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Le vol se déroula s’en encombre. Feng put se reposer et récupérer de sa blessure, mais alors que l’avion entamait sa descente sur la piste d’atterrissage, l’appréhension la gagna, ignorant ce qui l’attendrait à la sortie. Ces parents savaient-ils qu’elle se trouvait dans le même pays qu’eux ? Elle en avait la certitude. Ils avaient un contrôle quasiment total de la Russie, rien ne leur échappait. Elle redoutait son séjour à Moscou, car s’ils mettaient la main sur elle, c’était une mort lente et extrêmement douloureuse qui l’attendait.

Ils descendirent de l’avion, récupérèrent leur bagage et prirent la direction du hall de l’aéroport de Domodedovo où une voiture les attendait sur le parking à l’entrée pour les emmener à l’hôtel. Feng marchait à côté des joueurs, mais s’arrêta brusquement en consultant la photo envoyée par Vitali sur son téléphone : une boîte avait été déposée devant l’atelier avec un lapin mort à l’intérieur et le symbole de la Triade 14K inscrite sur une carte tâchée du sang du pauvre animal. Immédiatement, elle composa le numéro de son premier fidèle.

- C’est arrivé quand ? l’interrogea-t-elle en russe.

- Personne ne sait, les caméras n’ont rien vu.

- Comment est-ce possible ? s’énerva-t-elle, attirant l’attention des joueurs, de Sacha et de Shi Shu-Fang.

- On cherche une explication. Je te mets sur haut-parleurs, lui indiqua-t-il.

Elle s’écarta du groupe et surtout de Shu-Fang.

- Valia ?

- Oui, Xenia.

- Les caméras ont-elles été piratées ?

- Je suis en train de vérifier, mais je mets du temps. Sacha irait sûrement plus vite que moi, avoua-t-elle tristement.

Feng fit signe à Sacha de la rejoindre et lui expliqua brièvement la situation. Aussitôt, il récupéra sa tablette, se connecta par un canal sécurisé aux caméras de surveillance de l’atelier et commença la vérification.

- Xue Yi a vu quelque chose ?

- Il n’était pas là, l’informa Valia.

- Vous étiez tous au sous-sol ?

- Arkadi et moi étions à la Triade Huo pour un entraînement, nous avons découvert le paquet en rentrant, lui expliqua Vitali.

- Les caméras ont été piratées, déclara Sacha à côté d’elle.

Il lui montra le moment où les images se mirent à tressauter une demi-seconde pour finalement se figer avant de revenir à la normale quelques minutes plus tard.

- Ont-ils pu accéder si facilement à notre canal sécurité ? l’interrogea Feng.

- Si ce sont des pros en informatique, oui sans problème. Notre système n’est pas à la pointe de la technologie, je l’ai amélioré, mais il est loin d’être impénétrable, avoua-t-il.

- Il faudra absolument y remédier de toute urgence, ordonna-t-elle.

- Je m’en occupe dès que nous sommes à l’hôtel.

- Valia vérifie les caméras des magasins et des rues alentour. Ils ont forcément été vus par l’une d’elles.

- À vos ordres ! s’exclama-t-elle avec entrain, heureuse de pouvoir se rendre utile.

- Obligation de sortir minimum à deux et prenez un couteau supplémentaire, leur ordonna Feng.

- C’était un avertissement, en déduisit Vitali.

- C’était le deuxième, rectifia-t-elle en posant sa main sur son flanc.

- Feng ! l’appela l’entraîneur Xie Tao. Nous devons y aller.

- Je dois y aller, soyez prudent et tenez-moi au courant.

Elle raccrocha et retourna auprès du groupe avec Sacha. Shu-Fang l’interrogea silencieusement, mais elle lui fit un sourire rassurant en guise de réponse. Elle ne pouvait pas lui expliquer, il s’agissait du combat de la mafia Phénix. Encore une fois, elle agissait de manière indigne à son statut de marraine de la mafia, mais elle ne pouvait pas le mêler à une telle guerre.

Le groupe traversa le hall de l’aéroport où de nombreux voyageurs guettaient les panneaux des vols à la recherche du leur. Lorsqu’ils atteignirent les portes, une voix féminine retentit couvrant l’agitation du lieu.

- XENIA !

Sacha releva la tête de sa tablette et examina les environs, imité par Shu-Fang.

- XENIA ! cria une femme en agitant les bras au-dessus de sa tête avec un grand sourire.

Feng, la main sur son couteau, la regarda approcher et attirer tous les regards sur elle.

- Anja, la salua-t-elle froidement.

- Comme ça me fait plaisir de te voir ici ! s’exclama-t-elle en russe. J’ai eu un doute en te voyais, mais c’est bien toi ! Je ne pensais pas que tu reviendrais en Russie, avoua-t-elle et Feng comprit immédiatement le message.

Anja était une chanteuse connue dans tout le pays, mais elle également membre de la mafia russe et probablement la personne la plus proche de sa mère. Si Feng avait encore eu des doutes, Anja venait de les dissiper : ses parents savaient qu’elle était ici.

- Qu’est-ce que tu deviens ? Tu as repris le patinage ? demanda-t-elle gaiement et Feng du se contenir pour ne pas lui trancher la gorge. Excuse-moi, tu ne peux plus patiner, j’avais oublié. Ça doit vraiment être dur, mais il semble que tu as trouvé ta place en Chine. Tu es dans l’esport maintenant, c’est ça ? C’est ton équipe ? Ils sont craquants ! Surtout celui-là, gloussa-t-elle en désignant Ming.

Feng essaya de conserver son calme, mais la pression qu’elle exerçait sur le manche de son couteau trahissait sa rage. Anja choisissait ses mots avec soins et lui faisait comprendre que malgré la distance ses parents gardaient continuellement un œil sur elle.

- Tu vas rendre visite à tes parents ? Ils seraient heureux de te voir j’en suis sûr ! Après tout, ils ne t’ont pas vu depuis longtemps, ça serait dommage de venir en séjour à Moscou et de ne pas leur rendre visite, souligna-t-elle en plongeant son regard bleu dans celui marron de Feng.

- Navré, le temps me manque, répondit-elle de nouveau maître de ses émotions, mais je ne manquerais pas de leur faire parvenir une jolie carte.

Anja ne se défit pas de son sourire alors que la lueur dans ses yeux faiblit. Elle se retira consciente qu’elle n’avait aucune chance face à Feng. Après tout elle n’était qu’un toutou bon à suivre les ordres et elle venait d’effectuer sa mission.

Feng échangea un regard avec Sacha conscient que leur séjour s’annonçait plus compliquer que prévu.