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tome 1, Chapitre 2 « Konohagakure » tome 1, Chapitre 2

La nuit était tombée depuis déjà plusieurs heures sur la forêt de chênes et de bouleaux bordant les falaises du Pays du Feu. Les chants des grillons, des animaux nocturnes et du vent dans les feuilles des arbres animait légèrement cette soirée d’été éclairée par la Lune. Tout était très calme et apaisant. Personne n’aurait pu croire que, tapis dans l’obscurité, une silhouette sombre surveillait attentivement les environs. Immobile et caché dans le feuillage majestueux d’un grand chêne, l’homme portait sur son front un bandeau dont la partie métallique arborait le dessin d’une feuille. Habillé d’une tenue foncée, l’inconnu, au teint plutôt pâle, semblait inquiet. Des gouttes de sueur perlaient sur son front et son regard trahissait son état d’anxiété. La mission qui lui avait été confiée était périlleuse. Pourtant, ses compagnons et lui l’avait acceptée sans douter un instant de leur capacité à la mener à bien. Malgré tout, la tension du ninja était à son comble. La prudence était de mise et mieux valait-il prendre son temps plutôt que de se précipiter droit dans la gueule du loup.

Après avoir longuement observé les environs, le ninja se décida tout de même à sortir de sa cachette. Souplement, il atterrit sur le chemin caillouteux qui traversait la forêt. Scrutant une énième fois les environs et ne remarquant rien d’anormal, il continua son avancée, en regagnant toutefois les arbres de l’autre côté de la route. Quelques secondes plus tard, deux autres ninjas suivirent le même chemin que le premier. Sautant de branches en branches à une vitesse folle, le petit groupe arriva bientôt tout proche de l’entrée d’une caverne faite de gros rochers gris maculés de mousse.

Seul le clapotis de la chute d’un petit ruisseau passant aux abords de la grotte et le chant des insectes étaient audibles. Ici aussi, tout semblait très calme. Le premier homme pénétra lentement dans l’obscurité de la caverne. Les deux autres, postés à l’entrée et surveillant les alentours, patientèrent quelques mètres plus loin. Soudain, un cri atroce et déchirant raisonna depuis l’intérieur de la grotte. Alertés, les deux ninjas restés à l’extérieur se tinrent sur leurs gardes, tout en avançant doucement vers l’entrée. C’est alors que deux flèches de flammes noires jaillirent et transpercèrent leurs corps qui si mirent aussitôt à brûler. Leurs visages se déformèrent de douleur tandis que leurs hurlements raisonnèrent dans toute la forêt. Avant de sombrer, emporté par la souffrance, l’un des deux hommes eut juste le temps d’apercevoir une silhouette féminine, petite et mince, sortir de la caverne. La jeune fille avança lentement vers les ninjas en tenant dans sa main droite le rouleau de parchemin que leur chef d’équipe conservait sur lui. Alors qu’elle prenait la route de son village, elle remarqua que l’un des deux hommes était encore conscient et la fixait d’un regard à la fois suppliant et terrorisé par ses pupilles rouges et ses iris si particuliers. Quand bien même elle aurait voulu venir en aide au ninja, les flammes qu’elle avait lancées sur lui étaient impossibles à éteindre tant que le combustible n’était pas entièrement brûlé. Aussi, elle resta de marbre face à cette vision d’horreur pendant quelques secondes puis détourna le visage avant de partir lentement en direction du bois, abandonnant ainsi le ninja à l’agonie, bientôt emporté par les flammes noires éternelles.

