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volume 1, Chapitre 9 « Petit Boulot » volume 1, Chapitre 9

Option taille : 1000 mots (+/- 10%)

Objet/chose : “lapin”

Émotion/état : “haine”

Couleur : “rose”

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Arpentant le couloir pour récupérer le linge de ses frères, Anaïs était sur le point de frapper à la porte entrouverte de Thibault quand, en entendant un bout de conversation, elle se figea.

– …titution n’est pas ton genre, fit la voix de Chloé légèrement déformée par le micro du téléphone. Même si je comprends la nécessité.

– C’est pas si compliqué que ça, et si tu te débrouilles bien c’est rentable.

– Dit comme ça. Mais bon, c’est pas une raison pour pas bosser ton français. Allez, on reprend.

Thibault grogna, mais sembla obéir.

Anaïs, toujours derrière la porte, resta encore un petit moment figée avant de se recomposer suffisamment pour toquer à la porte et entrer pour prendre le linge sale de son petit frère. Et si elle était un peu raide dans sa démarche et ne cessait de lui jeter des coups d’œil pas discrets ? Ce n’était que pure imagination.

Ce ne fut qu’une fois à la cave, fixant un bout de tissu rose tournant à travers le hublot de la machine, que son déni “tout va bien j’ai rien entendu de bizarre” s’effondra.

Qu’est-ce que faisait Thibault ?! Il était le plus sage et pragmatique d’eux trois ! Si elle devait soupçonner quelqu’un de faire quelque chose de pas net, ça aurait plutôt été Nathan, pas Thibault ! Le ragondin était une preuve suffisante.

Mais n’avait-il pas participé à la fin, après tout ?

Anaïs se secoua.

« Non, non. C’est Thibault. Il ne fera rien de bizarre de lui-même. »

Rassurée sur ce fait, et sur celui que Chloé n’était du genre à faire la même chose, Anaïs continua ses tâches ménagères avant de reprendre sa recherche d’emploi.

Mais à la fin du mois, la fragile sérénité sur les activités de Thibault s’évapora.

Les yeux d’Anaïs étaient fixés sur une ligne particulière qui n’aurait jamais dû être là. Un virement. On lui avait fait un virement. Non, Thibault lui avait fait un virement. De près de mille euros en plus ! Mais avait-il eu cet argent ?!

Et ce fut là qu’elle se souvient de la conversation qu’elle avait entendu entre son frère et Chloé. Ils avaient parlé de nécessité et de rentabilité. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu’ils parlaient d’argent. Depuis la mort de leurs parents, il était difficile d’avoir un revenu correct, surtout que la seule ayant un vrai salaire était Anaïs.

Mais Chloé avait aussi dit que ce n’était pas le genre de Thibault de faire ça. Quel était ce ça, au juste ? Qu’est-ce que Thibault ne ferait pas en temps normal, qu’il serait prêt à faire pour gagner facilement et rapidement de l’argent ?

Anaïs n’eut besoin que d’un clignement des paupières pour avoir une bonne idée sur la question.

« Oh mon Dieu !! Mon petit frère se prostitue !!! »

Ses mains contre son visage, elle se leva inconsciemment puis commença à faire les cent pas dans le salon, ses doigts dérivant vers ses cheveux qu’elle agrippa.

Pourquoi ?! Elle leur avait pourtant fait la leçon sur les choses qu’ils ne devaient pas faire pour gagner de l’argent. Que le travail honnête était la seule façon de ne pas avoir d’ennuis avec la justice, car ils n’avaient pas les moyens de payer un avocat et que ceux payer d’office n’étaient toujours compétents ou juste dans la bonne spécialisation. Sans parler de leur réputation auprès des voisins et de leurs camarades d’école si ça venait à se savoir.

Anaïs se mettait presque à paniquer désormais, tout en se reprochant la décision de Thibault. Si elle avait mieux fait ses recherches d’emploi, ils auraient de nouveau un vrai salaire qui tombait tous les mois et non de quoi à peine survivre. C’était d’ailleurs le facteur le plus important qui l’avait empêché de rechercher des formations, car les aides données dans ce cadre étaient encore plus basses, et qu’il était impossible qu’elle puisse cumuler les deux.

S’arrêtant brusquement dans ses allers-retours, elle décida d’aller confronter Thibault au lieu de se faire mal émotionnellement et physiquement, en plus d’éviter de développer une haine de soi sur le sujet.

– Il faut qu’on parle, assena-t-elle en entrant dans la chambre de son petit frère, prenant tout juste la peine frapper avant.

Thibault sursauta comme un lapin depuis sa chaise de bureau pour se détourner de son ordinateur et la regarder, surpris et curieux.

– Oui ?

– Tu dois arrêter ce que tu fais. Ce n’est pas bien. Je vous avais dit, à Nathan et toi, de ne pas tomber aussi bas pour obtenir de l’argent.

Thibault soupira comprenant de quoi parlait sa sœur.

– Ce n’est pas plus bas que ton travail à l’usine. En plus, je peux faire ça à la maison, donc pas de transport à payer.

– Bien sûr que si ! s’emporta Anaïs. Ce que je faisais à l’usine était un vrai travail et légal !

– Tout comme ce que je fais. Techniquement, ajouta Thibault après une légère pause.

– Techniquement ?! Mais Thibaut tu es mineur ! Et même si tu ne l’étais pas, je t’interdis de vendre ton corps pour de l’argent !!

Un silence s’abattit dans la chambre du plus jeune, ce dernier fixant sa sœur d’un air ahuri.

– Dis-moi que t’es pas sérieuse, souffla Thibault d’exaspération.

– Je t’ai entendu l’autre jour quand tu parlais avec Chloé. Tu fais quelque chose qui n’est pas ton genre et tu le fais par nécessité. Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ?

– Du développement web en freelance.

Anaïs eut une pause, essayant de savoir si son frère se moquait d’elle ou pas.

Thibault soupira et lui fit signe de s’approcher pour lui montrer son écran. Elle obéit lentement, ayant un peu peur de ce qu’elle pourrait voir, mais à part des lignes de couleurs sans sens sur fond noir, elle ne vit rien de ses craintes.

Son frère lui expliqua qu’il avait commencé à faire ça depuis plus d’un mois, gagnant petit à petit de l’argent. Et le passage concernant le fait que ce n’était pas son genre était tout simplement le fait qu’il sentait exploité comme un sous-fifre de bas étage sans considération, En plus de faire au-delà du son strict minimum habituel.

Anaïs fut rassurée et s’excusa platement. Mais quand elle fut sur le point de sortir de la chambre, elle se souvint de quelque chose.

– Une minute, pourquoi tu as dis que c’était techniquement légal ?

– Parce que j’ai seize ans et qu’il me faut une autorisation parentale ou de mon tuteur.

– T’as menti sur ton âge ? recommença-t-elle à s’inquiéter.

– Non, lui assura Thibault à son soulagement. Chloé en a fait une fausse.

– Vous allez finir en prison !! paniqua Anaïs.


Texte publié par Yuedra, 30 juillet 2023 à 10h51
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