Objet/chose : “flasque”
Émotion/état : “amnésie”
Couleur : “blanc”
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S’étirant contre le dossier de son fauteuil, après avoir posé ses outils, Anaïs soupira de satisfaction. Elle venait enfin de finir toutes les commissions qu’elle avait en retard, il ne restait plus qu’à les envoyer.
Elle ne se considérait pas vraiment comme une artiste, mais les gens aimaient ses petites créations et comme ils étaient prêts à les acheter… eh bien on ne crachait pas sur une rentrée d’argent n’est-ce pas ? De plus, Anaïs mentirait si elle disait que cet intérêt ne lui faisait pas plaisir.
Cette semaine avait censée été un temps de repos, mais après un an à courir partout et à avoir des journées très remplies, se retrouver soudainement à ne rien faire n’avait pas été possible pour Anaïs. Ses frères n’avaient pas trop été contents qu’elle ne profite pas de l’arrêt de son travail pour flemmarder dans le canapé devant la télé, mais ce n’était pas comme si elle récurait la maison du sol du plafond toute la journée.
Anaïs n’en revenait toujours pas d’avoir subi un licenciement économique. Elle avait entendu des rumeurs comme quoi un membre de la famille des propriétaires essayait de prendre la direction de l’usine, de manière agressive selon certaines commères, mais jamais elle ne se serait attendue à ce que le directeur ait un accident lui provoquant une amnésie l’obligeant à céder sa place ! Le fameux changement de direction des rumeurs eut finalement bien lieu, et c’était la raison pour laquelle la jeune femme ne travaillait plus.
« À se demander si c’était vraiment un accident… »
Mais ça ne dérangeait pas Anaïs, étant donné que ça faisait un moment qu’elle hésitait à partir. Elle avait maintenant le temps de chercher un meilleur emploi avec un meilleur salaire, mais il ne fallait pas non plus qu’elle prenne trop de temps, son chômage n’étant pas éternel.
Voyant qu’il était bientôt midi, Anaïs se leva pour faire le déjeuner. La cuisine était son rôle prédisposé quand on savait la catastrophe qu’était Nathan avec la nourriture, et que Thibault apprenait doucement à ne pas la brûler. Mais elle avait encore de l’espoir que le plus jeune puisse survivre seul, contrairement à son aîné.
Espoir qui augmenta beaucoup quand elle vit que Thibault avait sorti de quoi cuisiner.
– Oh, t’avais prévu de faire à manger ?
– Oui, juste un curry tout simple. C’est pas trop compliqué à préparer. Enfin pour la version du pauvre, précisa-t-il en agitant vers elle un sachet de curry en poudre.
– Et le riz ?
– Déjà dans le faitout.
Anaïs hocha la tête, contente de l’initiative et de l’organisation. Puis, elle eut un doute.
– T’as pensé à mettre le minuteur quand t’as versé le riz ?
Thibault s’arrêta, le sachet de curry à moitié vide au-dessus d’une petite casserole avec l’eau, pour tourner la tête vers le riz.
– Euh… j’ai oublié ?
La jeune femme soupira en roulant des yeux, et alla voir si le riz pouvait être sauver. Fort heureusement oui. Le riz était toujours blanc, elle donc était arrivée à temps.
Ils finirent de s’occuper de la cuisine, puis mirent la table.
– Nathan est debout ou pas encore ?
– Il n’est pas rentré, répondit Thibault. Je crois qu’il allait à une soirée, hier soir.
– Il devrait étudier au milieu de s’amuser, râla Anaïs en prenant une bouchée de son assiette.
Elle était un peu amère que Nathan se permette de ne pas être sérieux dans ses études sous prétexte qu’il avait de bonnes notes facilement. En fait, elle était surtout envieuse qu’il continue ses études alors qu’Anaïs avait dû arrêter les siennes peu après le début de sa troisième année pour travailler afin de pouvoir récupérer la garde de Thibault et subvenir à leurs besoins.
Et… d’accord, c’était elle qui avait insisté pour qu’il continue, car elle savait qu’une fois diplômé il aurait un bon métier avec un bon salaire, elle en était consciente. Tout comme elle savait qu’elle encouragera Thibault à faire pareil une fois qu’il aura terminé le lycée.
– Ouais, au fait… Chloé m’a parlé de son oncle qui a fait une formation pour changer de métier. Tu pourrais peut-être faire pareil ?
Anaïs cligna des yeux. Avait-elle parlé à voix haute ?
– C’est une idée, surtout que Pôle Emploi en finance, mais dans quoi je me formerai ? J’avais choisi ma licence de langue justement parce que je ne savais pas quoi faire…
– Et ton truc avec les bijoux ? lui demanda son frère en reposant son verre d’eau. Tu te débrouilles avec tes mains.
– Je sais pas, marmonna Anaïs les yeux baissés sur son assiette. Les gens aiment bien, oui. Mais j’en vends pas assez pour être rentable, et pour vendre plus faudrait que j'investisse dans des matériaux plus chers.
Trop chers pour qu’ils puissent se le permettre. La quasi-totalité du stock d’Anaïs avait été acheté avant la mort de leur parents, avec une partie du salaire de son petit boulot étudiant.
Thibault ouvrit la bouche, mais n’eut pas le temps d’émettre le moindre son que la porte d’entrée sembla être défoncée pour laisser apparaître Nathan quelques secondes plus tard. Il s’affala sur une chaise à côté d’eux, aussi flasque qu’un mollusque, et ayant la tête de quelqu’un regrettant ses choix de vie.
– Tu pues, balança Thibault avec une grimace.
– Je ne pue pas ! s’offensa Nathan en lui lançant un regard noir.
– Tu sens l’alcool et la cigarette froide, argumenta Anaïs, en accord avec son plus jeune frère. Laves-toi d’abord et tu mangeras ensuite.
Il les regarda tour à tout, l’air blessé.
– Quoi ? C’est tout ? Pas de “bonjour”, de “comment s’est passé ta soirée” ou rien ?
– Vu ton état, on se doute de comment était ta soirée. C’est à se demander pourquoi t’y vas.
– Ma soirée s’est très bien passée, merci. Tu comprendras quand t’auras l’âge d’y aller, morveux !
– C’est donc l’après-soirée qui t’a rendu comme ça, comprit Anaïs, ayant elle aussi vécu ça quelques fois.
Nathan dodelina de la tête, hésitant.
– C’est pas tant l’après-soirée, mais avec qui je l’ai passé.
– Pas de détails, dirent les deux autres d’une même voix.
– Vous n’avez franchement aucune compassion ! s’indigna Nathan en se levant. De toute façon, j’arrête les soirées. Enfin, j’arrête celles où… hum, où cette personne sera.
Et il sortit de la cuisine, après avoir essayé en vain de se servir une assiette.
– Il ne tiendra pas.
– Bien sûr que non, il est trop sociable pour ça.
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