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tome 1, Prologue « Chroniques du premier âge » tome 1, Prologue

Genèse

Au début des temps fut la Loi surpassant le Chaos bouillonnant originel. La Loi permit de solidifier l’Existence. Ainsi les Neuf Plans furent-ils dissociés, malgré la survivance du Chaos. Toujours, ce dernier cherchera à ramener l’Existence au Bouillonnement originel. Les influences des Principes du Bien et du Mal émergèrent, impulsant une force qui mit les Neuf Plans en mouvement.

Quatre consciences s’y éveillèrent.

Ils étaient les Originaux, les Premiers : aussi se nommèrent-ils les Primordiaux.

Le Principe de la Loi continuait de faire émerger d’autres plans et d’autres consciences, aussi les quatre Primordiaux usèrent-ils de leur pouvoir de concert. Prenant chacun un des Neuf Plans pour lui-même, ils les utilisèrent pour construire une séparation entre eux et le reste de la Création. Ainsi, les Primordiaux construisirent-ils la Barrière.

Isolés du reste de la Création et maintenant qu’ils avaient investi chacun un des quatre plans élémentaires, les quatre Primordiaux se caractérisèrent. Luttant ensemble pour conserver les Neuf Plans, chacun dut endosser un des quatre Principes créateurs : la Loi, le Chaos, le Bien, le Mal. En n’en prenant qu’un seul, ils maintinrent l’Équilibre de la Grande Mécanique Planaire. À quatre, ils s’assurèrent que jamais l’un d’eux ne l’emporte sur les Autres ni qu’aucune association ne puisse diriger les Neuf Plans.

En ces premiers temps de la Création, les Neuf Plans étaient encore vierges de toute vie, cristallisés dans leur perfection élémentaire.

Ulmo, gouvernant toutes eaux, endossa le Mal. De toutes les énergies de ce concept, immortalité, vilenie et égoïsme furent choisis.

Ajax, gouvernant toutes flammes, endossa le Chaos. De toutes les énergies de ce concept, imprévisibilité, caprice et destin furent choisis.

Celene, gouvernant toutes atmosphères, endossa le Bien. De toutes les énergies de ce concept, bienveillance, raison et prévenance furent choisies.

Rual, gouvernant toutes roches, endossa la Loi. De toutes les énergies de ce concept, système, règles et ordre furent choisis.

Protégés derrière la Barrière, les Neuf Plans furent partagés entre les quatre Primordiaux. Chacun organisa son royaume à sa manière. Ulmo investit le plan de l’Eau, ne le peuplant que d’extensions de lui-même. Il y exerça dès lors un contrôle absolu. Ajax pénétra le plan du feu, y créa des élémentaires selon ses caprices. Il les dota de conscience, les instruisit de certains pouvoirs, puis relâcha toute forme de contrôle sur ses créations. Celene créa toutes sortes d’êtres dans le plan de l’Air. Médiateur entre eux tous, il arbitra avec bienveillance leurs différends. Rual, dans le plan de la Terre, créa diverses créatures. Il les façonna avec des fonctions imbriquées dans un ordre mécanique.

Indécis quant au partage des cinq autres plans, les quatre se les disputèrent. Ces éons sont connus comme l’Âge primordial, seules les pierres peuvent en compter les cataclysmes cosmiques issus des disputes entre les quatre Primordiaux.

Ces temps eurent une fin : avec elle débutèrent l’Harmonie et l’Impartialité. Le monde matériel, ainsi que son reflet et son ombre, fut découpé entre chacun des quatre.

Le cœur bouillonnant du monde irait à Ajax, avec lui les sphères brillantes illuminant l’éther.

Les vastes océans iraient à Ulmo, et avec eux toutes les gouttes qui leur seraient arrachées. Les sphères pâles de l’éther lui revinrent, devenant l’antithèse de celles d’Ajax.

Les cieux iraient à Celene, ainsi que tout l’air qui se trouverait sous la terre et la mer. L’éther autour du monde lui fut attribué.

Enfin, tout le reste alla à Rual : les roches en suspension dans l’éther, le manteau ferreux au contact d’Ajax, les roches noyées sous les océans d’Ulmo et les étendues émergées balayées par les vents de Celene.

Dans ces montagnes, au centre de ses étendues émergées, se dressait une aiguille perçant les cieux de Celene. C’est dans cette aiguille que Rual déposa Son Corps matériel et avec lui, Sa Puissance ordonnatrice. Autour d’elle, se mit à gravir les Neuf Plans, les Astres, l’Éther.

C’est au cœur de l’aiguille du monde que Rual créa Duka.

Rual créa Duka

Rual, puissance ordonnatrice, permit à la Grande Mécanique Planaire de produire ses effets. La Vie hors des Primordiaux émergea sur le plan matériel. Ainsi naquirent les petits peuples et les peuples simples.

Ulmo usa de ses pouvoirs le premier. Transformant la vie au fond des océans, il créa de gigantesques Léviathan soumis à Sa Volonté. Celene prit sous son aile les êtres qui peuplèrent bientôt son domaine matériel. Ajax fit à loisir don du pouvoir à certains membres des petits peuples et des peuples simples.

Chacun des autres primordiaux ayant interféré avec ces vies naissantes, Rual, impartial, choisit de créer un peuple qui habiterait Son Corps.

Au cœur de l’aiguille du monde, Rual détacha une partie de Son Corps.

Du cœur de l’aiguille, sur le plus grand pilier de la montagne, où coulaient des veines d’adamentium, de mitral, d’or, de platine et de bien d’autres métaux enchâssant gemmes, cristaux et pierres précieuses, Rual fit naître Duka.

Par Son Pouvoir, Rual tailla Duka de minerais bruts. Il façonna Duka, dans sa forme, semblable aux peuples simples. Sa peau était de Mitral, ses cheveux de béryls mêlés de fils d’or, de bronze élyséens. Ses organes étaient émeraudes, topazes, diamants et rubis. Ses yeux étaient saphirs étoilés, son cœur agate de feu, ses oreilles de malachite ornées de perles, son cerveau de jaspe sanguin, son habit d’adamentium.

Ainsi Rual façonna Duka à la manière des êtres éphémères : de jambes pour parcourir les Neuf Plans, de mains pour toucher toutes les pierres, d’yeux pour contempler les merveilles des Créations des quatre Primordiaux, d’oreilles pour entendre les premières paroles des petits peuples, les grondements d’Ulmo sur les berges, les murmures de Celene dans les arbres et les ravines, les crépitements d’Ajax apparaissant aux peuples simples.

Rual orna le front de Duka d’une pierre-esprit enchâssée dans une tiare pour que converser avec tous les êtres.

Duka parcourut alors les Neuf Plans dans leur jeunesse. Les flammes étaient vives, les cieux immenses, les océans profonds et les peuples simples. Rual avait fait de Duka une créature complète, dotée d’un esprit et d’une ombre. Sa forme minérale et la puissance que lui avait conférée le Primordial lui permirent de résister aux énergies propres aux Neuf Plans.

Duka nagea dans les océans infinis d’Ulmo, marcha au plus profond des fosses, tutoyant les Léviathan.

Duka plongea dans la lave des volcans et pénétra les royaumes d’Ajax, traversa ses flammes au contact des grands élémentaires, devisant avec le peuple du feu.

Duka s’envola parmi les cieux de Celene, sculpta les nuages avec ceux qui les peuplaient, migrant avec les griffons lors du premier hiver.

Duka erra dans le plan des ombres, y contemplant les chimères des futurs insaisissables. Duka sut que sa lumière héritée de Rual tracerait le Chemin Doré, destin de son peuple à venir.

Duka découvrit le monde des esprits, le plan éthéré, et y rencontra ses habitants. Création complète, Duka marcha parmi eux, apprenant à discerner les êtres pensants véritables des bêtes. Ainsi, les petits peuples, à contrario des animaux, possédaient un esprit. Cela expliquait l’existence de la Pensée, mais pas de la Vie.

Alors Duka parcourut les plans des énergies positives et négatives. Attraction et Répulsion : ces énergies permettaient la Vie, la Mort, le Cycle.

Duka retourna auprès des jeunes peuples : fragiles, faibles et ignorants, encore jeunes et en quête de sagesse. Ils erraient sur le plan matériel, y répandant la vie. Duka leur apprit à créer, à s’aider d’outils, à tailler la roche et à modeler la terre.

Au contact des jeunes peuples, Duka atteint véritablement la Sagesse, comprenant qu’il lui manquait l’amour des siens.

Duka Transmutation

Duka était minéral : toucher, goûter et sentir lui était impossible. Minéral, Duka était aussi proche que possible de la Perfection primordiale de Rual. Pourtant Duka souhaita abandonner cette enveloppe éternelle pour un corps mortel. Aucun peuple n’habitait le Royaume matériel de Rual. Les profondeurs des cavernes souterraines étaient silencieuses de chants, du martèlement des artisans et des rires de nainfants. Duka voulut donner naissance à un peuple, un peuple issu du Duka et de Rual pour vivre dans les profondeurs du monde.

Rual accéda à la requête de Duka et transmuta son corps vers la chair, comme les peuples simples.

Duka fut alors femme, grand-mère de tous les nains, l’Aînée de son peuple.

Duka, Première Née, Aînée de son peuple

Duka, devenu femme, abandonna la perfection asexuée pour l’imperfection source de vie, le Minéral pour la Chair.

Alors, elle repartit dans les profondeurs de la terre, au sommet des montagnes, sur les vertes pentes escarpées. Duka parcourut le plan matériel, là où son peuple vivrait.

Elle goûta les eaux jamais troublées des profondeurs, sentit les vapeurs d’acide, de soufre et de silex des gouffres. Elle arpenta les cavernes oubliées, les abîmes les plus profonds, les pics les plus inaccessibles, les cols les moins praticables. Elle les nomma dans le langage de son peuple, créant les premières Rhun. Dans la neige et le froid, des déserts les plus brûlants jusqu’aux verdoyants vallons, elle sonda les chaînes de montagnes du monde.

Retournant auprès de Rual, elle sculpta et forgea quatre statues semblables à elle-même dans le corps du Primordial. Rual leur donna vie : ils furent les Deuxièmes Nées, Puînés de la main de Duka et du pouvoir de Rual.

