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tome 1, Chapitre 39 tome 1, Chapitre 39

Ils étaient à la veille des examens du Centre où Baltazard mettrait tout en œuvre pour plonger le monde dans les ténèbres et faire d’As son royaume. Dans quelques heures leur destin à tous seraient scellés, et si Taylor n’arrivait pas à contrôler son pouvoir s’était la mort qui les attendaient.

- Fais-toi confiance, elles t’obéiront que lorsqu’elles pourront se fier à toi, répéta Ades.

Il faisait preuve d’une grande patience pour l’aider au mieux, mais elle n’y arrivait pas. Elle avait beau essayer encore et encore, elle finissait toujours par perdre le contrôle de ses flammes.

- Tu vas y arriver ! l’encouragea-t-il en la poussant dans ses retranchements.

Le démon la poussait dans ses retranchements, elle devait se dépasser si elle voulait être capable de sauver le monde et son peuple. Le poids d’une grande responsabilité pesait lourdement sur ses épaules et elle doutait de ses propres capacités ainsi que des personnes qui l’entouraient. Elle n’avait confiance en personne, même Lev qu’elle connaissait depuis des années. Elle voyait le monde avec un nouveau regard, elle le voyait finalement tel qui était : remplis de noirceur. Le seul en qui elle pouvait avoir confiance était Ades, même si une infime partie d’elle se méfiait toujours de lui et s’attendait à ce qu’il se retourne contre elle et son peuple.

Taylor chassa toutes ses pensées parasites et se concentra pour essayer de faire jaillir ses flammes, mais rien ne se produisit. Elle était épuisée et ses forces l’abandonnèrent : elle posa ses mains sur ses cuisses et respira bruyamment.

- Arrêtons-là pour aujourd’hui.

- Je…suis…dé…solé… réussit-elle à dire alors qu’elle peinait à retrouver son souffle.

Ades lui tendit une bouteille d’eau glacée qu’elle but en intégralité.

- Merci.

- Un bain à une température extrême te ferait du bien et rechargerait ton pouvoir.

- Plus qu’à aller en Antarctique, plaisanta-t-elle en s’imaginant se baigner dans un trou creusé à même la glace entourée d’ours polaires et d’orques.

- Un bassin d’eau aussi froide que l’Antarctique est à ta disposition dans mes quartiers.

- Tu as ramené un iceberg dans ton royaume ?

Cette simple idée fit rire Taylor et Ades sourit malgré lui.

- J’ai aménagé un espace pour toi et grâce à la magie la température de l’eau ne peut évoluer.

- Pourquoi fais-tu tout ça pour moi ?

Taylor avait cessé de rire et regardait Ades avec sérieux. Il s’approcha d’elle et effleura sa joue du dos de sa main.

- Tu sais pourquoi.

En effet, elle savait, mais elle aurait aimé qu’il lui dise de vive voix : les mots avaient plus de valeur et de sens une fois prononcé. Elle baissa la tête, déçue.

- Parce que je…

- Qu’est-ce que c’est ? l’interrompit-elle.

Ades fit claquer sa langue contre son palais, il allait lui dire le fond de sa pensée, exprimer ce qu’il ressentait, mais voilà qu’elle était accaparée par…son torse ? Il regarda sa poitrine, mais ne vit rien d’étrange. Taylor posa la main sur son tee-shirt noir, à l’emplacement de son cœur. Là, elle voyait quelque chose briller, comme un symbole. L’avait-elle déjà vu ?

Il prit le bord de son haut et le fit passer au-dessus de sa tête, offrant à Taylor son torse sculpté. Elle caressa sa poitrine où un corbeau y était marqué.

- Qu’est-ce que c’est ?

- La marque de Baltazard, quiconque la porte est liée à lui.

- Ça veut dire que tu…

- Non, mon statut de roi m’empêche d’être soumis à qui que ce soit, peu importe la quantité de magie utilisée.

Elle passa ses doigts sur la surface lisse de la marque et retraça, hypnotisée, le contour du corbeau dont ses ailes étaient déployées. Ades posa une main sur sa hanche et l’autre sur sa joue : elle décrocha son regard de la marque pour le plonger dans le ciel, leurs souffles se mêlèrent et leurs lèvres s’approchèrent jusqu’à presque se toucher, mais Taylor se recula au dernier moment les yeux écarquillés.

- Merde ! s’exclama-t-elle.

Ades la regarda, frustré. Il n’appréciait guère ne pas obtenir ce dont il désirait, mais Taylor semblait avoir pris conscience de quelque d’importante.

- Cette surbrillance que dégage la marque, je l’ai déjà vue sur la poitrine de Tomislav et Jarek. Ils sont avec Baltazard ! réalisa Taylor, effarée. C’est pour ça qu’ils sont revenus à Prague, ils font partie du plan. Ils vont décimer les théurgistes de l’intérieur, et ce Roch, il était étrange, comme si un bouclier l’enveloppait.

- Un démon déguisé, affirma Ades.

- Comment est-ce possible ? Les balises devraient le détecter.

- De la même manière que les balises n’ont pas détectée que tu étais possédé par Shadow, répliqua froidement Ades.

Taylor se figea, elle ne lui avait jamais parlé du pacte qu’elle avait fait avec le démon, alors comment pouvait-il être au courant ?

- Eliáš me l’a dit.

- Quand ? demanda-t-elle, contrariée.

Ades se rendit compte de son erreur, il ferma les yeux et contracta sa mâchoire, mais n’était-il pas temps de mettre toutes les cartes sur la table et d’arrêter avec les mensonges ? Le démon savait qu’une part de Taylor continuait de se méfier de lui et à juste titre, s’il lui cachait des choses comment pouvait-elle lui faire confiance ?

- Eliáš est venu me voir sous l’ordre de la confrérie. Je devais t’empêcher d’approcher des démons venins, avoua-t-il.

- Pourquoi ?

- Tes cicatrices et le venin présent dans ton organisme feraient office de portail, c’est ce qui a permis à Shadow d’entrer dans ta tête aussi facilement.

- En retirant le venin, mes cicatrices se refermeront pour de bon et la confrérie a peur que ça interfère avec leurs plans. Ils m’ont fait croire que mes jours étaient comptés tout ça pour la prophétie ! s’énerva-t-elle en laissant sortir ses flammes avec fureur.

- Ils t’ont incité à venir à moi. Souviens-toi de la prophétie, nous sommes liés.

- Vivement qu’on en finisse, grogna-t-elle en libérant toute sa colère par le pouvoir des flammes.

Cependant, la fatigue prit rapidement le dessus et elle chancela. Ades la rattrapa avant qu’elle ne tombe, la souleva dans ses bras et quitta la salle d’entraînement pour la déposer au bord du bassin rempli d’eau des plus glaciale.

- Taylor ?

- Hm…

- Il faut que tu retires tes vêtements et que tu ailles dans l’eau.

Un faible gémissement franchit ses lèvres : elle était à bout de force et incapable du moindre mouvement. Alors Ades retira ses vêtements un à un jusqu’à ce qu’elle soit entièrement nue. Il l’admira plus que de raison, puis la prit de nouveau dans ses bras et la glissa délicatement dans l’eau. Elle garda les yeux fermés tandis que l’eau glacée recouvrait et alimentait son corps. Ades se déshabilla à son tour, mais entra dans le bassin d’à côté rempli de lave. Il s’y plongea avec un soupire d’aise, la température extrême revigora son corps et il se détendit enfin.

Taylor reprit conscience au bout de quelques minutes, fit quelques longueurs et soupira de bien-être.

- Merci Ades !

Il sourit alors qu’il la regardait nager : il la trouvait rayonnante et aurait aimé la rejoindre pour déposer ses lèvres sur les siennes, mais il repoussa cette idée et se concentra sur autre chose ou plutôt sur quelqu’un d’autre.

- Sais-tu où est Shadow maintenant ?

- Mort, après s’être sacrifié, affirma-t-elle avec une pointe de tristesse.

- Shadow ne meurt jamais vraiment.

- Pourtant la marque du pacte a disparu.

- Ce n’était qu’un fragment de Shadow, le reste est éparpillé à divers endroits.

- Il avait si peur de toi, c’est parce que tu l’as banni ? demanda-t-elle et Ades acquiesça.

Ils se turent, puis savourèrent le temps passé dans leur bassin respectif et laissèrent leur corps reprendre des forces. Les minutes passèrent, puis une heure, et Taylor se décida enfin à sortir.

- Il est temps que je rentre, annonça-t-elle en remettant ses vêtements. Je dois prévenir Lev et Eliáš pour Jarek et Tomislav.

Ades acquiesça et sortit de son bassin. Ils se tinrent tous les deux face à face : le démon s’approcha de Taylor et posa ses mains sur son bassin pour la ramener contre lui. Il l’embrassa passionnément et la serra contre lui.

- Soit prudente, on se voit tout à l’heure.

Elle sourit, puis déposa un dernier baiser sur ses lèvres avant de disparaître.


Texte publié par Aihle S. Baye, 30 juillet 2023 à 11h25
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