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tome 1, Chapitre 30 tome 1, Chapitre 30

Depuis le toit d’un immeuble, Feng observait les rues de Moscou où la corruption était omniprésente. L’organisation n’avait cessé de se développer en son absence : des membres de la mafia russe étaient dispersés dans tous les organismes de pouvoir, commissariat, tribunaux, mairie, banques. La méfiance s’était installée et la confiance avait disparu. Les riches ne cessaient de s’enrichir et le reste du peuple continuait de vivre une forte injustice, sursautant chaque fois qu’ils croissaient un individu par peur d’être attaqué sans raison. Feng allait profiter de sa vengeance pour mettre à terme à cette tyrannie, elle allait reprendre le contrôle de l’organisation pour que les civiles ne payent plus le prix de leurs activités criminelles. C’était une promesse difficile à tenir, car leurs actes avaient d’importantes conséquences, mais il le fallait pour donner à Yeva la possibilité d’une vie paisible en dehors de ce monde. Feng était déterminée à mettre à feu et à sang le village de son enfance où la mafia russe était établie.

Elle s’assit sur le rebord du toit, les jambes dans le vide et leva la tête pour admirer ce qui pourrait être son dernier couché de soleil. Ce soir, elle entrerait dans ce village qui fut autrefois sa maison et tuerait quiconque qui osera s’opposer à elle. Elle était calme et sereine en attendant que les derniers rayons disparaissent, elle ressentait même de l’excitation en songeant au combat à venir. Puis lorsque la nuit prit possession du ciel, elle se leva, vérifia ses armes, retira la manchette qui masquait le tatouage de son bras gauche et partit en courant.

Ledit village n’en était pas réellement un, c’était un nom de code pour les membres de l’organisation. Il s’agissait en réalité de plusieurs successions d’immeubles regroupés autour d’une imposante fontaine illuminée de projecteurs. La sécurité était extrêmement renforcée, personne ne pouvait pénétrer dans le village sans un laissez-passer spécial : une carte magnétique d’un grammage et d’une l’épaisseur très précise. La puce associée était unique et les données enregistrées permettaient d’assurer l’identité du propriétaire. Ces cartes étaient impossibles à reproduire et le piratage n’était pas envisageable. À chaque utilisation, le propriétaire devait apposer son pouce sur la puce où des micro-aiguilles perforaient sa peau et récoltait son sang, assurant ainsi l’identité du détendeur de la carte. Feng connaissait bien son fonctionnement pour en avoir eu une, mais on la lui avait retirée le jour où son père l’avait trahie. Les seules personnes à ne pas posséder de carte étaient les apprentis et ceux qui avaient perdu toute estime aux yeux du parrain. Ceux-là étaient traités comme des objets et non plus comme des êtres humains. Feng l’avait vécu avant de finalement prendre la décision de fuir son pays. Elle ferma un instant les yeux pour chasser ses souvenirs et bascula dans son état d’instinct tueuse.

Maintenant en pleine possession de ses capacités, elle put s’infiltrer en silence dans l’immeuble principal par une issue secrète connue exclusivement du parrain. Elle avait découvert son existence par coïncidence et Ladislas lui avait alors expliqué que son statut de chef de l’organisation comprenait des risques à ne pas négliger. Il avait conscience qu’une trahison pouvait survenir à tout instant, alors une porte dérobée avait été créée pour le mettre en sûreté. C’était sa sortie de secours, mais avait-il envisagé qu’elle pouvait être celle de sa mort ? Feng était impatiente de voir sa réaction lorsqu’elle lui infligerait des douleurs semblables à celles qu’elle avait ressenties douze ans plus tôt.

À pas de loup, elle parcourut l’immeuble étage par étage en passant dans les angles morts des caméras et élimina discrètement un à un les membres de la mafia en leur infligea un coup de couteau dans la gorge pour les priver de leur dernier souffle. Feng aurait pu ressentir une certaine culpabilité à tuer des membres qu’elle avait autrefois considérée comme sa famille, mais seule l’animosité à leur égard l’habitait. À ses yeux, ils étaient tous coupables, parce qu’ils agissaient aveuglément à n’importe quel ordre.

- Mais qui vois-je ! s’exclama une voix familière. Notre chère Xenia est de retour au village, en voilà une surprise ! Pourquoi ne t’es-tu pas annoncée ? demanda Clarence, le premier fidèle du parrain de la mafia russe.

- Je préfère l’effet de surprise.

Elle sourit et courut dans sa direction arme en main pour lui entailler la joue.