Le jour n’était pas encore levé lorsqu’elle arriva aux portes de son village encore endormi. Suivant le dédale de rues qu’elle connaissait bien, elle gagna sans mal les hauts murs qui encadraient la cour d’une vaste maison de style traditionnel. Au sommet de l’arche qui servait d’entrée de la propriété, un éventail rouge et blanc était gravé dans la pierre grisâtre du mur. La jeune fille passa la porte en bois massif et déboucha dans la cour de la maison. Sous un grand cerisier, à gauche de l’entrée, un petit temple avait été érigé au milieu d’un jardin parfaitement entretenu. De l’autre côté, la terre claire de la région était à nue et servait de terrain pour les entraînements les plus simples. Quelques lanternes éclairaient encore la cour de leur lueur vacillante, mais aucune lumière n’émanait de l’intérieur de la maison. Pourtant, la jeune fille continua d’avancer et passa la porte d’entrée. Elle déboucha dans un long couloir desservant plusieurs pièces en enfilade. Elle retira ses chaussures et gagna la porte la plus éloignée de l’entrée. Doucement et sans faire le moindre bruit, elle l’ouvrit et jeta un œil dans la pièce. Au milieu du tatami, sur un futon, à moitié couvert par un drap, un petit garçon aux cheveux noirs dormait paisiblement. Soulagée de voir qu’il ne s’était pas aperçu de son absence, la jeune fille sourit, attendrie en voyant son jeune frère aussi apaisé. Puis, elle referma la porte aussi doucement qu’elle l’avait ouverte et sortit de la maison. Arrivant près de l’enceinte circulaire d’un large bâtiment ocre, le sourire qu’elle affichait plus tôt s’effaça totalement. Retrouvant un air sérieux et grave, elle pénétra dans la résidence du Hokage du village.

Deux gardes étaient postés à l’entrée du bâtiment mais la jeune fille ne s’en inquiéta guère. Ignorant même leur présence, elle passa la porte puis gagna d’un pas assuré le bureau du Hokage. Pourtant, une fois arrivée devant la porte, elle n’osa pas entrer immédiatement. Son cœur commença à s’emballer et son souffle trahit immédiatement son état d’anxiété. « Reprends-toi ! Ne laisses pas tes émotions prendre le dessus ! » se gronda-t-elle en pensée. Elle s’obligea à respirer profondément et parvint enfin à s’apaiser. Une fois calme, elle frappa à la porte. Elle entendit des pas se rapprocher d’elle puis aperçu le visage du second de son père, qu’elle connaissait bien. Sans dire un mot, elle avança et se tint au milieu de la pièce en fixant la chaise du Hokage qui lui tournait le dos.

- Maître Hokage, votre fille est de retour de sa mission, déclara solennellement l’homme qui était incroyablement grand aux cheveux cuivrés et au regard doux.

- Tu peux disposer, Jugo, répondit le Hokage.

Sans attendre que son supérieur le voit, Jugo s’inclina respectueusement vers lui, puis vers la jeune fille qui le gratifia d’un discret sourire, et sortit de la pièce sans dire un mot. Un silence pesant s’installa dans le bureau. Attendant les ordres et tachant au mieux de dissimuler son stress, Saechi balaya la pièce du regard. Son père occupait le poste le plus haut et le plus convoité du monde ninja. Il était le chef suprême, le dieu vivant et le leader unique : le Hokage. La plupart des chefs des pays voisins le craignaient ou étaient des alliés qu’il avait placés. Lors de la Quatrième Grande Guerre Ninja, il avait, à lui seul, détruit tous les bijū, mis fin à l’incantation de l’Arbre Divin, qui avait plongé toutes les troupes dans un rêve éternel, et tué les anciens Kage. Il était à la fois le destructeur et le sauveur du monde ninja. Pourtant, malgré tout ce pouvoir et toute la crainte que Sasuke inspirait aujourd’hui, celui-ci semblait depuis peu connaître les tourments d’une révolte à naître. Cela faisait déjà plusieurs années que de petits groupes de résistants et réfractaires au régime avaient émergé, mais à chaque fois que l’un d’entre eux avait été repéré, Sasuke était parvenu à le détruire. Depuis qu’elle avait été élevée au rang de jônin, Saechi avait régulièrement été envoyée à la poursuite de ces groupes, comme c’était le cas pour cette dernière mission. Sasuke ne s’embarrassait pas de procès pour ces traîtres. La plupart du temps, ils étaient tués par les jônin qu’il envoyait. Malgré cette menace, la résistance persistait à renaître à Konoha mais aussi dans les pays voisins. Un climat de tension s’était ainsi progressivement installé depuis peu, tranchant avec la paix instaurée par Sasuke. Saechi savait son père inquiet et en colère, même s’il montrait peu ses ressentis. Elle ne comprenait pas pourquoi de tels groupes se formaient. Certes, il y avait des règles strictes à respecter et son père pouvait parfois prendre de dures décisions, mais la paix qui régnait depuis la fin de la guerre était réelle. Pourquoi ces gens doutaient-ils de lui ? Comment pouvaient-ils seulement s’accorder un tel droit quand la majeure partie de la population le considérait comme un dieu vivant ? La mission qui avait été confiée à Saechi s’était par bonheur soldée par un succès. Peut-être cela allait-il un peu soulager son père ?

