Valia fit apparaître sur les écrans le casier judiciaire de Sun Guiying et la photo prise de son torse où, à l’emplacement de son coeur, le symbole de son affiliation à la Triade Huo avait été tatoué. Le silence s’installa dans le poste de sécurité alors qu’ils imaginaient déjà une guerre entre la mafia Phénix et la Triade Huo. Ils fixèrent la retransmission des caméras de surveillance dans l’attente de voir les véhicules blinder de la Triade arriver remplis d’Hommes venus les décimer. Il ne restera d’eux qu’un murmure lointain qui finirait tôt ou tard par s’estomper jusqu’à ne plus exister.
- Valia, commença Feng en libérant ses Hommes de leurs pensées, surveille les réseaux, aux moindres commentaires suspects, tu me préviens.
- À vos ordres, répondit-elle en se remettant au travail.
- Arkadi, tu maintiens le rendez-vous de ce soir. Nous verrons comment évolue la situation, mais si j’estime que c’est trop risqué, tu annuleras.
- Bien.
- Sacha, es-tu connecté aux caméras du QG de Dragon ?
- Oui.
- Garde un œil dessus, certains pourraient profiter de la situation, lui ordonna-t-elle et il se mit immédiatement à l’oeuvre.
Malgré la situation et les conséquences qui pouvaient en découler, Feng gardait la tête froide et donnait des ordres avec assurance. C’était dans ces moments là que son instinct de dirigeante faisait pleinement surface et prouvait à quiconque en doutait qu’elle était faite pour être à la tête d’une organisation mafieuse.
- Va te changer, dit-elle en se tournant vers son premier fidèle, tu m’accompagnes.
Vitali prit l’ordre et quitta le poste de sécurité.
- Arkadi, sors-lui un QSZ-92.
- Bien.
Feng remit sa casquette, son masque, replaça sa manchette sur son bras gauche et vérifia son couteau, puis Vitali la rejoignit vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche.
- Il serait peut-être plus prudent qu’Arkadi vienne également, suggéra-t-il en prenant l’arme qui lui tendait.
- Non, répondit Feng. Cela serait vu comme un signe de faiblesse.
- Attendez ! surgit soudainement Sacha en leur donnant à chacun une oreillette.
Ils la placèrent et vérifièrent qu’elles fonctionnaient, puis remontèrent à la surface et quittèrent leur repère à bord d’une berline noire renforcée.
- Quels sont les ordres une fois sur place ? demanda Vitali en s’insérant sur la route principale.
- La sécurité a sûrement été renforcée dans le bâtiment de Dragon, tu agiras donc comme un employé venu en renfort. Si tu repères une menace, préviens-moi, mais n’interviens pas.
- Penses-tu que des organisations profiteront de la situation ?
- Possible et je préfère être prudente : la protection de la famille Shi ne tient peut-être plus.
Vitali garda le silence et continua de rouler jusqu’au QG de Dragon pris d’assaut par les journalistes.
- Une dernière chose : dès l’instant où nous quittons cette voiture, je ne veux plus entendre un seul mot russe, avertit-elle alors que la voiture s’engagea dans le parking souterrain.
- Compris.
Ils entrèrent par la porte de derrière et Vitali alla se placer à l’entrée pour épauler les autres agents de sécurité en difficulté face à la foule de journalistes. Feng rejoignit le hall où les joueurs et l’entraîneur attendaient dans l’espace salon.
- Feng, tu…
- Tout le monde dans la salle de réunion ! ordonna-t-elle, mais aucun d’eux ne bougea. TOUT DE SUITE !
Ils sautèrent sur leur pied et se précipitèrent dans la salle de réunion, suivie de l’entraîneur et du PDG qui venait d’arriver.
Feng scruta avec férocité chaque joueur assis autour de la table, puis arrêta son regard sur le plus jeune joueur : Warren.
- As-tu conscience de ce que tu viens de faire ?
Le silence lui répondit. Tous retenaient leur respiration et aucun n’osait bouger au risque de se faire foudroyer par leur manageuse.
- C’est à toi que je parle Warren ! REGARDE-MOI ! s’exclama-t-elle avec colère en abattant sa main sur la table.
- Jiějiě, je…je suis désolé…
- Voilà qui arrange tout ! ironisa-t-elle.
- Jiějiě…je suis sincèrement désolé…
- Te rends-tu seulement compte de ce que tu viens de faire ?
- Oui, je sais…
- Non tu ne sais pas ! s’énerva-t-elle. Tu as encore une fois agi sans penser aux conséquences !
- Feng, calme-toi, intervint Ming, le capitaine de l’équipe, en posant sa main sur son bras dans l’espoir de l’apaiser.
Elle posa ses mains sur la table et prit une grande inspiration pour faire le vide dans son esprit, puis se redressa en ajustant sa manchette.
- Il faut que chacun d’entre vous prenne conscience de l’impact que vos agissements ont sur vous-même et surtout sur l’équipe, reprit-elle d’une voix calme. Je vais arranger au mieux les choses et limiter les dégâts, mais il faudra se tenir prêt, les conséquences pour l’équipe pourraient être désastreuses.
Elles pourraient également l’être pour elle et son organisation.
Le silence plana, ils se regardèrent et comprirent que c’était peut-être la dernière fois qu’ils se retrouvaient tous réunis ici.
- En tant que manageuse, c’est à moi de prendre les décisions qui s’imposent pour faire face à cette crise. Ainsi, j’ordonne la quarantaine du centre.
Elle se tourna vers le PDG Zhang Heng qui appuya sa décision d’un signe de tête. Elle n’avait pas le choix : elle devait minimiser les risques d’attaques de la part des Triades. Tant qu’elle n’avait pas pris contact avec Shi Shu-Fang, elle devait s’attendre au pire.
- Une quarantaine ? répéta Lenny.
- À partir de maintenant plus personne ne sort du bâtiment sans mon autorisation et aucune exception ne sera faite. Laissez-moi agir, je vais faire mon possible pour gérer la situation.
- Mais que faisons-nous ?
- On continue de s’entraîner, on travaille nos stratégies, voilà ce qu’on fait, répondit Ming.
- Allons-y, conclut le PDG en quittant la salle de réunion, imité par les autres.
- Warren, reste ici j’ai encore à te parler.
Le jeune allemand de vingt-deux ans habituellement si sûr et fier de lui était à présent méconnaissable. Il se rassit, penaud, sans oser croiser le regard de sa mangeuse.
- Pourquoi l’as-tu battu au point de vouloir le tuer ?
Il prit sa tête entre ses mains, la situation échappait à son contrôle et il ne savait pas comment agir. La scène avait eu lieu la veille au soir et naïvement il avait pensé qu’aucune vidéo ne sortirait.
- Il faut que je sache, insista Feng.
- Ma petite-amie…ce porc était en train de la tripoter, il allait la violer ! s’énerva-t-il. Je devais agir.
- Il y a d’autres manières d’agir, Warren. Je comprends pourquoi tu l’as fait, mais tu viens de mettre Dragon en danger.
- Je n’ai pas réfléchi…
La peur faisait ressortir son accent allemand au point que Feng peinait à le comprendre.
- Quelles seront les conséquences ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas, dans le meilleur des cas tu seras seulement suspendu pour le reste de la compétition ou peut-être de la saison entière.
- Et dans le pire des cas ?
Feng soupira, elle voyait dans ses yeux bleus qu’il connaissait déjà une partie de la réponse.
- L’équipe sera exclue de la compétition, votre réputation réduite à néant, et la structure pourra même être dissoute.
Un poids énorme s’abattit sur ses épaules et fit disparaître les dernières lueurs de fierté et d’arrogance qui constituaient sa personnalité, même son grand sourire contagieux s’était évaporé et Feng doutait de le revoir un jour. Le Warren que l’équipe et le public avaient toujours connu venait de disparaître.
Elle devait rapidement régler la situation aussi bien pour Warren que pour Dragon ou son organisation, mais elle avait conscience que des pertes étaient inévitables.
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