Pourquoi vous inscrire ?
«
»
volume 1, Chapitre 8 « Constatation Inexplicable » volume 1, Chapitre 8

Option taille : 1000 mots (+/- 10%)

Objet/chose : “grimoire”

Émotion/état : “folie”

Couleur : “jaune”

-----------------------------------------------------------------------------

La matinée était bien avancée, il ne faisait ni trop chaud ni trop froid, et on pouvait apercevoir de temps en temps le soleil faire une timide apparition entre deux nuages. Tout semblait aller bien. Le mot-clé étant “semblait”.

Car dès que Kilian poussa la porte de son studio étudiant miniature, il eut devant les yeux une vision cauchemardesque : Nathan faisait à manger.

Le jeune homme qui avait un sang-froid et une patience à toute épreuve ou presque se retrouva avec des frissons le long de la colonne vertébrale, et pas du bon genre. Il savait que Nathan avait des défauts. Beaucoup diraient certains, peu mais énormes diraient d’autres, et Kilian était plutôt du genre à dire que c’étaient ces défauts qui rendaient attachant Nathan, même si des fois une claque derrière la tête pour activer les bons neurones entre eux ne serait pas de refus.

Mais l’absence totale de compétences culinaires était l’une des rares choses avec lesquelles Kilian était absolument d’accord avec tout le monde.

Au début, quand il avait rencontré Nathan dans les couloirs de la fac et avait entendu tout ce que tout le monde avait à dire sur lui, Kilian pensait juste qu’il était mauvais en cuisine par manque de pratique ou parce qu’il était trop créatif sans avoir les bases, et que tout le monde exagérait. Mais non. Son copain avait bien les bases, faisait tout correctement, mais d’une façon ou d’une autre le résultat ressemblait à une bouille étrange semblant tout droit sortie d’un grimoire de potions magiques bizarres. Quand les aliments ne se périmaient pas mystérieusement entre ses mains dès qu’il les touchait.

– Nathan, qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il finalement avec appréhension en fermant la porte d’entrée.

– Oh, Kilian, déjà de retour, ça a été ? lui répondit le jeune homme avec innocence.

Ou ce qui pouvait être pris pour de l’innocence. Kilian le connaissait trop maintenant pour tomber dans le panneau. Il savait quand Nathan était à l’ouest et quand il ne l’était pas.

– C’était lent et répétitif. Le prof aurait dû nous envoyer le pdf du cours au lieu de le déplacer, ça aurait arrangé tout le monde.

Il posa son sac de cours sur l’une des chaises de sa salle à manger imaginaire, puis fixa son copain droit dans les yeux.

– Tu n’as pas répondu à ma question, Nathan. Qu’est-ce que tu fais ?

Son vis-à-vis ne se démonta pas, bomba même légèrement le torse, avant d’afficher un air fier pour ouvrir la bouche.

– Je fais le déjeuner, évidemment. Je me suis dit que ça te plairait de ne pas avoir à le faire en rentrant.

– C’est gentil, mais ça ne me dit pas ce que tu as fait, fit-il remarquer d’une voix prudente.

– Juste une omelette, avec des haricots vert à côté.

Kilian s’avança au niveau de Nathan et regarda le contenu des poêles encore posées sur la micro plaque à gaz qui jouxtait l’évier. Il resta immobile pendant trente bonnes secondes, avant de cligner des yeux et de les poser sur l’autre homme.

– Tu es au courant que l'omelette c’est sensé être jaune, pas rose hein ? Et que les haricots verts ont une forme longue et fine, pas une forme de petits cubes orangés et ratatinés ?

– Évidemment ! se vexa Nathan. Ma mère et Anaïs m’ont obligé suffisamment de fois à les accompagner en courses pour que je sache à quoi ressemble la nourriture crue ! Et cuite aussi d’ailleurs !

Lentement, Kilian hocha la tête, se préparant à poser la question que l’univers se posait en vain.

– Donc, comment tu es passé d’un état normal à… cet état ?

Nathan garda son air vexé pendant encore trois secondes, avant de soupirer de désespoir et de poser son front sur l’épaule de son copain.

– Je sais pas… se lamenta-t-il dans le tee-shirt de Kilian. Ça arrive depuis que je suis tout petit. Je pensais qu’avec le temps ça passerait, que mes compétences s’amélioreraient. Et elles se sont améliorées ! Je suis capable de reproduire toutes sortes de techniques culinaires, de suivre correctement toutes les recettes, mais… ça finit toujours comme ça.

Ce qui était de la folie pure, peu importe par quel bout on essayait de prendre la chose pour trouver une explication. Mais rien n’avait été trouvé pour expliquer pourquoi la nourriture finissait dans ce genre d’état improbable dès que Nathan s’en occupait. Comme il l’avait dit lui-même, et Kilian a pu en attester de ses propres yeux, Nathan savait cuisiner. Bon sang, il pouvait même apprendre à quelqu’un d’autre à cuisiner !

Kilian soupira, et passa sa main dans les cheveux de son copain.

– C’est pas grave, assura-t-il. Et j’ai apprécié l’intention, c’était gentil et adorable.

– Je ne suis pas adorable, réfuta Nathan en relevant la tête et fronçant le nez.

– Si. Surtout quand tu fais cette tête, sourit Kilian.

Nathan lui lança un regard noir, qui n’avait pas le moindre effet, avant de jeter un coup d’oeil défaitiste en direction de ce qui aurait dû être le déjeuner.

– On fait quoi pour la bouffe ?

– On a qu’à commander quelque chose, dit-il en haussant les épaules avant de voir Nathan se tendre légèrement. Je t’invite, pour te remercier d’avoir voulu me faire plaisir.

L’argent était un sujet sensible, et même si Kilian ne roulait pas sur l’or, il s’en sortait toujours mieux que la fratrie d’après ce qu’il avait compris.

Son copain dodelina de la tête, un air hésitant sur le visage, avant de finalement accepter.

– Rien de trop extravagant. On peut se partager un bucket du KFC.

– Ou on peut se faire un petit japonais qui fait de bonnes promos le midi pour se blinder de riz, et avoir du rab de sushi pour ce soir.

Nathan le regarda avec intérêt.

– Ta façon de penser est l'une des choses que j'aime chez toi.

Kilian eut un sourire face à la franchise directe et spontanée.

– Ça veut dire que tu restes toute la journée ici ?

– Je peux même rester cette nuit, proposa Nathan en se rapprochant de son copain en souriant. Un texto à Anaïs et Thibault, et c’est réglé.

L’étudiant montra son accord en l’embrassant.


Texte publié par Yuedra, 26 juillet 2023 à 21h45
© tous droits réservés.
«
»
volume 1, Chapitre 8 « Constatation Inexplicable » volume 1, Chapitre 8
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2835 histoires publiées
1284 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Les Petits Contes
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés