Samedi 25 Février 2023

Cher Hugo,

Je te décris toujours mes journées en oubliant les nuits. Je crois que même dans ces écrits je porte un masque. Parce qu'en réalité, chaque jour je suis de plus en plus souffrante de ton départ. Tu hantes toutes ces soirées vides et silencieuses, tu saccages chacune de mes nuits et chacun de mes rêves qui se termine toujours en réveil brutal. Je ne connais que le sommeil agité et les yeux boursouflés par les larmes. Non, on ne s'habitue pas, en particulier quand nous n'avons jamais souhaité que tout cela arrive. Alors aujourd'hui je me sens vraiment malheureuse, en particulier quand je vois se dégrader ma force face à cette histoire. Comparé au mois précédent, désormais il n'y a plus aucun jour où je ne me répète pas inlassablement que j'aimerais que tu sois là.

Je crois que le terme qui correspond le mieux est celui de "déchirant". Je l'ai vu et je le sais de moi comme de toi, que nous étions affreusement déchirés. Nous nous sommes dit au revoir parce que nous le devions, pas parce que nous le voulions de tout notre être. Aujourd'hui je me sens laissée là avec un "nous qui déborde", plein d'images, d'émotions et de sons. Je suis plantée au milieu d'une pièce qui croule sous nos affaires que ni toi, ni moi ne voulons vraiment ranger. Que dois-je faire des crises de larmes qui se déclenchent seules entre 3h et 4h du matin ? Que dois-je faire des cauchemars et du sommeil perdu que cette situation déclenche ? Que dois-je faire de toi qui regardes mes faits et gestes sans dire un mot ? Que dois-je faire de toutes ces ambiguïtés que tu m'as dit avant de partir ? Je me sens pleine de ton absence Hugo et le temps ne fait rien passer.

Et à côté le monde continu de tourner. Tout le monde s'amuse et les gens vacillent comme des étincelles. Alors que mon coeur à moi s'est arrêté. Tous les soirs je m'appuie sur rebord de ma fenêtre, seule dans mon salon privé de toutes ses lumières. Les yeux levés vers les étoiles, je pense encore à toi. Je sais que tu m'as fait du mal en contournant délibérément le sujet. Est ce que je suis seule à pleurer quand je tombe sur une photo de toi ? Est ce que ton coeur aussi se serre lorsque l'on prononce mon nom ? Cela fait longtemps que le tiens ne s'affiche plus sur mon téléphone, comme si une seconde avait suffit pour que l'on s'oublie. Alors c'est peut-être égoïste de ma part, mais j'espère silencieusement que cette situation te fait mal à toi aussi. J'espère que toi aussi tu pleures dans la douche comme je le fais les soirs où je n'arrive plus à distraire mes pensées. J'ai beau me répéter de ne pas pleurer l'absence d'un homme pour lequel je ne compte pas, j'entends toujours cette voix qui me répète que je ne suis sûre de rien et que peut-être je te manque aussi dans tes nuits les plus sombres. Je cherche des réponses dans tes actions silencieuses et c'est épuisant. J'ai fait de mon mieux, sans ne jamais perdre espoir. A tout faire pour te plaire, ce n'est pas suffisant. Je ne serai peut-être jamais à la hauteur de tes attentes. Tu aimes ce que tu aurais aimé que je sois mais pas celle que je suis sans tout cela, et je ne sais pas pourquoi. Dans ce nouveau monde, sans toi, je me sens si seule. Je t'ai donné tout ce que j'avais en t'aimant de tout mon etre. J'envisage de graver notre histoire sur ma peau pour que le monde me la rappelle. Je n'ai jamais eu l'optique de rayer nos souvenirs de ma tete et je ne l'aurai jamais.

M.