Il était une fois, dans un royaume au fond des abysses, vivait le Roi Triton. Ce roi avait six filles qui faisaient la fierté de leur vieux père. Bien que plus belles les unes que les autres, la petite dernière, qui avait pour nom Arielle, était celle dont la beauté était la plus prononcée. Mais attention, la petite sirène n’était pas juste très belle. Elle était dotée d’autres qualités, plus importantes encore qu’une plastique agréable à l'œil. La jeune femme était généreuse, empathique et ne pouvait supporter de la moindre injustice. Mais, de par sa jeunesse, elle avait également un certain côté rebelle, farouchement indépendante, mais aussi impulsive. Elle n’avait pas encore atteint la sagesse offerte par les ans.
En plus de leur père, les princesses vivaient avec leur grand-mère, qui s’efforçait au mieux de remplacer la mère des princesses qui était décédée peu après la naissance de la plus jeune. Leur aïeule, chaque soir tout le long de leur enfance, leur racontait pleins d’histoires sur la surface, à la grande joie des petites princesses qui s’émerveillaient face à ces récits sur le monde par-delà les mers. Arielle, à l’écoute de ces fables sur les Surfaciens, ne pouvait réfréner son impatience d’atteindre sa quinzième année, âge à partir duquel elle pourrait assouvir sa curiosité dévorante sur ce peuple qui ne manquait pas de la fasciner.
Au fil des ans, ses sœurs épièrent les unes après les autres certaines scènes de la vie du peuple de la Terre. Arielle, au retour de chacune d’entre elles, prenait plaisir à écouter leurs observations. Elle n’en pouvait plus d’impatience d’attendre que vint, enfin, son tour de rejoindre la surface afin de pouvoir voir par elle-même la vie de ces êtres qui, depuis toujours, exerçaient sur elle une certaine fascination.
Finalement, après des années à réfréner sa curiosité tant bien que mal, Arielle finit par atteindre son quinzième anniversaire. Obtenant, de ce fait, le droit d’approcher la Surface et, ainsi, de pouvoir observer par elle-même ce peuple mystérieux. La fête commémorant son passage à l’âge adulte venait à peine de prendre fin, que la petite sirène s’empressa de fendre les flots jusqu’à atteindre la Surface. N’écoutant même pas les dernières mises en garde de son père sur les dangers inhérents de ce nouveau monde qui s’ouvrait, enfin, à elle.
Quand la tête d’Arielle perça la surface, la petite sirène s’émerveilla devant la majesté du coucher de soleil sur la mer : l’orangé du ciel entourant la sphère stellaire, la réverbération de l’eau, le dégradé de bleu au-delà de la ligne d’horizon. La jeune femme était émerveillée à la vue de ce spectacle féérique. C’est ainsi que, jour après jour, sans se lasser, Arielle remontait à la surface afin de pouvoir assister à cette vision grandiose.
Mais, un jour, alors qu’elle perçait la surface de l’eau, elle put voir une vision différente. La mer, contrairement aux autres fois, était agitée. Des vagues gigantesques venaient remonter haut dans le ciel, les nuages étaient si denses et si noirs, que la princesse ne put assister au spectacle attendu. Une petite île étrange, qui n’était pas là les fois précédentes, était ballottée par la colère des flots. Cette île singulière était toute en bois, d’étranges formes blanches étaient martyrisées par la violence du vent. Arielle pouvait voir, au-dessus de cette île étrange, des Surfaciens courir en tous sens.
C’est bien parce que la petite sirène, dont la curiosité avait été titillée par l’étrange vision, regardait attentivement dans cette direction qu’elle put voir une silhouette tomber à la mer. Avant même d’y avoir réfléchi à deux fois, Arielle replongea sous les flots et nagea en direction du Surfacien qui avait amerri sous ses yeux. Car, d’après les histoires de Grand-Ma, les Surfaciens ne pouvaient pas respirer sous l’eau, contrairement à elle qui pouvait à la fois respirer sous l’eau et à la surface.
La jeune femme prit le corps du Surfacien à bras le corps puis, d’un puissant coup de queue, creva la surface. Mais elle était trop loin de l’étrange île. Et l’homme qu’elle essayait de sauver était plus lourd qu’elle ne l’avait imaginé. D’autant plus que, inconscient, il ne pouvait l’aider à avancer et constituait un poids mort. Arielle se laissa donc balloter par les flots avec son fardeau, faisant attention de maintenir la tête de son protégé hors de l’eau.
Par chance, elle finit par atteindre une île non nomade, où elle put allonger le corps inconscient de l’homme qu’elle venait de sauver. Assurée qu’il serait sauf, la petite sirène prit enfin le temps de l’observer afin d’assouvir sa curiosité. Le Surfacien avait un aspect plutôt jeune, imberbe. Le haut de son corps ressemblait beaucoup à celui des tritons, la différence commençant à partir de la taille. A la place d’une belle et puissante queue de poisson, il avait deux membres assez étranges, qui ressemblaient d’une certaine manière un peu à des bras mais en plus longs et plus épais.
Entendant du bruit, la petite sirène replongea dans la mer et, se cachant derrière un rocher, observa le sauvetage terrestre du Surfacien. Un groupe de Surfaciennes l’entoura soudainement et, celle qui semblait avoir autorité au sein du petit groupe ordonna à une petite Surfacienne d’aller quérir du secours. Momentanément rassérénée sur le devenir immédiat de l’homme, Arielle fit demi-tour et retourna au Palais de son père.
Les jours passèrent, la princesse des Mers ne pouvait s’empêcher de penser à l’inconnu qu’elle avait sauvé. Allait-il vraiment bien ? Avait-il vraiment pu survivre à son séjour en mer ? La petite sirène ne pouvait détourner ses pensées du bien-être de l’homme qu’elle avait sauvé. C’est ainsi que, n’en pouvant plus et souhaitant dissoudre son inquiétude, elle prit une terrible décision. Elle nagea jusqu’au repaire de la sorcière des Mers afin de lui soumettre un souhait : lui permettre de se déplacer sur la Terre ferme afin de pouvoir s'enquérir, une bonne fois pour toutes, de l’état de santé du Surfacien. Et, ainsi, pouvoir apaiser son inquiétude à l’égard de l’inconnu.
Quand elle arriva au repaire de la sorcière, Arielle ne put s’empêcher de regarder autour d’elle, curieuse. Au moment où elle vit celle qu’elle était venue voir, la petite sirène fut surprise. La sorcière des Mers semblait à peine plus vieille qu’elle et, contrairement aux rumeurs, avait une apparence normale. Même si, Arielle se permettait de penser jusque-là, la sorcière était plutôt jolie. Et son expression était loin de la cruauté que les rumeurs sur son compte lui prêtaient. La sorcière avait une expression calme, posée. Un air de tristesse et de solitude émanait d’elle. Après que la princesse lui eut fait part de son souhait, voici ce que son interlocutrice lui répondit :
- Je peux te rendre humaine, mais sous certaines conditions. Si, au bout d'une semaine à la Surface, tu n’as pas trouvé l’Amour et épousé celui-ci, alors tu deviendras mienne. Dans le cas où tu romprais notre accord sans mon consentement, tu te changeras en écume. Es-tu sûre, dans ces conditions, de vouloir accepter ce marché ? Réfléchis bien, car une fois que tu auras accepté, tu ne pourras plus retourner en arrière. Tu devras soit trouver l’Amour à la Surface, soit me revenir.
Arielle hésita, mais voyant la lueur d’espoir dans les yeux de son interlocutrice, n’eut pas le cœur de refuser. Même si, ainsi, elle renonçait pour toujours à sa famille et sceller son destin. Mais elle n’éprouva nul regret. La jeune femme était persuadée d’avoir pris la bonne décision, en voyant la joie dans le regard de la sorcière à l’idée de la fin de sa solitude prochaine.
La sorcière lui tourna le dos et, prenant diverses algues et coquillages, concocta une potion qu’elle lui tendit ensuite. Tandis qu’Arielle allait s’emparer de la petite bouteille, la sorcière la regarda dans les yeux et la mit en garde :
- Attention toutefois. Une fois que tu seras humaine, tu ne pourras plus respirer sous l’eau. Attends donc d’avoir atteint la surface, sous peine de mourir noyée.
La petite sirène acquiesça en la remerciant, prenant note de la mise en garde. Puis, serrant précieusement le philtre contre son cœur, la princesse fit volte face et fila d’un puissant coup de queue vers la surface. Arrivée sur la plage où, quelques jours plus tôt, elle avait emmené son protégé, Arielle déboucha la bouteille et la but cul sec. Ne prenant pas le temps d’une réflexion supplémentaire.
D'abord, il ne se passa rien. La sirène crut bien que la sorcière s’était moquée d’elle. Puis, peu à peu, elle sentit une brûlure s'emparer de sa queue, qui se scinda en deux. Quand la sensation disparut, la jeune femme avait une apparence tout à fait humaine. Mais elle fit alors face à un détail imprévu. C’est qu’elle était totalement nue.
