Les doigts sont déchaînés sur le piano. La mélodie résonne dans la vallée, réveillant la tristesse de ma vie. La pitié me prend à la gorge. Je m'imagine courant telle une proie poursuivie par son prédateur. Je cours, à m'en arracher les poumons, seule dans la vallée. J’aimerais crier pour laisser le monde reconnaître ma peine mais je ne devrais pas. Non ! Je ne devrais pas car sinon les hommes à ma poursuite retrouverons ma trace. Les gigantesques sapins de la forêt, me paraissent menaçant. La mélodie arrivée à son apogée de la mélancolie, je ressens mon ventre se déchirer et une chaleur s'éparpille entre mes jambes. Je perds les eaux.
- Non bébé s’il te plait pas maintenant. Murmurais-je m’étranglant dans mes sanglots.
Je mords mon poing tandis qu’un un cri étouffé de douleur s’échappe de ma bouche. Je prie les dieux que ce cri ne me coûte pas la vie. Les fenêtres du manoir au sommet de la vallée s’éteignent. La mélodie s'arrête, ma course avec. Figée entre ces grandeurs de la nature, je tends l'oreille espérant ne percevoir que le silence et pourtant voilà que le bruit des sabots des chevaux se rapproche. Nouvelle douleur au ventre. Je tombe au sol, bébé s’impose et je n’ai plus le choix. Je dois mettre au monde, seule, cet être vivant. Je ne peux plus bouger, me cacher quelque part, il me faut accoucher maintenant. Tant de choses traversent mon esprit, tout sauf l’amour pour l’enfant qui arrive. Je ne te veux pas, petit être. Tu es le fruit de malheur et de noirceur et j’ai bien peur que ce soit ce qui te caractérise. Peut-être est-ce un monstre qui s’échappe de mon corps. Et voilà que je me mets à pousser incontrôlablement car l’instinct humain est plus fort que la raison. Bébé se rapproche de la vie et alors que je crois tout terminé un cri s'arrache de mes poumons et déchire la nuit, blesse mes cordes vocales. Des voix affolées crient et les chevaux galopent. Mon cœur panique, je n’ai plus le choix ou peut être que si mais je préfère me convaincre du contraire. Je reprends ma course déchirante dans la forêt, seule.
- Ici !! J’ai entendu un cri, VENEZ !!!
- Je ne vois qu’un bébé !! Où est -elle ?
***
La vallée s’éloigne et devient minuscule tandis que le château se rapproche.
- Ils arrivent !! Ils arrivent ! Ouvrez les portes ! Vite!
Devant les portes, les gardes sont figés, impassible tandis que dans le château les habitants reprennent vie et cours dans les couloirs en direction de la salle de réunion. Le roi Ronald, lui déjà installé sur sa chaise d’or vêtue, toise d’un regard désapprobateur les allées et venues de ses sujets. Il leva la main et imposa de sa voix très grave de cesser ce brouhaha.
- Sortez tous !!
Personne ne bougea, les yeux fixés sur leur roi qui semble perdre la tête.
- Sortez tous !!!! MAINTENANT !!
Enfin seul, au calme, il réfléchit tourné vers la fenêtre exposée aux jardins.
Je le sais, tu t’es enfuie, ils n’ont pas pu t’attraper. Cette course effrénée s'arrêtera-t-elle un jour, mon ange ? murmura-t-il. Alors que le roi allait se laisser aller à sa peine, les portes de la salle s’ouvrent en trombe. Voilà de retour ses soldats revenus de leur mission. Après avoir, dans un mouvement commun, effectué une révérence, le chef de guerre s'avança et prit la parole.
- Sir, nous avons fait notre possible mais nous avons échoué. Expliqua-t-il à son supérieur.
- Je m’en doutais ! Vous avez lamentablement échoué à votre mission.
- Nous avons cependant quelque chose à vous rapporter.
Un mouvement à l'arrière du groupe de soldats, le chef de guerre se retourna et attrapa ce qui du point de vue du roi ressemble à un tas de linge. Edouard présenta alors au roi un bébé emmitouflé dans du linge, paisiblement endormi.
- Qu’est-ce que cela veut dire ?
- Votre majesté, nous avons trouvé cet enfant sur les lieux quand nous sommes arrivés, aucune trace de sa majesté.
Le roi regarde ce petit. Il n’y a aucun doute cet enfant était avec la reine. Il est emmitouflé dans son foulard.
Ronald ne sait comment réagir car, dans sa tête tous les événements passés reviennent en trombe, il se remémore tout. Si il en suit sa logique et la chronologie, Maria sa femme ne pouvait être enceinte. Tout du moins pas de lui.
- Très bien donnez-le-moi, Edouard. Et tâchez d’engager une nourrice de renommée au plus vite.
Les soldats une foi congédiés sortis tous de la salle et le roi se retrouva seul en compagnie du petit être dans ses bras.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2892 histoires publiées 1296 membres inscrits Notre membre le plus récent est Stéphanie DB |