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tome 1, Chapitre 17 tome 1, Chapitre 17

Feng se réveilla le lendemain en fin de matinée en se sentant mieux, mais son corps était encore affaibli, il allait lui falloir du temps pour se remettre convenablement de sa blessure.

Elle se redressa dans le lit, en prenant garde à ne pas faire de mouvements brusques, et réalisa qu’elle ne se trouvait pas dans sa chambre.

- Tu es réveillée, comment te sens-tu ? demanda Shu-Fang en entrant dans sa chambre avec un plateau rempli de nourriture.

- Bien.

- Il faut que tu reprennes des forces, dit-il en posant le plateau sur le chevet.

Elle acquiesça et se jeta sur la nourriture sous le regard de Shu-Fang qui s’assit au bord du lit. La veille, il s’était inquiété de son état et avait hésité à l’emmener aux urgences lorsqu’une forte fièvre avait saisi son corps. Sauf qu’il n’avait pas pu, les hôpitaux n’étaient pas des endroits à fréquenter pour les personnes de leur milieu, alors il avait veillé sur elle toute la nuit.

- Merci, Shu-Fang, dit-elle une fois son repas terminé.

Il lui sourit, puis écarta la couverture et des frissons parcoururent Feng lorsque ses doigts effleurèrent sa peau. Elle le regarda inspecter sa blessure et se sentit soudain coupable de lui cacher des choses. Il ignorait tellement de choses que ce soit sur l’origine de sa blessure ou sur ce qui les attendait ici, alors elle s’apprêta à tout lui raconter, mais le smartphone de Shu-Fang sonna.

- J’écoute.

- …

- Qui ?

- …

- D’accord, je transmets.

- Un problème ? demanda-t-elle une fois qu’il eut raccroché.

- Quelqu’un te demande à l’accueil.

Feng se tendit : était-ce ses parents ou bien leurs Hommes de main ? Non, le personnel de l’hôtel ne les aurait jamais autorisés à entrer, ils avaient reçu des ordres stricts et aucun ne désobéirait. Les Triades n’étaient pas connues pour leur gentillesse lorsqu’il était question de traitrise.

- Qui est-ce ?

- Je ne sais pas, mais des hommes de la Triade Huo l’accompagnent.

Elle acquiesça et se leva pour retourner dans sa chambre prendre une rapide douche avant de quitter la suite de l’hôtel sans même saluer les joueurs en train de s’entraîner avec acharnement dans l’espace gaming.

Le cœur de Feng battait rapidement contre sa poitrine tandis qu’elle essayait de déterminer qui pouvait bien être ce visiteur, surtout que cette personne était escortée par la Triade Huo. Shu-Fang voyait l’appréhension danser dans ses yeux alors qu’il se tenait à côté d’elle dans l’ascenseur.

Ils arrivèrent dans le hall de l’hôtel et ne virent personne. Était-ce un piège ? La mafia russe était-elle derrière ce stratagème ? Les parents de Feng allaient-ils entrer et l’emmener ? Elle se voyait déjà enfermée dans une sombre pièce, loin de toute civilisation pour que ses cris n’alertent personne, tandis qu’elle serait longuement torturée de toutes les façons possibles.

Feng s’apprêta à faire demi-tour et à remonter lorsqu’elle la vit. Elle était là, devant elle en chair et en os. Ses yeux s’embuèrent de larmes alors qu’elle avança dans sa direction.

- Yeva…

Elle tendit les bras pour la serrer contre elle, pour sentir sa présence et son petit corps contre le sien, mais son instinct reprit le dessus et elle s’arrêter pour inspecter chaque recoin. Ce fut à ce moment qu’elle le vit à travers les grandes baies vitrées : un homme avec une casquette qui tentait de dissimuler sa présence derrière une voiture.

- Shu-Fang, murmura-t-elle discrètement. À neuf heures, l’homme derrière la voiture.

Il tourna brièvement la tête, puis fit signe à ses Hommes d’aller le chercher et se tourna vers la réceptionniste.

- Enfermez-le au sous-sol, on s’en occupera plus tard.

- À vos ordres.

Feng n’avait aucun doute sur l’identité de l’homme, il devait assurément s’agir d’un membre de la mafia russe.

- Nous devrions remonter, fit remarque Shu-Fang sans poser la moindre question quant à l’enfant qui tenait la main de Feng et qui ne se défaisait pas de son sourire.

Une fois dans l’ascenseur, elle put enfin serrer sa fille et les larmes coulèrent sur son visage encore pâle.

- Tu m’as tellement manquée, lui murmura-t-elle.

Elle essuya ses joues lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, puis ils entrèrent dans la suite. Elle laissa sa fille avec Shu-Fang dans l’espace salon, tandis qu’elle alla préparer un verre de jus de fruits dans la cuisine, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de revenir, les joueurs et l’entraîneur apparurent.

Ils regardèrent la petite fille installée au bord du canapé et se tournèrent vers Shu-Fang qui ne fit aucun commentaire : lui-même ignorait l’identité de la petite et sa relation avec Feng, bien qu’après la scène à laquelle il venait d’assister, le lien qui les unissait ne faisait aucun doute.

- Bonjour, je suis Xie Tao. Comment t’appelles-tu ?

L’enfant le regarda sans comprendre : elle avait commencé à apprendre le chinois, mais il s’agissait d’une langue difficile à maîtriser. Shu-Fang dû donc faire la traduction en russe des questions et de ses réponses.

- Yeva von Keyserling, s’exprima-t-elle clairement.

- Quel âge as-tu ?

- Douze ans.

- Pourquoi es-tu ici ? continua de la questionner.

- Pour voir ma maman ! s’exclama-t-elle en pointant Feng qui revenait avec un verre de jus de fruits.

Le silence se fit alors que les regards convergèrent vers elle. Yeva se leva et enlaça la taille de sa maman qui ne put s’empêcher de sourire tendrement.

- Je vous présente Yeva, ma fille.

- Ta…fille ? répéta Ming sous le choc.

Son regard passa de Yeva à Feng, puis de Feng à Shu-Fang et il se demanda s’il était le père de la petite, mais en regardant plus attentivement les traits de l’enfant, il détermina que non et en fut soulagé. Toutefois, savoir qu’il était au courant et qu’il semblait déjà familier avec elle le rendit atrocement jaloux. Pourtant, il se trompait : Shu-Fang ne connaissait rien de Yeva, il venait lui aussi d’apprendre son existence.

Les joueurs voulurent poser des questions, mais Feng ne leur en laissa pas l’occasion ne voulant pas s’étendre sur le sujet. Elle se tourna vers Shu-Fang et se sentit désolée de lui avoir caché son existence. Elle savait qu’il allait vouloir connaître son histoire, surtout que Yeva était arrivée avec des Hommes de sa Triade, mais pour l’instant, elle avait besoin de passer un peu de temps seule avec sa fille. Elle s’excusa auprès du groupe et guida Yeva jusqu’à sa chambre où elle la serra fort dans ses bras.

- Anushka, peux-tu laisser la place à Ruby ? demanda-t-elle en russe.

- D’accord, maman !

Son ton joyeux illumina le visage de Feng, puis en un battement de cil Anushka laissa sa place à Ruby.

Yeva avait un trouble dissociatif de l’identité particulier : le changement d’alter se faisait rapidement et sans limites. Yeva était le prénom que Feng lui avait donné à sa naissance et les alters l’avaient conservé pour des raisons de praticités. Actuellement, il y avait trois alters : Anushka qui avait l’âge du corps et évoluait au même rythme. Ruby, âgée de vingt-huit ans. Puis Edmée, âgée de seize ans.

- Salut, Xenia, ça fait plaisir de te voir.

- Ruby, je ne m’attendais pas à votre venue. Vous m’avez beaucoup manqué, dit-elle sincèrement.

- À nous aussi, Anushka est très contente.

Ruby sourit tout en replaçant ses cheveux derrière ses épaules.

- Pourquoi êtes-vous venue ? Vous n’êtes pas censé pouvoir sortir de l’Institut.

