de forcer encore la cadence. Il était prêt à risquer d'encaisser une riposte pour peu qu'il puisse atteindre sa figure et barrer d'un trait sanglant son visage plein de morgue.
Moïn ne se laissa pas submerger. Bien au contraire, elle endura cette pluie de coups en les stoppant du plat de ses avant-bras à un rythme diabolique, sans ciller une seule fois. Elle attendit simplement qu'il se décourage et se replie d'un bond en arrière. Fenrir battit en retraite au milieu de ses amis loups en arquant le dos d'un air menaçant. Ging comprit très rapidement le changement de stratégie et, à l'aide de sa meute, entama une manœuvre d'encerclement. Sans se départir de son calme, la Valkyrie observait du coin de l'œil chacun des fauves.
" Tu devrais rappeler tes alliés, lâcha la femme-dragon d'un ton irrité. Cela ne sert à rien de venir à plusieurs. Tu me fais perdre mon temps !
- En me manquant de respect, tu as offensé toute ma meute, riposta Fenrir. Ils me soutiendront jusqu'au bout !
- Rappelle les, répéta son adversaire avec humeur, que cesse cette stupide ronde. Ce combat me donne mal à la tête.
- Prends patience, ironisa Fenrir, il va bientôt trouver son terme ! "
A ces mots, les loups bondirent en même temps sur la Valkyrie, de tous les côtés. Parer les coups d'un seul homme en lisant dans son jeu était une chose, affronter une dizaine d'êtres aux intentions différentes en était une autre. Mais rien ne devait échapper aux prunelles d'un bleu glacial de Moïn. Elle les repoussa tous, l'un d'un crochet dans la gorge, l'autre d'un fauchage de la jambe, l'autre d'un revers du poing. Pas un seul ne parvint à s'approcher sans se retrouver renvoyé d'où il venait, et ils furent balayés comme des fétus de paille sous l'effet d'une bourrasque.
Fenrir assistait à la déroute des siens, la fureur au ventre. Chaque gémissement de ses frères loups avait pour lui l'effet d'un coup de poing en plein visage. Acculé, il décida qu'il n'allait pas laisser cet affront impuni : bien que revêtue d'une armure sacrée, cette femme allait regretter son geste jusque dans sa chair. Il se prépara à l'attaque.
" Je sais que je vais y arriver, pensa t-il. Même sans la robe divine d'Epsilon, je vais nous venger, je te le promets, Ging ! "
Le cosmos de Fenrir explosa et se manifesta dans toute sa férocité. La halle formée par les racines d'Yggdrasil fut inondée d'une lumière bleue tandis qu'il hurlait le nom de son attaque de Guerrier Divin.
" Wolf Cruelty Claw ! "
Ses poings atteignirent la vitesse de la lumière. Les déflagrations de ses coups jaillissaient tels des loups de lumière pure aux crocs de mithril. Leur trajectoire indéchiffrable avait pourtant sans nul doute comme but la gorge de Moïn. Mais malgré toute la puissance, toute la vélocité de l'attaque, Moïn la bloqua d'une seule main. Pendant un instant, le silence s'abattit sur les environs. Fenrir était aussi assommé par le résultat de ses efforts que s'il avait encaissé le coup lui-même. Une telle attaque aurait déchiqueté un combattant aussi coriace que Shiryu. Ainsi, c'était cela, la puissance d'une Valkyrie ...
Moïn restait immobile, telle une statue de marbre. L'attaque dissipée par sa seule paume ouverte s'était arrêtée juste devant elle. Soudain une goutte de sang coula le long de son doigt. Surprise par la douleur qui était enfin parvenue à ses sens, elle contempla sa main comme si elle se rendait compte d'un détail incongru. Alors un gloussement franchit ses lèvres étirées en un rictus. L'instinct de Fenrir l'alerta immédiatement alors que se révélait le cosmos de la Valkyrie, pesant comme celui d'une créature des âges obscurs.
