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tome 1, Chapitre 21 tome 1, Chapitre 21

Shu-Fang s’assit sur un banc près d’un arbre et profita du calme qui régnait dans le jardin de la Triade Huo pour réfléchir. Il avait l'impression de voir le monde continuer d’avancer et d’être le seul à s’être arrêté au feu rouge cassé.

L’arrivée de Liu Feng avait bousculé la routine qui s’était progressivement installée sans qu’il s’en rende compte. Chaque jour, il avait l'habitude de s’entraîner avec son groupe, 4to1, mais depuis quelque temps sa motivation avait disparu. Il ne prenait plus autant de plaisir à danser et à chanter qu’auparavant, comme si ce n’était finalement pas le chemin qui lui était destiné. Face à son manque d’enthousiasme, la manageuse du groupe, Chen Li-Mei, avait octroyé des vacances à l’ensemble de l’équipe.

Ces vacances avaient fait du bien à Shu-Fang, il avait pu s’éloigner suffisamment de sa carrière d’idol et des fans pour se rendre compte qu’il appréciait vivre loin de la célébrité, des caméras et de la foule. Il avait apprécié ses années au sein de 4to1, mais à présent il était temps de se retirer du devant de la scène. Il se leva avec détermination et quitta le havre de paix qu’offrait le jardin de la Triade Huo. Sur le parking, un Homme de main se tenait à sa disposition. Shu-Fang lui indiqua l’adresse de l’agence de 4to1, puis envoya un message au groupe ainsi qu’à sa manageuse pour qu’ils se retrouvent là-bas.

- Attends-moi ici, dit-il au chauffeur lorsque le véhicule blindé s’arrêta à destination.

- À vos ordres.

Shu-Fang descendit et entra dans l’imposant bâtiment aux innombrables étages. Le groupe l’attendait dans le hall et ensemble ils montèrent jusqu’au bureau du PDG de l’agence.

- Pourquoi nous as-tu fait venir ? s’enquit Chen Li-Mei dans l'ascenseur sans obtenir de réponse.

Les portes s’ouvrirent et ils firent face à la réceptionniste. Shu-Fang demanda à voir le PDG Tian Liang et elle leur fit signe d’entrer.

- Bonjour, PDG Tian Liang, salua-t-il en s’inclinant imité le reste du groupe.

- Que me vaut cette soudaine visite ? demanda le PDG après s’être incliné à son tour.

- J’ai pris une importante décision, annonça Shu-Fang sous les regards interrogateurs de sa manageuse et de ses camarades.

- Je vous écoute.

- Je prends ma retraite.

- Qu’as-tu dit ? l’interrogea Chen Li-Mei pensant avoir mal entendu.

- Tu plaisantes ? s’exclama Sheng Wei, le leader du groupe.

- J’y ai suffisamment réfléchi pour savoir que c’est la meilleure décision. Je ne suis plus aussi motivé et fougueux qu’à mes débuts, expliqua-t-il. Je ne vous remercierai jamais assez pour ces merveilleuses années passées à vos côtés, mais il est temps pour moi de passer à autre chose et de penser à l’avenir, conclut-il en s’inclinant respectueusement.

- Est-ce vraiment ce que tu désires ?

- Oui.

- Très bien, nous diffuserons un communiqué de presse pour annoncer ta retraite.

- PDG Tian Liang ! répliqua Sheng Wei. Vous ne pouvez pas le laisser partir.

- Si tel est son souhait, je ne peux pas m’y opposer. Cela vaut pour vous tous, si vous souhaitez arrêter, je comprendrais.

- Je ne veux pas arrêter, répondit Cai Huan, le plus jeune membre.

- Moi non plus, ajouta Mao Huo.

- Sheng Wei ?

Le leader regarda son ami avec tristesse, ils étaient rapidement devenus proches, au point qu’il considérait Shu-Fang comme son frère, il avait donc l’impression d’être abandonné et en souffrait terriblement.

- Ce n’est pas parce que je prends ma retraite que nous ne nous reverrons plus, dit Shu-Fang en suivant les pensées qui tourmentaient son ami et en posant une main sur son épaule.

- Je continue aussi, répondit-il finalement et le PDG Tian Liang acquiesça.

Shu-Fang salua tout le monde et les rassura en leur assurant que ce n’était pas des adieux, mais simplement un au revoir, puis il quitta l’immeuble. En réalité, il n’avait pas l’intention de garder contacte avec eux, il devait les préserver de lui et de son monde.

Sa prochaine étape fut l’hôtel où résidait 4to1 pour y récupérer l’ensemble de ses affaires. En entrant dans l’immeuble, il sentit qu’il avait pris la bonne décision, sa place n’était plus ici. Toutefois, une question le tourmentait : qu’allait-il faire à présent ? Avait-il envie de consacrer sa vie à la Triade Huo ? Ce monde était-il le sien ou devait-il s’éloigner de sa famille pour vivre une vie plus classique comme sa soeur ? Il ne le savait pas encore.

