Une fière troupe d'aventuriers partait courageusement à la rencontre de son Destin, en quête perpétuelle de nouveaux défis à relever afin de mettre en application leurs talents indiscutables, dans la joie et la bonne humeur, guidé par leur chef charismatique, le Ranger, qui jamais ne se perdait avec ses cartes (qu’il avait trouvé pas longtemps avant, abandonné dans un recoin obscur du Donjon et dont il avait finalement convaincu ses compagnons fidèles et dévoués de l'intérêt).
La joyeuse troupe arriva dans une salle avec des fioles contenant des substances à l’aspect étrange et mystérieux, dont certaines étaient cassées et égouttées sur le sol ou une autre surface plane.
Cette équipe était composée d'un Nain à la patience inégalée…
- Putain, maugréa le Nain, l'autre con nous a encore paumés avec son tas de feuilles inutiles.
…d'un Barbare à la diplomatie indéniable…
- La ferme, le rabroua le Barbare en le menaçant de son arme.
…d'une Magicienne aux pouvoirs d'une précision et d'une fiabilité à toute épreuve…
- Je peux utiliser l'un de mes sorts pour retrouver notre chemin si vous voulez, intervint la Magicienne en commençant déjà à fouiller sa besace à la recherche de son grimoire.
- NON !!!!! s'écrièrent tous ses coéquipiers masculins d'un air horrifié, y compris le Ranger qui, pour l'occasion, releva la tête de la carte qu'il était en train de suivre avec application jusqu'à maintenant.
- Tu as déjà oublié la fois où, en voulant lancer une boule de feu sur une horde de gobelins déchaînés, tu nous as visé NOUS et non les ennemis à abattre ? la rabroua le Ranger.
- Ou encore la fois où tu as convoqué un golem de pierre pour vaincre l'armée de trolls et qu'au final, il s'est retourné contre nous et nous a donc mis dans une situation encore plus difficile et qu'on a failli y passer, qu'on a été sauvés juste parce que le sol s'est effondré sous nos pieds et que, dans la chute, le golem a écrasé nos ennemis ? Surenchérit le nain.
- Au final, il nous a tout de même sauvé la mise, répliqua la Magicienne avec un doigt en l'air, d'une voix victorieuse.
- Pas grâce à toi ! Lui assena le Ranger, douchant son enthousiasme.
…d'un Voleur toujours pour la cohésion de groupe…
- Et n'oubliez pas tout à l’heure quand elle a lancé un sort afin de savoir s'il y avait des ennemis derrière la porte du Donjon et où elle a décrit notre propre groupe, intervint diligemment le Voleur, ou encore la fois où elle a voulu éclairer notre chemin dans les Ténèbres les plus profondes et les plus sombres jamais traversé de mémoires d'Hommes (ou autre créatures, rajouta-t-il rapidement en avisant ses compagnons non-humains) et qu'elle n'a produit que quelques flammèches crachotantes qui se sont rapidement éteintes ?
…d'un Ogre à la loquacité et à l'éloquence légendaire…
- Grombl…
…et d'une Elfe à la Sagesse inégalée.
- Tiens, qu'est-ce que c'est ? Se demanda à haute voix l'ingénue en touchant un fluide bleuâtre non identifié provenant de l’une des fioles brisées.
Le Nain, méfiant, se retourna rapidement vers elle et la vit toucher la substance étrange aux propriétés inconnues avant d'avoir eu le temps de l'arrêter. Sitôt que les doigts de l'Elfe eurent touché l'objet de sa curiosité, un effroyable grondement de tonnerre retentit et tous les compagnons, excepté l'Ogre, perdirent connaissance. En tombant à terre, une fiole se brisa sur le crâne du Barbare, répandant son contenu sur sa tête.
Quelques minutes plus tard, la joyeuse bande de bras cassés se réveillèrent les uns après les autres en maugréant sous les yeux abasourdis de l'Ogre au-dessus de la tête duquel, si ses compagnons avaient fait attention à lui à ce moment-là, ils auraient presque pu voir les points d'interrogations voleter en grand nombre.
L'elfe s'assit en grognant et en se frottant les tempes d'un air douloureux, les yeux fermement clos. Elle ouvrit la bouche et maugréa :
- Putain mais quelle conne, cette Elfe ! Dit-elle avant de se redresser d'un air horrifié en entendant sa voix fluette.
Elle regarda autour d'elle avec frénésie et poussa un hurlement de bête à l'agonie quand elle vit le Nain qui la regardait également avec une fascination épouvantée sur le visage, attirant ainsi l'attention de leurs compagnons qui gémissaient à qui mieux-mieux suite aux vocalises de l'Elfe qui avaient aggravé leurs maux de tête.