- C’est comme ça que tu salues la famille qui t’a tout donné ? l’interrogea Clarence en touchant sa blessure.

- Elle m’a pris bien plus que ce qu’elle m’a donné, rectifia-t-elle.

- Cesse un peu de pleurnicher, c’est arrivé parce que tu l’as voulu.

La noirceur de ses yeux devint si menaçante que Clarence tressaillit. Il connaissait ses capacités et les redoutait. Au fond de lui, il savait qu’il n’avait aucune chance de gagner ce combat, mais abandonner n’était pas une option, alors il récupéra son couteau dissimulé dans son dos et regarda Feng s’avança lentement et dangereusement en faisant jongler son arme entre ses doigts. Il attaque le premier pour prendre le dessus sur le combat et visa sa gorge avec rapidité, mais la lame siffla dans l’air sans rencontrer d’obstacle. Feng riposta instantanément en prenant son bras pour le retourner dans un craquement qui le fit grimacer de douleur, puis lui assena plusieurs coups de couteau dans l’abdomen. Elle aurait pu abréger ses souffrances en lui assenant un dernier coup, mais il ne le méritait pas, alors elle le souleva avec difficulté, puis le fit traverser la fenêtre et le regarda chuter le visage impassible.

Son combat avec Clarence, aussi bref fût-il, avait réveillé sa fureur et marquait peut-être le point de non-retour. C’était un risque qu’elle avait été prête à prendre dès l’instant où elle s’était engagée dans cette mission. Celui de mourir ou de totalement succomber dans les ténèbres de son état d’instinct tueuse.

Elle continua son ascension des étages en ne faisant preuve d'aucune discrétion. Elle n’avait plus de patience, elle voulait qu’il se prépare, qu’il sache qu’elle arrivait pour le tuer. Son sang pulsait avec force dans ses veines tandis qu’elle traversait les couloirs en ne laissant derrière elle que des cadavres sous l’œil aguerri des caméras, et une sirène finit par retentir dans le bâtiment. Feng emprunta l’ascenseur avec pour unique arrêt le dernier étage où se trouvait le bureau du parrain. Elle se retrouva dans le calme où seules les gouttes de sang coulant de la lame de son couteau venaient interrompre le silence. Elle vit son reflet dans les parois de la cage et eut des difficultés à se reconnaitre. Chaque minute écoulée la plongeait un peu plus dans les profondeurs de son instinct tueuse au point de perdre toute notion d’une quelconque émotion ou de sentiment, elle savait pertinemment que dans peu de temps elle atteindrait la limite, et si elle la franchissait elle n’en reviendrait jamais.

L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent au son d’un « ding ». Les soldats postés devant et équipés d’armes blanches au tranchant acéré furent perplexes en le découvrant vide. Feng avait ouvert la trappe du plafond et s’y était engouffrée. Elle sortit des poches de son pantalon cargo un fumigène qu’elle dégoupilla et lança sur le sol. La fumée se répandit et empêcha ses ennemies de voir jusqu’à leurs propres mains. Elle récupéra ensuite des grenades, les amorça et les jeta sur eux. Les trois explosions successives eurent l’effet escompté : de nombreux Hommes de la mafia furent tués par l’impact, laissant à Feng une chance de s’en sortir vivante. Elle envoya un nouveau fumigène, sauta dans l’ascenseur et élimina avec précision et rapidité les survivants. Ils ne purent qu’assister à leur mort impuissant. Le dernier corps s’effondra et Feng, le souffle court, put constater le massacre qu’elle avait commis. Le sol était recouvert de sang et des projections avaient parsemé les murs blancs. Elle était une machine à tuer et personne n’était en mesure d’arrêter. Elle avait reçu quelques coups de lame, mais ils étaient majoritairement superficiels et ne remettaient pas en cause sa capacité à se mouvoir.

Elle marcha jusqu’à la double porte où derrière se trouvait le bureau du parrain. Elle allait enfin pouvoir se venger et prendre la place qui lui revenait de droit au sommet de la colline. Elle entra dans la pièce avec détermination et découvrit son père assis à son bureau, un ouvrage dans les mains. Elle le reconnut immédiatement grâce à la couverture, c’était le livre des transactions où figurait le nom de toutes les personnes corrompues du pays. Il était très important et donnait à son détendeur un grand pouvoir.

- Tu devras me tuer pour le récupérer.

La voix grave de son père la fit frémir, son esprit l’avait associé au soir où sa vie avait basculé.

