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tome 1, Chapitre 16 tome 1, Chapitre 16

Le groupe arriva à l’un des hôtels le plus réputé et luxueux de Moscou : The Carlton. Il appartenait à la Triade Huo et possédait un spa avec piscine intérieure, deux restaurants, un bar sur les toits avec terrasse, ouverte selon la saison, et un salon raffiné. Un casino avait également été aménagé pour des clients bien particuliers et un espace était réservé pour le commerce de la Triade.

Feng se sentit immédiatement en sécurité en franchissant les portes où les gardes, nombreux et très bien armés, saluèrent le groupe avec respect et les guidèrent jusqu’à leur suite composée de plusieurs chambres, d’une cuisine, d’une salle à manger, d’un spacieux salon avec une vue sur Moscou et d’un espace gaming pour les joueurs.

Vous avez quartier libre, annonça Feng. Mais interdictions de quitter l’hôtel, ajouta-t-elle et ils acquiescèrent sans discuter.

Feng regarda Sacha s’installer à la table de la salle à manger pour travailler sur le nouveau programme de sécurité du repère, puis contempla à travers les imposantes fenêtres cette ville qui fut autrefois la sienne. Elle avait eu l’ambition d’y prospérer et d’y construire sa famille, mais aujourd’hui elle ne voyait que la noirceur dans les quartiers. Son père avait fait de Moscou une ville dangereuse et incertaine pour les habitants. Savoir qu’elle se trouvait qu’à quelques kilomètres de la mafia russe et donc de lui, lui donnait une nouvelle fois envie de fuir. Rien ne bon ne pouvait ressortir de ce séjour, Feng en avait parfaitement conscience. Surtout qu’elle s’inquiétait pour son organisation qui était en danger face à la menace que représentait la Triade 14K. Leurs Hommes pouvaient passer à l’action à tout instant, et le savoir ne faisait qu’accroître son envie de fuir, mais Dragon avait encore besoin de leur manageuse et elle devait s’assurer que sa fille allait bien. L’évidence s’imposa à elle : seule elle ne pouvait pas lutter, elle devait demander de l’aide, même si ça lui coûtait.

Elle posa sa main sur l’épaule de Sacha, lui indiqua qu’elle sortait téléphone et s’isola sur le toit de l’hôtel, puis composa le numéro du père de Shu-Fang.

- Shi Shen, se présenta-t-il.

- C’est Liu Feng. Êtes-vous seul ? J’ai à vous parler.

- Je vous écoute.

- Ce que je m’apprête à vous dire doit rester entre nous, prévint-elle d’une voix grave.

Shi Shen était un homme intelligent qui ne se laissait jamais intimider, toutefois il savait déceler la gravité d’une situation à travers la voix de son interlocuteur. Alors même si Feng le menaçait ouvertement, il accepta sa condition et l’écouta attentivement.

Feng avait conscience qu’elle ne pouvait pas exiger de but en blanc d’avoir des Hommes à sa disposition pour veiller à la sécurité de son organisation et de son repère. Elle devait lui fournir l’essentiel des informations, même si cela lui donnait l’impression d’être faible et ne pas avoir les compétences requises pour être marraine de la mafia.

- Que savez-vous sur la Triade 14K ?

- À l’heure actuelle, il s’agit de la Triade la plus importante et dangereuse.

- Avez-vous déjà eu affaire à eux ?

- Nous limitons au maximum d’interférer dans leurs affaires.

Feng hésita à raccrocher : elle ne pouvait pas mêler la Triade Huo à ses conflits, mais elle avait besoin d’aide et ils étaient les seuls à pouvoir lui porter assistance.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il franchement.

- Les enfants de Xue Yie, le propriétaire du garage, ont été enlevés quelques mois avant notre implantation à Shanghai, commença-t-elle. Nos recherches nous ont conduits jusqu’à la Triade 14K. Depuis nous collectons des informations sur leur organisation et nous les surveillons de loin.