D'instinct, Moïn avait déplu à Fenrir. Cette mine méprisante, ce visage taillé à la serpe encore durci par sa tignasse couleur aile-de-corbeau, ses yeux d'un bleu glacial, tout cela en elle n'inspirait guère la sympathie. Pourtant, maintenant qu'il entrevoyait son vrai visage, le guerrier divin prenait conscience que sous cette armure de reptile d'un noir d'obsidienne, couvait une colère destructrice qu'il pouvait presque flairer. Une colère qui n'avait rien de naturel, rien de légitime. Une colère repoussante, parfaitement maléfique. Le sarcasme qu'elle émit le ramena à leur confrontation.
" Cela fait bien longtemps qu'aucune vermine n'avait osé me mordre. Qu'es-tu au juste ? Un taon ? Allez ! Assez joué ! Il est temps que tu comprennes quelle est ta place dans mon domaine, cadavre ! "
Devant l'explosion du cosmos de Moïn, Fenrir écarquilla les yeux de stupeur. Il lui semblait tomber dans un monde de sauvagerie sous un ciel écarlate. Il vit la bête, la reine dragon qui gouvernait sur le domaine de Niddhog, le dévoreur des morts. C'était tout juste si la Valkyrie avait ouvert la bouche, mais le son puissant qui en sortit, bien qu'il fut inaudible, lui déchira les tympans, les nerfs, et tous les organes du corps. Les yeux révulsés, il crut être coupé en deux par le cri strident du dragon infernal.
Lorsque l'attaque s'arrêta, il avait le genou à terre. Le guerrier divin ne voyait ni n'entendait plus rien, seule sa fierté l'empêchait de se laisser tomber face contre terre. Ses pensées étaient confuses, des fragments de souvenirs en lambeaux passaient devant ses yeux. La sensation de découragement lors d'un hiver rigoureux où la faim avait tant tourmenté la meute qu'il s'était résolu à voler les humains. L’insouciance d’une soirée où, enfant, il jouait avec son épée de bois devant ses parents qui s’en amusaient. La complicité devant la malice de son cheval, Glad, qui parvenait toujours à obtenir plus d'avoine que la ration à laquelle il avait droit ...
Toutes ces images menaçaient de se déliter, de s'envoler, et il comprit que s'il ne faisait rien, elles seraient perdues à jamais. Pendant qu'il se recentrait pour les retenir, la voix de Moïn toucha son esprit.
" Apprends que les Valkyries sont les gardiennes des Enfers. Nos techniques peuvent toucher nos adversaires jusque dans leurs corps mental, astral et éthérique. Sois heureux que je n'aie fait qu'ébranler ta mémoire. Tu parviendras à la recomposer. Notre hôte souhaite te garder auprès de lui. Sans l'ordre de te garder conscient et entier, je ne me serais pas gênée pour dépecer ton être et l’offrir en pâture à Yggdrasil. "
Lorsque Fenrir avait repris possession de ses sens, il avait pû constater que les loups avaient également souffert de l'attaque. Il s'était précipité pour soutenir les plus affaiblis. Depuis, il ne croisait Moïn qu'en silence, le regard mauvais mais en acceptant une trêve nécessaire. Le seul espoir qui ait été donné à Fenrir de pouvoir quitter la morne plaine de Hvergelmir lui avait été donné par Néri, l'homme à la cape de faucon, et malheureusement, c'était Moïn qui était censée être la messagère de cette nouvelle. Mais il attendait son heure : il finirait par régler ses comptes avec cette femme.
Néri était également un être mystérieux. Il avait l'allure de quelqu'un d'important, mais sa présence était évasive. Ses apparitions étaient aussi inattendues que l'arrivée d'un rapace. L'individu en lui-même avait une allure étrange : de taille moyenne, Néri avait un visage aux traits si délicats qu'ils en étaient presque féminins. Ses longs cheveux couleur amarante parfaitement lisses et son front haut étaient ceints d'un fin diadème orné d'un disque évidé. Enfin, il portait sur ses épaules une cape qui dissimulait la majeure partie de son corps. Le tissu subtilement moiré était brodé de mouchetures hypnotiques, imitant à s'y méprendre le plumage d'un faucon. Pourtant, sa présence était pour ainsi dire anodine. S'il disposait d'une quelconque puissance, il la dissimulait bien.
Néri avait toujours des paroles affables pour Fenrir quand il le croisait dans les racines profondes de l'arbre-monde. Il prétendait l'avoir trouvé lors de son arrivée en Nibelheim, et avoir demandé à ce qu'il soit recueilli et soigné. Lors de leurs rencontres, il lui révélait sporadiquement quelques informations sur le monde qui les entourait.
Néri lui avait appris les rudiments de la géographie des Enfers. Il lui donnait quelques points de repère, comme le pont du Gjallarbru, visible de loin grâce à ses piliers d'or, les trois puits aux racines d'Yggdrasil, le domaine de Gimlé dont la silhouette se découpait sur le bord enflammé du Muspelheim. Il lui avait dévoilé l’épilogue de la tragique guerre de l’anneau face aux Saints d’Athéna, qui l’avait conduit en Enfer. Il lui avait expliqué ce qu'étaient les cinq corps de l'homme et lui détaillait le fonctionnement de l'ordre des Valkyries, qui bénéficiait de la protection de la constellation du Cygne ...
Cependant, même s'il paraissait bien disposé à l'égard de l'ancien guerrier divin, il était à peine moins avare en renseignements que Moïn. Sa parade à lui était l'esquive. Lorsque Fenrir lui demandait ce qu'il faisait ici, la raison pour laquelle il n'était pas à Vingolf comme les autres guerriers tombés au combat, Néri détournait inlassablement ses questions comme il aurait dévié une lame dans un duel à l'épée, avant de l'inonder de détails aussi distrayants qu'inessentiels. Ses réponses, lorsqu'il en donnait, étaient ambiguës, voire énigmatiques, et Fenrir se retrouvait à la fin avec plus de doutes et d'interrogations qu'il n'en avait eu au début de leur conversation.
Invariablement, Néri lui demandait d'être patient et lui promettait que leur situation dépendait d'un événement imminent. Mais le temps ne passait pas. Il semblait suspendu, immobile, malgré la lente et continue marche des astres au-dessus de leurs têtes.
La meute parvint au cœur du faisceau de racines, dans l'une des chambres formées par l'enchevêtrement végétal. Ging ralentit et flaira ses propres marques. Les loups retrouvèrent chacun leur coin favori pour la sieste et entreprirent de s'allonger l'un après l'autre sur le sol. Dormir : il n'y avait que cela à faire en attendant au moins la fin de la tempête. Fenrir rejoignit Ging, la mine maussade. Le loup tourna sur lui-même, comme pour le distraire de ses ruminations, et l'encouragea d'un regard appuyé à venir se reposer auprès de lui. C'est alors qu'un bruit léger fit dresser les oreilles et les têtes de la meute entière. Cela ressemblait à un bruissement d'ailes. Fenrir commençait à le connaître : c'était l'annonce de l'arrivée de Néri. Celui-ci apparut au détour d'un boyau de racines et il s'avança sans plus de cérémonies au milieu du cercle de la meute.
" Tu as l'air bien las, Fenrir, murmura l'homme d'un ton détaché, en guise de préambule. Es-tu donc si près de perdre confiance en mes paroles ?
- Si tu fais allusion à la promesse que tu m'as faite, répliqua Fenrir d'une voix rude, sache que je n'en attends pas grand-chose.
- Malgré tout ce que j'ai pû faire pour toi, tu te défies de moi, sourit Néri.
- L'homme qui rend service compte souvent sur un remboursement avec des intérêts, énonça le jeune loup tout en fronçant le sourcil d'un air méfiant. Il exige davantage en retour. Je n'ai confiance qu'en mes loups.
- Je comprends ta circonspection, fils des Wülfingen, répliqua Neri, impassible devant l'hostilité à peine contenue de Fenrir. Même en les dieux on ne peut placer une foi aveugle, tu en as fait l'amère expérience. Mais dans sa propre famille, on peut croire, car les liens du sang sont puissants, au-delà de tout ce que l'on peut soupçonner. "
Fenrir avait haussé un sourcil à la mention du nom de son clan. Il pensa aux survivants de sa famille humaine, celle qui, comme il l'avait appris plus tard, était sortie exsangue de la terrible guerre contre les Comtés du Nord-Est. Ces survivants, ses parents, avaient été abandonnés par leurs vassaux devant la férocité d'un ours. Jamais Fenrir ne pourrait oublier comment ceux qui se prétendaient leurs amis leur avaient tourné le dos pendant que sa mère succombait à l'attaque du fauve et que son père livrait un combat désespéré pour le sauver lui, son enfant.
