Ils s’étaient transformés en une bête alliant deux esprits, deux consciences et deux façons de penser. Ades et Taylor étaient devenus quelque chose de plus grand qu’eux et de plus puissance que n’importe quelle magie. Ils avaient à présent le pouvoir de mettre fin à cette guerre et de faire régner la paix. Ils partageaient leurs forces, et leurs points faibles respectifs étaient compensés par l’autre. Ils ressentaient exclusivement des émotions primaires, car ils s’étaient transformés et unis dans l’unique but de tuer et d’arrêter ce massacre.
La bête mi-lion et mi-loup se mit à courir, les théurgistes la regardèrent passer devant eux avec stupéfaction, tandis que les démons d’Ades montrèrent leur rage de vaincre par un puissant grognement venant des tréfonds du royaume d’As. Taylor et Ades tuèrent les combattants de Baltazard qui se trouvaient sur leur trajectoire, leur sautèrent à la gorge, les brûlèrent et les dévorèrent. Rien ne leur résistait, rien ne les atteignait.
- Le lâche ! cracha Taylor en voyant son père se cacher derrière trois rangées de démons.
- Prudence, il n’est pas entouré par n’importe quels démons.
Ils s’agissaient des plus imposants et des plus forts, des chiens enragés très difficiles à tuer à cause de la composition de leurs corps forgés dans la roche d’As qui était issue de la lave et réputée pour être incassable.
Le louceau continua sa course vers l’ex-théurgiste et heurta la première rangée de démons, mais fut violemment repoussé sur plusieurs mètres. Taylor et Ades grognèrent et repartirent à la charge en créant un imposant fouet dentelé à l’aide de leurs flammes et le fit fendre l’air dans des mouvements hypnotiques. La marque d’Ades se dessina dans le ciel et accapara l’attention de l’armée de Baltazard.
- Les démons sont ma création, ils m’obéiront toujours ! grogna Ades plus féroce que jamais.
Le fouet se courba et embrocha la première rangée et les deux autres furent propulsées aux quatre coins du cimetière. Baltazard se trouva alors seul, à la merci de la bête, à la merci de sa propre fille. La peur remplaça la détermination dans son regard, et pour la première fois il regretta ses décisions qui l’avaient mené jusque-là. Il ne se souvenait même plus ce qui l’avait poussé à ressentir une haine si profonde pour son ancien peuple. À quel moment avait-il sombré ? Son regard fut attiré par du mouvement sur sa gauche où se tenait la confrérie. Les trois membres observaient la scène, le fruit de leur création.
- Les prophéties envers et contre tout ! leur dit-il par-dessus le vacarme des combats. Dire que je me suis laissé berner, rit-il. Vous avez fait de moi ce que je suis devenu.
La confrérie ne réagit pas, mais il pouvait aisément deviner l’expression de grande fierté qui les animait. Il avait toujours voulu faire évoluer la race théurgiste, créer de nouveaux êtres aux capacités développées, mais il avait fini par se perdre et la confrérie n’avait fait que l’entraîner dans la noirceur. Il avait commis tellement d’atrocité aux fils des années qui ne se rendait plus compte du mal qu’il avait fait, la souffrance qu’il avait causée à ses cobayes et à sa fille. Pour la première fois, il regrettait ses actes.
- Tuez-moi sans hésitation, tuez-moi pour les horreurs que j’ai créées, demanda-t-il à la bête.
Ils répondirent à sa requête avec plaisir : la bête bondit et Taylor souleva sa patte glacée par les flammes bleues.
- Pardonne-moi ma fille…
Les griffes s’abattirent sur sa poitrine, perforèrent sa peau, ses nerfs et ses muscles jusqu’à atteindre son cœur. Taylor retira ce dernier et le jeta aux pieds de la confrérie, puis le corps de Baltazard tomba lourdement sur le sol, vidé de toute vie.
Les théurgistes originels tournèrent le dos à la bête, tandis que le combat prit fin. Sans Baltazard pour exercer son contrôle, les démons redevenaient les sujets du roi d’As. La confrérie s’éloigna avec conviction et sans crainte, mais Taylor et Ades n’en avaient pas fini avec eux. Les pattes de flammes orange et bleues de la bête foulèrent le sol recouvert de sang et d’un bond ils se retrouvèrent en face de la confrérie.
- La guerre est finie, nul besoin de rester sous cette forme, résonna la voix d’Axi dans l’esprit du louceau qui n’était pas de cet avis.
Derrière eux, le fouet créé par la bête siffla et traversa le corps du maître de l’air et des rêves, puis la couleur blanche de son âme s’estompa jusqu’à s’éteindre et avec elle un théurgiste originel âgé d’un millénaire. Taylor et Ades avaient la totale possession du pouvoir qui les habitait, ils pouvaient en faire ce qu’ils voulaient. Mroy fit appel à son armée, mais la horde de démons se tenait prête et repoussa sans mal les Ombrageux. Tkeg ne tenta aucune offensive et prit simplement la fuite, finalement imité par son acolyte. Taylor et Ades guidèrent le fouet vers les deux fugitifs, l’arme les transperça de part et d’autre, la couleur de leur âme faiblir sans pour autant disparaître. Ils tentèrent une fois encore, mais les deux membres disparurent. La bête leva son museau vers le ciel et huma l’air.
- Ils sont partis, c’est terminé, assura Ades.
- Pour l’instant…
Le louceau se dissocia et ils retrouvèrent leur forme humaine. Ades caressa la joue de Taylor, se pencha et déposa ses lèvres sur les siennes dans un baiser doux, léger et paisible. La bataille était finie, ils avaient gagné, ils avaient tué Baltazard et un membre originel, mais la guerre ne faisait que commencer. La mort d’Axi ne resterait pas impunie, le reste de la confrérie allait assurément se venger et le moment venu ils devront être prêts.
- Cesse d’y penser, savoure cet instant.
Ils s’enlacèrent et constatèrent le paysage désolé autour d’eux : le sol était imprégné de sang et jonché de cadavres tantôt démon tantôt théurgiste. Les pertes avaient été nombreuses, mais nécessaires.
Lev rejoignit son affect et voulut la prendre dans ses bras, mais se résigna en remarquant sa nudité. Taylor se colla à Ades pour dissimuler son corps, au plus grand plaisir du démon. Soudain, Viktor arriva et leur tendit des vêtements propres, puis il retourna aider les blessés avant que Taylor ait pu le remercier. Lev put enfin exprimer sa joie de la savoir en vie, il se tourna vers Ades et le remercia d’un signe de tête.
- Eliáš n’est pas avec toi ? demanda-t-elle en regardant rapidement autour d’eux sans l’apercevoir.
- Je pensais qu’il était avec vous…
Toutes émotions de joie disparurent du visage de Lev en constatant la disparition de son petit frère. Ils se mirent à l’appeler et à vérifier chaque corps étendu, mais Eliáš était introuvable.
- Taylor ?
Elle s’arrêta, perplexe. Ades la rejoignit, enlaça sa taille et lui demanda ce qui n’allait pas.
- Tu n’entends pas ?
- Quoi donc ?
- Taylor ? Taylor, m’entendez-vous ?
- Ça !
Ades tendit l’oreille, mais il n’entendait rien de particulier. Taylor secoue la tête et de nouveau son prénom retentit autour d’elle.
- Taylor ?
Était-ce la confrérie qui se jouait d’elle ? Était-ce son lien avec Lev qui se récréait ? Soudain, le soleil qui recouvrait le ciel de sa splendide lumière disparut, le noir entoura Taylor et elle se sentit tirer en arrière.
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