En entrant dans le hall de l'hôtel, Liara eut le plaisir de constater que James n'était pas encore monté dans sa chambre. Il l'attendait, près du bar. Il avait l'air différent. D'abord perplexe, elle se rendit compte qu'il avait changé de vêtements. Il avait revêtu un jean noir avec un t-shirt blanc, qui laissait entrevoir ses tatouages. Par la déesse, qu'il est sexy, pensa-t-elle en s'approchant. Il avait le sourire aux lèvres et avant qu'elle n'ait le temps de dire un mot, il l'invita à se rendre dans une boîte de nuit, toute proche.
- Vous voulez danser ? lui demanda-t-elle, perplexe. Maintenant ?
- Depuis quand tu ne t'es pas trémoussée sur une piste de danse ?
- James, c'est mal me connaître. Je ne suis pas une de ces danseuses d'Oméga.
- Allez mi amor, lui dit-il tendrement en la prenant par la taille, pour me faire plaisir. Tu vas voir, on va bien s'amuser.
- D'accord, mais pas longtemps. Ce voyage de retour m'a épuisé.
- Mais d'abord, tu dois te changer. Tu ne peux pas sortir dans cette tenue.
Il l'emmena dans la boutique de l'hôtel afin d'y acheter une jolie robe pour l'occasion. Puis, elle remonta se changer et redescendit, toute pimpante, vingt minutes plus tard. Il appela un taxi et tous deux se rendirent au Charleston, la dernière boîte à la mode de Vancouver. La file d'attente était importante et ni l'un ni l'autre n'avaient le courage d'attendre. James alla voir le videur pour lui demander de les faire passer en priorité, étant donné qu'ils étaient des héros, mais celui-ci ne voulait rien entendre. Alors qu'il commençait à s'énerver, une voix s'éleva derrière lui, de l'intérieur de la boîte. Une voix étrangement familière.
- Monsieur Vega, si je m'attendais, commença-t-elle. (Apercevant Liara) Et vous n'êtes pas venu seul on dirait. Melvin, laisse-les entrer. Sans eux, tu ne serais rien d'autre qu'un zombi.
- T'as de la chance, cuerno, sans son intervention, je t'aurai éparpillé par petits bouts, façon puzzle ! lui dit James calmement.
- Allez, entrez, leur dit le videur. Et ne faites pas d'histoires !
- Éparpillé façon puzzle ? demanda Liara, perplexe.
- Ouais, ricana-t-il, c'est un vieux film du vingtième siècle ! C'est le seul que j'ai vu.
Une femme se fraya un chemin parmi la foule et vint se poster devant eux. En cinq ans, elle n'avait pas pris une ride. C'était une des caractéristiques propres à son espèce, en plus de sa beauté. Comme Liara, cette femme était une Asari. Et pas n'importe laquelle. C'était la grande Reine Pirate, Aria T'Loak.
- La grande Reine Pirate, en chair et en os, s'exclama James. Vous êtes comme les cafards, vous, increvables.
- Un peu de respect. Tu oublies à qui tu t'adresses ? J'en ai désossé pour moins que ça !
- Comment avez-vous fait pour éviter les Moissonneurs ? lui demanda Liara. Je pensais que vous étiez sur la Citadelle, lorsqu'ils ont attaqué.
- J'y étais, c'est vrai. Heureusement pour moi, j'avais encore de fidèles alliés dans la galaxie. J'ai pu m'échapper avant qu'il ne soit trop tard. Je me suis réfugiée sur une petite colonie, en me faisant passer pour une rescapée. Avec l'agitation qui régnait, cela n'a pas été difficile.
- Mais comment avez-vous atterri sur cette planète ? Les relais sont inutilisables depuis la destruction du Catalyseur ! lui demanda James.
- Une femme se doit de garder pour elle ses secrets ! J'ai réussi, voilà tout. Avec de l'argent, on va où on veut !
- Vous avez embarqué sur un vaisseau de guerre ? demanda Liara, suspicieuse.
- Dis plutôt qu'elle s'est cachée dans la soute, rétorqua-t-il.
- Comme je le disais, je me dois de garder mes secrets. Trêve de plaisanteries, que faites-vous ici ? Je vous croyais perdus dans l'espace !
