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tome 1, Chapitre 8 tome 1, Chapitre 8

Le lendemain matin, à huit d’heures cinquante, la voiture déposa Feng et le PDG Zhang Heng devant le siège de la Fédération d’esport de Shanghai. Ils firent face à une horde de journalistes armés de leur imposant appareil photo et de leur micro sur lequel était inscrit le nom de leur chaine de télévision. Feng resta en alerte, sa main prête à dégainer son couteau aux premiers signes d’une menace pouvant lui ôter la vie : la foule était le meilleur moyen pour agir en toute discrétion. Les agents de sécurité réussirent à s'imposer et créer un passage jusqu’au bâtiment.

Dans le hall, deux personnes les accueillirent et les guidèrent jusqu’à la salle de réunion au quarante-huitième étage, où attendaient les dirigeants de la Fédération.

- Commençons, dit un homme en désignant deux sièges où s’assirent Feng et le PDG Zhang Heng après de respectueuses salutations.

Ils relatèrent les faits de l’incident dans les moindres détails, puis justifièrent chacune des décisions prises, et la Fédération statua sur le sort de l’équipe : Dragon ne serait pas sanctionné pour les méfaits d’un joueur. Feng savait que l’intervention Shi Shu-Fang avait eu un impact dans leur décision.

- Concernant le joueur Warren Fisher, nous souhaiterions connaître la sanction que vous envisagez Liu Feng.

La manageuse de l’équipe regarda le PDG Zhang Heng : étant son supérieur, elle devait respecter les codes de la hiérarchie et obtenir son accord pour prendre la parole dans une telle situation.

- Warren est un très jeune joueur, commença-t-elle sous l’oeil confiant du PDG. Il manque d’expérience dans le milieu, mais il n’est pas dénué de compétences. Il fera assurément une très belle carrière, affirma-t-elle avec sérieux et professionnalisme. Après avoir analysé la situation et discuté avec lui, la meilleure solution semble de le suspendre pour le reste de la saison.

- Pouvez-vous nous expliquer le choix d’une telle décision ? Pourquoi ne pas avoir opté pour une suspension temporaire, comme pour la victime : Sun Guiying ?

La Fédération essayait de la tester pour évaluer sa capacité à réagir sous la pression. Intérieurement elle jubilait : comme si un tel incident pouvait la faire trembler. Ils étaient loin de se douter de la vie qu’elle menait.

- Il est important qu’il comprenne les répercussions que ses actes ont sur l’équipe, reprit-elle avec assurance. Si Dragon est éliminé au prochain match, Warren n’aura pas le temps de comprendre cette leçon.

- Avez-vous envisagé qu’il puisse décider d’arrêter sa carrière à la suite de cette longue période sans jouer ?

- Je l’ai envisagé. Toutefois, l’équipe l’accompagnera tout au long du processus. Il doit gagner en maturité et pour se faire il doit comprendre qu’il n’est plus le jeune garçon qui jouait seul dans sa chambre. Aujourd’hui, il a une équipe et des coéquipiers qui comptent sur lui.

- Il manquera un joueur pour participer à la compétition, en avez-vous conscience ?

- Bien sûr, je m’y suis préparée, répondit Feng en contrôlant ses émotions pour ne pas manquer de respect aux dirigeants de la Fédération.

- Nous vous remercions. Nous allons délibérer sur la décision à prendre, veuillez patienter un instant.

Ils se levèrent et s’enfermèrent dans la pièce adjacente insonorisée et dépourvue de fenêtres.

- Vous pouvez être fière de vous, Liu Feng.

- Merci, PDG Zhang Heng, répondit-elle en s’inclinant légèrement.

- Rassurez-vous, vous les avez convaincus, ils se sont isolés pour la forme, affirma-t-il.

Quelques minutes plus tard, ils reprirent leur place avec un sourire supérieur que Feng aurait aimé leur faire ravaler.

- Nous avons tenu compte de votre point de vue en tant que manageuse de Dragon et nous décisions de suivre votre jugement, déclara la femme. Nous suspendons Warren Fisher pour le reste de la saison. Vous devrez donc trouver un nouveau joueur avant le prochain match de Dragon sous peine d’être disqualifié.

Feng et le PDG Zhang Heng les remercièrent, s’inclinèrent respectueusement, puis reprirent l’ascenseur jusqu’au hall du bâtiment en silence : l’incident était clos, la quarantaine du QG allait pouvoir être levée.

- Je m’occupe d’eux, dit Zhang Heng en désignant les journalistes qui attendaient impatiemment. Je vous donne votre journée, allez-vous reposer.

- Merci, s’inclina Feng.

Elle laissa le PDG aux mains des journalistes et rejoignit discrètement Vitali et Arkadi deux rues plus loin.

- Vous avez remarqué des choses suspectent ? leur demanda-t-elle en arrivant à leur hauteur.

- Tout est calme, répondit son premier fidèle au moment où un fourgon noir s’arrêta brusquement à côté d’eux.

Ils empoignèrent leur couteau, prêt à se battre jusqu’à la mort, mais Feng leur ordonna de se calmer lorsque la porte coulissa et dévoila Shi Shu-Fang.

- Montez.

Ils montèrent et vérifièrent par instinct autour d’eux avant de refermer la portière. Shi Shu-Fang informa le chauffeur qu’ils pouvaient repartir, puis le silence s’installa. Vitali et Arkadi l’observaient avec méfiance, prêts à la tuer si la situation l’exigeait. Feng les comprenait et au fond elle-même restait sur ses gardes.

