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tome 1, Chapitre 29 tome 1, Chapitre 29

Cette nuit-là, le repère de la Triade 14K basée à Shanghai connu un massacre sans survivant. Les auteurs de cette tuerie avaient réussi à quitter les lieux avant l’arrivée de la police locale qui fut dépassée devant un tel spectacle, tandis que les véhicules blindés rejoignaient le repère de la Triade Huo en toute discrétion. À l’intérieur de l’un d’eux, Feng et Shu-Fang quittaient progressivement leur état d’instinct tueur. Le retour à la réalité pouvait sembler difficile, car ils prenaient conscience de toutes les horreurs qu’ils avaient commises, mais pour eux il n’y avait aucune difficulté. Ils avaient été durement entraînés pour être indifférents à un tel massacre.

Les véhicules se garèrent sur le parking du repère de la Triade Huo et les blessés furent escortés jusqu’au bâtiment qui servait d’infirmerie, tandis que les acteurs de l’attaque se rassemblaient dans la pièce Rouge du Hall du feu ardent. Ils s’inclinèrent respectueusement devant Shi Yue-Yan et prirent place autour de la table.

- Avez-vous éliminé le Tak khunn ?

Feng sortit de sa poche le tissu dans lequel était enveloppé le morceau de peau tatoué du symbole de la Triade 14K et le présenta à l’assemblée.

- Nous confirmons sa mort, affirma Shu-Fang.

- A-t-il dit quelque chose avant de mourir ? demanda Shi Shen.

- Non, répondit Feng.

Elle regarda Shu-Fang et lui intimida silencieusement de se taire. À présent c’était son combat.

- Des survivants ? enchaîna Shi Yue-Yan.

- Aucun, déclara Vitali qui avait fouillé entièrement le bâtiment avant l’arrivée de la police.

- Des pertes de notre côté ?

- Cinq soldats et plusieurs blessés, dont Arkadi, informa Shi Shen. L’effet de surprise nous a été profitable.

- Il est primordial de se faire discret quelque temps, avertit Shi Yue-Yan. Restons vigilants, nous ne sommes pas à l’abri d’une vengeance.

Feng sentit le regard de Shu-Fang, mais l’ignora et se leva.

- La mafia Phénix remercie la Triade Huo pour l’aide apportée.

Elle s’inclina et prit congé avec les membres de son organisation.

- Des nouvelles d’Arkadi ? demanda-t-elle une fois dehors.

- De légères blessures, l’informa Valia.

- Attendez-le et rentrez, je vous rejoindrais plus tard.

Ils acquiescèrent, puis commencèrent à s’éloigner à l’exception de Sacha qui prit la parole.

- Tu as des informations, comprit-il au regard brillant de sa marraine.

- Nous discuterons plus tard, conclut-elle.

Elle quitta le repère de la Triade Huo à bord de sa voiture personnelle, grilla des feux et manqua de percuter un autre conducteur alors qu’elle roulait à toute vitesse pour rejoindre le QG de Dragon. Elle se gara dans le parking sous-terrain du bâtiment et se précipita à l’intérieur. Elle traversa le hall plongé dans le noir, monta jusqu’au deuxième étage et se hâta dans la chambre de sa fille, couteau en main.

- Maman ! s’exclama Yeva en pleurant, assise sur son lit.

Elle la prit dans ses bras tout en inspectant la pièce à la recherche du moindre signe de danger.

- Il… Il est entré, dit-elle entre deux sanglots.

- C’est fini, je suis là, essaya-t-elle de la rassurer.

- Il... Il… balbutia-t-elle encore prisonnière de la peur.

- Même quand le danger est réel, la peur reste un choix, récita Feng.

- Même quand le danger est réel, la peur reste un choix, répéta Yeva en prenant de grandes et profondes inspirations comme lors de ses entraînements avec Shu-Fang.

Petit à petit son rythme cardiaque ralentit, les larmes cessèrent de couler et la peur disparut.

- Un homme est entré, je…je ne l’ai pas entendu. Il a mis sa main sur ma bouche et m’a menacé avec un couteau. Il m’a dit de te donner ce message.

