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tome 1, Chapitre 13 tome 1, Chapitre 13

Feng était de retour au QG de Dragon pour informer les joueurs sur les détails de leur départ pour la Russie.

- Un avion privé ? s’exclama l’un des joueurs.

Ming regarda sa manageuse avec perplexité : Dragon avait toujours pris des vols internationaux, en raison du budget restreint de la compagnie.

- Pourquoi ne prenons-nous pas un vol international ? demanda-t-il en la regardant avec méfiance.

Feng pratiqua une respiration diaphragmatique pour l’aider à harmoniser son rythme cardiaque et à contrôle ses émotions. Son statut de marraine imposait le respect et la soumission, mais auprès des joueurs elle n’avait que le statut de manageuse. Elle prit donc sur elle et afficha un joli sourire à Ming.

- L’avion appartient à la famille de l’idol Shi Shu-Fang, répondit le PDG Zhang Heng à la place de Feng.

- Pourquoi nous prêtent-ils leur avion ? interrogea un autre joueur.

- Shu-Fang nous accompagne en Russie, annonça-t-elle.

- Je croyais que tu ne voulais pas de lui comme représentant de Dragon, répliqua Ming avec dédain.

- C’est toujours le cas, répondit-elle sèchement en remontant inconsciemment la manchette sur son bras gauche.

- Alors pourquoi nous accompagne-t-il ? Ne fait-il pas partie d’un groupe ? N’a-t-il pas des obligations ?

La colère augmentait le débit de sa voix et bientôt il se mit presque à crier. Ming n’avait jamais apprécié Shi Shu-Fang. Il le considérait comme un homme égocentrique qui ne supportait pas que ses désires ne soient pas assouvis. Le voir tourner autour de sa manageuse l’enrageait. Que pouvait-elle lui trouver ? N’avait-elle pas conscience que c’était un homme qui ne prenait jamais rien au sérieux et qui la ferait assurément souffrir ?

- L’agence de 4to1 a octroyé des vacances au groupe, informa le PDG d’une voix calme, mais ferme.

- S’il ne vient pas pour des raisons professionnelles, pourquoi nous accompagne-t-il ? ajouta Ming guidé par la colère.

- Il doit se rendre en Russie pour des raisons personnelles et en ayant eu vent de notre séjour là-bas, il a proposé de mettre l’avion de sa famille à disposition de Dragon, expliqua le PDG plus sèchement.

- Des raisons personnelles, répéta Ming en fixant Feng.

- Si vous n’avez pas de question, la réunion est terminée, déclara-t-elle.

Ils commencèrent à ramasser leurs affaires et à se lever, mais Feng ajouta une dernière chose :

- Quel que soit votre ressentiment, il reste ici. Vous devez être concentré et je ne tolérais aucun égard de la part de qui que ce soit, avertit-elle en attardant son regard sur Ming. Est-ce bien compris ?

- Oui, répondirent-ils à l’unisson.

- Que se passe-t-il avec Ming ? demanda le PDG Zhang Heng une fois les joueurs sortis de la pièce.

- Je ne sais pas, il allait bien jusqu’à maintenant, répondit l’entraîneur Xie Tao. Peut-être du stress, je vais le surveiller.

- Liu Feng, il y a-t-il encore des choses de dernières minutes à régler ?

- Non, tout est prêt : j’ai fait le point avec Shi Shu-Fang

- Parfait. Je ne vous retiens pas plus longtemps. Bon vol et bonne chance pour la compétition, conclut le PDG.

Feng rejoignit sa chambre au deuxième étage pour y préparer ses affaires essentielles au voyage, y compris de l’argent et l’arme dissimulée derrière la grille d’aération. Elle ne prenait pas ce retour en Russie à la légère : son père était très dangereux, sans limites et déterminer à lui faire payer sa désertion. Elle souhaitait simplement profiter de sa nouvelle vie en Chine, mais pour y arriver elle allait devoir s’occuper de son passé.

Elle s’arrêta devant son miroir, retira sa manchette et regarda son tatouage : des chaînes de fer enroulaient son poignet et remontaient le long de son avant-bras pour signifier que sa vie appartenait à la mafia et que jamais elle ne pourrait en partir. Elles se rencontraient et formaient une large bande noire au niveau de son coude où la devise de la mafia avait été tatouée : « Par la lame nous vivons, par la lame nous mourrons. ». Au-dessus, une autre bande noire était accompagnée d’un symbole attestant de son statut de marraine. Le tatouage s’arrêtait initialement là, mais si le grade était voué à évoluer une nouvelle bande était ajoutée avec le symbole associé.

Feng, ayant quitté la mafia russe pour créer sa propre organisation, avait complété son tatouage par de nouvelles chaînes qui atteignaient son épaule et qui s’estompaient au niveau de son coeur pour laisser place à un imposant Phénix aux ailes déployées dont les couleurs orange, jaune et rouge lui conféraient de la puissance. Puis le réalisme du dessin donnait l’impression qu’il allait prendre son envole. Elle était fière de l’arborer, car il reflétait son passé, son présent et son futur.

Feng ressentit un besoin saisissant de sortir de cette chambre et de se reconnecter à sa véritable vie. Elle quitta précipitamment le QG de Dragon par la porte de derrière et rejoignit l’usine désaffectée au sud du district Xuhui où des matchs clandestins se jouaient. Elle s’approcha de l’organisatrice, lui donna une liasse de billets et alla échauffer ses muscles en frappant l’air de ses poings, puis lorsque son nom retentit elle prit place dans le cercle.

Son adversaire était un homme guère plus grand qu’elle, mais très musclé et en l’analysant elle sut qu’elle n’était pas en mesure de rivaliser en termes de force de frappe : sa seule chance était de jouer sur la rapidité et l’endurance. Ce match risquait d’être plus compliqué qu’elle l’avait prévu, mais une chose était sûre : elle partirait victorieuse.

Ils commencèrent par se tourner autour, puis l’homme s’avança brusquement et lui donna un coup de poing dans l’abdomen. Feng recula, pliée en deux et le visage marqué par la douleur. Elle retrouva difficilement sa respiration et se remit en position. Elle esquiva plusieurs tentatives de son adversaire, puis accéléra le rythme et s’approcha de lui pour attaquer ses points vitaux : sa tempe, sa lèvre supérieure, son menton, son plexus solaire ou ses organes génitaux. Elle réussit à le frapper au plexus, il accusa le coup et recula essouffler. Feng profita de ce moment de faiblesse pour continuer d’attaquer, mais au moment où son poing allait atteindre sa mâchoire elle vit la lame dans sa main droite. Elle n’eut pas le temps de réagir et sentit le couteau lui transpercer la chair de son flanc et lui arracher un grognement de douleur.

Elle sourit à l’homme les yeux brillants d’une lueur féroce, puis rassembla sa rage dans son poing et le frappa à la mâchoire. Il lâcha le couteau et s'effondra sur le sol inconscient. Feng retira l’arme de son abdomen et appuya fermement avec ses mains pour arrêter l’hémorragie, tandis que la foule cria son approbation. Elle s’approcha de l’organisateur, récupéra son argent et repartit en titubant.


Texte publié par Aihle S. Baye, 15 juin 2024 à 15h42
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