Seth approchait d’Horus d’un pas félin, qui le regardait faire sans réagir. Le plus jeune affichait une expression faussement blasée, mais son oncle n’était pas dupe. Il voyait très bien le désir brut, presque animal, se refléter dans les yeux du Dieu faucon. D’un geste rendu volontairement sensuel, le Dieu chaotique attrapa paresseusement le bras de son amant et, d’une simple pulsion, l'entraîna à sa suite. Direction, la chambre du plus jeune.

Tout à leur jeu de séduction, ils n’avaient pas remarqué Isis qui passait par là et qui les fixait d’un air incrédule, n’arrivant pas à comprendre ce qu’ils faisaient exactement. Ca aurait été d'autres personnes que son frère et son fils, la Déesse aurait tout de suite compris. Mais, sachant que l’un des individus était son précieux bébé et l’autre, son perfide frère, elle avait comme un blocage qui l’empêchait d’en arriver à la bonne conclusion.

D’autant plus que, pour elle, ils étaient juste deux rivaux qui se vouaient une saine haine réciproque. Elle ne pouvait concevoir, du moins sans plus de preuves, qu’il puisse exister autre chose entre eux deux. Voulant en avoir le cœur net, elle les suivit discrètement. Bien vite, elle s’en mordit les doigts. Les deux amants n’étant pas vraiment ce que l’on pourrait qualifier de discrets dans leurs félicités.

Quand Isis perçut des gémissements de plaisir et les mots crus que s’échangeaient les deux amants, elle ne put s’empêcher de rougir comme une pivoine. Son innocent bébé avait été corrompu à la luxure par ce libertin sans scrupule qu’était Seth ! Car, à ses yeux de mère, il était impossible que ce pût être son fils, son précieux fils, si pur, si innocent, qui soit à l’origine d’un échange aussi scandaleux ! Du moins, de sa propre opinion.

Hagarde, elle fila sans demander son reste, afin de tout raconter à son époux des activités odieuses dans lesquelles ce scélérat de Seth avait osé entraîner leur enfant.

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Quand Isis, choquée, eut fini de faire son rapport à Osiris sur ce qu’elle venait de surprendre, le Dieu eut une moue pensive. Bien que surpris, Osiris n’était néanmoins pas aveuglé par son amour filial pour Horus. Il se doutait que les “torts”, si on pouvait dire, devaient certainement être partagés.

Contrairement à son épouse, il avait conscience que leur fils n’était plus un enfant et, qu’en tant que tout jeune homme, il puisse être travaillé par sa libido en plein éveil. Il aurait juste préféré que son fils ne se fasse pas les dents sur Seth. Car même si, de manière surprenante, il n’en voulait pas à son frère pour ses exactions, il aurait néanmoins préféré qu’Horus apprenne les jeux de l’amour avec quelqu’un d’autre. Et cela pour une raison très simple. Il ne voulait pas que son enfant en ait à souffrir.

Or, en digne Dieu libertin et chaotique, Seth cumulait les amants et amantes. Même lui avait entendu parler des prouesses sexuelles de son turbulent frère. Alors même qu’il faisait tout pour ne rien entendre à ce sujet, n’ayant nul envie de connaître les tenants et aboutissants de la vie sexuelle (très) active de Seth.

Ainsi, même s’il n’avait rien contre le Dieu du Désert, lui ayant pardonné son crime, Osiris était loin d’approuver sereinement cette idylle. Car, à ses yeux, celle-ci ne pouvait se finir que d’une seule manière : avec le cœur brisé de son fils. Mais il ne dirait rien. Il laisserait Horus décider, car cela faisait partie de l’apprentissage de la vie, après tout. Il se tiendrait prêt à soutenir son enfant, mais il ne le briderait pas. Même s’il n’approuvait pas, il soutiendrait son fils quels que fussent ses choix. Même s’il était vrai qu’il aurait été plus serein si le choix d’Horus s’était porté sur un autre Dieu. Mais, justement, c’était son choix et il lui appartenait.