Pourquoi vous inscrire ?
«
»
Lecture

L'astalie était déjà haut quand Circa émergea de sa sieste. L'aigle grogna aux rayons de l'astre qui l'aveuglaient et se redressa juste assez pour s'asseoir, le temps que ses pensées redeviennent claires.

Le jeune homme s'étira longuement en bâillant bruyamment, puis rassembla ses affaires, comptant rapidement préparer son départ pour accomplir ses obligations, départ qui fut amorcé par sa métamorphose.

La Citadelle n'était pas à côté, mais le besoin de solitude l'entraînait parfois sur des îlots assez éloignés pour ne plus apercevoir les hauts bâtiments blancs de la ville aux multiples origines.

De ses serres, il agrippa la hanse de sa besace sans ménagement et s'envola dans de bruyants battements d'ailes.

* * *

Le métamorphe arriva rapidement dans le centre de l'imposante cité. Partout, des gens de toutes les cultures, hormis celle d'Eysul. Cela faisait plusieurs générations que le peuple de l'île bleue n'avait pas voyagé jusqu'ici. Les bâtiments principaux se basaient au centre de la Citadelle. Ceux-ci étaient immaculés.

Circa reprit sa forme d'origine et partit en direction des quartiers artisans.

Son mentor devait déjà l'y attendre.

Depuis bien trop longtemps.

Il poussa la porte de l'atelier et jeta sa besace sous son établi.

Le professeur n'avait pas levé les yeux de son ouvrage, mais son mécontentement se devinait fort aisément !

« Tu es en retard. »

Qu'il ponctua d'un « Encore. »

Le jeune homme prit un ton nonchalant pour répondre à son professeur.

- J'imaginais que tu aurais pris l'habitude, depuis le temps !

- Tu es...

- Irritant ? Épuisant ? Agaçant ?

Jinlu l'attrapa par le col quand il le jugea trop proche de ses planches.

- Horripilant. Mets-toi à ton poste. Du travail t'attend.

Circa se contenta de sourire pour acquiescer à son ordre sans se risquer à une nouvelle maladresse verbale.

Un plan détaillé l'attendait déjà sur à poste de travail.

Rien de fou, mais fallait le faire.

Le schéma présentait la commande : une commode tout à fait basique, mais fonctionnelle.

Il ne la terminerait pas aujourd'hui.

Demain, dans la journée. Tout au plus.

L'après-midi passa rapidement, sans un mot.

Seuls les bruits des outils à bois pouvaient se faire entendre.

Une main venant se poser sur son épaule lui annonça la fin de sa journée.

- À demain, gamin.

- À demain !

Circa récupéra ses affaires à la hâte et franchit en courant la porte de l'atelier les secondes qui suivirent, et il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver son lieu d'habitation où l'attendaient sa sœur et ses parents pour le repas du soir.

C'était une petite maison forestière sans prétention, éloignée des tumultes de la ville et entourée de plantes grimpantes, bosquets fleuris et parterres de fleur que leur mère s'obstinait à entretenir.

Aeliona l'attendait devant la porte.

Du haut de ses huit ans, elle alla se jeter dans les bras de son frère quand ce dernier eut le malheur d'apparaître dans son champ de vision.

Le jeune aigle l'accueillit en souriant et l'embrassa sur le front avant de la jeter sur son épaule, tel un sac de provisions.

L'enfant riait en se débattant sans grandes convictions, puis termina le nez dans une pile de coussins.

Son cri de surprise tira un rire moqueur au plus vieux lorsque celui-ci la lâcha.

- Je te pensais adulte, mais je dois m'être trompée !

Un sourire affectueux illumina le visage de leur mère. Elle les regardait faire depuis la cuisine où elle préparait le repas du soir avec leur père.

La fillette sortit du tas moelleux en riant et retourna embêter son frère pour lui demander de jouer avec elle.

L'intéressé fit semblant de réfléchir avant de répondre :

- Je pourrais potentiellement accepter si tu nous aides à préparer la table pour ce soir !

- D'accord !

Aeliona alla mettre les couverts à la hâte suite à cette demande.

Circa profita de ce moment de répit pour aller jeter son sac à sa place habituelle, près de la porte d'entrée, puis rejoignit ses parents pour embrasser chacun d'eux sur la joue.

- Bonsoir !

Ce fut sa mère qui lui répondit d'abord :

- Ta journée s'est bien passée ?

- Comme les autres !

Puis son père :

- T'es pas rentré à midi.

- Je suis allé me promener sur les îles alentours.

Athina soupira exagérément de désespoir à la réponse de son fils.

- J'espère sincèrement que ta sœur aura quelque chose de plus... Terrestre ! Ça me ferait une personne de moins à m'inquiéter !

L'intéressée, qui venait chercher les assiettes, prit un air vexé à la remarque de sa mère.

- Mais moi aussi, je veux voler !

Sa remarque tira un rire à tout le monde, sauf à elle, qui ne comprenait pas la raison de cette hilarité.

* * *

Le lendemain, à son poste, il ne trouva pas la commode qu'il était en train de fabriquer.

Un bref regard du côté de son professeur résolut l'énigme : Jinlu se l'était approprié et le terminait à sa place.

- Yo ! Qu'est-ce que je suis censée faire ?

- Qu'est-ce qui est écrit sur ta fiche ?

Circa s'approcha de son établi, attrapa le document qui s'y trouvait, et posa dessus un regard circonspect.

« Meuble » ?

- Qu'est-ce que je suis censé faire avec ça ?

- C'qui est écrit dessus.

Il n'avait pas levé les yeux de son travail.