Alors qu’elle réfléchissait à comment elle allait procéder, maintenant qu’elle pouvait se déplacer sur terre, elle entendit un étrange grondement au loin. Levant la tête, elle vit une étrange bête accourir vers elle : il se déplaçait à quatre pattes, était intégralement recouvert de poils, et quand il ouvrait sa gueule, il découvrait par la même occasion des dents très aiguisées.
Prenant peur face à cet étrange animal, Arielle essaya de se lever mais, faute d’habitude, ne parvint pas à se tenir debout et s’écroula dans le sable. La faisant réévaluer par le même temps sa capacité à se déplacer à la manière des Surfaciens. N’ayant pas d’autre choix, elle rampa à l’aide de ses bras afin d’essayer de se mettre à l’abri. Mais en pure perte, l’animal arrivant plus vite sur elle qu’elle ne parvenait à se traîner tant bien que mal au sol. Heureusement, un homme vint la sauver en retenant et calmant l’animal. Celui-ci s’assit sur son arrière-train et, la langue pendante, ne fit plus mine de bouger.
Arielle, une fois sûre de ne plus risquer de se faire attaquer, prêta alors attention à son sauveur. Et là, elle fut surprise ! C’était le Surfacien qu’elle avait sauvé ! Ainsi, il s’était bien remis de sa mésaventure ! Le jeune homme, lui, quand il constata l’état de nudité de la jeune femme, rougit puis, galamment, lui prêta sa chemise afin qu’elle puisse se couvrir.
Quand le jeune homme lui demanda ce qui lui était arrivé, l’ancienne sirène ne sut que lui dire. Effectivement, elle ne pouvait pas lui dire la vérité, il y avait peu de chance qu’il la croit. Se méprenant sur son silence, le jeune homme la crut amnésique. Cette croyance épargnant à Arielle la peine de s'expliquer, elle ne prit donc pas la peine de le contredire. Soucieux, surtout en constatant qu’elle n’arrivait pas à marcher, le Surfacien lui proposa de l’emmener chez lui afin qu’elle puisse se reposer et être examinée par un médecin. La jeune femme ayant rapidement acceptée, elle se retrouva dans les bras de l’inconnu qui la ramena jusqu’à un palais terrestre où elle apprit qu’il était le prince du royaume.
La jeune femme fut introduite auprès du roi et de la reine qui, compatissant à son histoire, acceptèrent bien volontiers de l’héberger. La mère de son sauveur, ayant à peu de chose près les mêmes mensurations qu’elle, lui prêta des toilettes afin qu’elle puisse se vêtir plus décemment qu’avec la chemise de son fils.
Arielle apprécia beaucoup son séjour auprès des Surfaciens, se liant d’amitié avec le prince. Elle fut triste quand, finalement, la semaine que lui avait accordé la sorcière fut écoulée et qu’elle dut rejoindre la mer. Elle se promit de demander à la sorcière de lui accorder le droit de revenir sur terre afin de pouvoir revoir son ami.
Le dernier jour, au coucher du soleil, Arielle se dévêtit sur la plage puis, une fois nue, elle plongea dans l’eau. Sitôt qu’elle fut sous l’eau, la transformation inverse se produisit : ces deux jambes fusionnèrent et laissèrent la place à sa queue de poisson. Puis, d’un puissant coup de queue sous l’eau, la sirène s’empressa de rejoindre sa nouvelle compagne. Pressée de partager avec elle son expérience terrestre. Quand le prince, quelques heures plus tard, marcha sur la plage, il ne trouva comme preuve de son passage éclair dans sa vie que les habits prêtés à cette mystérieuse inconnue par sa mère, la reine.
Pendant ce temps, Arielle atteignait la caverne de la sorcière des mers. Celle-ci l'accueillit chez elle avec un sourire ravi. Enfin, sa solitude allait prendre fin. Les deux jeunes femmes apprirent à se connaître et, au fil du temps, développèrent des sentiments l’une pour l’autre. Elles furent donc heureuses, au final, du risque qu’elles avaient pris toutes deux. La sorcière accepta volontiers d’accorder à sa tendre moitié quelques séjours sur terre de temps en temps, afin qu’Arielle puisse garder contact avec son ami le prince. Bien que, à chaque fois, le retour de sa solitude pendant ces interludes lui pesa. Mais leurs retrouvailles n’en étaient à chaque fois que plus savoureuses.
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