Objet/chose : “cascade”
Émotion/état : “jalousie”
Couleur : “azur”
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C’est dans un cocon de chaleur et de confort que Nathan se réveilla doucement. Il était si bien qu’il ne voulait plus jamais bouger. Il y avait une odeur légère et douce flottant jusqu’à ses narines qui le fit remuer pour en trouver la source. Source qui semblait être entre ses bras. Pratique.
Minute. Il n’était pas seul dans son lit ?
Autre minute. Depuis quand il ramenait quelqu’un dans son lit à la maison ?
Nathan se força à ouvrir les yeux pour savoir où il se trouvait. La vue familière qu’il observa lui donna deux sentiments contradictoires. Par la personne avec lui, il était d’un côté rassuré de savoir où il se trouvait. Par la même personne avec lui, il était d’un autre côté embarrassé de comprendre comment il était arrivé là.
– Bien dormi ? sourit Kilian, connaissant évidemment déjà la réponse.
– Ouais. Toi aussi, je suppose.
Le fredonnement d’accord résonna à travers le torse qui lui servait d’oreiller. Nathan, ne pouvant pas rester dans une position aussi domestique, se détacha à regrets du corps chaud afin de s’asseoir et de se frotter le visage.
– Il est quelle heure ?
– Bientôt quatorze heures. Tu veux du café ?
– S’il te plaît.
Kilian se leva et alla jusqu’à sa kitchenette pour mettre en route la machine à café. Tout en restant entièrement nu, évidemment. Il faisait exprès, c’était pas possible autrement. Mais en même temps, ils étaient chez lui, enfin dans son studio étudiant. L’endroit était petit, à peine vingt mètres carrés - et encore - en comptant la douche et les toilettes. La pièce avait été séparée en deux avec le coin cuisine/salle à manger vers la porte d’entrée et le coin chambre/salon vers la seule fenêtre, une porte sur le côté donnant sur la minuscule salle d’eau.
Nathan connaissait cet endroit par cœur, et non pas à cause de sa taille, mais parce qu’il finissait ici, dans ce lit plus précisément, trop souvent après être allé en soirée. Si ses comptes étaient justes, en début de licence c’était de l’ordre de deux fois sur cinq, et maintenant c’était quatre fois sur cinq. Dire qu’il n’était qu’au milieu de sa deuxième année. Les gens allaient finir par lancer des rumeurs.
Sans parler du détail important : il n’était pas gay.
Jusqu’à rencontrer Kilian à la fac, jamais Nathan n’était sorti ou n’avait couché avec un garçon. Toujours des filles. Si encore son ami avait réveillé le gay en lui, peut-être que Nathan ne serait pas trop déphasé par la situation, mais non : Kilian était le seul mec avec qui il couchait. Il n’y comprenait rien.
Nathan soupira silencieusement avant de se lever à son tour, de mettre son boxer (parce que contrairement à ce que pouvait dire Thibault, il avait un minimum de décence) et d’ouvrir les rideaux. La lumière l’éblouit un instant, puis quand sa vue fut habituée il remarqua le soleil brillant seul au milieu du ciel azur, invitant les gens à sortir et se promener.
– Tu restes ?
– Désolé, je ne pense pas. J’ai encore mon devoir de com’ à faire, grimaça-t-il en se tournant vers son ami.
Kilian eut un regard déçu, mais hocha la tête, compréhensif. Ça faisait bientôt six mois depuis la première fois qu’il lui avait posé cette question, et à chaque fois Nathan avait l’impression qu’il ne parlait pas de sa présence dans son studio. Jamais Nathan ne restait plus longtemps que nécessaire, mais il n’avait jamais non plus menti pour avoir une excuse pour partir.
S’asseyant à la petite table ronde après avoir récupéré une tasse de café, Nathan essaya de se souvenir comment sa résolution de rester à l’écart de Kilian avait bien pu voler en éclats. Étant donné que presque à chaque fois qu’il allait en soirée il finissait dans le lit de Kilian, Nathan avait décidé de ne plus aller aux mêmes soirées que lui pour éviter de se retrouver dans cette situation.
Problème : une amie commune fêtait son anniversaire et il ne pouvait pas ne pas y aller.
Autre problème : quelqu’un qu’il n’appréciait pas des masses s’était mit à tourner autour de Kilian.
Il se souvint nettement du sentiment de jalousie qu’il avait eu quand il avait vu son ami sourire à l’autre abruti et sa tentative de drague pathétique. Il se souvint aussi qu’il n’avait pas aimé le rapprochement et avait viré l’intrus sous l’impulsion. Le fait qu’il avait bu la moitié de son poids en alcool n’avait pas aidé à garder son tempérament pseudo-diplomate habituel.
– Je vais me doucher, l’informa Kilian. N’oublie pas de laver ta tasse avant de partir.
Il fredonna en réponse, suivant inconsciemment du regard la paire de fesses nues devant lui. Nathan cligna des yeux quand la porte de la salle d’eau fut fermée, pour s’étouffer à moitié avec sa gorgée de café quand il se rendit compte qu’il venait ouvertement de mater son pote.
Pote avec avantages alcoolisés, certes, mais pote tout de même.
N’est-ce pas ?
Nathan s’affala sur la table dans un geignement désespéré. Pouvait-on vraiment appeler deux personnes couchant ensemble sans quasiment jamais voir ailleurs, de simples potes ? Non, ça serait plus une relation libre.
« Mais on n’est pas ensemble ! »
… Vraiment ?
Non et non. Ils n’étaient pas ensemble, peu importe le truc étrange qu’ils avaient quand ils se retrouvaient en soirée. Il était hétéro, merde !
Décidé, il vida sa tasse d’une traite, la lava sommairement, et s’habilla rapidement. Nathan allait partir quand la voix de sa défunte mère dans sa tête le réprimanda de ne pas dire au revoir. C’est vrai qu’en général Kilian attendait qu’il s’en aille pour aller se doucher.
Soupirant face aux bonnes manières incrustées en lui par ses parents, il fit demi-tour et ouvrit la porte de la salle d’eau pour s’arrêter net sur le seuil. Devant lui, dos tourné, Kilian était sous la douche, l’eau coulant en cascade du pommeau pour ensuite ruisseler sur son corps.
Ok, il était gay.
Totalement et irrémédiablement gay.
Mais uniquement envers Kilian, car aucun autre mec - et aucune autre fille d’ailleurs - ne lui avait donné envie de le plaquer contre le mur pour le transformer en chewing-gum. Et cela tous les jours pour… pour aussi longtemps qu’il lui serait possible.
C’est dans un état un peu second avec cette pensée en tête que Nathan entra dans la douche toujours habillé et chaussé. Kilian se retourna surpris avant de le dévisager et de sourire.
– Tu restes.
– Je reste, confirma-t-il d’un hochement de tête.
Le sourire de Kilian s’agrandit et il l’aida à se déshabiller.
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