Duka les nomma Dolgrim, Draskar, Bolka et Volgit. Par ces noms, elle leur donna un esprit. Ainsi conscients, les Puînés se murent face à la lumière de Rual et acquirent une ombre.

À cet instant, les quatre devinrent des créatures complètes.

Dans une veine de platine, Duka tissa quatre diadèmes ornés d’un éclat de pierre-esprit, identique à celle qui ornait son front depuis sa création : la pierre de Rual, celle qui permit à Duka devenue chair de rester imbriquée au Primordial.

Duka enchâssa ces quatre diadèmes sur les quatre têtes des Puînés.

Ainsi, les quatre rencontrèrent Rual, s’abreuvant à sa sagesse.

Ainsi, les quatre communièrent avec Duka, ressentant son Amour.

L’Aînée avait vu, parmi les peuples simples, les ravages du Chaos, engendrés par la méconnaissance et l’incompréhension.

Afin de s’en prémunir, grâce à la pierre-esprit de la tiare de Duka et des quatre diadèmes, toutes leurs pensées furent tissées, enchâssées entre elles, ainsi qu’à l’Infini Sagesse du Primordial.

Par Rual, ils embrassèrent l’infini et le fini des Neuf Plans, la beauté de la Grande Mécanique céleste, ils plongèrent au cœur de la complexité de la création des Primordiaux.

Par Duka, ils voyagèrent au travers des Neuf Plans, connurent les peuples simples ainsi que l’immense amour de leur mère pour leur peuple à venir.

Dolgrim le Deuxième Né

Celui qui resta minéral.

Celui qui sachant voulut comprendre.

Dolgrim fut des quatre le plus curieux.

Des Puînés, il est celui qui absorba le plus de savoir de Rual. Pourtant, malgré ces connaissances, il voulut comprendre : la Grande Balance cosmique, les Lois des Plans, le Rôle de L’Esprit, le Miroir des Ombres.

Dolgrim comprit que son immortalité ne suffirait pas à élucider tous ces mystères. Il resta minéral, dédiant son existence à l’étude des arcanes de la Création des Quatre Primordiaux.

Pour l’aider dans sa Tâche, il enseignerait à ceux du peuple qui en seraient dignes les mystères et l’hermétisme.

Dolgrim est ainsi :

Le Passeur, Celui qui Sait et Comprend, Celui qui Connaît les Noms, le seigneur des Runes

Il deviendra :

Le Gardien des Mystères, des Runes et des Noms.

Draskar

Celui qui prévu l’Irruption

Draskar fut le plus clairvoyant des quatre et le sombre avenir du peuple nain lui donnera raison. Il fut façonné de jais, d’opale et d’obsidienne. Rual lui donna le don de vision : la capacité à comprendre le Monde et à anticiper son mouvement. Draskar fut ainsi lié au plan des ombres, sondant ses méandres afin d’entrevoir les menaces pour son peuple.

Et il La sentit.

Draskar comprit que les Primordiaux avaient créé le Monde dans le plan astral. Il comprit que d’autres choses devaient exister au-delà. Le Monde des Primordiaux était Balance et Harmonie, cette perfection attirerait les convoitises.

Il décida de rester minéral, car il devait enquêter dans le plan astral et au-delà, afin de cerner la Menace qu’il avait pressentie. Ayant embrassé les Neuf Plans grâce à Rual, il en perçut les contours.

Indifférent aux êtres imparfaits, Draskar resta neutre et minéral, conscient que cela serait nécessaire pour retourner sur les pas de Duka afin de palper les contours des Neuf Plans. Il les parcourut, rencontra les peuples simples, les élémentaires et les êtres qui grandissaient. Il arpenta les lieux les plus reculés des Neuf Plans, à la limite de la vie et de la mort, aux frontières élémentaires scellées dans le plan astral.

C’est alors qu’il découvrit la Barrière.

Ainsi nommée par les quatre Primordiaux, lui donnant consistance et permanence, la Barrière séparait le Monde si parfait de l’imperfection qui devait régner au-dehors. C’était une construction planaire complexe, tortueuse, labyrinthique.

Ayant reçu de Rual la connaissance, mais pas la compréhension, Draskar fit appel à Dolgrim : ensemble, ils étudièrent la Barrière durant le Premier Âge. Aucun d’eux ne participa à la fondation de Dol Rual.

Les deux minéraux cherchèrent à comprendre la Barrière, ses lois et son Nom. Grâce à leurs enveloppes supérieures les libérant des besoins de l’eau, de la nourriture et du sommeil, ils œuvrèrent sans relâche ni répit, loin de Dol Rual, dans les méandres de la trame astrale.

Dolgrim fonda la seconde cité du peuple nain dans ces méandres, Dol Gromdal. De son pouvoir, il fit naître cet artefact1 planaire, lieu où s’accumuleraient les connaissances du peuple nain. Elle fut fondée face à la Menace pressentie par Draskar : La Brèche.