Ladislas von Keyserling était un personnage typique d’un parrain de la mafia avide de pouvoir et sanguinaire. Son regard imposait le respect et quiconque s’y opposait était voué à mourir dans d’atroces souffrances. Il avait été un père dur, Feng avait subi des entraînements intensifs pour apprendre à se battre, à torturer et à subir la torture. Pourtant, à l’époque elle l’aimait réellement, ils avaient partagé de bons moments ensemble.

- Brûle-le si tu veux, mais ça ne m’empêchera pas de te tuer.

Ladislas rit en reposant le livre sur son bureau. Il but la dernière gorgée de son verre de vodka, puis se leva, couteau en main. Il s’approcha de sa fille avec beaucoup d’assurance. Elle avait peut-être éliminé nombreux de ses Hommes, mais sa vendetta s’arrêterait là.

- Tu n’auras pas le courage de me tuer, parce que tu es faible, tenta-t-il de la déstabiliser.

Les mots ne l’atteignirent pas, Feng était ancrée trop profondément dans son instinct tueuse pour qu’ils ébranlent ses émotions. En réalité, peu importait son état, elle n’hésiterait pas à le tuer. Il fronça les sourcils et la regarda plus en détail pour finalement sourit de fierté.

- À ton regard, tu dois être dans cet état depuis un moment. Quel effet ça fait de se perdre, de sentir ses émotions et ses sentiments s’éteindre au point de ne plus être en capacité de les faire revenir, de voir ses souvenirs s’estomper et de ne penser qu’à une seule chose : tuer ?

Feng resta silencieuse, elle n’avait plus suffisamment accès à son identité propre pour être en mesure de fournir une réponse sincère. Elle avait éteint son humanité et n’était plus capable de répondre avec émotion, sauf que la question de son père exigeait de ressentir, alors elle se tue.

- Tu penses pouvoir revenir après m’avoir tué ? l’interrogea-t-il. Je vais répondre à ta place : tu en seras incapable, il est trop tard.

Les yeux bleus de Ladislas brillaient de malice, il avait finalement réussi à créer un être capable de ne rien ressentir et de tuer à sa guise. Son seul regret était de devoir l’éliminer, un tel être serait peut-être impossible à recréer. Il restait toutefois une chance : Yeva. Ladislas n’avait pas oublié sa petite-fille, et sans sa mère, elle leur reviendra à lui et sa femme, Maryanna. Cette fois-ci, il ne ferait pas les mêmes erreurs qu’avec Xenia, il ne la laissera pas développer l’espoir de prendre la tête de l’organisation en le tuant.

Feng lança l’assaut avec son couteau déjà recouvert de sang, elle bougea avec rapidité et porta un premier coup. Ladislas présenta son bras pour protéger son visage et écopa d’une entaille. Il riposta immédiatement en repoussant sa fille d’un coup de poing dans l’abdomen. La force du coup lui coupa le souffle et il profita de sa surprise pour la poignarder à l’épaule, puis retira l’arme, la prit de l’autre main et l’enfonça dans son flanc droit. Feng accusa la douleur qui lui fit voir des étoiles et du sang s’échappa de sa bouche. Ladislas, satisfait, s’éloigna de quelques pas et essuya la sueur qui perlait sur son front en regardant sa fille tituber. Elle cracha le sang qui envahissait sa bouche, posa sur son père son regard toujours aussi sombre et rit.

- La douleur est une émotion, je ne la ressens pas !

- Ton corps lui la ressent, précisa-t-il. Tes forces t’abandonnent déjà.

- Ça ne m’empêchera pas de te tuer, répondit-elle avant de courir vers son père.

Elle devait faire vite, car il avait raison : même si elle ne ressentait pas la douleur, son corps lui subissait et bientôt il ne serait plus capable de la supporter. Alors elle s’élança, la pointe de sa lame effleura la carotide de Ladislas qui esquiva et fit une clé de bras à sa fille qui en perdit son couteau.

- N’oublie pas qui t’a entraîné, dit-il en prenant son arme et en lui enfonçant de nouveau dans l’abdomen. Tu es loin de pouvoir me battre. Regarde-toi ! s’exclama-t-il en la frappant au visage. Si faible, continua-t-il en la poussant avec force contre son bureau.

