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tome 1, Chapitre 9 tome 1, Chapitre 9

Les rayons du soleil illuminèrent la bibliothèque et les bruits familiers du Centre parvinrent aux oreilles de Taylor installée dans la partie la plus reculée et la plus sombre de la pièce. Elle y faisait des recherches sur les démons, aidée de sa nouvelle capacité à pouvoir lire et comprendre leur langue. Elle étira ses muscles endoloris et rejoignit une allée déjà presque vide. Elle y prit les derniers livres, les feuilleta et retourna s’asseoir parmi les autres ouvrages. Elle écrivit dans son bloc-notes toutes les informations susceptibles de lui apporter des réponses, sauf que c’était loin d’être suffisant : la bibliothèque du Centre comptait certes bon nombre de manuscrits, mais ce n’était rien comparé à ce que la confrérie conservait dans son repaire. Le seul obstacle qui se trouvait entre elle et le savoir était l’accès à cette crypte. Nul ne pouvait y pénétrer sans en être invité. Elle pouvait faire une demande, mais cela impliquait de devoir passer par le Conseil du Centre, et elle ne pouvait pas s’y résoudre.

- Où es-tu ?

- Bonjour à toi, Lev.

Son affect ne répondit pas et il n’en avait pas besoin : Taylor ressentait sa colère et sa douleur. Il lui reprochait de lui cacher des choses, de le laisser à l’égard, comme ce fut le cas la veille au soir au Daemonium. Elle savait que bientôt il la confronterait, exigeant des réponses et le moment venu elle allait devoir trouver une explication crédible, au risque de mettre en péril leur relation et leur lien. Mais pour le moment sa priorité était sa propre quête de réponse. Elle se replongea donc dans le livre posé sur ses genoux, sans porter attention aux pas qui se rapprochaient.

- Taylor ?

Elle dégaina une dague et la lança par pur réflexe, sans cesser sa lecture. Le théurgiste l’esquiva de justesse et l’arme alla se planter dans le pilier en bois derrière lui.

- Les réflexes c’est bien, mais tâche de te souvenir qui sont tes ennemis.

- Viktor ! s’exclama-t-elle, surprise. Désolée, j’ai agi par instinct.

- Je ne suis plus tout jeune, je ne me déplace plus aussi vite qu’avant.

- Que viens-tu faire ici ?

- Je te cherchais.

Taylor n’écoutait déjà plus, elle s’était replongée dans sa lecture avec beaucoup d’attention. Elle tourna une page avec entrain et eut le déplaisir de découvrir un texte différent. Elle relut plusieurs fois le passage, mais une partie manquait.

- Que cherches-tu avec tous ces ouvrages ? Il y en a partout ! Depuis combien de temps es-tu ici ?

- Des pages ont été arrachées…

- Taylor ?

Elle se releva et tendit le livre à Viktor.

- Il ya-t-il une copie de cet ouvrage ?

- Je ne pense pas, du moins pas ici.

- Où ? s’empressa-t-elle de demander.

- Tu n’as pas accès à cette partie de la bibliothèque, je suis navré Taylor.

- Je vois, décidément on ne veut vraiment pas que j’obtienne des réponses.

- Quelles réponses ?

- Oublie. Je me débrouillerais toute seule, ça n’a pas d’importance.

Taylor reprit le livre et entreprit de tout ranger.

- Si vraiment tu cherches des réponses, le Conseil peut te donner un laissez-passer.

- Le Conseil n’acceptera jamais.

- Taylor…

- Je suis considérée comme un monstre et si je suis encore ici, c’est uniquement pour que le Conseil puisse garder un semblant de contrôle sur moi, car à l’extérieur je serais un électron libre.

- Taylor…

- Non, le coupa-t-elle. Milada et toi avez fait beaucoup pour moi et je vous en remercie, mais ça s’arrête là.

- Je souhaite simplement t’aider.

- Je sais, mais tu ne peux pas me donner accès à ce que je cherche, alors arrête.

Taylor replaça les derniers livres, puis prit la direction de la sortie, Viktor la suivit et l’arrêta avant qu’elle ne franchisse la porte.

- Si tu n’as pas confiance dans le Conseil, seule la confrérie sera en mesure de t’apporter les réponses que tu cherches.

- Encore faut-il que la confrérie soit digne de confiance, murmura-t-elle.

Elle lui tourna le dos et emprunta le chemin qui menait sur le toit du Centre. Elle savait qu’elle venait d’agir comme une enfant capricieuse, qu’elle était bordée et qu’elle voyait probablement le mal partout, mais comment faire autrement ? Elle sentait les regards que les théurgistes posaient sur elle, entendait les murmures sur son passage, et ce depuis toujours.

- Salut.

Jarek se tourna et regarda Taylor s’asseoir à côté de lui.

- Que fais-tu seul ici ? lui demanda-t-elle.

- J’admire le paysage, et toi que viens-tu faire là ?

- Un besoin de m’aérer l’esprit.

Ils écoutèrent les bruits environnants de Prague, puis Jarek reprit la parole.

- Lev te cherche.

- Je sais.

- Que s'est-il passé hier soir ?

- Rien qui te concerne.

- Du calme, je ne suis pas ton ennemi.

Taylor soupira, épuisée par les questions sans réponses qui envahissaient son esprit, par la méfiance que son peuple avait envers elle et qu’elle avait envers eux. Elle n’avait finalement sa place nulle part. Alors elle activa sa marque d’agilité, se laissa tomber du toit et disparut dans l’activité de la ville. Elle se mêla aux humains et les observa en imaginant la vie qu’ils menaient. Durant ce bref moment, elle devenait quelqu’un d’autre, mais disparaître ne réglait pas les problèmes.

Elle tourna dans une ruelle peu fréquentée et croisa un chat qui vint se frotter à ses jambes. Elle lui donna quelques caresses et reprit sa route, sauf qu’au bout du chemin deux hommes l’attendaient. Elle leur tourna le dos, mais fit face à deux femmes et compris qu’elle était tombée dans un piège. Elle dégaina immédiatement ses dagues et activa plusieurs marques qui s’illuminèrent à travers ses vêtements noirs.

- On ne va pas te faire de mal, lui assura un des hommes.

- Bah voyons. Ne me faites pas croire que vous êtes là pour le thé, répliqua-t-elle aux deux métamorphes et aux deux théurgistes qu’elle ne connaissait pas.

Ils se jetèrent sur elle : Taylor tenta d’éviter les griffes des métamorphes et les lames que tenaient les théurgistes, mais en vain. Elle était en infériorité numérique et dans un si petit espace sa possibilité de mouvements était trop restreinte. Elle aurait pu se téléporter, mais jamais elle n’abandonnait un combat, préférant mourir que d’agir comme une lâche. Elle réussit tout de même à blesser une des femmes, mais se fit rapidement maîtriser par les deux hommes qui étaient bien plus forts qu’elle de par leur nature de métamorphe.

- Allez-y ! s’exclama l’un deux..

- MAINTENANT ! ordonna l’autre et Taylor sentit une aiguille s’enfoncer dans son bras, puis une substance se diffusa dans son corps.

Elle essaya de se dégager de la prise des deux créatures, mais ses forces l’abandonnèrent : sa vue se troubla, ses agresseurs devinrent des tâches indistinctes et elle sombra dans les ténèbres sans pouvoir résister.


Texte publié par Aihle S. Baye, 15 juin 2023 à 10h18
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