Fenrir savait que cette lignée avait reçu le coup de grâce lorsque lui-même était tombé à cause de la faillite de la prêtresse d'Odin. Cette femme, Hilda, qu'il avait crue aussi inébranlable et puissante qu'une montagne, s'était révélée être le frêle jouet des dieux, l'instrument de leurs mesquines luttes de pouvoir. Non, Fenrir ne pourrait plus jamais placer sa confiance en un autre homme.
L'incompréhension de la raison pour laquelle Néri appuyait sur cette ancienne blessure allumait de la colère dans les yeux de l'homme-loup. Il était d'autant plus irrité qu'il subodorait un motif derrière tout cela : les paroles de Néri s'enchaînaient dans une logique qui frôlait son intelligence sans qu'il ne puisse en saisir le fil. Comme son hôte n'allait pas plus loin dans l'exposition de ses pensées, Fenrir fronça les sourcils avec irritation. Il sentait que cet individu tentait de le manipuler. L'homme-loup détestait cela, et il tenta d'abréger cet entretien.
" Les Wülfingen ne sont plus. Il n'y a plus que moi, Fenrir et ma meute. Dépêche-toi de me dire simplement ce que tu peux m'offrir, et ce que tu attends de moi en échange.
- Quel pragmatisme. Tu es plein de bon sens, Fenrir, mais c'est une pitié de voir que tu en sais si peu sur ta famille, déplora Néri d'un ton navré. Sur ta famille, et par conséquent sur ta propre meute.
- Ma meute ? répéta Fenrir, dont le ton trahissait la confusion.
- Mais que croyais-tu au juste ? ironisa l'homme à la cape de faucon. Te prends-tu pour un louveteau, ou estimes-tu que les loups ont décidé de faire une exception en protégeant un jeune humain comme toi ? "
Fenrir resta interdit, avant de chercher Ging du regard. Il n'avait jamais remis en question ou cherché une raison à l'amitié qui le liait lui et ses loups. Il tressaillit lorsqu'il constata que Ging était simplement assis à côté de lui, les oreilles tendues au discours de Néri, comme si l'animal connaissait l'homme-faucon depuis toujours, comme s'il était des leurs.
" Il est temps que je t'apprenne qui était le fondateur du clan dont tu es issu. Je crois que cela t'amènera à regarder les choses sous un angle différent. Cette histoire commence aux temps héroïques. A cette époque, les dieux et les hommes marchaient ensemble et bataillaient pour leur survie. Le peuple d'Asgard bénéficiait de la protection de l'Yggdrasil et les conquérants faisaient reculer le chaos à la force de leur bras et au tranchant de leur épée. C'était avant qu'Odin décide de rendre les armes et accepte les termes de la paix d'Athéna. Bien avant que notre peuple se contente de survivre le front baissé, confiné dans le petit pays d'Asgard ... "
D'abord méfiant, Fenrir se laissa très vite emporter par les paroles de Néri. Cela se passa sans qu'il ne s'en rende compte. Il lui semblait voir les silhouettes des ancêtres se dresser contre les créatures légendaires qui occupaient les forêts antiques, les soumettre ou les jeter dans les enfers. Aiguillonnée par le talent de Néri, son imagination formait la vision d'un monde primitif et hostile qui devenait habitable pour les bêtes et les gens, où les murailles d'Asgard étaient resplendissantes et entières. Jusqu'au jour où les guerriers d'Asgard avaient rencontré les chevaliers d'Athéna ... Néri poursuivit son récit.
Parmi les plus remarquables guerriers d'Asgard, ceux qui avaient reçu les Robes Sacrées forgées sur l'ordre des dieux, se trouvait Wulfur, père du clan des Wülfingen. C'était un combattant réputé pour son audace et son énergie sans limite. Il en fut récompensé en recevant une étincelle de pouvoir d'une créature des temps mythologiques. Je veux parler du Managarm, le Fauve de la Nuit.
Wulfur et ses fils conquirent tous les territoires du Sud, et en obtinrent le contrôle. Il faut imaginer un magnifique domaine de forêts et de plaines verdoyantes, bordé d'une mer d'où les bateaux sortaient des filets remplis de poissons d'argent. C'était une belle terre que celle des Wülfingen, arrachée de dure lutte aux wargaz, l'engeance des loups Sköll et Hati. Oui, grâce aux Wülfingen, la grande forêt de fer trouva un nouvel équilibre. Elle perdit son nom funeste et sa dangereuse réputation pour le plus grand bonheur du peuple.
Cependant, lorsqu'il fut question de céder la majeure partie de l'empire conquis par les ases aux humains, les protégés d'Athéna, Wulfur exigea que l'on reconsidère le traité de paix. Certes, il était l'un de ceux qui avaient le plus à perdre dans ce pacte, mais il prévoyait surtout dans quelle misère et quel danger le peuple d'Asgard allait être mis en déposant ainsi les armes devant cette Olympienne et en renonçant aux terres les plus clémentes. Les promesses d’Athéna de protéger la Terre et tous ses peuples de la rapacité de sa propre famille et en particulier de ses oncles ne lui inspiraient pas confiance - et à raison !
Les conquérants étaient cependant partagés sur la question, au point que lorsqu'ils se rassemblèrent pour former le Kristallting - le Conseil de Cristal - leurs voix s'équilibraient parfaitement. Le Kristallting est ainsi appelé car il réunit tous les ases et leurs alliés dans une salle créée par la volonté d'Odin lui-même dans les neiges immortelles. C'était une chose admirable que cette halle, aujourd’hui ensevelie sous les congères du temps : chaque dalle semblait taillée dans le cristal de roche le plus pur, chaque colonne était parcourue des chatoiements irisés de la lumière. Malheureusement, ce lieu qui aurait tout eu pour inspirer la concorde et la justice n'eut pas l'effet escompté. Il est désormais enseveli sous des siècles de tempêtes de neiges.
Wulfur était le plus convaincu des opposants au traité, tandis qu'en face de lui, le chef Waegmund, se rangeait derrière l'avis de son maître Odin. Les conquérants ne parvinrent à aucun accord, et la première journée du rassemblement se perdit en palabres stériles. Alors que chacun partait de son côté pour passer la nuit auprès de son clan et discuter du traité, Waegmund se plaça sur le chemin de Wulfur qui s'arrêta, sur la défensive.
" Garde ton calme, Wulfur, je ne compte pas te défier. Je suis simplement affligé de voir qu'il est impossible d'avancer sur une question qui menace de nous diviser un peu plus chaque jour. Faisons la paix. Viens partager mon repas demain juste avant l'assemblée, tu es le bienvenu dans ma demeure. Nous tenterons de trouver un compromis à tête reposée, pour le bien de tous. "
Dans d'autres circonstances, Wulfur aurait décliné cette proposition et dévoilé à Waegmund l'étendue de sa défiance envers lui. Mais Waegmund s'était arrangé pour lui tendre la main devant d'autres conquérants.
“ J’accepte ton invitation, Waegmund. Il ne sera pas dit que moi, Wulfur, je suis l’ennemi de la concorde au sein de notre conseil. Cependant, prépare-toi à ce que je te convainque de ton erreur, car ce traité avec Athéna signerait la perte de notre peuple. A demain. “
Ainsi, le matin suivant, Wulfur se rendit chez Waegmund. Il avait pris sa décision malgré les réticences de sa famille. Il fut bien reçu : on lui présenta la place la plus proche de la chaleur du foyer, et il fut servi avec largesse en viande de gibier et en gruau. Les Rôtis d'oies sauvages bien gras côtoyaient les pains dorés à peine sortis du four. Pendant ce temps, Waegmund devisait paisiblement avec Wulfur sur le sujet du traité, en approuvant ses arguments, et en n’avançant que mollement quelques objections.
