Des coups retentirent contre la porte d’entrée du château, raisonnant fortement dans la nuit. Kai se leva péniblement de son lit. Avec force bâillements et en se frottant les yeux d’un air ensommeillé, sans prendre la peine de se changer, il alla ouvrir au visiteur nocturne afin d’éviter qu’il ne réveille tout le personnel ainsi que les deux jeunes princesses. Quand la porte fut ouverte, le serviteur fut saisi d’un horrible pressentiment.
Le visiteur avait la livrée de la compagnie maritime chargée de l’organisation du voyage du Roi et de la Reine. La mine grave, sans échanger un mot, le messager tendit au serviteur à peine réveillé une lettre officielle portant le sceau de son employeur. Kai récupéra la missive, qu’il regarda pendant longtemps entre ses mains sans plus de réaction. Sa mission accomplie, son vis-à-vis prit congé et repartit, sans que Kai n’y prête la moindre attention.
Lentement, presque au ralenti, il retourna sa présente Boîte de Pandore et brisa net le sceau. Prenant une grande inspiration, il déplia le billet, le retourna et se mit à le lire. A la fin de sa lecture, il ferma avec force les yeux. Retenant difficilement ses larmes.
Quand il réussit finalement à maîtriser ses émotions, il referma la porte et partit annoncer la triste nouvelle à Gerda. Pour après avoir son soutien au moment de révéler la tragédie aux princesses.
Trois bref coups secs retentirent contre la porte de la chambre, réveillant Anna en sursaut. Elle s’assit sur son lit en baillant et en s’étirant paresseusement puis, d’une voix toute ensommeillée :
– Oui, c’est pour quoi ?
– Nous avons une terrible nouvelle à vous annoncer, princesse, retentit la voix étouffée de Gerda à travers la porte. Pouvez-vous venir afin qu’on puisse vous en faire part, à vous et à votre sœur, Altesse ?
Sans répondre, la jeune fille de quinze ans repoussa ses couvertures et se leva. En passant à côté du fauteuil, elle récupéra sa robe de chambre qu'elle y avait négligemment laissée avant de se coucher la veille. Elle recouvrit bien sa chemise de nuit du peignoir avant d’ouvrir la porte et de suivre la servante jusqu’à la chambre de sa sœur aînée.
En arrivant, elle nota distraitement la présence de Kai et d’Olina devant les appartements de l’autre princesse. Gerda réitéra ses gestes afin de réveiller Elsa.
– Que se passe-t-il ? Demanda Elsa d’une voix tremblante à travers la porte close. Pourquoi nous avoir réveillées au milieu de la nuit ?
Mais, au ton de la princesse, on sentait qu’elle se doutait de quelque chose. Pour qu’on les tire ainsi du lit, cela ne pouvait présager qu’une seule chose. Quelque chose était arrivé. Quelque chose de terrible. Et elle avait peur. Peur de se voir confirmer ce qu’elle soupçonnait déjà. Car, en cet instant, elle ne pouvait imaginer qu’une seule raison justifiant de les réveiller. Quelque chose était arrivé. Quelque chose de terrible. Certainement en lien avec ses parents.
Un mauvais pressentiment la glaçait. D’un côté, elle avait envie de savoir afin de pouvoir faire taire cette peur terrible qui avait pris possession d’elle. Mais, d’un autre côté, elle ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas qu’on vienne lui confirmer ses craintes, car la situation deviendrait alors réelle. Elle ne pourrait plus se voiler la face. Elle ne pourrait plus ignorer qu’il était arrivé un malheur à leurs parents, à Anna et elle.
Mais le temps continua son cours, la nouvelle tomba. Tel un couperet, la voix chargée de chagrin de Kai brisa les derniers lambeaux d’espoir que s’efforçait de maintenir Elsa :
– Le bâteau que leurs Majestés le Roi et la Reine ont pris a essuyé une terrible tempête. Il a fait naufrage, sans laisser le moindre survivant. Vos parents sont morts, princesses.
A ces mots, Elsa sentit ses jambes la lâcher. Elle tomba à genoux dans sa chambre, parfait reflet de sa jeune soeur qui s’effondra en pleurs dans les bras d’Olina qui essaya tant bien que mal de consoler la plus jeune des princesses en dépit de ses propres larmes qu’elle ne put empêcher de laisser couler le long de ses joues rebondies.
Elsa, dans sa chambre, se noyait dans un maelstrom d’émotions. Elle ne put se maîtriser et, rapidement, sa chambre se retrouva prise dans la glace. Dans son affliction, elle échoua à garder le contrôle de ses pouvoirs.
Deux stèles furent mises en place côte à côte avec le nom du roi et de la reine, mais les cercueils étaient vides. Les corps n’avaient pas pu être récupérés, ils avaient disparu en mer.
Le prêtre officiant parlait d’une voix douce, sereine. Les funérailles furent pleines d’émotion, le couple royal étant très aimé de son peuple. Mais la beauté de la cérémonie n’apaisa en rien la douleur de la plus jeune princesse. Douleur qui était accentuée par l’absence incompréhensible, à ses yeux, de sa sœur.
A la fin des funérailles, le prêtre fit observer à tous une minute de silence en signe de respect pour les défunts. Puis, chacun présenta ses condoléances à la princesse, avant de retourner à leur quotidien. Car, en dépit de la mort, la vie continue malgré tout. Une perte, aussi tragique soit-elle, ne met pas la vie sur pause. Elle constitue juste une autre étape inévitable de la vie.
Bientôt, Anna se retrouva seule face aux tombes de ses parents. Gerda finit par venir la chercher pour la raccompagner jusqu’au château. Dans la bâtisse, la servante retourna à ses occupations et laissa la jeune fille. Celle-ci avançait lentement, détournant avec tristesse la tête quand elle passait devant les portraits de ses parents qui avaient été voilés par les serviteurs en signe de deuil.
La princesse cadette alla frapper à la porte de la chambre de son aînée, avant de l’appeler d’une voix incertaine. Face à l’absence de réponse de sa sœur, elle lui demanda d’une voix tremblante de lui ouvrir. Lui demandant pourquoi elle restait enfermée dans son coin, lui faisant savoir qu’elle avait besoin de sa sœur. Sa seule famille désormais. Mais la porte resta désespérément close, et Elsa désespérément silencieuse.
Anna s’appuya finalement contre le porte, avant de se laisser glisser à terre. Sans savoir que, de l’autre côté de la porte, Elsa faisait de même, tout en gardant le silence. La plus jeune partagea ses craintes quant à leur avenir, maintenant qu’elles se retrouvaient toutes les deux orphelines. Face à l’absence de réponse de l'aînée, la cadette finit par se taire.
Elsa, elle, ne savait pas quoi faire pour soutenir sa sœur. Elle ne pouvait néanmoins pas sortir de sa chambre pour la prendre dans ses bras. Car, en cet instant, elle n’avait aucun contrôle sur ses pouvoirs. Sa chambre était totalement recouverte de givre. Elle avait donc peur d’en venir à faire du mal à sa petite sœur sans le vouloir. C’est pourquoi, pour protéger Anna d’elle, la jeune fille préférait rester dans son coin. Pour s’assurer de ne pas la mettre en danger, comme quand elle était enfant.
Elsa finit par se recroqueviller contre la porte, les jambes enserrées entre ses bras, elle cacha son visage dans ses genoux et se mit à sangloter.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2780 histoires publiées 1267 membres inscrits Notre membre le plus récent est JeanAlbert |