Ce n’était pas une réprimande, même si le ton de Feng l’y faisait penser. C’était surtout de l’inquiétude. Le cas de sa fille était particulier et même si elle souffrait d’être aussi loin d’elle depuis déjà de nombreux mois, c’était nécessaire.

- J’ai réussi à obtenir une autorisation du docteur Ieltchoukov, il fallait qu’on te voie.

- Edmée ? supposa Feng.

- Non, rassure-toi. Je gère de ce côté-là.

- Que se passe-t-il ?

- Il se pourrait qu’on sorte plus tôt que prévu de l’Institut.

- C’est une excellente nouvelle ! s’exclama Feng.

- Oui, nos résultats sont concluants, on fait des progrès conséquents.

Elle ne pouvait qu’être heureuse d’entendre ces mots, car cela la confortait dans le choix qu’elle avait fait de laisser sa fille aux mains de spécialistes le temps qu’elle arrive à s’adapter et à comprendre sa condition.

- Nous n’avons pas de date précise, mais le moment venu il faudra savoir ce que nous faisons : tes parents sont déterminés à vouloir notre garde.

- Je sais. Ne t’inquiète pas, je ne les laisserais pas vous emmener.

- Ils tentent souvent de venir à l’Institut, avoua Ruby soucieuse.

- Rassure-toi, ça n’arrivera plus. La Triade Huo a sécurisé l’Institut.

- Ce sont leurs Hommes qui nous ont escortés ici, n’est-ce pas ?

- Oui, nous pouvons leur faire confiance.

- C’est une bonne chose, consentit-elle. Tu sembles aller bien, tu te plais en Chine ?

- J’ai trouvé ma place et les affaires fonctionnent bien.

- C’est encore mieux, s’extasia Ruby. À ce sujet, nous avons discuté ensemble et nous pensons qu’il serait temps de véritablement commencer notre apprentissage.

- En êtes-vous sûr ?

Sa fille avait parfaitement conscience du monde dans lequel Feng vivait, car elle ne lui avait jamais caché et ça avait permis, notamment à Anushka, de prendre plus rapidement en maturité. Au début, les parents de Feng avaient exigé que Yeva débute rapidement son apprentissage pour faire d’elle le pantin que leur propre fille n’avait pas su être. Feng ne s’y était pas opposée : il était primordial qu’elle apprenne à se défendre en cas de besoin. Toutefois, elle avait surveillé de très près chacun de ses entraînements, ne laissant jamais ses parents ou un membre de l’organisation seul avec elle. Puis, durant l’année des cinq ans de Yeva, son trouble dissociatif de l’identité était apparu et son entraînement avait été arrêté. À présent, sa fille désirait le reprendre et Feng en fut heureuse, elle se sentirait plus sereine en la sachant capable de faire face à toutes les situations.

- Certaines ! Nous savons ce qu’il en est, nous savons que ce sera difficile, mais avec toi nous y arriverons.

Feng sourit, l’organisation était toute sa vie et elle voulait en faire l’héritage à Yeva, bien qu’elle ne la forcerait jamais à prendre la relève si elle ne le souhaitait pas, mais elle avait espoir qu’un jour elle déciderait de devenir la marraine de la mafia Phénix.

- Vous aurez deux apprentissages : celle de la mafia Phénix et celle de la Triade Huo. Leur bâton rouge est un excellent maître des arts martiaux et des armes.

- Merci, Xenia.

Elles s’enlacèrent, puis Feng questionna sa fille sur sa vie à l’Institut, ce qu’elle y faisait et les changements qui s’étaient opérés. Elle voulait tout savoir et rattraper les derniers mois passés loin d’elle.

Elles discutèrent encore un moment, puis Feng dû dire au revoir à sa fille qui devait regagner l’Institut. Elle se sentit mieux après avoir pu passer du temps avec elle, son inquiétude s’était atténuée et elle savait que bientôt elles seraient enfin réunies sous le même toit.


Texte publié par Aihle S. Baye, 22 juin 2024 à 15h42
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