- Shepard nous a retrouvés ! dit Liara avec un sourire. Et nous revoilà. Prêts au combat, si besoin est. Mais elle voudra aussi savoir comment vous êtes devenue la proprio de cette boîte ! Et je ne voudrais pas la décevoir, vous comprenez. Elle se met facilement en colère ces temps-ci, si vous voyez ce que je veux dire !
- Shepard, grogna Aria, j'aurais dû m'en douter ! Je lui ai filé mes hommes et pas un seul n'est revenu. Vous savez combien ça coûte de mettre les gangs dans sa poche ? Si elle veut des réponses, dis-lui qu'Aria l'invite dans son bar. Ça va, vous pouvez rester dans mon club. La première tournée est pour moi ! Et au fait, Liara, vous avez bon goût. (Se tournant vers James)Si tu t'ennuies, beau gosse, tu sais où me trouver !
- Plutôt crever !
Aria se mit à rire et fit demi-tour pour se diriger vers le fond de la salle. Les clients s'écartèrent pour la laisser passer, puis la foule se referma derrière elle.
- Si je m'attendais ! Bon, on fait quoi ? Tu veux rester ?
- On va pas la laisser gâcher notre soirée, dit Liara. Et puis, tu l'as entendu, c'est sa tournée !
- Carrément que je l'ai entendu ! Allez, poupée, remue-moi ce joli p'tit cul bleu !
James la prit par la main et l'emmena sur la piste de danse. Visiblement, les Asari avaient le rythme dans la peau, pour la plus grande joie de James. Il remarqua aussi qu'étrangement, il y avait peu d'humains dans la boîte. Ils n'étaient pourtant pas sur Oméga, cette planète où la criminalité atteignait des sommets, et qui était autrefois dirigée d'une main de fer par Aria. Ici, ils étaient sur Terre et les humains étaient chez eux. Pourquoi donc, n'y en avait-il pas plus que ça ? Le monde n'avait pas pu autant changer en cinq ans. Il devait trouver des réponses, et ce, avant de rentrer à l'hôtel. Il mit donc Liara dans la confidence.
- Changement de programme ma belle. On va mener l'enquête !
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Il y a un souci ? demanda-t-elle, inquiète.
- Tu remarques rien si tu regardes autour de toi?
- Heu..non, qu'est-ce que je devrais voir ?
- Les humains. Il n'y en a quasiment pas. Il y a des Turiens, des Asari, des Krogan, mais pas ou peu d'humains. On est pourtant sur Terre. Il devrait y en avoir plus que ça.
- Tu veux qu'on appelle Shepard ? proposa la jeune femme.
- Pourquoi, tu m'en crois pas capable ? Et puis, au besoin, il te reste tes pouvoirs !
Ils s'éloignèrent de la piste de danse, pour emprunter un petit escalier qui se trouvait dans un recoin de la salle. En haut des marches, ils aperçurent un Krogan, probablement au service d'Aria. James se demanda comment ils allaient bien pouvoir passer. Il jeta un coup d'œil à sa compagne et celui-ci comprit qu'elle avait un plan. Il fit demi-tour et se posta près de l'escalier, pour monter dès que l'occasion se présenterait. Elle continua d'avancer, mais en titubant, faisant style qu'elle était complètement saoule.
- Par....don, mon...sieur, hic, les toilettes siou plaît !
- C'est pas par là, grogna le Krogan de main. Redescendez, ne m'obligez pas à employer la force.