Ils pénétrèrent dans un quartier traditionnel du district de Xuhui connu pour son fort taux de criminalité où hommes et femmes sortaient toujours armé en ornant fièrement le symbole de leur Triade. Le fourgon s’arrêta devant une lourde porte rouge gravée de divers symboles chinois. Deux hommes s’approchèrent de la fenêtre ouverte du conducteur et prirent le laissez-passer en bois gravé d’une flamme qui leur tendait. Feng avait à peine eu le temps de l’apercevoir et aurait aimé l’admirer, mais un tel privilège n’était pas accordé aux inconnus.

- Ouvrez ! ordonna un des gardes.

Le chauffeur les remercia et alla se garer sur le parking auprès d’autres voitures noires blindées. Ils descendirent et Shi Shu-Fang les emmena jusqu’à une arche qui desservait une grande place où des hommes et des femmes s’entraînaient aux arts martiaux et aux maniements d’armes.

Feng prit le temps d’observer leur repère et s’imprégner de la puissance des lieux à la hauteur de la notoriété de l’organisation : les bâtiments avaient été construits dans un style architectural rappelant l’ancienne Chine. Le rouge dans ses diverses intensités donnait du caractère aux lieux et octroyait un sentiment de toute puissance. Leur repère dégageait un sentiment sécurisant pour Feng, comme si elle y était parfaitement à sa place.

Shi Shu-Fang les firent traverser la place, interrompant l’entraînement en cours, et rejoignit le bâtiment orné d’une imposante pancarte en bois où avait gravé à la main « Le Hall du feu ardent ». Il s’agissait de l’édifice principal, le coeur de la Triade.

Feng admirait les lieux avec émerveillement : très loin de l’imposant immeuble dans lequel elle avait grandi. Quant à Vitali et Arkadi, ils étaient incapables d’apprécier les lieux en raison de la menace qui pouvait surgir à tout instant : mentalement ils étaient prêts à risquer leur vie pour assurer la sécurité de leur marraine.

Une porte coulissante s’ouvrit sur la gauche : un homme et une femme d’un âge avancé, accompagnés d’un autre couple, prirent place devant les invités. Les gardes présents et Shi Shu-Fang s’inclinèrent respectueusement, imités par Feng et ses hommes. Le vieil homme fit un geste de la main et les gardes se retirèrent silencieusement.

- L’Ancien, Shi Yue-Yan : le Tak khunn de la Triade Huo, présenta Shi Shu-Fang à la mafia Phénix qui s’inclina avec le plus grand respect.

Avant son arrivée en Chine, Feng s’était renseigné sur les coutumes et les pratiques des Triades : le Tak khunn signifiait « Tête de Dragon » et représentait l’homme le plus puissant et influant de l’organisation.

- Sa femme, Shi Wen.

Elle leur sourit avec douceur et bienveillance. Toutefois, Feng ne se laissa pas duper : même si il émanait d’elle une grande gentillesse, elle restait la femme du chef de la plus influente Triade de la ville.

- Shi Shen, leur fils et bâton rouge de la Triade.

Elle l’observa et s’inclina plus que nécessaire, consciente de l’aide qui pourrait lui apporter pour le bon déroulé de son plan. En tant que bâton rouge, Shi Shen était chargé du respect de la loi au sein de la Triade et également spécialiste en arts martiaux.

- Sa femme, Shi Wan, termina Shi Shu-Fang.

- Xenia von Keyserling, marraine de la mafia Phénix, se présenta-t-elle à son tour en retirant la manchette pour dévoiler le tatouage de son bras gauche. Liu Feng, de mon nom chinois. Vitali, mon premier fidèle, et Arkadi.

Les deux hommes dévoilèrent à leur tour leur tatouage et saluèrent la Triade Huo qui répondit avec respect. Le chef s’avança, puis tendit son bras. Feng le saisit et ensemble ils conclurent leur alliance.

- Liu Feng, vous pouvez compter sur mes hommes pour vous accompagner.

- Merci, s’inclina-t-elle. La mafia Phénix se tient à votre disposition.

- Ce sont vos renseignements dont nous avons le plus besoin, précisa-t-il sous le regard interrogateur de Feng. Mon petit-fils a insisté pour vous assister, il vous expliquera de que nous attendons de vous.

Elle se tourna vers Shi Shu-Fang qui esquissa un début de sourire.

- Liu Feng, l’appela Shi Wan. Si votre organisation rencontre le moindre problème avec la justice, contactez-moi, dit-elle en lui donnant sa carte d’avocate qu’elle accepta à deux mains.

Le chef de la Triade remercia la mafia Phénix pour sa venue et se retira dans ses quartiers mettant fin à cette brève entrevue. Feng et ses hommes s’inclinèrent devant le reste de la famille, puis replacèrent leur manchette sur leur bras et suivirent Shi Shu-Fang à l’extérieur.

- Xenia, mon contacte veut me voir, informa Arkadi en russe alors qu’ils retournaient sur le parking.

- Quelle marchandise ?

- Cocaïne.

- Je peux vous fournir des hommes, proposa Shi Shu-Fang en russe à la surprise générale.

Feng lui fit un signe de tête entendu, puis ordonna à Vitali de l’accompagner et de passer par l’atelier pour s’équiper. Ils acquiescèrent, Arkadi confirma le rendez-vous auprès de son contact et Shi Shu-Fang fit signe à deux de ses hommes de les accompagner.

- Xenia ? l’appela Vitali. Que vas-tu faire ?

- Déjeuner, répondit Shu-Fang. Nous devons discuter affaires.

Vitali serra les dents, il ne faisait pas confiance au maître des encens et ne voyait pas cette alliance d’un très bon œil. Feng le regarda froidement : elle ne tolérerait aucun manque de respect susceptible de créer des conflits avec la Triade Huo. Il baissa la tête et monta dans le véhicule blindé à la suite d’Arkadi et des hommes de Shi Shu-Fang.


Texte publié par Aihle S. Baye, 8 juin 2024 à 11h49
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