Majesté, jamais joute ne me fût aussi dure
Laissez moi vous conter cette mésaventure
Matinal, de la forêt je longeais la bordure
Concassant quelque gland sans chercher aventure
Quand soudain dix bâtards surgissent sous la ramure
Me contraignent au combat de leur fait étant sûrs
Babines retroussées, j’étais leur nourriture
Ils me voyaient déjà baigner dans la saumure
Qui aura maintenant beaucoup moins belle allure
Mon cuir épais garni d'hivernale fourrure
Se comporte en effet en véritable armure
Les deux premiers hurleurs étalant leur denture
Arrivent tout droit sur moi confiants en leur carrure
S'empalent sur mes défenses s'éteignent dans un murmure
Deux autres plus prudents pris d'une crainte obscure
Veulent me contourner visant mon encolure
D'une habile volte-face j'échappe à leur morsure
Et sur leur ventre offert je laisse ma signature
Les trois gaillards suivants de plus faible envergure
Se retrouvent culbutés avec désinvolture
La meute d'éclopés hésite à la rupture
De leur cercle réduit je suis la quadrature
Mais à la toute fin, de vaillants coups de hure
Distribués à tout va convainquent les immatures
Les derniers assaillants de mettre la voilure
Voici donc o ! mon roi comment dans la droiture
Evitant sur vos terres leur piètre forfaiture
Je mis dix chiens brigands dans la déconfiture.
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