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tome 1, Chapitre 1 « Retour à la réalité » tome 1, Chapitre 1

Trois coups secs résonnent contre le bois ciré de la porte de la chambre de Hiraeon et ce dernier, encore endormi, ne daigne même pas ouvrir les yeux ni répondre sinon en tirant le deuxième oreiller pour le plaquer sur le côté de son visage après s'être tourné, dos à l'entrée de la pièce.

Une poignée de secondes s'écoule.

Trois nouveaux coups se font entendre, plus déterminés, comme si son visiteur savait très bien qu'il était là.

— J'ai du nouveau concernant l'invasion des dukakis à Poeta, rejoins-moi en bas ! Et habillé de préférence ! prononce une voix rauque et autoritaire suivie de bruits de pas lourds qui s'éloignent.

Le jeune homme soupire avant de jeter l'oreiller à travers la pièce. Il se redresse ensuite, soufflant profondément tellement il a du mal à émerger, pour enfin s'assoir sur le matelas. Son crâne douloureux comme si on le lui serrait dans un étau, il passe ses mains sur son visage en gémissant de toute la fainéantise qui l'habite.

Lorsqu'il se lève enfin et fait un premier pas, le son caractéristique de plusieurs bouteilles en verre s'entrechoquant puis heurtant le sol se fait entendre. Certaines d'entre-elles roulent dans des directions différentes et aléatoires, une ou deux parviennent même jusque sous le lit.

— Bordel de merde de... commence-t-il à jurer mais il se tait lorsque sa vue - qui n'est pas encore totalement opérationnelle - tombe sur l'une de ses chemises à lacets en lin, tâchée de sang séché.

Il essaye de se souvenir comment ces tâches ont pu se retrouver là mais, entre cette migraine caractéristique et la difficulté qu'ont ses sens à répondre présents, c'est une mission impossible.

Le brun s'avance de quelques pas supplémentaires vers une commode aux tiroirs ouverts et d'où des vêtements sortent en désordre. Il attrape la première chemise qui semble propre et ayant une odeur convenable puis se penche pour se saisir d'un haut de chausse.

Une fois qu'il a enfilé le tout il s'étire, se frotte les yeux puis inspire profondément avant de sortir de la pièce et de descendre les escaliers menant à la grande salle de l'auberge où il séjourne depuis... Quelques jours ? Non ça doit être plus que ça... Deux semaines peut-être ? Il n'en sait rien, la notion du temps doit faire partie des choses qui ont le plus rapidement disparues depuis son réveil au Sanctum.

Un officier de l'armée élyséenne, capitaine du détachement qui a pris en charge Poeta après l'incident, l'attend patiemment au comptoir. Hiraeon le connaît puisque cet homme à qui il donne la cinquantaine, bien bâti, d'un calme à toute épreuve mais au regard dur, est celui qui est venu en premier à son chevet lors de son réveil puis l'a tenu plus ou moins informé de l'évolution de l'enquête.

Le jeune humain se remémore leur dernière rencontre... Il s'attend à ce qu'elle prenne tôt ou tard la même tournure et... Il n'est pas d'humeur ni en état d'entendre des remontrances qu'il sent venir mais se dirige tout de même vers le tabouret voisin.

Une fois installé, le vieux soldat est exceptionnellement silencieux même si Hiraeon sent son regard inquisiteur et désapprobateur posé sur lui. Le brun tourne alors la tête vers l'officier.

— Non, je ne dirai rien, je n'ai pas le temps de brasser de l'air aujourd'hui.

L'aubergiste dépose une boisson chaude devant chacun des deux hommes avant que le capitaine ne fasse glisser quelques kinahs pour régler la commande.

— Bois-en une gorgée mon garçon.

— A vos ordres, répond le jeune homme sur un ton à la limite de l'insolence avant de s'exécuter.

Le soldat reste silencieux, jaugeant son voisin.

— Alors, pourquoi ces enflures de dukakis ont pété un plomb et lâchement assassiné des innocents ? Et surtout, pourquoi l'armée élyséenne a été incapable de gérer ces petites merdes normalement aussi lâches que peureuses ?

— Des balaurs étaient derrière tout ça.

Hiraeon écarquille les yeux.

— Des balaurs..?

Oh il n'a pas besoin de demander quel genre de créature se cache derrière ce mot qui fait trembler n'importe qui de peur, même des vétérans qui se sont battus pendant des années dans les Abysses.