Liara fit mine de reculer et de tomber à la renverse. Le Krogan, pour qui un accident serait synonyme de renvoi ou pire, la prit par le bras et l'aida à redescendre, un peu violemment il est vrai. James attendit qu'ils s'éloignent et dès que le vigile eut le dos tourné, il monta les marches quatre à quatre. Il se retrouva devant une porte qui n'était pas fermée à clé. Il donna un léger coup sur le voyant vert et elle s'ouvrit. Il découvrit une petite salle de contrôle, avec plusieurs caméras, disséminées un peu partout dans le club. Il pouvait voir les pistes de danse, Aria et d'autres endroits. Il s'approcha des moniteurs et toucha un des écrans. Il agrandit l'image et scruta la loge de la reine pirate. Il n'entendait pas sa conversation, mais elle se trouvait avec un Turien, et s'il ne se trompait pas, il faisait partie des Soleils Bleus. Sûrement un des hommes qui avait combattu pour l'Alliance dans la guerre contre les Moissonneurs. Dans ce cas, pourquoi avait-elle reproché à Shepard d'avoir fait tuer tous ses hommes ? Cela aussi relevait du mystère. Il essaya de lire sur leurs lèvres, sans grands résultats. Ce dont il était certain, en revanche, c'est qu'ils discutaient de quelque chose d'important. Des humains, peut-être ? Il en était là de ses réflexions, lorsqu'un bruit attira son attention. Quelqu'un approchait. Avant même que la porte ne s'ouvre, il fit une roulade et vint se placer dans un renfoncement de la pièce, à l'abri des regards indiscrets. Il dressa l'oreille et entendit deux voix. L'une devait être une femme tandis que l'autre était à n'en point douter le Krogan de tout à l'heure. La porte s'ouvrit et les deux individus entrèrent dans la pièce. Effectivement, il s'agissait bien d'une femme, une Galarienne, apparemment, à en juger par son accoutrement. Il ne voyait pas son visage, dissimulé sous une cape, mais sa petite taille et sa voix, ne laissait aucun doute possible.
- Bon, Aria commence à s'impatienter, lui dit-il. Où en sont les tests ?
- Les choses suivent leur cours, mais si tu veux que j'accélère le mouvement, il faudra demander une rallonge à ta patronne. Les cobayes que tu m'as refilés n'étaient pas de première fraîcheur. Il m'en faut d'autres, et des frais, cette fois.
- Aria ne veut pas attirer l'attention. C'est pour ça qu'elle vous refile tous les poivrots qui passent par son club. Personne ne se soucie jamais de leur disparition, et dans le cas où quelqu'un poserait trop de questions, Aria saurait comment noyer le poisson.
- Soit. Et le Soleil Bleu que j'ai vu avec elle ? C'est qui celui-là ? Je ne veux pas d'embrouilles moi.
- C'est lui qui déniche tes cobayes. Ceux qu'il sélectionne ont droit à une boisson spéciale, offerte par Aria en personne. Les autres sont jetés dehors, par une porte de service purement et simplement. Et si y'en a un qui se rebelle, alors je joue avec lui dans la ruelle derrière le club. Crois-moi, après ça, ils ne remettent jamais plus les pieds ici.
- Et aucun n'a jamais dénoncé le petit trafic auquel la Reine Pirate se livre ?
- Non ! pouffa-t-il. La peur des représailles, j'imagine.
- Bon. Je vais voir si je peux accélérer le mouvement. Toi, préviens Aria. Mes tarifs viennent de doubler.
- Et on peut savoir pourquoi ?
- J'ai vu des membres de Shepard en bas. S'ils sont là, tout pourrait foirer ! Dis-lui que c'est une prime de risque ! Et si elle refuse, dis-lui bien que je me ferais un plaisir d'aller la balancer aux bureaux de l'Alliance ! Vous vous doutez bien que j'ai laissé des preuves quelque part, au cas où je viendrais aussi à disparaître. Mon espèce est passée maître dans l'art d'utiliser les outils informatiques. Donc, n'essayaient pas de me doubler. On se retrouve dans deux heures avec la marchandise, à l'endroit habituel.
Le Krogan acquiesça et elle sortit de la salle de surveillance. Il attendit quelques minutes puis sortit à son tour. James n'avait pas perdu une miette de leur conversation. Enfin, tout devenait clair. Le Soleil Bleu, la générosité d'Aria, le faible pourcentage d'humains dans le club. Il devait retrouver Liara et prendre en filature le Krogan.
Il sortit discrètement de la salle de contrôle. Il jeta un rapide coup d'œil dans l'escalier afin d'être certain que le Krogan n'y était plus. Étant sûr de ne pas le croiser, il le descendit rapidement et retourna dans la salle où se trouvait Liara. Elle était bien là, dans un coin sombre, afin de ne pas attirer l'attention sur elle. L'inquiétude marquait ses traits et il la trouvait plus belle encore qu'à l'accoutumée. Il s'approcha d'elle d'un pas nonchalant, afin de ne pas attirer les regards. Dès qu'elle l'aperçut, ses traits se détendirent et elle esquissa un sourire. Mais l'air sérieux de son amant ne fut pas pour la rassurer. Arrivé près d'elle, il lui raconta ce qu'il avait vu et entendu. Elle lui proposa d'appeler Shepard et les autres, mais il refusa. Il voulait leur montrer qu'il était capable de réussir une mission, seul, et légitimer ainsi le fait qu'on lui avait proposé de rejoindre le programme N7. Il s'était toujours demandé, si ce soir-là, Shepard lui avait donné sa bénédiction pour lui faire plaisir ou parce qu'elle reconnaissait son talent. C'était l'occasion pour lui de montrer ce dont il était capable. Il la prit par la main et tous deux sortirent de la boîte. Le videur leur jeta un regard froid lorsqu'ils passèrent près de lui, puis reprit son travail. Lorsqu'ils furent certains qu'on ne pouvait plus les voir, ils bifurquèrent et prirent la direction de la ruelle qui se trouvait derrière la boîte. Liara commençait à maudire James intérieurement, pour la robe qu'il lui avait demandé de porter. Elle était certes très jolie pour une soirée, mais bien peu pratique pour une filature. De plus, ils ne passeraient jamais inaperçus s'ils arrivaient à trouver l'entrepôt et encore moins s'ils réussissaient à y entrer. Avant de parvenir à leur destination, elle l'attrapa par la manche pour le stopper.
- James, t'as vu comment nous sommes habillés ? chuchota-t-elle. Je ne peux pas courir avec cette robe.
- Attends, je vais arranger ça, dit-il en déchirant sa robe à hauteur des cuisses d'un geste vif. Voilà, maintenant, tu peux courir ! Tiens, prends ça, tu seras moins voyante.
Il lui mit sa veste sur les épaules et ils reprirent leur route. Arrivés à destination, ils furent surpris par la pénombre qui y régnait. La ruelle était éclairée par un unique lampadaire, probablement pour mieux dissimuler le trafic auquel se livrait le Charleston. Ils se postèrent derrière une grande benne et attendirent. Heureusement pour eux, le mercenaire faisait très bien son travail, et ils n'eurent pas longtemps à attendre. Au bout de quelques minutes, le Krogan et lui sortirent de la boîte, accompagnés par deux hommes. Ils n'avaient pas l'air très en forme. Quelle que soit la substance dont ils se servaient pour droguer les boissons, celle-ci était efficace. Les deux pauvres victimes avaient à peine l'air de se rendre compte de ce qui se passait. James et Liara les regardèrent s'éloigner de la ruelle avant de les prendre en filature. Ils n'étaient pas difficiles à suivre. L'un des deux hommes vomissait régulièrement, et il leur suffisait de les suivre à la trace. Au bout de quelques centaines de mètres, les quatre individus tournèrent à l'angle d'une rue et James leva le poing pour indiquer à sa compagne de s'arrêter. Il indiqua ensuite, d'un mouvement du bras, qu'il allait avancer seul. Arrivé au coin de la rue, il jeta un regard rapide pour s'assurer que la voie était libre, et lui fit signe de venir le rejoindre. Les quatre individus les distançaient de plusieurs mètres, mais ils étaient encore visibles. Le souci, c'est qu'il n'y avait pas assez d'endroits où se mettre à l'abri, si par malheur les deux hommes se retournaient. Par chance, de gros nuages passèrent dans le ciel, masquant temporairement la lune. James profita de cette obscurité soudaine pour reprendre sa traque. Suivi de Liara, il accéléra l'allure pour ne pas se laisser distancer.
La rue qu'ils venaient d'emprunter était une rue piétonne, heureusement déserte à cette heure tardive. De part et d'autre, des habitations leur faisaient face. Quinze minutes plus tard, les hommes de main s'arrêtèrent devant un entrepôt. James et Lira se cachèrent sous un perron, collés contre le mur. En jetant un rapide coup d'œil, James remarqua qu'il n'y avait pas de gardes à l'entrée, ce qui n'était pas pour le rassurer. Cela voulait probablement dire qu'ils étaient à l'intérieur, prêt à accueillir les intrus qui viendraient fourrer leur nez là où il ne faudrait pas.
