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L’eau n’est pas plus bleue ailleurs. Peut-être. Pourtant, mon regard tourné vers l’horizon cherche un nouvel ancrage. Il ne s’agit pas de la température de l’eau, des nageurs de ce pays. Il ne s’agit pas d’une vague précédente ou même d’un tsunamis à venir. Il s’agit de rien de tout cela et de tout en même temps.

Il est tant pour moi de trouver un océan, ma ligne de nage. Parce qu’être une otarie qui patauge, c’est bien, mais arrive un moment ou a enfin envie d’être un poisson dans l’eau. De passer au delà des enclumes et de trouver des algues à son gout. Une brise à sa température. Des profondeurs pour soi.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé de m’adapter à ma piscine de naissance. J’ai observé les autres cétacés, reproduit leurs mouvements de nages et habitudes alimentaires. J’ai analysé et compris les codes de vie en eau plate pour finalement les appliquer. Etoile de mer que je suis, sans faire de vague.

Mais aujourd’hui cela ne suffi plus. J’ai besoin de remous et d’eau salées. Je rêves d’une piscine à vagues et d’un horizon inatteignable. Parce que j’ai l’orgueil de croire que je peux trouver des noyés qui me ressemble. Un crew avec qui faire des bulles, sans me soucier des regards en méduse et des chuchotement de raies.

Il est l’heure de faire le grand plongeon.

Je sais que la chute va être rude. Plus on saute de haut, plus l’eau se solidifie. Mais je crois ce choc nécessaire pour m’emmener dans les abimes de mes retranchements. Qui sait, j’y trouverai peut être mon Atlantide. Je ne demande pas des jambes à la place de mes nageoire, seulement de la force pour assumer mes nageoires en eaux instables.

Il y a tant d’espaces marins, pourquoi devrais-je me contacter de rester dans mon récif, naviguant toujours entre les même coraux, les mêmes grains de sable. Je me crois faite pour un autre rivage. Moins sage. Plus large. Enfin, je veux m’autoriser à penser à moi comme un poisson à part entière et non seulement comme membre d’une ban.

Plus je prépare mon départ, plus les vitres de l’aquarium me semblent infranchissables. Ironiquement plus que m’avance vers elles, plus que prend conscience de leur existence. Nous vivons dans une bulle de liberté disaient-il, quel mensonge: une bulle reste une bulle ! Limitée, fermée, surveillée.

Au delà de la barrière j’espère trouver la liberté. Quel vaste rêve, je sais. Je vois la force de la Baleine à Bosse, la rage du Requin Blanc, la grâce de la Raie Menta et l’énergie de la sardine. Au delà de mon rivage, tout me semble possible. Non pas que je veuille l’impossible, seulement la possibilité me réaliser: avec mes nageoires trop lourdes, mes écailles ternes et ma nage souvent bancale.

Je veux croire en d’autres coquillages.

Parce que je ne suis pas un moule collée à son rochet. Je crois en ma capacité à construire ma propre grotte, entre algues luxuriantes et yeux de Sainte Lucie. Je crois en la force de mes nageoires, en la beauté de mes écailles, en l’intelligence de ma nage, quelques soient leurs degrés d’unicité, de bizarrerie.

Dès aujourd’hui, je m’attelle à souffler cette nouvelle bulle d’oxygène. En ayant conscience de sa fragilité des lacs, mer et océan. En acceptant le risque encourue face aux vagues et tempêtes. En me lançant avec une appréhension commune à tout cétacé découvrant un nouveau rivage. Je souffle cette nouvelle bulle d’oxygène pour enfin pouvoir respirer à nouveau, sans masque ni support.

Je n’éviterai pas la pollution plastique ou le réchauffement récifs. Je n’éviterai pas tous les filets ou les bateaux de pêche acharnés. Je n’éviterai pas les monstres sous-marins ou les sombres matin. Je n’éviterai pas de ma perdre entre les courants ou de manquer de me faire dévorer par les volants. Pourtant, je maintien le cap à contre courant, certaine d’être dans le bon vent.

Un jour, je reviendrais peut être dans mon premier aquarium. Pleine de nostalgies et de reconnaissance pour ces années bénies. Mais aucun brouillard n’assombrira ma décision, prise au flot des vagues et au brin des marées. En conscience et harmonie de mes besoins et envies.

Je suis de ces êtres que rien n’arrête

Souvent coulée mais jamais submergée

Parce que c’est au fond de entrailles que se répare la faille

Ultime preuve d’un force surhumaine, aquatiquement belle

JE FAIS DES BULLES POUR NE PAS PERDRE LA BOULE


Texte publié par Etendard pourpre , 26 septembre 2022 à 00h10
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