En effet, c'est cette espèce que Aion avait créée dans le but de veiller sur les humains et sur l'équilibre d'Atréia, des sortes de lézards massifs et bipèdes. Ce sont bien les balaurs qui sont à l'origine de la guerre du Millénium après des siècles de paix, certains mutant en seigneurs Dragons et décidant que leur race ne serait plus appelée par le nom que lui avait donné Aion : les drakans. Suite à cela Aion créa les douze daevas originels connus sous le nom de seigneurs Empyréens qui menèrent la race humaine à la guerre pour repousser ces bestioles avides de pouvoir et de sang.

Mille ans plus tard, la guerre étant devenu une impasse pour les deux camps, ceux-ci décidèrent d'organiser un sommet diplomatique pour signer un traité de paix. C'est à cette occasion que Azphel, seigneur Empyréen de l'Ombre et gouverneur du Nord, trahit la confiance des siens et le faible pacte conclut avec les balaurs en se retournant contre ces derniers pendant les négociations. Sa folie provoqua une bataille dans la Tour de l'Eternité elle-même et ses alentours puis la destruction de celle-ci, un évènement connu aujourd'hui sous le nom de « Cataclysme », le jour où Atréia fut coupée en deux.

De ce que lui avait raconté son père, les balaurs semblaient avoir disparu pendant les trois premiers siècles qui ont suivi le cataclysme mais ils sont revenus en même temps que la première rencontre entre Elyséens et Asmodiens, ce qui relança la guerre.

— Comment... lâche Hiraeon dans un souffle.

— Un portail abyssal a été ouvert dans la mine de Timolia, par les dukakis qui depuis tout ce temps étaient sous la coupe des balaurs.

— Haha, je vois... Donc les autorités n'ont pas été capables de détecter le portail et voilà ce que ça a donné, je v...

— Écoute-moi bien mon garçon, interrompt l'officier, tu es un peu léger pour oser parler de la sorte. Et puis dis-moi, qu'est-ce que tu fais depuis le drame, mh ? Tu es ici, à boire et provoquer des esclandres tous les soirs, tu es une loque à peine humaine qui dilapide tout l'argent de son héritage dans la luxure. Qu'est-ce que tu as fait d'utile pendant ce mois qui s'est écoulé ? As-tu détecté des portails ? Sauvé des vies ? As-tu au moins pris en main ton avenir pour répondre à tes responsabilités ?

Le jeune homme se décompose, mis au silence par une vérité écrasante.

— Et n'ose pas me demander de quelles responsabilités je parle, tu le sais, au fond de toi. Un humain inexpérimenté et non entraîné n'aurait jamais pu tuer seul un krall, encore moins utiliser l'éther pour l'aider.

Hiaeon redresse brusquement la tête pour fixer l'officier droit dans les yeux. Son air de chien battu qui baisse les oreilles se mue en une expression qui montre comme il est abasourdi, comme s'il n'avait pas compris ou entendu ce que venait de prononcer son interlocuteur.

Tuer un krall..?

Utiliser l'éther..?

Lui ?

De nouveau il baisse les yeux, profondément confus.

Les kralls sont l'espèce dominante des dukakis, des monstres qui font plus de deux mètres de haut et sûrement tout autant de large, des boules de muscles à la peau rouge extrêmement brutaux et cruels.

Comment aurait-il tué une chose pareille alors qu'il a perdu connaissance en découvrant la couche vide de son père..?

Et puis... L'éther... Cette énergie universelle et omniprésente dans Atréia, cette source d'énergie d'où les daevas tirent leurs pouvoirs et leur immortalité... Aurait-il vraiment été capable de l'utiliser ? Les humains sont pourtant incapables de le faire ou alors...

— Tu me déçois, encore. Je pensais qu'après ton réveil tu aurais tout fait pour t'enrôler et diriger ta fureur vers les créatures qui ont tué ton père et ainsi aider Elysea à faire face à ses ennemis. La seule fureur que je constate c'est celle que tu emploies à vider des bouteilles de vin.

Hiraeon fixe le comptoir, sonné, alors que le soldat fait une pause dans son discours pour boire la dernière gorgée de sa boisson. Il se lève ensuite.

— Si tu veux arrêter de gâcher ta vie, va voir Jucléas, enrôle-toi, deviens soldat et venge ton père en combattant les Balaurs. Nous avons besoin de combattants et je sais qu'au fond, une fois discipliné et entraîné, tu sauras le leur faire payer, d'une façon ou d'une autre.

Le jeune homme lève les yeux vers son interlocuteur avec une expression difficile à déchiffrer ce à quoi répond le capitaine en posant amicalement sa main sur l'épaule de son protégé.

— Fais ce que tu as à faire et rejoins-moi dans les Abysses pour honorer la mémoire de ton père et de tous ces pauvres gens qui sont morts injustement.

Le jeune homme détourne une énième fois les yeux, son regard tombe sur ses mains dont il observe la paume. Ces mains auraient tué un krall et utilisé l'éther, vraiment ?