- Ouais, mais les détails ? C'est une table ? Une chaise ? Dans un bois particulier ? Avec des décorations particulières ?

- Relis ta feuille.

- Mais...

- T'as une semaine. Pour le dessiner et le concevoir. Au boulot. J'verrai après si je peux arrêter de t'considérer comme un simple apprenti !

Le jeune homme, surpris, n'insista pas et commença à tracer divers croquis de divers meubles plus ou moins sophistiqués, sous l’œil lointain mais attentif de son mentor.

Une bonne dizaine de dessins techniques avaient été accumulés lorsqu'il se décida enfin sur l'un d'eux..

Au troisième jour, le meuble présentait déjà un bon avancement et Circa travaillait actuellement sur la sculpture d'une scène sylvestre qui ornementerait une des portes du placard bas dessiné quelques jour auparavant.

Aeliona observait son frère depuis plusieurs minutes, mais elle n'avait pas trouvé l'occasion de s'annoncer en voyant la concentration avec laquelle il s'appliquait sur son ouvrage.

Néanmoins, elle ne put garder pour elle un « C'est joli ! » admiratif en voyant que même les poils du lapin étaient gravés dans le bois sombre.

Son intervention surpris le plus vieux qui interrompit son travail. Sa présence en ce lieu était un événement assez inhabituel pour l'inquiéter. Il posa ses outils pour s'occuper de la petite qu'il trouvait beaucoup trop près de l'établi pour être en sécurité.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? T'es pas censée entrer, y a des outils dangereux ici.

- Mais je voulais te voir !

Il hésita un instant mais consentit finalement à accepter sa présence sous quelques conditions. Il approcha une chaise haute et assis la petite dessus après s'être essuyé les mains sur un chiffon.

- Si tu veux rester, ne bouges pas de ce siège. Ok ?

Aeliona acquiesça et observa son frère reprendre ses outils afin de poursuivre son œuvre, attentive à chacun de ses gestes ? Après quelques minutes, elle prit la parole après une inspiration hasardeuse :

- Je voulais être avec toi... Tu joues plus en ce moment, tu rentres trop tard...

Circa interrompit à nouveau son travail pour reposer son attention sur sa sœur. Il repoussa des copeaux de bois et s'assit sur l'établi le temps de discuter avec elle.

- Ok. C'est vrai et je suis désolé. Malheureusement, ça va durer encore quelques jours.

- Combien ?

- Tu veux que je te montre sur tes doigts ?

L'enfant hocha la tête et tendit ses mains vers son frère. Ce dernier ferma tous les doigts d'une main et en laissa quatre à l'autre. Elle compta silencieusement avant de lui demander confirmation.

- Quatre ?

- Oui, quatre. Après, nous pourrons aller nous promener au lac, comme avant. D'accord ?

- Promis ?

- Promis !

La petite sembla heureuse de cette nouvelle et sauta de la chaise à son frère sans prévenir.

Il la réceptionna de justesse dans ses bras avec une certaine désapprobation même s'il ne lui en voulait pas.

- Ce n'est pas très propre ici, maman risque de râler si tu te salies. Tu devrais rentrer, je vous retrouve ce soir pour le dîner. D'accord ?

Elle fit un peu la moue mais accepta tout de même.

Circa descendit de l'établi avec elle et la reposa sur le sol, lui ébouriffant les cheveux au passage.

- À tout à l'heure, p'tit monstre !

- À tout à l'heureeeuh... Gros ! Monstre.

Puis elle sortit de l'atelier en courant et en riant.

L'aigle la regarda faire, un sourire au coin des lèvres, puis retourna à son meuble jusqu'à ce que Jinlu le foute dehors avec sa besace.

* * *

Les quatre jours n’eurent pas le temps de s'écouler.

Aeliona était simplement partie ramasser des fleurs pour décorer la maison lorsque Circa entendit un appel de détresse alors qu'il assemblait deux morceaux de sa vitrine.

Il se stoppa dans son activité et regarda en direction de la porte face à un Jinlu qui ne comprenait pas son comportement.

- Qu'est-ce t'as ?

- T'as pas entendu ?

- Entendu quoi ?

- Le cri.

- Quel cri ?

- Le...

Puis il compris.

Sous le regard étonné de son professeur, il lâcha meuble et outils, et partit en courant en direction de sa maison, laissant toutes ses affaires sous son établi dans la précipitation.

Il cru entendre un « Tu vas où ? » avant que la porte se referme, mais il ne prit pas le temps de répondre.

Arrivant chez lui, ses parents n'étaient déjà plus là.

Il prit son envol et parcouru les cieux en cherchant sa présence qu'il sentait un peu plus proche à mesure qu'il approchait de sa position.

Arrivant juste au-dessus de la source de son énergie, il put apercevoir un ours brun rôder dans le secteur.

Certainement la cause de cet appel.

Peut-être le petite avait-elle été surprise par l'animal ? Très certainement. Il se posa prudemment sur une branche proche de sa sœur et profita de sa vision pour essayer de détecter sa planque.

La petite fut plus rapide que lui.

Reconnaissant son frère, Aelina sortit de sa cachette pour le rejoindre, attirant malgré elle l'attention de la maman ours qui la considéra rapidement comme une menace et fonça sur l'enfant.

Au moment où l'animal menaçait d'atteindre Lili d'un coup de patte, un aigle aux plumes ambrées à moitié humain l'enveloppa dans ses ailes afin de la protéger de l'attaque qui le frappa funestement.


Texte publié par Adrielle, 9 janvier 2023 à 13h57
© tous droits réservés.
«
»
Lecture
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2836 histoires publiées
1285 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Fred37
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés