Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 35 tome 1, Chapitre 35

Le bonheur était un mot au sens divers. La satisfaction s’établissait sur différents niveaux, le degré qu’une personne éprouvait dépendait de son mode de vie, de son expérience, de sa personnalité et de l’environnement qui l’entourait. Pour une personne pauvre, un repas où elle pourrait manger à sa faim ferait son bonheur. Pour un enfant, ce serait un jouet. Pour Taylor, c’était de se réveiller sans ressentir la souffrance des entailles qui zébraient son dos. Le bien-être et la joie étaient exprimés de différente façon selon les points de vue et en ouvrant les yeux sur le plafond peint de la chambre d’Ades, Taylor comprenait qu’il fallait savoir se satisfaire des petites comme des grandes choses. La vie avait une fin, le temps était compté et il n’y avait pas de place pour des espoirs futiles d’une nouvelle vie. Il fallait aller de l’avant, essayer chaque jour de faire de son mieux pour ne regretter aucune journée, même dans les pires moments.

Elle avait trop longtemps nourri une rancune envers ses parents et son peuple. Aujourd’hui, elle était fatiguée. Elle avait frôlé la mort trop de fois, elle n’en avait pas peur, mais elle n'avait jamais appris de ses erreurs ni de ses actes. À présent, tout semblait différent, elle ne se contenterait plus d’être celle que son peuple et ses parents souhaitaient qu’elle soit. Elle serait ce qu’elle décidera être, elle agirait selon sa raison et son instinct, et ne se laisserait plus marcher dessus. Elle n’hésitera plus à se servir de la force et de la peur pour montrer qui elle était vraiment. Il était temps de grandir et de s’affirmer en tant que femme et théurgiste. Taylor ne devait plus avoir honte de qui elle était, ni du sang qui coulait dans ses veines.

Elle quitta la chaleur du lit et arpenta la chambre vide de toute âme. Elle passa devant un miroir et s’arrêta interpellée, non par sa nudité, mais par son dos. Elle put apercevoir que ses cicatrices étaient recouvertes d’un étrange cataplasme orange. Elle approcha sa main gauche au niveau de son épaule droite et le toucha, mais ses doigts prirent immédiatement feu. Les flammes orange enveloppèrent sa main et dévorèrent sa peau couche après couche. Elle agita son bras dans l’espoir de les éteindre, mais la panique prenait le dessus sur la raison et sa peur ne faisait qu’accroître la vitesse à laquelle les flammes brûlèrent sa peau. Elle aurait pu se servir de son propre feu, sauf qu’elle ne le contrôlait pas et était actuellement incapable d’y faire appel.

Un corps se colla au sien, une main enveloppa la sienne en feu et la serra fort. Taylor se mordit la lèvre pour ne pas crier sa douleur, puis elle regarda les flammes être rapidement aspirées, laissant derrière elles l’odeur de la chair brûlée. Elle regarda dans le miroir ce qu’il restait de son corps et les larmes lui montèrent aux yeux : il n’y avait plus aucune parcelle de peau sur son bras gauche, seules ses marques étaient encore parfaitement visibles et intactes. Elle se concentra et actionna sa marque de soin, elle n’avait jamais eu à guérir une telle blessure et espérait que la magie des théurgistes serait suffisante. Une lumière apparut sur son bras brûlé et rapidement sa peau se reconstruisit faisant disparaître toute trace d’une quelconque brûlure. Au bout de plusieurs longues minutes, son corps était redevenu comme neuf. Taylor s’admira dans le miroir, le sourire aux lèvres, et remarqua alors Ades qui se tenait derrière elle. Il la détaillait de ses yeux de feu et elle se sentit désirée. En vingt-deux ans d’existence, elle n’avait eu aucune relation amoureuse, la vie de théurgiste et son statut au sein de son peuple n’étaient pas en sa faveur. Ça ne l’avait jamais dérangé, elle n’avait jamais ressenti le besoin d’appartenir à quelqu’un de cette façon ou d’entretenir quelque chose de sentimental et de physique. Mais avec Ades tout semblait différent, elle se sentait attirée par lui, par sa force, sa puissance, son statut et par ce qu’il était.

Elle lui fit face et s’approcha. Ades sentit chaque fibre de son corps vibrer et combla l’écart qui les séparait.

- Ades…

Le démon tressaillit et se crispa, les poings serrés.

- Ades ?

Il usa de toute sa volonté pour résister et ne pas se jeter sur elle. L’attraction et l’attirance entre eux étaient devenues insoutenables, encore plus depuis qu’il s’était servi de ses flammes pour suturer les cicatrices dans son dos. À présent, s’était comme si en sa présence tout était décuplé, ce que Taylor ressentait à son égard lui était transmis et venait s’ajouter à ce que lui-même ressentait.

Il la regardait se tenir en face de lui sans aucun vêtement et son corps humain ne pouvait que réagir, mais ça allait plus loin qu’une simple attirance physique, ce n’était pas le sexe qu’il recherchait et il savait qu’elle était sur la même longueur d’onde. L’attraction entre eux était plus profonde, plus féroce, elle les dévorait et les incitait à se lier. Il n’y avait qu’une seule explication à un tel phénomène : leurs flammes étaient complémentaires à un point qu’ils n’imaginaient même pas.

- Ad…

Les mots moururent au contact de leurs lèvres. Taylor s’accrocha à sa chemise et lui rendit son baiser. Leurs corps se frôlèrent et se touchèrent dans une danse puissance et enflammée. Les yeux fermés, les deux êtres que tout opposait se laissèrent porter par l’attirance, par l’attraction et par la passion. À leurs pieds, Ades fit apparaître inconsciemment un demi-cercle de flammes orange, rapidement imités par Taylor qui fit le ferma par ses flammes bleues. Le feu et la glace se rencontrèrent et montrèrent leur vrai visage.

L’être des ténèbres, nourri par les flammes brûlantes, réveilla la bête. Par son autorité et sa férocité, la bête de feu émergea et le lion se révéla.

La fille des éléments, nourrie par les flammes glaciales, réveilla la bête. Par son intrépidité et sa solitude, la bête de glace émergea et le loup se révéla.

Là où les chemins s’entrecroisent, les bêtes s’observèrent, se jaugèrent et se reniflèrent. Par le baiser de leur hôte, le lion et le loup se lièrent dans leurs différences et dans leurs ressemblances pour ne faire qu’un au moment opportun.


Texte publié par Aihle S. Baye, 28 juillet 2023 à 11h30
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 35 tome 1, Chapitre 35
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2726 histoires publiées
1236 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Chaval
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés