Seth se déplaçait d’une démarche féline, traversant rapidement les couloirs afin de s’éloigner au plus vite de la salle du Conseil et des autres Dieux. Une brise fraîche vint faire voleter le bas de sa chendjit au rythme de ses pas énergiques. Isis sortit peu de temps après de la salle du Conseil et, voyant son frère déjà si loin, la déesse releva le bas de sa calasiris afin de ne pas être gênée en accélérant le pas pour le rattraper.

- Un instant, Seth, s’exclama-t-elle, je souhaiterais discuter d’une chose importante avec toi.

Dès qu’il entendit sa sœur, il ralentit afin de la laisser le rattraper, puis quand elle fut à son niveau, il la regarda sans dire un mot pour lui faire comprendre qu’il l’écoutait.

- Je souhaitais te parler d’Horus, expliqua la déesse mère.

La seule réaction de son interlocuteur fut un sourcil haussé, l’enjoignant à poursuivre.

- Plus précisément ta relation avec mon fils, poursuivit Isis en ne se laissant pas perturber par le peu de loquacité de son interlocuteur.

A ses mots, Seth s'arrêta et porta son entière attention à sa sœur.

- Et que souhaites-tu me dire à ce sujet ? demanda-t-il.

Profitant qu'ils se soient arrêtés, Isis lissa des plis imaginaires de sa tunique, puis regarda son frère droit dans les yeux afin de donner plus d'impact à ses prochaines paroles.

- Quelles sont tes intentions à l'égard de mon fils ? Veux-tu juste d'une simple coucherie ou souhaites-tu une relation plus profonde ?

Seth haussa un sourcil et un sourire sardonique ourla ses lèvres.

- Ceci, ironisa-t-il d'une voix traînante, ne te regarde en rien ma très chère sœur.

Son interlocutrice fronça les sourcils et fit claquer sa langue, agacée par le comportement de son vis-à-vis.

- Horus est mon fils et en tant que mère, son bonheur m'importe.

La déesse prit une profonde respiration afin de calmer son exaspération avant de reprendre :

- Et même si cela ne me regardait pas, Horus, lui, a le droit de savoir ce que tu souhaites et envisages dans la relation que vous entretenez tous deux.

Seth pencha la tête de côté, attentif, lui concédant ce point avec réluctance.

- Parfois, reprit Isis face au silence de son frère, quand je le surprends à te regarder, son expression me laisse à penser qu'il ne sait pas où vous en êtes et les intentions que tu peux avoir à son égard. Je ne te demande pas de partager la moindre information avec moi, juste de mettre les choses au clair avec mon fils afin qu'il sache à quoi s'en tenir sur la nature de votre relation. En tant que mère, je n'apprécie pas de le voir souffrir.

Son interlocuteur la regarda en silence, pesant ses mots avec soin, et hocha lentement la tête pour lui faire comprendre qu'il en prenait note. Puis il se retourna et repartit en méditant sur les paroles de sa sœur. Isis, quant à elle, resta là où elle était et regarda son frère jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision, espérant qu'il s'expliquerait avec Horus et mettrait la situation au clair.

Tout en continuant de marcher, le dieu cogitait et essayait de déterminer la marche à suivre afin d'apaiser les inquiétudes de son amant et lui faire comprendre l'existence de ses sentiments. Ses pas le menèrent jusqu'au jardin où Hathor humait le parfum d'une fleur. En voyant la déesse, qui avait tendance à l'agacer rapidement, son premier réflexe fut de faire demi-tour mais il suspendit son geste quand il pensa au fait que, en tant que déesse de l'Amour, entre autres choses parmi ses attributions, l'exaspérante jeune femme pouvait lui venir en aide. Pesant le pour et le contre, Seth fit une moue de dépit puis se dirigea d'un pas traînant (comme s'il se dirigeait vers l'échafaud) vers la jeune déesse qu'il interpella en arrivant derrière elle. Il lui exposa rapidement le souci qu'il avait et lui demanda ce qu'il pouvait faire.

- C'est assez simple, en fait, lui répondit la déesse à la fin de son explication. Tu peux choisir soit de lui parler directement soit de faire des choses romantiques afin de lui faire comprendre de manière détournée que tu attends plus de lui qu'une simple relation physique.

Le dieu la regarda, sceptique, et lui demanda ce qu'elle entendait par "gestes romantiques". Hathor lui expliqua donc, en lui donnant une série d'exemples de gestes considérés comme romantiques. Au fil de ses paroles, le dieu pâlissait de plus en plus jusqu'à ce qu'Hathor, craignant qu'il ne fasse un malaise à cause de tous ces gestes qui ne lui ressemblaient pas du tout et qui allaient à l'encontre de son caractère, s'empressa de le rassurer.

- Après, se hâta-t-elle d'ajouter, il est important aussi que tu restes toi-même. Tu peux très bien adapter le conseil que je te donne selon ton caractère.

Seth hocha la tête de manière mécanique, hébété, se retourna de manière saccadée et partit afin de méditer sur les conseils qu'il avait reçus, se demandant comment il allait procéder.

Hathor regarda l'autre dieu partir, fronçant les sourcils à une soudaine pensée : son dernier conseil était peut-être un peu dangereux à donner car après tout, vu sa personnalité, Seth pouvait très bien en toute bonne fois agir de manière totalement anti-romantique et juste agir étrangement.

