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tome 1, Chapitre 24 tome 1, Chapitre 24

Shu-Fang avait conduit aussi vite que la circulation le lui avait permis. Devant l’hôpital, des médecins attendaient avec un brancard leur arrivée.

- Vous êtes ses parents ? leur demanda la secrétaire.

Feng ne prit pas la peine de la contredire alors qu’elle regardait sa fille partir en salle de soin. Elle rejoignit le bureau de la secrétaire et remplit les papiers qu’elle lui tendait, puis alla patienter avec Shu-Fang jusqu’à l’arrivée du médecin.

- Bonjour, je suis le docteur Sun Jie, se présenta-t-il en arrivant devant eux.

- Comment va Yeva ? l’interrogea Feng.

- Elle n’est plus en danger, les rassura-t-il. Elle se repose actuellement. Votre réactivité l’a sauvée, affirma-t-il, l’entaille à ses deux poignets était très précise et nette.

- Pouvons-nous la voir ? demanda Shu-Fang.

- Suivez-moi.

Il les conduisit jusqu’à sa chambre, mais les retint avant qu’ils ne franchissent la porte.

- Si vous avez besoin de renseignement ou de conseils, n’hésitez pas à faire appel à notre service d’aide. Une psychologue et une aide sociale pourront assurément vous guider.

- La situation est sous contrôle, l’interrompit Feng.

- Votre fille pourrait refaire une tentative de suicide, insista-t-il. Il faut agir maintenant.

- Vous pensez mieux connaître ma fille que moi ?

- Bien sûr que non, mais vous avez eu votre fille très jeune, ça ne doit pas être facile pour vous de l’élever.

- Je vous demande pardon ? s’emporta-t-elle en replaçant la manchette qui cachait son tatouage, signe que la conversation prenait une tournure dangereuse.

- Nous sommes en mesure de vous aider, il n’est pas trop tard pour confier votre fille à un service compétent qui prendra soin d’elle et l’aidera à aller mieux.

Le regard de Feng était devenu meurtrier et Shu-Fang la vit glisser sa main dans son dos pour empoigner le couteau qu’elle avait toujours sur elle. Avant, il serait probablement intervenu et aurait posé sa main sur son bras pour l’arrêter, mais plus maintenant. Il savait qu’elle n’irait jamais jusqu’à tuer un homme parce qu’il avait dépassé les limites. Elle était loin d’être stupide et ne commettra jamais un meurtre à la vue d’autres personnes et des caméras, même si sa colère réveillait son instinct de tueuse. Comme attendu, elle réussit à se contrôler, puis replaça son couteau et regarda le médecin avec un sourire faux, mais convaincant.

- Merci pour votre prévenance, rassurez-vous je ferais le nécessaire pour que ma fille reçoive les meilleurs soins.

- Me voilà rassuré. Je vais vous laisser, au revoir.

Il s’inclina et Feng le regarda s’éloigner sans se défaire de la lueur meurtrière qui brillait au fond de ses yeux. Elle finit par se ressaisir et entra avec Shu-Fang dans la chambre où Yeva s’était réveillée. À l’instant où elle croisa le regard de sa fille, elle sut quel alter se tenait en face d’elle : Edmée.

Elle s’approcha lentement du lit pour ne pas l’effrayer davantage. Elles avaient rarement échangés ensemble, car Edmée était une personnalité qui se manifestait que rarement, et lorsque c’était le cas la vie de Yeva était en danger.

- N’ait pas peur, je suis là. Nous sommes toutes là, tu n’es pas seule, la rassura-t-elle. Je comprends la souffrance que tu éprouves, je sais que tu aimerais que l’agonie s’arrête, je sais que tu penses que mourir est la solution.

Elle la regarda avec les larmes aux yeux, incapable d’exprimer la souffrance qu’elle ressentait.

- Je suis moi aussi passée par là et je peux te promettre qu’un jour l’agonie cessera. Fais-moi confiance, bientôt ça ne sera plus qu’un lointain souvenir.