- Tiens, c'est bizarre, sortit ingénument d'une voix grave le Nain, mais j'ai un double qui parle comme le Nain maintenant.
- Je ne suis pas ton double, connasse, éructa l'Elfe, on a vraisemblablement échangé de corps !
Un rire hystérique retentit, attirant l'attention de toute la troupe sur le Barbare qui se roulait de rire par terre, des larmes de joie s'écoulant de ses yeux comme une fontaine sur son visage, s'attirant un hoquet horrifié du Voleur.
- Mais quels boulets ! Hoqueta-t-il.
Le Voleur se leva et se dirigea vers lui, puis le frappa durement sur le crâne, stoppant net son hilarité et le faisant gémir de douleur.
- Tais-toi imbécile ! Grinça-t-il. Il semblerait que nous soyons dans la même situation qu'eux !
Ses compagnons lui lancèrent un regard surpris à la fin de sa tirade, non habitué à une telle phrase de sa part. Mais le Ranger détourna vite son attention quand il vit la potion d’aiguise-méninge qui s’était renversé sur la tête du Barbare, dont le corps était vraisemblablement occupé par le Voleur. Ensuite il se leva tout en disant :
- Pas d'inquiétude, je vais arranger tout ça.
Puis il baissa la tête et, en voyant son torse musclé, eut un bug et passa ses mains sur tout son torse. Il releva la tête d'un air interloqué et regarda tout autour de lui, se figeant quand il vit la Magicienne qui prit la parole :
- Il semblerait que, exception faite de l'Ogre, nous ayons tous eu à subir un changement de corps… (pourquoi est-ce que je suis toujours entouré d'incapables, marmonna-t-elle entre ses dents.)
Le Ranger, dans le corps de la Magicienne, fouilla dans la besace de sa collègue à la recherche du grimoire afin de voir s'il n'y aurait pas, par le plus grand des hasards, la solution à leur problème actuel. En feuilletant les pages, il fut sidéré à la vue de certains sorts tout à fait inutiles (sort pour chanter avec une voix de Sirène, sort pour changer la couleurs des cheveux ou des vêtements, sort pour apprendre à danser avec des claquettes, …) avant d'arriver enfin à la page du sort pour rendre leurs corps d'origines aux Hommes et aux Êtres.
- J'ai trouvé ! Alors, d'après le grimoire de notre estimée collègue, il y a trois solutions possibles pour renverser le maléfice d'échange de corps : attendre simplement que les effets se dissipent (temps variable selon la cause du changement), retrouver le Sorcier responsable de ce sort et soit le convaincre d'annuler sa magie soit, si nécessaire, le tuer (charmant), ou encore réciter une formule incompréhensible pendant que les personnes qui ont échangé de corps se tiennent par la main afin de pouvoir inverser le transfert.
- Hors de question que je laisse les mains baladeuses de cette imbécile d'Elfe s'approcher de moi ! S'indigna directement le Nain, coincé dans le corps de ladite imbécile.
- Techniquement, lui rétorqua l'ingénue, si je te touche actuellement, je toucherais juste mon corps.
- Ça n’empêchera pas le traumatisme de savoir qu'on s'est touchés, aggravés par le fait de voir mon corps s'approcher de moi ! Éructa le Nain irascible.
- La ferme, s'érailla la voix de la Magicienne, vous préférez peut-être attendre que les effets se dissipent tout seuls ?!?!
Le Nain et l'Elfe se dévisagèrent en chiens de faïence, se lançant mutuellement des éclairs avec leurs yeux. Puis le Nain, pris d'un pressentiment atroce, se tourna brusquement vers la Magicienne-Ranger et lui demanda :
- Attends, les effets mettront combien de temps pour se dissiper ?
Le Ranger, dans le corps de la Magicienne, regarda à nouveau les indications écrites dans le grimoire et grimaça avant de dire d'une voix lugubre :
- La cause étant une potion, les effets mettront deux lunes à se dissiper.
- NON !!!!! gémit désespérément le corps de l'Elfe.
- Et on pourrait très bien ne jamais retrouver la trace du Sorcier qui a fabriqué cette potion, n'ayant aucun indice le concernant.
Tous se jetèrent des regards mutuellement, puis se précipitèrent aux côtés de la personne avec qui ils avaient échangé de corps et ils se prirent mutuellement la main avec désespoir. Une fois que tous se tinrent la main, l'Elfe et le Nain du bout des doigts afin de ne pas trop avoir à se toucher, le Ranger récita la formule qui devrait faire revenir la situation à la normale… du moins essaya tant bien que mal à lire l'inscription énigmatique :
- Abra...cada Orfi...chud...ji calabrium Rad...jay...ork...
