Objet/chose : “banque”
Émotion/état : “témérité”
Couleur : “noir”
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Levant la tête vers le ciel, Anaïs constata à quel point il était tôt. Trop tôt, même selon son point de vue. Pourtant c’était bien de son propre chef qu’elle se trouvait dans le jardin entièrement équipée pour accomplir sa nouvelle tâche : faire un potager.
Les Leroy avaient la chance d’avoir suffisamment de terrain pour mettre une grande piscine gonflable et avoir encore de la place pour courir et faire les fous. Ce qui était super quand ils étaient enfants, mais aujourd’hui qu’ils étaient tous adultes ou presque, ils avaient moins envie de galoper partout comme des lapins Duracell.
Même quand leurs parents étaient encore en vie, ces derniers se demandaient ce qu’ils allaient faire de toute cette surface inexploitée. Leur mère avait proposé un potager, mais leur père n’avait pas été très chaud, car ça demandait beaucoup d’entretien. Et ainsi le jardin avait été laissé tel quel, personne ne sachant quoi en faire.
C’est pourquoi ce matin Anaïs avait décidé qu’il était temps de se bouger et faire ce fichu potager.
Bon en réalité, c’était de voir l’état de leur compte en banque qui l’avait poussé dans la direction de réfléchir à cette idée de potager. S’ils faisaient pousser leurs propres légumes, c’était de l’argent qu’ils n’avaient pas à dépenser pour se nourrir. Donc des économies !
Après, Anaïs était consciente que ce projet de semi-indépendance alimentaire allait prendre du temps. Au moins un an environ pour être viable sur le long terme. De toute façon, dans un an, il y avait peu de chance qu’ils se trouvent dans une meilleure situation financière qu’actuellement.
– Allez, c’est parti.
Il faisait encore assez froid pour ce début de printemps, mais c’était soit commencer le potager avec l’aube soit attendre dans son lit avec ses pensées tournant en boucle. Elle avait fait son choix.
Anaïs commença par délimiter la zone qui servirait de potager, c’est-à-dire, un bon quart du jardin. Il fallait laisser de la place pour la piscine en été tout de même. Planter les tuteurs fut assez simple, surtout que la terre était suffisamment meuble pour ne pas s’acharner à les faire rentrer et tenir dedans.
– Bien. Maintenant… comment j’avais réparti tout ce bazar déjà ?...
Elle sortit de sa poche une feuille où était grossièrement dessiné, ou plutôt esquissé le plan du potager avec les indications de quels légumes seraient plantés dans quelles zones.
Ses choix avaient été classiques, allant des carottes aux pommes de terres, tout en passant par les courgettes et les tomates. Avaient aussi été ajoutés des poivrons, des potirons, des épinards et des salades.
Anaïs avait hésité à également mettre des haricots verts et des petits pois, mais c’était pénible et très long de les préparer d’après ce qu’elle avait compris, donc il n’y en aurait pas. Ce n’était pas parce qu’elle était au chômage, qu’elle avait envie de perdre toute une matinée ou une après-midi à les décortiquer.
– Une dizaine de carrés, hum.
Elle soupira un peu devant l’effort et le temps que ça allait lui prendre, ne pouvant pas demander de l’aide à ses frères. Thibault avait cours et Nathan… elle ne savait pas mais il avait découché, donc voilà.
Allez, pour l’instant elle ne retournerait que la terre. Ça devrait aller.
Spoiler : ça n’a pas été. Pas vraiment.
Dans son envie d’aller vite, Anaïs avait oublié de déraciner l’herbe avant de retourner la terre, sinon les légumes seraient asphyxiés et ne pousseraient pas. Mais enlever l’herbe, enlevait aussi de la terre, et elle se retrouva alors avec un monticule sans savoir quoi en faire.
– Et si j'essaie de répartir tout ça au fond du jardin ? se demanda-t-elle les yeux fixés sur le tas.
– Vu qu’on a pas de brouette, je te le déconseille.
Anaïs sursaute et se retourna pour faire face à son petit frère. Thibault était encore en pyjama et la regardait depuis la terrasse.
– J’ai envie de te demander ce que tu fais, mais… je sais pas si je veux savoir, fit-il en examinant sa sœur, noire de terre des pieds à la tête.
– Je fais juste un potager. Enfin… j’essaye.
Thibault hocha la tête.
– J’avais remarqué. Pour l’essai.
Vexée, Anaïs prit une poignée de terre et la lui balança. Malheureusement, la terre n’était pas assez compacte et elle se répandit sur une partie de la distance qui les séparaient, elle et son frère. Thibault avait tout de même bougé par réflexe.
Petite victoire pour son ego. La témérité n’avait jamais été le fort de son petit frère, préférant la ruse. C’était Nathan qui fonçait un peu dans le tas.
– Ok. Sinon, tu veux faire pousser quoi ? Des trucs qu’on peut manger au moins ?
– Pas de céleri ou de choux Bruxelles, je te rassure.
– Bien. Et les poireaux ? s’inquiéta son frère.
– Juste un ou deux pour moi. Du moins, quand j’aurais acheté les graines.
Thibault resta silencieux une longue seconde avant d’ouvrir la bouche.
– Attends, t’es en train de me dire que tu as commencé à faire un potager, alors que t’as rien à y planter ?
Sa sœur croisa les bras, exaspérée et fatiguée.
– Bien sûr. Il faut d’abord préparer le terrain avant de planter quoique ce soit. Et heureusement, parce que c’est plus long que je le pensais.
Son frère cligna des yeux avant de s’approcher d’elle, ses chaussons se mouillant à vue d'œil à cause de la rosée. Une fois arrivé, il observa la longue portion de jardin qui avait été délimitée comme le nouveau potager avant de regarder sa sœur.
– Anaïs, tu te rends compte qu’il y a peu de chance qu’on t’aide avec, pas vrai ? Nathan… il vaut mieux pas le laisser s’approcher sinon ça va finir en catastrophe, et moi… je suis déjà fatigué et éreinté rien qu’à te regarder.
– Je sais, répondit-elle avec aplomb. J’avais bien l’intention de m’en occuper seule, ne t’en fais pas. J’aurais sans doute juste besoin de vous pour m’aider à la récolte. Nathan peux toucher des aliments sans problème si ce n’est pas pour les cuisiner, donc il ne devrait pas y avoir de désastre.
– Et s’il y en a ?
– Il ne s’approchera plus du potager sous peine de sévères représailles.
Thibault ne put qu’être d’accord. Un balais à serpillière, dans les mains de sa soeur, devenait une terrible menace.
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