- Ce serait trop dangereux d'entrer sans savoir combien ils sont à l'intérieur, chuchota-t-il.
- Et tu proposes quoi ?
- Une diversion ! Il y a une citerne tout près de l'entrepôt. Tu n'auras qu'à lancer une attaque pour la faire sauter. Sûr que ça va les faire rappliquer !
James courut jusqu'à l'entrepôt et se posta derrière un véhicule. Cette cachette lui permettait d'avoir une vue imprenable sur l'entrée. Une fois en place, James lui fit un petit signe. Liara projeta alors une déchirure qui atteignit la citerne en deux secondes. L'explosion qui s'en suivit fut tellement violente, que James fut projeté en arrière. Il eut juste le temps de reprendre ses esprits avant de voir débouler une bande de mercenaires en colère. Liara, qui était toujours tapie dans l'ombre, lança une singularité, et James en profita pour se remettre debout. Quatre des cinq mercenaires furent soulevés dans les airs et il s'approcha du cinquième avant de lui rompre le cou d'un geste vif et précis. Avant que l'effet ne s'estompe, il prit une des armes qui se trouvaient devant lui et leur logea à tous une balle dans la tête. Liara attendit encore un peu pour être sûre qu'il n'y ait plus de mercenaires, puis le rejoignit. Il lui tendit une arme. Elle s'en empara et ils s'approchèrent de la porte. James lança une grenade flash qu'il avait prise à la ceinture d'un des cadavres et attendit que le reste de la troupe sorte.
Quelques minutes plus tôt, lorsque les hommes de main d'Aria étaient arrivés près de l'entrepôt, ils ne se doutaient pas un instant avoir été suivis. Le Krogan ouvrit la porte et fit entrer les prisonniers, qu'il jeta dans un coin de la pièce. L'endroit était crasseux et puait la sueur. Pour que leur activité puisse rester secrète, ils ne devaient pas attirer l'attention, et donc se faire le plus petits possible. Les nouveaux arrivants ne purent s'empêcher de froncer les narines, tant l'odeur était nauséabonde. Les deux humains, bien que très affaiblis, semblaient enfin reprendre leurs esprits. L'un d'eux essaya de se mettre debout, mais la pièce se mit dangereusement à tourner et il préféra se rasseoir. Il se demandait où il était tombé et ne se rappelait pas comment il était arrivé jusqu'ici. Il regarda autour de lui et remarqua qu'il n'était pas seul. Son compagnon de beuverie était avec lui. Il lui donna un coup de coude, mais celui-ci ne réagit pas. Il remarqua également le Turien qui leur avait offert un verre, « à la santé d'Aria », un Krogan, qu'il se rappelait avoir aperçu dans la boîte et d'autres types, qu'il n'avait jamais vus. Cette histoire ne sentait pas bon, mais alors, pas du tout. Il commençait déjà à regretter d'avoir accepté cette virée entre potes pour fêter son enterrement de vie de garçon. « Il y aura des stripteaseuses Asari à moitié nues », lui avait-on promis, mais tout ce qu'il avait vu de cette soirée, c'était des danseuses quelconques, sans aucun sex-appeal. Le Krogan marmonna quelque chose au Turien mais la distance et le mal de tête l'empêchèrent de comprendre de quoi il s'agissait. Ce dont il était sûr, c'est qu'il était tombé dans un piège, et que ça allait mal finir.
Les mercenaires à la solde de la Reine Pirate arrêtèrent de parler lorsque le Krogan s'approcha d'eux. Ils savaient qu'il ne fallait pas l'énerver, car il faisait partie des rares personnes à travers tout l'univers, à l'exception des Asari, à posséder des pouvoirs biotiques naturels. Et il savait s'en servir. Il leur posa une seule et unique question :
- Où en est la Galarienne ?
- On ne sait pas, lui répondit le plus petit d'entre eux. Elle est enfermée là-dedans depuis des heures. On a entendu des cris, mais pas plus que d'habitude. Deux nouveaux cobayes ? Elle va être contente !
- Je vais la voir. Jette un œil sur nos deux invités, histoire qu'ils ne prennent pas la poudre d'escampette !