- Ils vous ont repérés, en déduisit-il.

- En effet. J’ai reçu un coup de couteau comme premier avertissement, puis peu de temps après un lapin mort a été déposé dans une boîte devant notre repère, avoua-t-elle à regret.

Elle se disait marraine de la mafia Phénix, mais elle avait fait preuve d’une grande imprudence et avait mis toute son organisation en danger.

- Qu’attendez-vous de moi ?

- J’ai besoin d’hommes pour assurer la sécurité de Xue Yi, du repère et pour épauler mes Hommes. J’ai conscience de ce que je vous demande, mais vous comme moi savons la menace que représente la Triade 14K.

- Je vous fournirais les Hommes nécessaires, accepta-t-il pour le bien de leur alliance.

- Merci. Dites-moi si je peux faire quelque chose pour vous en échange.

- Entendu.

Elle s’apprêta à raccrocher, mais Shi Shen reprit la parole.

- Vous n’avez rien dit à Shu-Fang ?

- Vous êtes le seul à savoir, je ne veux pas le mêler à ça.

- Vous avez bien fait.

- Si nous avons terminé, je vais raccrocher.

- Une dernière chose : si vous m’autorisez à en parler avec l’Ancien nous pourrons davantage vous aider.

- Je vous y autorise tant que Shu-Fang reste en dehors de cette histoire. Surtout, ne compromettez pas l’avenir de la Triade Huo pour nous aider.

- Je vous tiens au courant.

Feng rangea son téléphone et s’appuya contre la rambarde soulagée d’un certain poids. L’avenir était incertain, les difficultés ne faisaient que commencer, mais avec le soutien de la Triade Huo elle pourrait faire face.

Elle prit une grande bouffée d’air frais, rajusta la manchette sur son bras tatoué et retourna dans la suite où l’odeur de la nourriture emplit l’air et fit gronder son estomac vide. Elle rejoignit la salle à manger et découvrit des plats divers et variés sur la table.

- À table ! s’exclama Lenny ses baguettes déjà à la main.

Ils rirent et s’installèrent pour partager ensemble ce repas. Feng interrogea d’un signe de tête Sacha assis en face d’elle et il acquiesça : le nouveau système de sécurité était terminé, il ne restait qu’à faire des tests et à la mettre en place.

Ils mangèrent dans la bonne humeur entre plaisanterie et discussions animées. L’atmosphère était conviviale, puis bien les joueurs évitaient quelque peu Shi Shu-Fang, mal à l’aise de sa présence.

Soudain, Feng prit un morceau de viande et le déposa dans le bol de Shu-Fang, assis à côté d’elle, suivis d’un brocoli, mais il l’arrêta avant que l’aliment ne touche son riz. Les conversations autour de la table s’arrêtèrent et les regards convergèrent vers eux.

- Tu n’aimes pas ça ? Prend ça alors, dit-elle en récupérant entre ses baguettes en morceau de salade, mais il refusa. Ça non plus ? s’offusqua-t-elle. C’est parce que c’est vert ?

Il rit de bon cœur, puis prit finalement la salade à l’aide de ses baguettes et la déposa dans le bol de Feng.

- Tu en as plus besoin que moi, dit-il en gardant ses yeux rivés aux siens.

Ming posa bruyamment ses baguettes sur la table, puis se leva en faisant grincer sa chaise et rejoignit sa chambre en claquant la porte. Le silence s’installa et les regards convergèrent inévitablement sur Feng et Shi Shu-Fang.

- Je vais aller le voir, annonça-t-elle finalement.

Elle se leva au prix d’une grimace dû à sa blessure qui la faisait souffrir à chaque mouvement, puis frappa plusieurs coups et entra dans la chambre de Ming sans attendre son approbation.

- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle calmement pour ne pas qu’il perçoive sa venue comme une agression.

- Rien, mentit-il en fixant la ville à travers la fenêtre.

- Ne garde pas ça pour toi, je vois à quel point ça te ronge. Tu peux me parler librement, lui assura-t-elle.

Il lui fit face, mais garda ses distances. Il passa sa main dans ses cheveux et soupira épuisé par la colère et la jalousie.

- Pourquoi est-ce qu’il est là ? demanda-t-il.

- Qui ?

- Shi Shu-Fang, grogna-t-il. Qu’est-ce qu’il fait ici ?

- Je l’ai déjà dit : il devait venir à Moscou pour des affaires personnelles.

- Arrête de mentir ! s’emporta-t-il. Il est clairement venu pour toi ! Ne vois-tu donc pas comment il te regarde, te tourne autour et t’observe continuellement ?

Le regard de Feng était devenu noir, mais Ming ne s’en soucia pas, il devait exprimer le fond de sa pensée et ce qu’il ressentait, car ça le rongeait.

- Vous sortez ensemble ? finit-il par demander.

- Non.

- Mais il y a quelque chose entre vous, je le vois, tout le monde le voit ! s’exclama-t-il avec toute la colère et la jalousie qui l’habitait.

- S’il se passe quelque chose, ça ne concerne que nous, souligna Feng froidement.

- Non, car tu nous l’imposes ! À l’instant, c’était une scène digne d’un drama.

- Dis-moi réellement ce que tu penses, exigea-t-elle.

- Je ne l’apprécie pas, je n’aime pas la façon dont il te regarde et te parle. Je n’aime pas te savoir si proche de lui et de voir que vous avez vos propres secrets ! déclara-t-il en laissant son coeur parler.

Feng se retint de soupirer face à cette crise de jalousie.

- Que tu ne l’apprécies pas est une chose, mais de là à faire une scène tu n’en fais pas un peu trop ? attisa-t-elle. Dis-moi la vraie raison.

Elle se doutait de la réponse, mais voulait qu’il le dise lui-même pour qu’ensuite il puisse passer à autre chose et de nouveau se concentrer uniquement sur la compétition.

- Parce que je suis amoureux de toi ! Parce que je t’aime ! avoua-t-il en plongeant son regard dans le sien.

Elle s’apprêta à lui expliquer qu’elle n’avait pas de tels sentiments pour lui et que de toute manière ce n’était pas convenable vu leur statut respectif, mais il ne lui laissa pas le temps de s’exprimer et l’embrassa avec désespoir. Elle voulut le repousser, mais sa force avait drastiquement diminué à cause de sa blessure, alors elle glissa sa main sur son couteau prête à le dégainer et lui trancher la gorge si cela s’avérait nécessaire.

La porte s’ouvrit avec fracas et un instant plus tard Ming fut propulsé violemment sur le lit. Feng essuya sa bouche avec dégoût, puis s’approcha du joueur et le gifla si fort que le bruit de sa main sur sa joue résonna dans toute la suite.

- Feng, je…

- Je ne veux pas t’entendre, le coupa-t-elle avec dédain. Parce que tu es le capitaine, tu peux faire tout ce que tu veux ?

- Non, je…

- LA FERME ! cria-t-elle. Je te préviens, je n’accepterais aucun dérapage de ta part, alors tu as intérêt de te ressaisir et vite !

Il baissa la tête, honteux de son comportement : jamais il n’avait voulu en arriver là, loin de lui l’idée de la blesser, mais il s’était laissé dévorer par ses émotions et maintenant il venait de tout gâcher.

Feng lui tourna le dos, referma la porte de la chambre et s’appuya contre celle-ci.

- Ça va ? s’inquiéta Shu-Fang.

Il avait quitté la table alerté par son instinct. En voyant Ming embrassé de force Feng, il l’avait immédiatement repoussé animé par la colère et le besoin de la protéger. Maintenant, seule l’inquiétude l’habitait alors qu’il regardait les forces de Feng l’abandonner.

- J’ai mal, se plaignit-elle en soulevant son haut où le sang coulait à travers le bandage.


Texte publié par Aihle S. Baye, 22 juin 2024 à 15h00
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