En imaginant une telle réaction de la part de Sasuke, Saechi se sentit pleine de courage et prit la parole.

- Maître Hokage, commença-t-elle solennellement, la mission est un succès. J’ai en ma possession les informations dérobées par les traîtres. Elles ne sont pas sorties du pays. Quant aux déserteurs, ils sont morts…

Constatant que le fauteuil de son père continuait de lui tourner le dos, Saechi se tut de nouveau, déçue, et regarda tristement ses pieds. Soudain, elle sentit un regard posé sur elle. Elle releva la tête et fît un pas en arrière, surprise par Sasuke, qui se tenait à présent tout proche d’elle. Elle se ressaisit aussitôt et s’inclina respectueusement face à lui. Ce dernier posa une main sous son menton et lui releva lentement la tête. Le père et la fille se regardèrent fixement, sans dire un mot. Sasuke semblait scruter le visage de sa fille comme s’il cherchait quelque chose. Puis, en silence, il regagna son siège, toujours disposé face à la fenêtre.

- Papa, je…

- Tu peux disposer, lui répondit-il d’une voix ferme.

Peinée de ne pas avoir su satisfaire son père, Saechi s’inclina et sortit du bureau. Dans le couloir, elle tomba de nouveau sur Jugo, qui attendait non loin de là. Celui-ci soutint son regard avec bienveillance et marcha à ses côtés afin de la raccompagner à l’entrée du bâtiment.

- Vous semblez triste, Hime, dit-il à l’attention de Saechi.

- Jugo, vous connaissez mon père, j’ai l’impression de ne jamais parvenir à le satisfaire… Suis-je pour lui une si grande déception, demanda la jeune fille visiblement très triste.

- Votre père est exigeant et préoccupé, tout particulièrement maintenant, mais je peux vous assurez que vous n’êtes pas une déception pour lui. Je dirai même que c’est plutôt le contraire.

- J’en doute…

- Ayez foi, Hime, recommanda-t-il. Lorsque les tensions seront retombées, il reconnaîtra votre valeur, ajouta-t-il en lui souriant.

Arrivés à l’entrée du bâtiment, Jugo s’inclina devant Saechi puis repartit vers le bureau du Hokage. La jeune fille contempla la douce lueur de l’aurore éclairer lentement les toits les plus hauts de son village. Quelques habitants commençaient à sortir dans les rues. L’odeur des pâtisseries de la boulangerie voisine et celle des ramens de chez Ichiraku avaient envahi l’atmosphère. Les échoppes commençaient à remonter leurs rideaux en fer. Konoha se réveillait avec le sourire, comme chaque jour. Oui, son père avait raison d’agir ainsi. Grâce à lui, le monde ninja était en paix. Grâce à lui, les richesses étaient réparties équitablement et personne ne souffrait de la faim ou du froid. Tout le monde vivait en paix, dans un monde durement reconstruit après la guerre mais désormais solide et harmonieux. Ceux qui doutaient de lui avait tort et ne méritaient pas de vivre dans une telle paix. En se faisant cette réflexion, Saechi jeta un dernier regard vers les fenêtres du bureau de son père.

- Moi, je suis fière de toi, Papa, dit-elle avant de reprendre souriante la route en direction de sa maison.


Texte publié par Malunelle1994, 7 mars 2023 à 19h11
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