Il y a peu de doute...

Il revient à l'officier avec de la détermination qui luit dans le regard, la tristesse et la fatalité qui y résidaient auparavant ont été balayées.

A quoi bon chercher à blâmer qui que ce soit, lui ou les autorités du Sanctum, depuis tout ce temps il se morfond et se réfugie dans l'alcool alors que tout ce temps aurait pu être employé à préparer sa vengeance.

*****

Après avoir rassemblé toutes ses affaires et libéré sa chambre, Hiraeon a traversé la ville de Sanctum pour aller au Lyceum : ce grand bâtiment dans lequel il s'est réveillé un mois plus tôt, qui fait office d'hôpital et de lieu d'études sur l'éther.

Il se souvient avoir émergé dans un lit aux draps d'un blanc immaculé, à moitié nu, le corps tout engourdi. Son premier réflexe fut de vérifier si sa chair portait le moindre bandage ou trace de blessure, il tâta différentes parties de son anatomie mais il n'en était rien. C'est là que l'officier vint le trouver.

— Alors, comment tu te sens mon garçon ?

Le jeune homme prit un instant pour répondre, passant ses mains sur son visage.

— Où est-ce que je suis... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il, perdu dans ses repères et ne reconnaissant pas son environnement.

— Tu es au Sanctum, dans le Lyceum plus précisément. On t'a trouvé inconscient pas loin du lac de Cliona, au milieu d'une marre de sang et de plusieurs cadavres. On a bien cru que tu étais mort toi aussi, l'un de mes gars a bien failli se chier dessus quand il a commencé à te déplacer et que tu as toussé.

Il ne fallut qu'un instant au garçon de ferme pour remettre les évènements dans le bon ordre : l'arrivée des soldats, la détonation, les colonnes de fumée, le bruit des combats, la course vers sa ferme...

Mais... Il fut retrouvé dans une marre de sang au milieu de cadavres ? Pourtant la dernière chose dont il se souvenait c'était d'entrer chez lui, les entrailles serrées par une peur sans nom, et trouver ce soldat déjà mort, rien d'autre, le trou noir ensuite...

— Je ne me souviens de rien... A part que j'avais la haine, j'étais en colère et j'ai... J'ai eu envie de trouver une arme pour tuer des dukakis.

Le capitaine haussa un sourcil et tourna la tête vers le grand prêtre Jucléas, responsable du Lyceum et tuteur des jeunes daevas. Celui-ci se massait le menton en fixant Hiraeon puis s'avança vers lui.

— Le moins qu'on puisse dire c'est que tu as réussi et...

Le capitaine cessa de parler quand Jucléas lui fit un mouvement de la main, afin qu'il n'en dise pas plus.

— Bonjour Hiraeon, mon nom est Jucléas. Je dois vous avouer que certaines choses me semblent étranges chez vous. Déjà, étant donné votre âge physique, je me demande comment c'est possible que nous ne vous ayons pas remarqué plus tôt... Et vous dites que vous ne vous souvenez pas de votre combat contre les dukakis et un krall ?

Le jeune homme regarda alternativement ses deux interlocuteurs, confus. Il comprenait les mots qui sortaient de la bouche du grand prêtre mais il ne saisissait pas ce que tout cela impliquait. Quelque chose ne tournerait pas rond chez lui ?

Il se souvient que le capitaine avait interrogé Jucléas du regard et ce dernier avait légèrement secoué la tête en signe de négation.

— En tout cas, vous êtes en bonne santé et je ne vois pas de raison de vous garder plus longtemps ici. A moins que... Que vous ne vouliez en savoir plus sur l'éther.

Hiraeon n'avait vu là qu'une proposition un peu étrange et, sur le moment, loin de figurer sur la liste de ses priorités...

Pourtant, aujourd'hui, après cette discussion qu'il a eu à l'auberge avec le capitaine, il est clair que cette offre a un tout autre sens : Jucléas sous-entendais que le rescapé pourrait en apprendre plus sur sa nature daévique quand il se sentirait prêt, le temps que le choc des derniers évènements passe.

Alors il est là, devant ce bâtiment qu'il contemple puisqu'il ne s'était pas arrêté pour le faire la première fois. Cette grande arche qui fait office d'entrée, l'énergie qui s'échappe du lieu, le son des manipulations éthériques et de leurs incantations par les prêtres et autres aspirants daevas...