Il traversa la cuisine et l’immense salon en prenant conscience que c’était la dernière fois qu’il venait ici, puis il rejoignit finalement sa chambre. Elle était si peu décorée que c’était à se demander s’il avait vécu ici ces dernières années. Comme si, inconsciemment, il avait toujours su que sa place n’était pas ici.

Le temps passa et le soleil déclina dans le ciel alors qu’il remplissait sa valise du peu d’affaires qu’il possédait lorsque soudain son téléphone sonna.

- Jia, ça fait longtemps ! s’exclama-t-il avec entrain. Comment vas-tu ?

- Salut, grand frère ! Très bien et toi ?

- Ça va, dit-il sans grande conviction.

- Même au téléphone je sais que tu mens, fit-elle remarquer. Que t’arrive-t-il ?

- Je ne veux pas t’embêter avec mes petits soucis. Raconte-moi plutôt comment ça se passe en France, j’ai vu le magazine dans lequel tu as posé, tu étais incroyable dedans ! s’exclama-t-il avec le sourire aux lèvres.

Il était fier de sa petite sœur et également jaloux, car elle avait toujours su ce qu’elle voulait faire et se donnait à fond pour atteindre ses objectifs.

- Merci, mais n’en profite pas pour changer de sujet ! rouspéta-t-elle. Raconte-moi, tu sais que tu peux tout me dire, je ne te jugerais jamais Shu-Fang.

Jia avait toujours été d’une oreille attentive, elle savait le poids qui pesait sur les épaules de son frère en tant que premier enfant d’une Triade.

- Je ne sais plus où j’en suis, avoua-t-il avec désespoir. J’ai pris ma retraite en tant qu’idol, mais maintenant je ne sais pas quel chemin emprunter…

- Pourquoi as-tu pris ta retraite ? Je pensais que ça te plaisait d’être idol.

- Ça me plaisait, mais les choses ont évolué. C’était la bonne décision.

- Et maintenant ?

- Je ne sais pas, père attend que je me concentre pleinement à la Triade.

- En dépit de père et de l’Ancien, qu’est-ce que toi tu veux faire ? demanda Jia avec douceur.

Elle essayait vraiment de l’aider au mieux, car elle l’aimait profondément et qu’elle voulait qu’il trouve sa place. Depuis tout petit, les aînés de la famille lui répétaient qu’il deviendrait un jour le chef de la Triade et qu’il allait avoir de grandes responsabilités. De tels discours avaient engendré chez Shu-Fang une peur vorace de décevoir sa famille, au point qu’il n’osait pas toujours exprimer ce qu’il pensait et ressentait réellement.

- Je veux être auprès d’elle, la soutenir, l’épauler, la protéger, avoua-t-il le cœur lourd.

- Elle ? répéta-t-elle en espérant que son sourire ne s’entendait pas.

- Liu Feng.

- La fameuse marraine de la mafia Phénix, en déduisit Jia.

- Comment la connais-tu ?

- Mère me tient informé des affaires de la Triade. Même si je suis loin de vous et que j’ai pris un chemin différent, je ne peux pas complètement ignorer le monde dans lequel notre famille évolue, expliqua-t-elle.

Shu-Fang retint un rire nerveux, il avait l’impression d’être un poids pour sa famille et pour la Triade. Au point de se demander si disparaître n’était pas la meilleure chose à faire. Après tout, il était incapable de prendre une décision, alors comment pouvait-il espérer diriger la Triade ?

- Tu dis que tu veux la protéger, mais a-t-elle vraiment besoin de l’être ? Elle est née dans une des organisations les plus influentes et puissantes du monde, je ne pense pas qu’elle ait besoin qu’on la protège, fit remarquer Jia.

- Je le sais, mais c’est plus fort que moi, je ressens le besoin de le faire.

- Tu l’aimes ?

- Je…

- Excuse-moi.

- Il est un peu trop tôt pour parler d’amour, mais une chose est sûre c’est que je tiens à elle.

Elle allait répondre, mais Shu-Fang reprit la parole.

- Je ne veux pas prendre une décision en fonction de quelqu’un. Je dois choisir mon avenir par moi-même et pour moi-même, sauf que je ne sais pas ce que je veux, avoua-t-il tristement.

- L’esprit fait plus de chemin que le cœur, mais va moins loin. C’est dans ton cœur que tu trouveras les réponses, cita Jia. Je dois te laisser, je suis désolée, tiens-moi au courant de la décision que tu prendras.

- Merci Jia.

Il se remit debout et s’en alla en laissant ses affaires à même le sol. Il s’installa dans la voiture blindée et demanda à son chauffeur de le déposer dans un entrepôt désaffecté appartenant à la Triade Huo et où chaque soir les membres de l’organisation s’y rassemblaient pour combattre.

Les arts martiaux avaient toujours été pour lui un moyen de se libérer de ses émotions et surtout de trouver des réponses à ses questions, simplement il avait été obnubilé par sa carrière et avait oublié jusqu’au bien fait que les combats lui procuraient, en plus d’avoir la crainte d’abîmer son visage trop précieux aux yeux des fans. Il espérait qu’une fois de plus, cela l’aiderait à déterminer le chemin à emprunter.


Texte publié par Aihle S. Baye, 30 juin 2024 à 14h08
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