Au nord s’étend la terre noire . Noire et durcie, comme carbonisée. Nue, froide et rugueuse. De rares rochers erratiques affleurent, érigés çà et là parmi des granulats grossiers, signatures d’éruptions.
C’est la terre des rebelles, du refus de la douleur, le refuge des rancœurs, des crises cruelles de la terreur.
Pour peu qu’on s’y aventure on trouve dans certaines zones des traces, des zébrures, des griffures : dans ces endroits la terre est comme striée, lacérée, labourée : l’empreinte des serres , des griffes et des ergots des dragons. Tuer pour se nourrir , tuer pour le plaisir : griffes et crocs intraitables ne craignent rien. Comme des aigles ils ont leurs aires jonchées d’ossements qu’ils repoussent de leur queue en périphérie et qui finissent par constituer une véritable muraille .
Les dragons dorment très peu : sur la fin de la nuit, quelques heures. Sinon ils chassent : les proies sont rares et méfiantes. Elle ont appris à vivre avec les dragons. Elles savent qu’elles ne peuvent pas lutter il leur faut donc ne pas croiser leur route. La plupart de ces proies sont aussi des prédateurs féroces et sans pitié qui chassent à leur tour vers la fin de la nuit quand les dragons dorment.
Les dragons chassent en meute comme les hyènes. En fait ils volent en escadrille de cinq ou six individus, mâles et femelles mélangés. Quand une proie est repérée un premier groupe de trois donne l’assaut tandis que le reste de la troupe prend de la hauteur pour se faire discret et oublier tout en surveillant grâce à leur odorat très affûté et leur vue perçante l’évolution de la chasse en cours. Si la proie parvient à échapper au premier assaut ils descendent au ras du sol et fondent sur elle en la prenant en tenaille au moment ou elle se croit sortie d’affaire. Les seules qui ont une chance de s’en sortir sont les espèces fouisseuses qui ont le temps d’atteindre leur réseau de galeries. Les dragons sont alors impuissants et de rage labourent le sol de leur griffes acérées et puissantes mais inadéquates pour déplacer les quantités de terre nécessaires à exhumer la proie convoitée.
C’est la terre des dragons. Gandor est leur maître. Ils le reconnaissent comme tel et lui obéissent.
Gandor est vieux, très vieux mais le temps n’a pas vraiment de prise sur lui. Gandor n’a pas d’arme autre que son corps : Gandor est une arme. Son bras est chargé de la foudre ou du gel c’est selon les besoins et les assaillants : carbonisés ou congelés : quels qu’ils soient, aussi nombreux soient-ils.
Au début des temps Gandor est venu de l’est avec deux jeunes dragons. La terre était fertile et giboyeuse. Les dragons se sont multipliés et petit à petit ils ont tout dévoré. Leurs déjections acides stérilisant la terre.
Gandor a érigé sa forteresse protégée de trois rangs de murailles infranchissables.
Aucun ennemi extérieur ne peut l’atteindre ni lui nuire.
Mais ce qu’il préfère c’est errer sur la terre brûlée à la recherche de racines, sa nourriture de prédilection. A cause des dragons, elles se font maintenant rares et cela l’énerve . Il sait qu’il va devoir prendre une décision même s’il en repousse le terme le plus longtemps possible. Reprendre sa migration ou s’affranchir des dragons dilemme cruel pour lui mais devenu incontournable.
Hermine est une femelle dragon des Carpates dont la crête bleu-outremer tranche sur sa cuirasse d’écailles d’un vert malachite. Un bijou de dragon. Paisible et affectueuse. Elle vit auprès de Gandor et dissuade par sa simple présence les éventuels importuns. Elle accompagne Gandor chaque fois qu’il le lui permet. Il aime bien sa présence affectueuse mais qui effraie le peu de vie qu’il rencontre et observe.
Hermine à toujours connu Gandor : il était là quand elle ouvrit les yeux, il était là pour ses premiers repas, son odeur la sécurise lui donne une confiance sereine en la vie.
Mais aujourd’hui Hermine ne sent rien, elle voit Gandor mais elle ne le sent plus comme si son odeur avait disparu et tout à coup Hermine ressent un sentiment étrange que ses congénères connaissent trop bien : la peur, l’angoisse. Elle frissonne et sent ses mâchoires se crisper légèrement par instants et son rythme cardiaque a augmenté ; la voilà sur le qui-vive, quelque chose de nouveau et d’inquiétant s’empare d’elle. Sa détresse s’amplifie et la voilà qui feule étrangement. Gandor se retourne pour l’observer il comprend que quelque chose d’anormal advient et lui aussi pressent le danger.
Mais hélas il est trop tard.
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