Il se décide enfin à entrer et découvre dans la grande pièce principale quatre petite plate-formes en pierre sur lesquelles des hommes et femmes interagissent avec leur auditoire composé de quelques personnes très attentives. Ne s'attardant pas trop, le brun continue sa route en traversant cette grande salle, tout droit, jusqu'à arriver à une plus petite pièce où Jucléas et autres personnes dont Hiraeon ne connait ni le nom ni la profession - même si leur accoutrement en donne une petite idée - discutent autour d'un grimoire dont le grand prêtre fait la lecture.

Le responsable du Lyceum se retourne en sentant la présence du nouvel arrivant et lui sourit.

— Hiraeon ! Je commençais à croire que vous ne viendriez jamais. Entrez je vous en prie.

Sur ces mots, le grand prêtre fait un signe de la main et tous les autres prêtres quittent la pièce.

— Je suis heureux que vous décidiez enfin de sauter le pas, dit-il avec un ton sympathique et avenant.

— Je peux devenir un daeva, c'est bien ça ? demande Hiraeon, moins chaleureux et souriant que son interlocuteur à cause de la nervosité.

— C'est exact même si je détecte en vous une énergie particulièrement concentrée et puissante ce qui, vous le devinez, m'intrigue d'autant plus. Toutes ces années vous étiez sous notre nez à Poeta et personne ne vous a remarqué, c'est étrange...

Le jeune homme se garde bien de parler de son père qui semblait, de toute évidence, être hostile aux seigneurs Empyréens, daevas et autres représentations de l'autorité du Sanctum sur Elysea. De toute façon, ce n'est pas cette méfiance - pour ne pas dire haine - qui aurait permise à son père de cacher la présence de son fils à des personnes aussi puissantes et qualifiées que le grand prêtre Jucléas et ses suivants.

— Je dois avouer que j'ai enquêté sur vous par le biais de notre ami commun, le capitaine. Et il se trouve que votre identité est complètement inconnue pour nos autorités. Je ne vais pas vous cacher que certains ont cru que vous étiez un léphariste préparant une attaque sur Poeta mais si vous étiez de connivence avec les balaurs pour lancer cette attaque surprise des dukakis, vous auriez pris des dispositions et je doute que vous auriez réagi de la sorte...

— Un léphariste..? Ce nom me dit quelque chose mais...

— Les lépharistes sont des rebelles qui rejettent l'autorité des seigneurs Séraphims, les seigneurs Empyréens à la tête d'Elysea, et complotent contre Sanctum.

— Oh... répond seulement le jeune homme qui commence à se demander si son père n'aurait pas fait partie de cette organisation dans ses jeunes années... Mais d'un autre côté des opinions ne suffisent pas à faire de quelqu'un un rebelle et, même si son père pouvait être assez féroce quand il était question du Sanctum, il n'avait rien d'un combattant.

— Enfin... Même s'il est possible qu'une partie des fonctionnaires de Poeta et des soldats qui ont enquêté sur l'attaque aient envie de vous arrêter pour haute trahison, j'ai su les convaincre que vous choisiriez la voie de la vertue et du devoir en devenant l'un de nos daevas. Vous aurez pour responsabilité la défense d'Elysea et de sa population et, si je puis me permettre, je vous conseille de vous enrôler dans notre armée où vos compétences seraient très appréciées.

Hiraeon ne bouge pas d'un pouce, intimidé par ces explications, submergé par les responsabilités qu'il devra honorer. Faire son deuil est déjà difficile mais devoir assimiler le fait qu'il est un daeva prêt à faire son ascension et va devenir soldat, c'est à dire tout ce dont son père avait horreur, lui donne soudainement le vertige.

Pourtant, au-delà de l'appréhension et des enseignements de son père, quelque chose au fond de lui est persuadé que c'est sa destinée, qu'il est fait pour ça et que, quelque part, il l'a toujours su. Toutes ces heures à contempler Asmodae dans le ciel, à étudier cartes et gravures représentant l'ancienne Atréia...

— J'accepte, prononce-t-il brusquement après un moment de flottement.

Hiraeon est décidé et déterminé. Le discours du capitaine a su le secouer et lui faire entendre raison : s'il veut venger son père et honorer sa mémoire, il doit s'engager et participer à l'effort de guerre contre ces saletés de balaurs. Lui qui voulait voir du pays, découvrir des lieux époustouflants et vivre des aventures, l'armée sera l'occasion idéale de répondre à toutes ces envies.

Alors soit, même si devenir daeva et un soldat pourrait être vu comme un insulte à la mémoire de son père qui haïssait profondément tout ce que Sanctum représente, il n'y a pas de meilleur moyen pour trouver un jour le responsable de cette attaque injustifiée et lâche qui a volé tant de vies innocentes.

Hiraeon procèdera donc à l'ascension et embrassera son destin.


Texte publié par PikaNC, 4 octobre 2022 à 15h52
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