Feng était à bout de souffle, les plaies de son abdomen saignaient abondamment et poissaient son haut de sang. Elle vacilla, ses yeux se fermèrent un instant et tout ce qui se trouvait autour d’elle disparut : le salon et ses fauteuils en cuir, le tableau qui dissimulait le coffre-fort, la bibliothèque remplie de livres aux couvertures dorés. Même le bureau sur lequel elle était appuyée sembla se dérober, puis les lumières tamisées laissèrent place au noir. Elle se trouva plongée dans son propre esprit, prisonnière de son instinct tueuse, incapable de reprendre le contrôle de ses émotions. Elle entrevit la fin qui l’attendait, elle pensa à sa fille et à Shu-Fang, mais sans éprouver le moindre sentiment de tristesse ou de culpabilité. Elle était une coquille vide et allait mourir sans même avoir pu se venger.

- Il est encore temps d’abandonner, résonna la voix de son père à travers ce vide.

Feng rouvrit les yeux, l’environnement réapparu brusquement et lui donna le tournis. Ladislas avait profité de son temps d’absence pour récupérer deux OTs-4 de sa collection : des couteaux utilisés par la police soviétique et russe dans les années 1980 et 1990.

- Un seul sortira d’ici en vie, alors finissons-en ! déclara-t-elle en crachant le sang qui continuait d’envahir sa bouche et lui donner la nausée.

Elle tituba jusqu’à son couteau étendu au sol, le récupéra et l’empoigna fermement dans sa main recouverte de son sang, puis le dirigea vers Ladislas, consciente que la mort se tenait tout près et attendait simplement de collecter l’une des deux âmes.

Le combat débuta dans des mouvements assurés pour Ladislas, tandis que Feng essayait de ne pas flancher face à sa perte importante de sang. Elle réussit à parer son coup et lui perfora en retour le poumon gauche par chance. Il la regarda avec étonnement en accusant la douleur qui l’envahit et en sentant sa respiration devenir plus faible alors que du sang envahissait sa gorge.

Ladislas était fort et sa puissance lui valait la crainte de ses semblables. Il avait élevé, éduqué et entraîné sa fille pour qu’elle puisse survivre dans ce monde et qu’elle puisse prendre sa place à la tête de la mafia russe. En la voyant tenir fermement le couteau enfoncé dans sa poitrine, il sut la fin qui l’attendait et ne put que sourire. Elle retira la lame et il tomba sur le parquet ciré.

- C’est ton avidité pour le pouvoir qui t’a mené ici, dit Feng en se tenant au-dessus de lui. Tu es le seul responsable de ta mort.

- Ma…fille…

- Non, le coupa-t-elle d’une faible voix. Xenia von Keyserling n’existe plus, tu l’as tué il y a douze ans lorsque tu as ordonné à tes hommes de me torturer et de me violer.

- Xe…nia…

- Tu as fait de moi ce que je suis aujourd’hui et je t’en suis reconnaissante, mais tu dois mourir.

Il acquiesça. Elle s’agenouilla devant lui, posa sa main libre sur son épaule et plongea la lame de son couteau lentement et profondément dans son cœur.

- Par la lame nous vivons, par la lame nous mourrons.

Ses yeux posés sur elle s’éteignirent, puis ses paupières se fermèrent et son corps perdit toute essence de vie. Le temps se suspendit, le silence envahit la pièce alors que Feng regardait son père étendu sans ressentir la moindre satisfaction ni même un soupçon de soulagement. Il était simplement mort. La réalité n’était pourtant pas si simple, car sa mort allait avoir des conséquences importantes que Feng allait devoir gérer, à commencer par la horde de soldats qui gravissaient les étages pour la rejoindre sans savoir que le parrain n’était plus.

Elle essuya son couteau sur son pantalon et rejoignit le bureau pour s’y asseoir. Elle attendit que la porte de la cage d’escalier s’ouvre et observa les soldats s’arrêter face aux corps de leurs frères d’armées étendus sans vie sur le sol baignant dans leur propre sang. Ils les enjambèrent, pénétrèrent dans la pièce et découvrirent le chaos qui y régnait : les meubles retournés, le sang au sol, le corps du parrain et Feng assise à son bureau.

- Deux choix s’offrent à vous, déclara-t-elle. Vous me tuez et vous choisissez un nouveau parrain…

Quelques-uns consentirent à cette option par un échange de regard. Feng connaissait le tempérament de certains d’entre eux pour les avoir connus durant plusieurs années et savait la menace qu’ils représentaient. Elle allait devoir les garder à l’œil ou les éliminer pour éviter toute trahison.

- …. Ou vous faites de moi votre marraine.

- Toi comme marraine, intervint un membre, c’est tuer l’organisation.

Certains acquiescèrent et réclamèrent sa tête, mais Feng ne se laissa pas impressionner. Elle se leva en continuant de jouer avec son couteau et s’approcha des membres sans se soucier du sang qui continuait de couler de ses plaies.

