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J’ai rouvert l’autre soir mon coffre aux cent trésors.

Très délicatement j’ai desserré les sangles,

Puis j’ai ôté les vis qui scellaient les quatre angles

Avec cette impression de provoquer le sort.

Le couvercle massif, sentinelle impeccable,

Grinçant comme un portail faisant gémir ses gonds,

Bascula pesamment, alourdi par le plomb,

Rendant à la clarté l’intérieur insondable.

Sous l’étoffe soyeuse exhalant le moisi,

Que j’avais placée là, ultime précaution

Pour rendre compliquée toute profanation,

Je savais découvrir de vieux secrets enfouis.

J ’y ai plongé les bras, y puisant largement

Bravant les souvenirs, pourrissantes carcasses.

Et des pleines poignées remontées en surface,

Surgirent les démons qui dormaient sagement.

Je voyais, fasciné, des ombres prendre forme ;

Et je reconnaissais un à un ces fantômes :

Leur puanteur, naguère, était de fins arômes ;

Leur corps me protégeait de leurs masses énormes.

Il est des coffres-forts qu’il vaut mieux garder clos,

Car labourer le temps au delà des racines,

C’est trouver le fumier des roses assassines,

Risquer de voir périr nos jardins les plus beaux.


Texte publié par Renal, 23 février 2023 à 15h34
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