- Non, même Seth est capable d'agir normalement après avoir entendu mes conseils, essaya de se rassurer Hathor d'une voix hésitante.

Elle regarda dans la direction prise par le dieu et finit par souffler d'un air inquiète :

- ... ou pas ... Seth est tellement peu doué dès qu'il est question de sentiments... je crains le pire...

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Horus dormait, entortillé dans sa couverture, un rayon de soleil lui caressant paresseusement le ventre qui se soulevait et s'abaissait au rythme ténu de sa respiration. La porte de sa chambre s'ouvrit sur Seth, qui prit le temps d'observer son amant endormi avec un air attendri, puis il se secoua et lui jeta le sac ensanglanté qu'il tenait dans la main réveillant le plus jeune en sursaut. Horus se redressa soudainement, à demi réveillé, le sac sanguinolent glissant sur ses genoux et s'exclama :

- Qu'est-ce que...

Clignant des yeux en espérant se réveiller, il prit le sac et l'ouvrit, découvrant le cadavre d'une chouette vaguement plumée et toujours crue. Il releva la tête, incrédule, et regarda son oncle avec des yeux exorbités.

- Pourquoi tu me jettes ça pendant que je dors ?!?!?

- Petit-déjeuner au lit, se contenta de dire Seth d'un ton plat.

Les deux vis-à-vis se dévisagèrent, l'un incrédule et l'autre ne comprenant pas le souci, il avait pourtant parfaitement suivi les conseils d'Hathor !

- Attends, attends, soupira Horus en se pinçant le pont du nez d'une main et en levant l'autre devant son interlocuteur. Peux-tu m’expliquer, je te prie, ce qui te prends ces derniers temps ? Tu as un comportement étrange depuis quelques semaines, tu m'offres des armes, tu m'invites à m'entrainer avec toi (ce que tu ne fais jamais habituellement), tu me traines dans des endroits assez étranges, et certainement d'autres choses dont je ne parviens pas à me souvenir dans l'immédiat étant mal réveillé après que tu m'ais jeté un cadavre dessus alors que je dormais encore, me disant juste "petit-déjeuner au lit" quand je te demande ce qu'il se passe ? Peux-tu me dire quelle mouche t'a piqué ? J'avoue que ton comportement commence un peu à m'inquiéter, est-ce que tu te sens bien ? Es-tu malade ?

Tout en monologuant, Horus avait baissé ses bras qu'il avait laissé tomber sur le lit de chaque côté de lui, regardant son amant d'oncle en quête de réponse quant à ses agissements récents dont il ne comprenait pas les raisons.

Seth pencha la tête en fronçant les sourcils. L'air incertain, il répondit :

- Je te montre mes sentiments avec des gestes attentionnés.

- ...

Le plus jeune ne sut quoi répondre et resta interdit. Ne comprenant pas ce qui avait pu mener son aîné à prendre une telle initiative, il cligna juste des yeux d'un air incrédule tout en ouvrant la bouche et la refermant. Il voulait dire quelque chose, s'exprimer, mais ne trouva rien à dire et finalement se contenta de faire un signe de tête pour faire comprendre au plus vieux de continuer son explication.

- D'après Isis, tu souffres de ne pas savoir mes sentiments. Ne sachant pas comment t'exprimer ce que je ressens pour toi, j'ai demandé conseil à Hathor. Je voulais juste te rassurer et te faire savoir que je t'aime et que je veux plus qu'une simple relation physique, plaisante certes, mais insuffisante pour moi. J'attends de notre relation quelque chose de plus poussé. Je t'aime.

Horus, au fil du discours de Seth, s'apaisa et finit par afficher une expression attendrie. Il était extrêmement touché de l'attention, certes maladroite mais honnête, de Seth et était très heureux de la confirmation de la réciprocité des sentiments qu'il avait commencé à nourrir envers son amant. Soulagé, il pouffa en se remémorant les situations coquasses à l'initiative de Seth dans un essai maladroit de romantisme.

- Seth, parvint-il à dire entre deux pouffements, ça me touche beaucoup mais tu n'avais pas besoin d'aller autant à l'encontre de ta personnalité. Tu peux rester toi-même et juste me dire ce que tu viens de me dire. Même si tes efforts maladroits me font énormément plaisir et que je suis heureux de savoir que nos sentiments sont réciproques. Je t'aime, Seth. Pour moi non plus, il n'est plus question que de rapport charnel et je suis heureux qu'en ce sens, nous soyons tous les deux sur la même longueur d'onde.

Le plus vieux fronça les sourcils, contrarié, n'ayant retenu qu'une chose dans la réponse d'Horus dans l'immédiat :

- Tu veux dire que je n'avais pas... Hathor m'aurait donné des faux conseils !?

Furieux, il se tourna dans l'intention de sortir de la chambre et de chercher la déesse de l'Amour afin de lui exprimer son mécontentement. Voyant l'énervement de son amant, Horus jeta le sac sanguinolent sur le lit et voulut se lever rapidement afin de retenir son oncle, mais il se prit les pieds dans les draps et trébucha, poussant un petit cri de surprise lors de sa chute. En l'entendant, Seth se précipita pour rattraper son neveu avant qu'il ne tombe par terre et l'attrapa dans ses bras. Le plus jeune, atterrissant violemment contre les pectoraux de son aîné, lui agrippa les bras afin de se stabiliser. Il se redressa ensuite, leva la tête vers son amant et, sans attendre, l'embrassa.