Cependant, cette générosité cachait des intentions moins amicales. Le repas était très salé, et Wulfur devait souvent demander à boire. De son côté, Waegmund l'encourageait à vider les cornes d'hydromel l'une après l'autre en lui donnant l'exemple. En revanche, son esclave ne lui donnait que de l'hydromel coupé à l'eau, comme il le lui avait secrètement demandé.
“ Wulfur, lui, reçoit de l'hydromel pur, pensait Waegmund en son fort intérieur, il arrivera complètement ivre au conseil. Il ne sera pas difficile de le vaincre dans cette bataille d'éloquence. Le traité sera enfin signé, et le chef du clan du Loup repartira la queue entre les jambes. “
De son côté, Wulfur était trop fier pour admettre qu'il n'était pas en état de participer au Kristallting. Quand bien même Waegmund faisait semblant d'être aussi éméché que lui, il sentait bien qu'on était en train de le duper. Il prit le chemin du Conseil de Cristal en chevauchant aux côtés de Waegmund, sans dire un mot. Muet, il n'allait pas le rester longtemps. Odin avait à peine ouvert la séance qu’il prenait la parole d’un ton impatient.
“ Bien parlé. Qu’enfin commence ce conseil, et que l’on en finisse avec ce traité que seuls les lâches pourraient approuver !”
Une rumeur de désapprobation et d’indignation parcourut l’assemblée.
“ Que se passe-t-il Wulfur ! s’écria Fjölnir pour couvrir le tumulte de l’assistance. Aurais-tu perdu l’esprit sur le chemin du conseil en te cognant le front contre une branche basse ? Plutôt que d’insulter ceux qui ne partagent pas ton avis, tu ferais mieux d’aller chercher ton bon sens où tu l’as laissé. “
“ Te sens-tu concerné par mon accusation, Fjölnir ? railla Wulfur. Oh mais bien sûr, ton domaine étant bien protégé par celui des autres, voilà longtemps que tu as troqué ton épée contre la bourse du commerçant. Regardez tous cet embonpoint qui fait plaisir à voir ! Es-tu seulement encore capable de monter seul sur ton cheval ? “
“ Cesse immédiatement tes insultes, lança Brunehilde d’un ton sec. N’as-tu donc pas honte d’apporter la querelle dans l’enceinte sacrée du Kristallting ? Si tu ne sais pas tenir l’hydromel, tiens au moins ta langue ! “
“ Dois-je encore écouter ce que tu as à dire, femme ? répliqua immédiatement le réprimandé. Ta place n’est-elle pas au foyer de Sigurd ? Je m’étonne que tu n’aies pas encore échangé ta broigne contre le tablier de matrone. Pourtant les choses doivent être en bonne voie. “
“ Je te défends de parler si légèrement de l’honneur de Brunehilde, Wulfur ! s’écria Sigurd en se relevant vivement de son siège. Bien que tu sois mon ami, je ne tolérerais pas ces insinuations ! Retire-les maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. “
“ Trop tard pour quoi ? rugit Wulfur. Pour reprendre cette farce au point où nous l’avions laissée hier ? “
“ En cela tu n’as pas tort, coupa Obéron d’un ton qui se voulait complaisant. Nous devrions cesser les plaisanteries et avancer réellement aujourd’hui dans nos pourparlers pour trouver une solution qui conviendra à tout le monde. Mais pour cela, chacun devra y mettre du sien. ”
“ Mais quelles sages paroles je viens d’entendre là ! Quel dommage qu’elles soient prononcées de si bas ! Oberon, ne veux-tu donc pas te lever et répéter ce que tu viens de dire afin que chacun soit assuré d'entendre l’avis du plus petit, mais néanmoins du plus intelligent d’entre nous tous ? “
Malgré les avertissements des uns et les menaces des autres, Wulfur continuait ainsi de chercher querelle à qui osait lever la voix, sans distinction entre ses alliés et ses opposants. Il proféra beaucoup d'autres insultes qui offensèrent l'assemblée et déplurent à Odin. Waegmund se proposa pour le faire sortir de la salle du conseil lui-même. Mais dans une réaction inattendue et brutale qui épouvanta tout le monde, Wulfur lui passa son poing à travers le cœur. L’assemblée considéra longuement et avec horreur le meurtre de l’un des leurs au beau milieu du Conseil de Cristal.