Yeva ouvrit sa main et tendit un papier froissé à sa mère. Feng le saisit et le déplia en redoutant ce qui y était inscrit.

« L’heure est venue de faire de la proie un prédateur. »

- Maman ? l’appela Yeva d’une voix inquiète et fatiguée.

- Tout va bien ma chérie, dit-elle en se forçant à sourire. Tu ne risques plus rien, tu peux t’endormir.

- Merci, maman. Je t’aime.

- Je t’aime aussi ma chérie.

Feng déposa un baiser sur son front, ramena la couverture sur ses épaules, puis quitta la chambre en éteignant la lumière. Elle rejoignit la sienne et relut chaque mot inscrit sur le papier. L’écriture était celle du parrain de la mafia russe, celle de son père. Ce n’était pas une simple menace, c’était une déclaration de guerre. Feng n’avait plus le temps de réfléchir, elle devait agir. La soif de sang dilata ses pupilles et laissa apparaître la lueur meurtrière qui l’animait dans sa phase d’instinct tueuse.

- Je viens te chercher, avertit-elle comme si son père se trouvait en face d’elle. Par la lame nous vivons, par la lame nous mourrons, récita-t-elle.

Elle prit sa tablette et en un instant son billet d’avion pour la Russie était acheté. Elle ne s’encombra pas à prendre celui de retour, car elle ne savait pas quand ni même si elle reviendrait. Elle ne voulait pas abandonner Yeva, mais elle devait partir, elle devait combattre le problème à la source. À ce stade, plus rien ne pouvait l’arrêter, puis elle savait déjà à qui confier sa fille si par malheur elle ne revenait jamais.

Elle envoya un message à Shu-Fang en lui demandant de venir à la première heure le lendemain matin, puis se coucha pour une courte nuit de sommeil.

Lorsque le réveil sonna, Feng se leva et se prépara comme à son habitude, puis alla réveiller sa fille comme si elle n’allait pas bientôt la quitter sans savoir si elle la reverrait un jour. Elles descendirent dans la cuisine où les joueurs étaient déjà rassemblés. Feng les regarda et fut incapable de savoir la dernière fois qu’elle avait pris le temps de discuter avec eux, de savoir comment ils se sentaient ou s’ils étaient prêts pour la nouvelle compétition. Elle n’avait définitivement plus de temps à leur consacré.

Une fois le petit-déjeuner pris, Feng laissa sa fille aller jouer tandis qu’elle rejoignit sa chambre pour préparer ses affaires. Elle déposa un sac noir sur son lit et arpenta la pièce pour récupérer tout ce dont elle avait besoin pour le bon déroulement de sa mission. D’abord de l’argent qu’elle avait caché derrière sa grille d’aération, ainsi qu’un arsenal de grenades et de fumigènes juste au cas où elle se retrouverait en difficulté, puis elle termina par son couteau qu’elle fit tourner entre ses mains en admirant la lame et le glissa dans son dos. Elle ferma son sac, réajusta la manchette sur son bras et quitta la chambre, mais sur le seuil se tenait Ming qui l’observait dans un mélange de surprise et de déception.

- Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il en fixant son sac.

- Je dois partir pour la Russie.

- Avec de l’argent et des armes ?

- Écoute-moi bien, ce que je fais ne te regarde pas. Je n’ai aucun compte à te rendre.

Un rire nerveux lui échappa, puis il s’approcha dangereusement de Feng et la regarda avec dédain.

- Je te faisais confiance, j’ai cru que tu serais un réel pilier pour l’équipe, pour moi, avoua-t-il avec déception. Dégage de Dragon, je ne veux plus jamais te voir ! Et prends ta gamine avec toi. Allez retrouver votre cher et tendre Shu-Fang, vous faites bien la paire, vous êtes des monstres assoiffés de sang.

Ses paroles étaient dures, mais il espérait que Feng s’expliquerait ou se trouverait une excuse pour justifier son comportement et ses agissements. Ce fut le contraire qui se produisit, elle éclata de rire et son regard se teinta soudainement d’une lueur meurtrière.

- Tu auras été un vrai emmerdeur jusqu’au bout, soupira-t-elle. Fallait toujours que tu épies mes moindres faits et gestes. Tu as bien failli me démasquer à plusieurs reprises, mais tu étais trop aveuglé par les sentiments que tu me portes pour réellement remarquer quelque chose.

- Qui es-tu ? demanda-t-il animé par la peur.

- Désolée, je ne peux pas te donner une réponse. Ça serait trop risqué aussi bien pour toi que pour moi, mais sois rassuré, j’ai déjà déposé ma démission.

- Pourquoi ?

- Parce que nous n’avons plus rien à nous apporter.

- As-tu été sincère ou as-tu toujours joué la comédie ?

- J’étais sincère, répondit-elle. J’ai toujours tout fait pour vous soutenir, vous apporter mon aide et vous accompagner à réaliser votre rêve, mais je ne peux pas renier ce que je suis réellement. Il y a une importante partie de ma personnalité et de ma vie que vous ne connaissez pas.

- Donc tu savais depuis le début que tu n’allais pas rester avec nous ? s’énerva Ming. Nous t’avons accueilli, et t’avons fait confiance tout ça pour que tu nous lâches ! Pourquoi d’ailleurs ? Pour aller fricoter avec ce connard de Shu-Fang ?

- Je te conseille de ne pas aller plus loin dans tes propos si tu ne veux pas le regretter, l’avertit Feng.

- Sinon tu me tueras ?

- C’est une possibilité, sourit-elle et Ming finit par s’en aller la peur au ventre.

Elle soupira, puis descendit dans le hall où Shu-Fang venait d’arriver. Yeva passa devant elle en courant pour le rejoindre. Il la prit dans ses bras et la fit tourner dans les airs, le visage illuminé d’un grand sourire. Feng sentit son cœur se réchauffer devant cette scène et un sourire illumina à son tour son visage alors que son esprit imaginait déjà les différentes façons de faire souffrir le parrain de la mafia russe.

- Nous sommes tous là, l’avertit l’entraîneur Xie Tao accompagné de toute l’équipe.

- Je dois partir de toute urgence pour la Russie.

- Que se passe-t-il ? l’interrogea le PDG Zhang Heng qui venait d’arriver.

- Un problème familial, précisa-t-elle.

- Quand reviendras-tu ? demanda Tsao Wu.

- Je ne sais pas. Ne vous inquiétez pas, j’ai engagé quelqu’un pour me remplacer.

- Mais tu vas revenir ? s’inquiéta Lenny Evans.

Feng sourit, mais ne répondit pas, car elle ne savait pas. Quand bien même elle revenait, elle ne reprendrait pas son poste au sein de Dragon, le PDG Zhang Heng le savait.

- Feng, dit simplement Shu-Fang en s’approchant. N’y va pas seule, nous pouvons t’aider.

- Je dois le faire seule, je dois en finir.

- Feng…

- Je ne t’ai pas fait venir pour que tu m’en empêches.

- Alors pourquoi ?

- Pour que tu emmènes Yeva. Je te la confie, prends soin d’elle durant mon absence.

- Laisse-moi t’accompagner.

- Non, dit-elle sèchement. Tu es la seule personne à qui je peux confier la vie de ma fille, avoua-t-elle en posant sa main sur son cœur. Protège là jusqu’à mon retour.

Ils se regardèrent longuement, puis il acquiesça et elle se sentit soulagée d’un poids. Maintenant, elle pouvait pleinement se concentrer sur sa mission. Elle se tourna vers Dragon et les remercia pour le temps qu’elle avait passé à leur côté et leur souhaita de réussir. Enfin, elle serra sa fille dans ses bras.

- Je t’aime ma chérie, je reviendrais vite, promit-elle.

- Sois prudente, Xenia, répondit Yeva sous la personnalité de Ruby.

Feng lui sourit, puis sans un regard en arrière elle quitta le QG de Dragon. Elle monta dans un taxi qui la conduisit à l’aéroport Shanghai-Pudong et s’envola pour Moscou sans avoir la certitude de revenir.


Texte publié par Aihle S. Baye, 13 juillet 2024 à 15h09
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