- Attends, tu le prononces mal, tu n'arriveras à rien comme ça. Laisse-moi faire : Abracada Orfichudji calabrium Radjayork !
Que ce soit avec la prononciation approximative du Ranger ou avec la bonne prononciation de la Magicienne, il n'y eut aucun résultat.
- Bon, bin, on est condamnés à rester comme ça pendant deux lunes, les amis, lâcha la Magicienne dans le corps du Ranger en haussant les épaules.
- QUOI ? Éructa le Nain de la voix fluette de l'Elfe. Hors de question ! Je suis censé aller à une réunion de Clans Nains dans une lune et je ne peux pas me permettre de ne pas y participer ! Et hors de question de laisser l'Elfe y aller à ma place dans mon corps, je refuse de laisser une ennemie rentrer comme un Cheval de Troie !
- Et si personne n'y va ? Demanda l'ennemie en question, ignorant le venin du Nain la concernant.
- Tu es conne ou quoi ? J'ai dit que je ne pouvais pas me permettre de le louper ! Je ne veux pas finir banni à cause de tes conneries !
Le corps du Ranger, abritant l'âme de la Magicienne, s'approcha des deux belligérants avec un sourire digne du chat de Cheshire, faisant vomir le vrai Ranger dans le bas-côté en voyant cette expression affichée sur son visage.
- Bien, bien, ronronna-t-elle de la voix du Ranger, tu es donc prêt à tout pour briser les effets effroyables de cette potion ?
Méfiant, le Nain la regarda suspicieusement tout en répondant un faible « oui » avec réluctance.
- Quand rien d'autre ne marche, il n'y a qu'une seule chose à faire pour venir à bout de ce genre de maléfice. Vous devez vous embrasser.
Un silence de plomb tomba sur la vallée, et pendant longtemps, on entendit une mouche voler, faire des acrobaties aériennes avant de repartir, chassée par le cri, une fois n'est pas coutume, de l'Elfe avec la voix de basse du Nain.
- Je refuse ! On attendra le temps qu'il faudra, mais je ne l'embrasserai pas !
Pendant que l'Elfe tempêtait, le Nain restait figé d’effroi. Puis, prenant son courage à deux mains, il fit s'agenouiller le corps de l'Elfe, attrapa son propre corps par ses vêtements, puis, sans prendre le temps de réfléchir afin de ne pas risquer de renoncer à l'horrible geste qu'il était sur le point de commettre, il plaqua durement sa bouche contre celle de son vis-à-vis.
L'Elfe lâcha le corps du Nain et se recula en crachant par terre et en se frottant la bouche avec une moue écœurée. Tandis que le Nain, lui, faisait de même mais tout en oscillant avec une moue ravie d'avoir retrouvé son corps. Face à leur succès, le vrai Ranger s'approcha de son corps afin de quitter l'enveloppe charnelle féminine qu'il était forcé d'occuper jusqu'à présent.
Le Voleur et le Barbare se regardèrent mutuellement, et lâchèrent en même temps :
- Hors de question que je t'embrasse ! On retrouvera nos vrais corps quand la potion cessera de faire effet !
- Maintenant que j'ai retrouvé mon corps avec l'usage de ma magie, intervint la Magicienne, je peux prononcer la formule pour vous rendre vos corps sans problème !
- NON !!!! rétorquèrent le Nain et l'Elfe d'une voix désespérée, craignant de changer à nouveau de corps et de devoir donc repasser par l'étape « baiser » qui les avaient déjà suffisamment traumatisés comme ça sans en plus devoir recommencer aussi rapidement après.
Pour faire bonne mesure, le Ranger, qui n'avait rien dit, attira l’attention de sa collègue et entama une discussion avec elle afin d'éviter qu'elle ne fasse une connerie qui ne pourrait que leur attirer des ennuis.
Et pour être sûr qu’elle ne fasse rien de tel quand le Ranger aurait fini de parler avec elle, le Nain fit un croche-patte au Voleur, le faisant trébucher et tomber sur le Barbare, les amenant ainsi à échanger “accidentellement” un baiser pour résoudre le problème actuel. Les deux “victimes” du Nain se relevèrent et s’éloignèrent l’un de l’autre, le Voleur crachotant partout d’un air un peu verdâtre et le Barbare brandissant son arme avec l’écume aux lèvres, une lueur vengeresse éclairant son regard il laissa son fameux cri guerrier en se jetant sur le Nain :
- BASTON !!!!
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