Il se dirigea vers le fond de l'entrepôt et pianota sur un cadran incrusté dans le mur. Celui-ci pivota, laissant apparaître la partie cachée de l'entrepôt. Il se faufila tant bien que mal à travers l'ouverture et le mur se referma derrière lui. La Galarienne était penchée au-dessus d'un microscope, alternant phase d'observation et phase de rédaction. Des laborantins allaient et venaient entre les différents appareils. La pièce ressemblait à un gigantesque laboratoire sans fenêtres, avec un équipement vraiment très performant. Des ordinateurs dernières générations se trouvaient de part et d'autre de la salle, des centrifugeuses tournaient à plein rendement, non, vraiment, Aria ne regardait pas à la dépense lorsqu'il s'agissait de ses affaires. Jurant avec le reste de la pièce, un fauteuil de dentiste trônait au milieu de la salle, du sang séché et d'autres fluides corporels jonchant le sol. Enfin, tout au fond du laboratoire, un four crématoire avait été installé, afin de faire disparaître les preuves. Il s'approcha d'elle et lui annonça, de but en blanc :
- Aria veut des nouvelles ! Et des bonnes !
- On y est presque ! dit-elle, sans lever le nez de son microscope. Le dernier cobaye a mieux réagi que les autres. Mais il faut encore ajuster le dosage. Il y est resté. Et c'était pas beau à voir !
- Quand pourra-t-il être essayé à plus grande échelle ? Elle ne vous paye pas pour rien foutre !
- En effet ! Mais la science demande du temps et de la précision. Je fais les choses bien ou pas du tout !
- Qu'est-ce qui a pas marché avec le dernier gars ?
- Je ne sais pas. Il avait bien réagi. En tout cas, il avait survécu. Et puis, quelques heures après, il a commencé à se vider.
- À se vider ?
- Ouais, par tous les interstices de son corps. C'est que c'est bizarrement fait un être humain ! D'ailleurs, pourquoi Aria veut-elle viser les humains ? Elle est sur leur planète.
- Le pouvoir. Elle veut redevenir puissante. Elle a perdu en crédibilité avec cette guerre. Et puis, elle m'a parlé d'un virus sur Oméga qui avait fait des ravages sur certaines espèces. Et bizarrement, seuls les humains étaient épargnés ! Bien sûr, on a dit dans la presse que c'était un coup des Récolteurs, mais Aria a jamais gobé cette histoire !
- Alors, ce serait juste une vengeance ?
- Non, elle veut pas les voir morts. Son business tomberait à l'eau. Juste les contrôler, comme le faisaient les Moissonneurs, mais sans le côté sordide de l'endoctrinement. Les rendre dépendants et si le danger se fait de nouveau sentir, pouvoir agir en toute discrétion.
- C'est pour ça qu'elle voulait que je travaille sur une nouvelle formule de sable rouge en y ajoutant...
Une explosion à l'extérieur du bâtiment mit fin à leur conversation. Le Krogan retourna de l'autre côté pour crier des ordres aux mercenaires et laissa le passage ouvert. Il en envoya cinq à l'extérieur pour voir ce qu'il s'était passé, puis s'empara d'une arme et se planta au milieu de la pièce. Il entendit des cris, quatre coups de feu, puis plus rien. Au bout de quelques minutes, la porte s'ouvrit, et une grenade flash explosa tout près de lui. Ébloui quelques secondes, il leva le bras à hauteur de ses yeux, plus par réflexe que pour se protéger. L'homme assis dans le coin avait complètement récupéré et profita du désordre qui régnait pour s'emparer d'un poignard. Il lui planta dans la cuisse, mais sa peau épaisse fut à peine égratignée. Le Krogan détourna tout de même son attention de la porte, et ne vit pas ses assaillants entrer. Il posa son regard sur celui qui venait de l'agresser et d'un geste de la main, l'envoya voler à l'autre bout de la pièce. Sa tête heurta le mur et sa vision se brouilla. Peut-être était-ce dû au coup qu'il venait de recevoir, mais il était sûr d'avoir vu l'air onduler juste avant l'attaque. Il entendit des hommes se battre, des voix, puis une silhouette s'avança vers lui. Avant d'avoir pu identifier l'inconnu, il perdit connaissance.
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