- Tu as fui notre pays, pourquoi te laisserait-on à la tête de la mafia ?

- Tu as raison, la Russie ne m’intéresse pas, mais nous y sommes implantés et un groupe resta pour y continuer nos activités.

- Les autres iront où ? demanda une femme dans le fond.

- En Chine, répondit Feng, vous rejoindrez les rangs de la mafia Phénix.

- Les Triades chinoises contrôlent le pays, jamais nous ne pourrons nous faire une place, affirma un homme en remontant ses lunettes sur son nez tordu par de trop nombreuses fractures.

- Sauf si nous sommes déjà alliés à la Triade la plus influente du pays, répondit-elle en souriant.

Elle avait toujours voulu se venger de son père et le tuer de ses propres mains, mais pour ça elle avait dû se préparer, réfléchir à l’avenir et anticiper les réactions des membres de l’organisation pour se faire respecter et leur montrer de quoi elle était capable. Les deux parties avaient besoin de l'autre pour pleinement exister, car même si la Triade Huo comptait beaucoup de membres, ce n’était pas suffisant pour étendre leurs influences et prendre position sur de nouvelles activités, sans oublier son projet de fondation qui nécessitait des ressources humaines importantes. Feng y avait réfléchi durant de longues nuits blanches et était finalement arrivée à cet instant, à ce choix décisif qui revenait aux fidèles de son défunt père. Tout reposait sur leur décision, c'était un pari risqué, mais elle n'avait pas trouvé d'autre moyen pour arriver à ses fins. Elle n’avait pas pu tout anticiper, comme elle n'avait pas prévu de devenir aussi proche de Shi Shu-Fang. Initialement, elle avait prévu de se servir de lui pour montrer sa puissance et se faire respecter à son arrivée en Chine avec la mafia Phénix, mais les événements s'étaient déroulés d'une tout autre manière.

- Quelle garantie avons-nous ? s'inquiéta une voix perdue dans la masse.

- Aucune, répondit honnêtement Feng. C'est à vous de décider de me faire confiance, mais sachez que vous n'aurez pas de seconde chance : soit vous me suivez, soit vous mourrez.

Des hommes et des femmes commencèrent lentement à s'avancer et à se placer derrière elle, puis d’autres suivirent et bientôt ce fut les trois quarts qui rejoignirent ses rangs.

- Êtes-vous certain de votre choix ? Il n'y aura pas de retour possible, avertit-elle en brandissant son couteau face aux derniers fidèles.

- Nous préférons mourir que de te suivre ! cracha un homme amer. Les traîtres comme toi ne valent rien, mais je dois reconnaître que tu as du cran, tu t'es bien endurcie depuis cette mémorable soirée, rit-il. Je me souviens encore de la sensation de mon…

La surprise envahit son visage, il porta les mains à sa gorge tranchée où son sang coula abondamment, puis il s'effondra.

- Au suivant.

Les résistants échangèrent un regard mêlant détermination et appréhension, puis se lancèrent à l'assaut dans un cri de guerre et Feng les élimina avec précision et rapidité. Puis elle fit face à ses nouveaux soldats, entièrement recouverte de sang et déclara :

- Vous faites maintenant partie de la mafia Phénix, vous servirez et mourrez en son nom. Par la lame nous naissons, par la lame nous mourrons et par la lame nous renaîtrons ! clama-t-elle avec ferveur et rapidement imitée par ses Hommes.

Cette soirée marqua un tournant dans l'histoire, la mafia russe, sous le règne du parrain Ladislas von Keyserling, s'éteignit et la mafia Phénix, dirigée par la terrifiante Liu Feng, renaquit de ses cendres plus puissante et plus dangereuse.

Les événements de cette nuit traversèrent les frontières, les océans et parcoururent les continents jusqu'à arriver aux oreilles des plus grandes organisations mafieuses du monde. Le nom de Liu Feng se murmura à chaque coin de rue et des surnoms lui furent attribués : “Le démon d'Or” ; “La faucheuse de lame” ; “Le Phénix pourpre”. Ces noms déclenchèrent aussi bien la peur que l'avidité, et les plus désireux de reconnaissance ne tardèrent pas à éprouver le besoin viscéral d'être celui qui lui portera le coup fatal. L'avenir semblait propice à Liu Feng, mais les ténèbres n'étaient jamais loin.


Texte publié par Aihle S. Baye, 14 juillet 2024 à 12h06
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