Elle se redressa dans le lit, posa sa tête contre l’épaule de Feng et pleura en silence. Les secondes s’écoulèrent, puis elle se détendit et un changement de personnalité s’opéra. Yeva s’éloigna de Feng, puis regarda ses poignets en soupirant.

- Excuse-moi Xenia, je n’ai pas été assez attentive, se culpabilisa Ruby d’une voix plus grave et plus mature.

- Ne t’en fais pas, bientôt Edmée ira mieux.

Elle acquiesça sans être totalement convaincue. Edmée était trop torturée, elle ne voyait donc pas comment la situation pouvait s’améliorer.

- Merci, dit-elle en regardant Feng, puis Shi Shu-Fang qui répondit par un hochement de tête.

- Jiějiě ! Feng ! s’exclamèrent les joueurs de Dragon en entrant avec fracas dans la chambre.

- Comment avez-vous su ? demanda-t-elle perplexe en les regardant se placer autour du lit.

- Tout le monde ne parle plus que de ça, avoua Lenny en lui montrant un article sur son téléphone.

- Les journalistes sont déjà rassemblés devant l’entrée de l’hôpital, signala Ming.

Elle jura en russe et se tourna vers Shu-Fang qui s’était éloigné pour téléphoner.

- La Triade est prévenue, des hommes seront postés aux différentes entrées et devant la chambre de Yeva, l’informa-t-il en russe.

- Il faut surveiller que ça ne bouge pas en Russie.

- Feng ? l’appela Ming soucieux de son état.

Elle lui adressa tout juste un regard et l’ignora. Elle n’avait pas de temps à consacrer à ses états d’âme.

- Shu-Fang ? l’appela Yeva d’une voix douce et enfantine.

- Comment te sens-tu ? lui demanda-t-il en la rejoignant au bord du lit.

- Je suis fatiguée.

- Repose-toi.

- J’ai peur, avoua-t-elle les larmes aux yeux.

- Tu te souviens de ce que je t’ai dit sur la peur ?

Elle acquiesça, essuya ses joues et répéta :

- « Même quand le danger est réel, la peur reste un choix ».

- C’est exact. Maintenant, prends une grande inspiration et libère-toi de ta peur, comme à l’entraînement.

Yeva s’exécuta et se détendit. Elle regarda Shu-Fang les yeux brillants et se redressa pour passer ses bras autour de son cou. Il sourit, touché par l’affection qu’elle lui témoignait, et la serra à son tour contre lui.

- Depuis quand Yeva est aussi proche de lui ? demanda Ming avec dédain.

- En quoi ça te concerne ? répliqua Feng.

Le capitaine de l’équipe s’approcha d’elle par instinct de protection et pour la mettre en garde.

- Tu dois te méfier de lui, il va finir par t’entraîner dans des activités illégales, s’exclama-t-il réellement inquiet.

Elle cacha difficilement son amusement et il s’en rendit compte.

- Ce mec est dangereux, Feng. Ouvrent les yeux ! s’énerva-t-il en posant ses mains sur ses épaules avec force.

- Ôte immédiatement tes mains de moi.

- Tu dois arrêter de le voir, insista-t-il. Il n’est pas fait pour toi.

- Je ne le répèterai qu’une fois : ôte tes mains.

Elle avait déjà la sienne posée sur le manche de son couteau et était prête à le dégainer s’il n’obéissait pas. Les autres membres de Dragon restaient en retrait, conscient qu’intervenir ne ferait qu’aggraver la situation. Shu-Fang revint à côté de Feng, observa attentivement ses yeux et les expressions de son visage pour intervenir si elle basculait, mais Ming finit par abdiquer et retira ses mains. Il recula de quelques pas et n’osa plus lever les yeux vers sa manageuse.

- Agis encore une fois de la sorte et tu découvriras une facette de moi que tu ne soupçonnes même pas, l’avertit-elle.

Il déglutit, puis quitta la chambre. L’entraîneur Xie Tao s’excusa de son comportement et s’en alla avec le reste des joueurs.

- Il devient un problème, dit Shu-Fang.

- Je sais, mais rassure-toi je serais bientôt partie.


Texte publié par Aihle S. Baye, 6 juillet 2024 à 12h33
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