Devant la gravité de ce crime, Odin fut obligé de suspendre le conseil. Les hommes s'emparèrent de Wulfur, et lorsqu'il exposa la machination dont il avait été victime, il fallut admettre qu'il ne portait pas l'entière responsabilité de cette tragédie. Il fut alors libéré, avec l'ordre de payer, comme le voulait la coutume, un dédommagement au clan de Waegmund.
Cette solution était trop simple pour être viable. Les Wülfingen refusèrent de dédommager les Waegmundingen, et cette querelle dégénéra en un sauvage bain de sang qui décima les deux familles. L'opprobre fut jetée sur les clans du loup et de l'ours. Les Valkyries, écoeurées de cet affligeant spectacle, jetèrent les meurtriers des deux partis dans la prison de glace des Enfers, Niflheim. Il ne resta bientôt que le fils cadet de Wulfur, si jeune qu'il ne pouvait encore porter le glaive. Poussé par son aïeule, il vint demander à genoux le pardon de l'assemblée pour son clan et le traité de paix fut scellé.
Néri s'interrompit quelques instants pour laisser Fenrir reprendre ses esprits. La défiance du jeune garçon s'était évaporée. Même s'il réfléchissait sans doute plus tard à tout ce qu'il avait entendu avec le recul critique de celui qui met en ordre ses pensées, les graines du désir de savoir étaient semées. L'homme paracheva son récit ainsi :
" Ce qu'il faut savoir, c'est que le pouvoir des Wülfingen est très grand, même du fond des Enfers. Je t'ai parlé des différents corps qui nous composent : les corps physique, éthérique, astral, mental et spirituel. Sache que le corps astral peut être projeté ici en Nibelheim, mais aussi sur le rivage des vivants lorsqu'il est assez fort pour supporter ce voyage ... C'est ce dont les Wülfingen sont capables. Ils le font sous la forme de loups, que l'on appelle Vargulfs. Il n'est d'ailleurs pas impossible qu'ils continuent de se faire la guerre avec les ours ... Comprends-tu ce que cela implique, Fenrir ?
- Tu es en train de me dire que mon clan est prisonnier de Nieflheim, mais que dans le même temps il m'entoure en ce moment même ? "
Fenrir secoua la tête, encore ahuri du conte qu'il avait entendu et des conséquences qu'il devait en tirer. Autour de lui, la meute restait la meute. Ging était-il réellement une projection de la volonté de son ancêtre ? Cela ressemblait à une histoire de fou, et pourtant, il ne parvenait pas à la repousser complètement. Avant qu'il ne puisse discuter de tout ce qu'il venait de conter, Néri détourna le regard en direction d'une ouverture entre les racines, où perçait un peu de jour.
" Moïn s'approche d'ici, et elle n'est pas seule. Il est temps de se préparer à se mettre en route.
" Fenrir, nos histoires sont un peu semblables : j'ai aussi des proches enfermés à Nieflheim. Mais les choses ne sont pas destinées à rester figées éternellement. Notre Reine, la douce Hella, est sur le point de faire son retour et de régner sur les Enfers. Elle nous accueillera alors avec équité dans son royaume que nous aurons restauré. Je t'invite à nous rejoindre, si tu le désires. "
Néri prit le chemin des chambres supérieures, plus exposées à la tempête, où il rencontrerait Moïn dans son élément. Le regard de Fenrir croisa celui de Ging. Le loup semblait disposé à suivre l’homme à la cape de faucon, et il en était de même pour tous leurs autres compagnons. Résigné, il suivit la meute qui emboîtait le pas à Néri.
“ Cette situation me laisse une désagréable impression de déjà vu, se dit le guerrier défunt avec nervosité. Mais pourrais-je prendre une décision à l’encontre de ma meute ? Que suis-je moi, Fenrir, sans ma famille loup ? “
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