Ciel avait une désagréable sensation de déjà vue. Encore une fois, il se rendait à un bal masqué. Et, cette fois encore, à son grand agacement, il devait porter une robe afin d’avoir l’air d’une proie facile, et, ainsi, pouvoir attraper le criminel qu’il traquait. Criminel qui, semblerait-il, était supposé se rendre à ce bal. D’où sa présence en ces lieux, habillé une fois encore dans une toilette féminine. Alors que, la dernière, il s'était juré de ne plus jamais le faire. D’autant plus qu’il avait la désagréable impression que son malaise plaisait un peu trop à son majordome démoniaque. En l’aidant à revêtir cette robe, Sébastian avait l’air bien trop joyeux. Clairement, il appréciait de voir son jeune maître dans une situation qui le mettait mal à l’aise.

Dans la salle où il évoluait, le jeune comte Phantomhive travesti en jeune fille de noble lignée faisait forte impression. Les hommes de l’assistance étaient charmés par cette jeune beauté ténébreuse et boudeuse, se demandant quelle était son identité. A la grande exaspération de Ciel.

Pour sa part, Sébastian ne comprenait pas son besoin soudain de montrer les dents aux hommes qui épiaient avec convoitise Ciel, ne se doutant pas qu’ils avaient affaire à un jeune garçon déguisé en fille. Le démon éprouvait le besoin, inexplicable en son sens, de s’emparer de son jeune maître et de l’emmener loin, dans un lieu où ils seraient seuls. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi, à peine arrivé, son plaisir sadique de savoir le jeune comte dans une situation inconfortable s’était envolé pour un instinct protecteur et possessif très puissant.

Un homme, jeune, s’approcha de Ciel et l’invita à danser. Quand il saisit avec délicatesse la main du garçon travesti, son majordome vit rouge et ne put plus se contrôler. Éjectant l’importun avec violence, il s’empara vivement de son maître et partit rapidement. Oubliant la raison de leur présence. Il emmena son maître à l’étage, dans une chambre la plus éloignée possible de la salle de réception.

N’ayant plus aucun contrôle sur ses actes, il plaque Ciel sur le lit et s’allongea au-dessus de son corps. Puis, il grogna afin de décourager quiconque de s’approcher. Le jeune comte cligna des paupières, perdu. Ne comprenant pas ce qui arrivait à son imbécile de serviteur démoniaque. Puis, fronçant les sourcils, il ouvrit la bouche dans le but de l’invectiver vertement pour ses actions, qui avaient potentiellement ruiné ses chances de mener son enquête à bien.

La bête, totalement dominée par son instinct et ayant mis son intellect aux oubliettes, profita de l’occasion pour fondre sur les lèvres du jeune homme. L’embrassant voracement, impérieux, exigeant, dominateur. Pris au dépourvu, Ciel se laissa faire. Puis, timidement, il répondit aux baisers de l’autre. Le démon, sentant que son partenaire commençait à peiner à respirer, mit fin au baiser et déporta sa bouche vers la gorge du comte. Laissant ses crocs pousser dans sa bouche, Sébastian mordit soudainement le cou à sa portée, marquant ainsi le jeune homme comme lui appartenant.

Cependant, cette marque était différente du pacte qu’ils avaient passé à leur rencontre. Le pacte avait lié l’âme de l’humain au démon, permettant à ce dernier de la dévorer quand il aurait rempli le vœu de son contractant humain. Tandis que cette marque-là était une revendication d’un démon mâle sur un autre démon, mâle ou femelle, comme lui appartenant en tant que partenaire. Car, bien qu’il n’en ait pas conscience quand il était lucide, Sébastian en était venu à aimer désespérément son maître et à ne plus le voir comme son prochain repas.