Les Neuf Plans existaient à l’intérieur de la Barrière, Draskar estima qu’un Dehors devait aussi exister. Ils cherchèrent et découvrirent la séparation entre le Dehors et le Dedans. Conscients du Pouvoir des Noms, ils ne nommèrent pas l’anomalie immédiatement. La nommer l’aurait façonnée, lui donnant corps, permanence… Longtemps fut étudié ce qui ressemblait de plus en plus à une faille dans la Barrière.

Tandis que Dolgrim expérimentait pour comprendre, Draskar conjectura que quelque chose devait se trouver au-delà.

Il chercha à contacter cet au-delà.

Il reçut une réponse.

Au-delà étaient d’autres mondes, chaotiques et imparfaits, mais aussi des êtres en quête de stabilité, défendant les séparations entre les mondes. Malheureusement, d’autres êtres luttaient pour ramener la Création au Chaos bouillonnant.

Draskar nomma alors la Faille et prophétisa la Menace qu’il avait pressentie dans le plan des ombres :

« Viendra le temps où les êtres imparfaits et chaotiques du Dehors l’emporteront un temps suffisant, et la séparation entre les mondes faiblira.

Alors la Faille deviendra la Brèche.

Alors le Chaos viendra rompre l’Harmonie.

Alors l’Imparfait chassera la Perfection primordiale.

Alors les peuples seront balayés et tomberont les nations. »

Draskar eut le cœur ravagé par cette vision.

Un grand trouble s’empara du peuple de Duka : rien ne l’avait préparé à la vision de sa déchéance, alors qu’à peine commençait son printemps.

Pour cela, Draskar posa son diadème.

Ainsi, il resta seul avec sa vision qui devait emplir son cœur de haine.

Ainsi, il entreprit sa seconde Tâche : devenir celui vers qui l’on se tourne en dernier. Viendrait un temps où l’espoir ne serait plus, où sa haine serait le dernier recours du peuple de Duka.

Draskar s’en alla par les Neuf Plans, dans les royaumes des peuples, afin de se préparer. Il apprit toutes les techniques, tous les moyens d’oblitérer ses adversaires, de détruire ses ennemis et d’effacer leurs traces du plan des ombres.

Il défia, traqua, tua les maîtres assassins, les spadassins et les empoisonneurs.

Il renforça sa technique, s’enfonçant dans les ombres : il en devint le fléau.

Draskar était :

Celui qui prévu l’irruption.

Il deviendra :

L’Assassin, le Fléau des Ombres, Celui vers qui l’on se tourne en dernier.

Bolka

La douce mère

Celle qui nourrit, celle qui soigne

Bolka est, des Deuxièmes nés, la plus proche de Duka par sa capacité à aimer. Bolka, comme sa sœur Volgit, décida de quitter sa forme parfaite minérale afin de concrétiser la Vision de sa mère.

Bolka était pleine d’amour, fascinée par la vie et la mort. Elle chercha à en percer les secrets. Elle étudia d’abord le monde minéral, l’essence de Rual sur le plan matériel. Elle comprit que les pierres étaient éternelles et stables, qu’elles ne mourraient pas. Mais vivaient-elles vraiment ?

Bolka comprit que les roches vivaient au rythme des Âges, que les peuples commençaient à peine à empiler les premières pierres de leurs cités. Qu’il ne s’agissait que d’un battement de cil pour une montagne !

Bolka se pencha sur le secret des plantes. Elle quitta alors les profondeurs du royaume souterrain et s’avança dans la grande forêt du monde. Fille de Duka, elle fut admise dans les bosquets, y rencontra les Tréans et découvrit leur sagesse : l’Équilibre. Auprès d’eux, elle perça les secrets du monde végétal.

Finalement, Bolka s’en retourna auprès de Duka, traversant le plan éthéré. Elle y découvrit de jeunes esprits, si jeunes que sa mère ne les avait pas rencontrés.

Ces esprits animaux, les totems, étaient nés dans le plan éthéré par l’existence des animaux du plan matériel. Bolka comprit alors l’imbrication des Neuf Plans.

Bolka s’en revint auprès de sa mère et de sa sœur, heureuse de rapporter toutes ces merveilles et cette sagesse, confuse d’avoir si longtemps délaissé l’âtre de son foyer.

Volgit confia à Bolka la Tâche de nourrir leur peuple à venir. Alors, par le pouvoir de Rual et le savoir des Tréans, Bolka verdit les profondeurs. Elle planta l’orge, le houblon et les arbres des profondeurs et sema les champignons.

Ainsi Bolka devint :

Celle qui soigne et qui nourrit, la douce mère.

Volgit

La Matriarche

Des Puînés, Volgit fut la plus imprégnée de la Vision de Duka, car elle fut la dernière sculptée. Alors qu’elle en était baignée, elle se l’appropria. Lorsqu’elle fut animée par la Puissance de Rual, Volgit prit les outils des mains de sa mère.

« Merci mère, reposez-vous. Vous avez tant fait. »

Incrédule, Duka confia ciseaux et maillets à sa jeune fille et la regarda s’atteler à la Tâche, à peine éveillée.

« Mon nainfant, vois comme les autres s’extirpent lentement de la roche mère. Ainsi est le minéral, son temps n’est pas celui de la chair.

— Mère, votre Vision est si belle si grandiose, et votre amour si fort. Il me tarde de faire naître les Troisièmes nés ».

Souriant devant tant d’énergie, Duka répondit posément.

« Cette Tâche sera épuisante, ma fille. Tu devras trouver habileté, inspiration, et maîtrise.

— Mère, je suis votre fille. »

Ainsi, mère et fille se mirent à la Tâche. Rual leur désigna sept piliers pour façonner les Troisièmes nés. Volgit sculpta les formes et les proportions, par sa main les mâles furent faits forts et résistants. Duka, elle, cisela leurs traits afin de définir leur caractère et les nomma.

Volgit sculpta les Troisièmes Nés pareils à elle, afin qu’ils vivent aisément dans le Dharkhangron. Mais alors qu’elle et sa mère étaient fines comme une veine de platine, elle les sculpta massifs, pareils aux rochers. Elle prévoyait d’en faire des guerriers.

Avec les premières villes des peuples simples viendraient guerre et commerce.

Duka était pleine d’amour pour son peuple à venir, mais aussi pour les peuples simples, car elle avait allumé leurs premiers feux et partagé leurs premières chasses.

Volgit, elle, voyait dans les peuples simples des partenaires et des concurrents, des alliés et des ennemis. Elle prépara ainsi les Troisièmes Nés à leurs futures Tâches.

Volgit est et demeurera :

La Matriarche, Le Dernier Rempart, La Reine Mère.

Angrad

Le seigneur des feux des Profondeurs

Angrad fut sculpté et forgé dans les profondeurs de la terre, si proche d’Ajax que même lorsque sa forme était indistincte et ses traits non ciselés dans la roche, il entendait ses nonchalantes mélopées. À son éveil, quand il fut nommé, Angrad s’assit au bord de la lave, la regardant s’écouler. Grâce à sa pierre-esprit, il conversa avec Ajax. Encore sous sa forme minérale, il plongea dans les magmas, nageant au plus profond de la terre, aux frontières des plans, là où les corps d’Ajax et de Rual se mêlent.

Là, il chemina dans les océans de lave du centre du monde, s’y imbriquant. Ainsi sa Tâche fut révélée : apporter au peuple nain la parole d’Ajax et la maîtrise des feux souterrains.

Angrad est et sera :

Le Héraut d’Ajax

Le seigneur des feux des Profondeurs

Magrim

Le seigneur des Airs

Magrim sortit du plus haut pic de Dol Rual. Volgit le sculpta d’un pilier dans un nid d’aigle balayé par les rafales de Celene. Au Premier Âge, le ciel était encore immense et peuplé de merveilles. Les montagnes étaient hautes et vertes. Alors que son enveloppe se formait, Magrim baignait dans les étendues bleues du ciel. Il y observa toutes les créatures qui le peuplaient. Il prévoyait que son peuple les chasserait dans l’avenir, mais aussi vivrait et volerait à leurs côtés.

Magrim fut ciselé et nommé au sommet de la montagne, dans les airs, auprès des griffons. Tandis que son esprit était façonné par Duka, à l’aide de sa pierre-esprit, Magrim les contacta.

Ces puissantes créatures n’étaient pas des animaux, mais un petit peuple. Ils ne vivaient pas dans de grandes cités, mais aux cimes des plus hautes montagnes. Magrim fut leur frère d’esprit. Celene se prit à l’apprécier, elle qui partageait un amour égal pour son futur peuple et pour les fiers et farouches griffons. Le Primordial donna alors à Magrim le pouvoir de parler avec les êtres de son royaume.

Devenu chair, Magrim resta de nombreux cycles auprès des griffons, car il voulait forger alliance et symbiose.

Par la grâce de Celene, Magrim est et sera :

Le seigneur des Pics, le Maître des Airs, l’Ami des Griffons

Grondinar

Le Serviteur, Le Souverain sans Couronne

Des Sept Cadets, Grondinar fut le plus travailleur et le plus méticuleux. Il fut taillé d’un pilier de granit, parcouru de veines de fer, dans l’une des plus grandes cavernes de Dol Rual. Volgit le martela, pleine d’ardeur à la Tâche. Lorsque Duka le nomma, Grondinar prononça ses seules paroles du Premier Âge :

« Bonjour mère. Je vais creuser et bâtir ici, dans le corps de notre Primordial Rual, la plus gigantesque cité du monde. Une cité digne de votre Vision pour y accueillir tous vos nainfants. »

Grondinar se rapprocha alors d’une veine d’adamentium pour y puiser ses outils : un ciseau, un marteau et une enclume.

Il se mit à sa Tâche, creusant la montagne, sculptant, maçonnant, forgeant, ciselant une cité aussi grande que magnifique. Rual, voyant ce nouveau né si dur à la Tâche lui confia le pouvoir de plier la roche à sa volonté.

Ainsi Grondinar est et sera :

Le Bâtisseur, le Fidèle Serviteur, le Souverain sans Couronne

Kohl

Le Gardien des Serments

Kohl sortit d’un pilier de Rual alors que Volgit, suivant les pensées de sa mère, pensait aux peuples simples. Alors qu’elle façonna Kohl, Volgit était pénétrée de visions de guerres naissantes entre les cités des jeunes peuples. L’esprit de Kohl fut façonné par la guerre, les traités, les alliances, les trahisons. Alors que Duka ciselait Kohl, cet esprit naissant se tendit vers celui de sa mère.

« Mère, retenez vos ciseaux. Je comprends que vous allez figer mon caractère dans mes traits et mon nom. J’aimerais vous parler d’abord ». Duka, étonnée et heureuse de voir cet être en devenir si sage, posa ses ciseaux à pierre et son marteau.

« Je suis là, tu n’es pas né encore. Quelles sont ces questions qui animent ton esprit inachevé ?

— J’ai vu votre vision, à travers l’esprit de ma sœur Volgit. Ainsi, nous allons vivre dans notre royaume Dol Rual. Nous allons y faire naître des splendeurs inimaginables pour les peuples simples. Nous allons attirer envie et convoitise. Comment allons-nous nous protéger et protéger les peuples simples ? »

Duka ne pouvait répondre à cette question, son esprit étant trop plein d’amour pour eux. Elle avait partagé leur repas, leur avaient appris à fabriquer lances et flèches, elle leur avait permis d’ériger leurs cités en leur enseignant les secrets de la maçonnerie.

Volgit répondit alors, car elle savait que sa Tâche serait de continuer la Vision de sa mère en guidant ses frères vers leurs Tâches.

« Tu fus baigné par la sagesse de Rual, esprit naissant. Que vois-tu ?

— Je vois des ententes, des accords, des paroles, des traîtrises. Les peuples simples sont si inconstants.

Ils sont changeants comme les nuages qui passent au-dessus des cimes, pourtant, toujours ils suivent les courants de Celene. Ils vont et viennent comme les vagues sur les plages de galets, mais sont toujours faits des mêmes ondes. Pourrons-nous vivre avec eux, nous qui sommes pareils à la montagne ? »

« Il me semble, mon frère, que tu connaisses déjà ta Tâche. Tu devras le découvrir. »

« Alors, ciselez-moi en ce sens. Faites-moi pareil à la montagne : inébranlable. Pareil au métal : inflexible. »

Car les mots seront gravés dans la pierre, Kohl devint :

L’Inflexible, le Gardien des Serments.

Tarak

Le Forgeron

Tarak fut forgé dans une fournaise de lave, son corps fait de basalte veiné de cuivre, d’étain et d’argent. Dans ces veines, Duka cisela sa barbe et ses cheveux. Tandis qu’elle les filait, qu’elle les travaillait, qu’elle les magnifiait, Tarak sentit tout son amour. Pour son peuple en devenir, là résidait la beauté : la Forge.

Quand il fut animé et nommé, il se mit à sa Tâche. Tarak fit naître d’une veine d’adamentium une enclume et un marteau. Si Grondinar pouvait soumettre à sa volonté la roche, Rual donna à Tarak le pouvoir de faire de même avec le métal.

Tarak partit dans les profondeurs de Dol Rual demander à Angrad le feu le plus chaud. Il demanda à Grondinar la bâtisse la plus dure. La forge de Tarak fut fondée dans les profondeurs du monde. Conformément à sa Tâche, il prit grand soin de forger tout ce dont sa mère, ses sœurs et ses frères auraient besoin. Tarak forgea durant tout le Premier Âge, perfectionnant son art.

Il se donna une Tâche : filer, travailler, magnifier le corps matériel de Rual pour en faire le joyau des Neuf Plans.

Ainsi Tarak est et sera :

Le Forgeron, Celui qui connaît la Beauté, Le Gardien des Arts nains

Trud

Le Vaillant, Le Fort, Le Vigilant

Trud fut façonné dans la pierre la plus dure du plus profond du monde. Son corps minéral ne fut pas sculpté, mais formé par le pouvoir de Grondinar, car rien ne peut entamer cette roche. Volgit voulait l’envoyer défaire les créatures qui hantaient les montagnes, afin qu’elles ne menacent plus les nains. Duka admit que ce devait être, mais ne voulut pas que ce nainfant devienne un implacable tueur. Elle lui cisela des traits doux, elle le nomma Trud pour lui donner la force et la vaillance de vaincre.

En s’éveillant, Trud ne s’acquitta pas de sa Tâche immédiatement, car il était sage, comme tous les nainfants de Duka. Il partit dans les profondeurs en compagnie de Bolka. Là, il apprit à connaître les créatures du Dharkhangron. Il demanda à sa sœur de domestiquer les bêtes qui pourraient servir leur peuple et de les différencier des monstres. Trud se détourna des créatures des lacs de lave, sachant qu’elles étaient à Angrad. Il gravit les cimes pour découvrir Magrim et les griffons. Voyant qu’ils défendaient les pics, il leur demanda de rester vigilant.

Finalement, Trud partit tuer les grands dévoreurs du Dharkhangron.

Ensuite, Trud sortit sur les pentes des montagnes. Plusieurs peuples simples y vivaient. Il appela Kohl afin qu’ils partent s’acquitter de leurs Tâches conjointement.

Ils partirent en quête de la sagesse des géants des nuages. Ils furent bien accueillis : Duka ayant sculpté les cieux avec eux, Magrim partageant leurs cimes. Ils apprirent à se méfier des peuples des montagnes, bien peu étant recommandables.

Trud et Kohl négocièrent avec certains géants. Les géants traceraient des routes tandis que les nains mettraient fin aux menaces pesant sur les deux parties. Ils partirent défier les chefs renégats. Trud les défit, puis Kohl exigea d’eux qu’ils s’exilent.

Ils allèrent ensuite trouver le peuple Tengu, simple et pacifique. Mais ces derniers avaient été soumis par les terribles cyclopes que Kohl savait créatures traîtresses au plus profond de leur cœur.

Trud et Kohl cherchèrent conseil auprès de Bolka et Volgit. Les deux mères tinrent conseil. Les Tengus étaient un peuple simple et stable. Ils élevaient des animaux et cultivaient la terre. Ils feraient un bon allié pour le peuple de Duka. Ils l’avaient chaleureusement accueilli au cours de ses voyages, bienveillants comme leur maître Celene. Les mères décidèrent de libérer les Tengus, d’éliminer les cyclopes puis de les chasser.

Volgit demanda à Tarak d’armer les nainfants de Duka.

Bolka reçut une serpe qui pouvait diffuser la lumière de Rual. Elle coupait toute plante et toute chair, mais Bolka pouvait choisir de blesser ou de soigner.

Volgit, la matriarche, reçut le Marteau de Commandement. Par ce Marteau, tous les membres du peuple de Duka pouvaient l’entendre. Il servait autant à bâtir qu’à détruire. Pourtant, il ne déchaînait ses pouvoirs que pour défendre le peuple de Duka, son foyer et ses alliés.

Angrad reçut une hache à double tranchant. Elle devait canaliser les pouvoirs de son porteur. Elle pouvait aussi bien déchaîner les flammes que les éteindre.

Magrim reçut un gant de métal pareil aux serres de ses frères d’esprit : les griffons. Il emprisonnait les armes des ennemis dans la poigne de son porteur. Magrim reçut aussi une lance pour pouvoir se battre quand il chevauchait. Elle pouvait fendre les airs, mais revenait toujours dans la main de son lanceur.

Grondinar ne voulut rien. Son marteau lui avait déjà servi à creuser les montagnes et son ciseau à tailler les pierres les plus dures. Ses mains étaient dédiées au travail honnête de la maçonnerie et de la taille. Il ne voulut pas porter des objets de mort.

Kohl reçut une lourde épée à double tranchant. Cette lame possédait le don de discernement, elle permettait à Kohl de repérer les traîtres derrière leurs paroles mielleuses. Elle fut animée du besoin de tuer les menteurs et les parjures. Tarak lui fournit aussi un bouclier, une pièce massive destinée à protéger le peuple nain des fourberies.

Trud avait été façonné par Grondinar, sur les instructions de Volgit, armé d’une masse à deux mains faite du même minerai que lui. Tarak prit le marteau de Trud, et avec l’aide d’Angrad, dans le feu de forge le plus chaud qui fut, ils reforgèrent l’arme et la nommèrent. Ainsi, elle devait briser les défenses de ses adversaires, les touchant où qu’ils se trouvent, quels que soient leurs plans.

Pour son dernier frère à venir, Drangdvit, Tarak fabriqua une hache à deux mains, sans pour autant terminer l’artefact. Tarak achèvera de le forger à la fin du premier âge, après que la pierre-esprit de Drangdvit ceigne son front.

Tarak, enfin, sortit un long fil d’adamentium qu’il plia et replia sans cesse. C’était le plus long filon que Rual lui révéla. Tarak le tira et le replia sur son enclume, encore et encore et encore. Le fil envahit la caverne de la forge, et Tarak le martela tant qu’il finit par n’être qu’une simple barre de métal, si lourde qu’aucun être ne pouvait la soulever. Il la forgea alors en épée, qu’il nomma et brandit : ainsi ne pourrait-elle être tirée de son fourreau que par un nainfant de Duka. Elle était si tranchante que nul armure ni bouclier ne pouvait l’arrêter. Elle était si lourde que chaque coup porté provoquait de terribles blessures et balayait l’ennemi. Cette arme, Tarak ne la fit pas pour lui ni pour aucun Puîné ni Cadet, il la fit pour ceux qui viendraient après. Tarak savait que ceux qui viendraient après n’auraient pas la force, la sagesse, la puissance des Puînés et des Cadets. Il leur faudrait une arme capable de les aider après la mort du dernier ancêtre.

Lorsque Volgit vint le chercher, il décida de la brandir lui-même, lui, le moins combattant des nainfants de Duka.

La Guerre contre les cyclopes

La première guerre du peuple de Duka

Volgit déserta sa demeure, mena Bolka et ses frères au combat contre les cyclopes. La matriarche voulait balayer la menace, mais Magrim lui apprit que de nombreux Tengus étaient enchaînés aux mains des cyclopes. Cela les ébranla profondément, car chaque peuple ne doit travailler qu’à sa propre gloire et forger sa propre destinée. Bolka refusa que les esclaves soient sacrifiés. Kohl ne voulut pas de batailles sans négociations. Volgit voulait une stratégie : elle en proposa une.

Trud devait défier le chef des cyclopes en combat singulier. Kohl devait obtenir leur parole qu’en cas de défaite, ils relâcheraient les Tengus et quitteraient ces terres pour ne jamais y revenir.

Mais les cyclopes étant des traîtres par nature, s’ils devaient manquer à leur parole, Grondinar libérerait les esclaves par des tunnels souterrains qu’il devait créer. Angrad ferait jaillir la lave pour engloutir les ennemis. Magrim attaquerait par les airs. Volgit, suivie de Trud et Kohl, attaquerait de front. Bolka passerait ensuite pour guérir les Tengus.

Alors Trud défia le chef des cyclopes et, d’un seul coup, lui écrasa la tête.

Alors les cyclopes brisèrent le serment de leur chef. Ainsi la première bataille commença sur un parjure. Volgit, Kohl et Trud abattirent sans un mot les ennemis qui se jetèrent sur eux. Tarak coupa les chaînes des esclaves rescapés. Bolka les soigna en ignorant les cris des cyclopes mourants. Ainsi était leur peuple, nul cyclope ne venait prendre soin de leurs blessés.

Pendant ce temps, Grondinar évacuait les Tengus par des tunnels. Angrad les noya de lave pour liquéfier les poursuivants. Il plongea ensuite dans le feu pour faire parler l’acier.

Magrim sonna son cor et les griffons se joignirent à la bataille, taillant les rangs désorganisés des cyclopes combattants, escortant les Tengus libérés jusqu’à Bolka. La bataille dura un jour et une nuit.

Au lever du jour, les Tengus survivants, armés par Tarak et soignés par Bolka, encerclaient les cyclopes rescapés sous la vigilance des nainfants de Duka et de leurs alliés griffons.

Kohl contraint les cyclopes à l’exil par Traité. Ils ne devaient plus paraître dans ces montagnes ni prendre les armes contre les Tengus et les griffons sous peine de subir la colère des nains. S’ils devaient chercher vengeance, qu’ils viennent à Dol Rual, ils y seraient reçus.

Kohl fit signer un Traité aux Tengus, gravé dans la pierre. Les Tengus livreraient leurs propres batailles, mais leurs demeures dans les montagnes seraient sous la protection des nains, tant que serait tenue la parole donnée. Tengus et nains se jurèrent mutuelle assistance, ce jour-là, pour défendre leurs foyers.

Griffons et nains mêlèrent leurs destins, les nains les accueillant à Dol Rual. Trud repartit dans les montagnes surveiller les terres et juguler les menaces contre son peuple et ses alliés.

Depuis ce temps, Trud est et sera :

Le Fort, le Vaillant, le Vigilant, Celui Qui Porte Les Défis

Drangdvit

Celui Qui Se Souvient Et Se Venge

Volgit n’avait pas fini de sculpter Drangdvit lorsqu’elle partit pour la Première Guerre. Cependant, l’esprit de cet être inachevé déjà était en éveil. Encore fusionné avec la montagne, il observa la bataille : aussi fut-il le seul témoin des atrocités que les cyclopes faisaient subir à leurs prisonniers Tengus et griffon avant de les mettre à mort.

Volgit vint finir de sculpter Drangdvit, encore habitée par la bataille. Elle le sculpta dur, et même Duka ne pût attendrir ses traits tant la Roche qu’allait devenir Drangdvit était réfractaire. Nommé, détaché du reste de la montagne, il devint une créature complète.

Drangdvit patienta, car il savait que son heure viendrait. Bientôt serait le temps de la fondation, avec la fondation viendrait les serments et avec les serments les reniements. Alors il agirait…

Car Drangdvit est et sera :

Celui Qui Se Souvient, Qui Ne Pardonne Pas, Qui Se Venge

Fondation de Dol Rual

Comment fut créée la mythique cité

Comment les nains la peuplèrent

Pendant que Grondinar creusait salles, piliers et couloirs et que Bolka semait sur et sous la montagne, les couloirs sans fin demeuraient vides. Aucun feu ne flambait dans les âtres, aucun rire de nainfant, aucun chant ni aucun martèlement d’artisan ne raisonnait dans les grands halls.

Alors Bolka réunit les nains autour de Duka.

Alors la grand-mère plongea son esprit dans celui de Rual, y invitant ses nainfants.

Alors ils plongèrent dans la Vision de Duka, contemplant une cité gigantesque, partant des cimes des montagnes jusqu’aux profondeurs de la terre. Cette cité regorgeait de Vie : de nains travaillant, vivant aimants, élevant leur peuple et magnifiant leur cité.

Chacun des nainfants de Duka transmuté en chair devait fonder une lignée. Il fallait aussi peupler la cité. Tarak fabriqua des moules pour fondre les premiers nains, membres des maisons et Throndi des lignées.

Les guerriers furent fondus d’acier, armés et bardés de même, pour protéger le peuple nain et son foyer.

Les artisans furent façonnés d’étain afin qu’ils adoptent toutes formes et qu’ils fabriquent tout ce qui serait nécessaire au peuple nain.

Les paysans furent coulés d’or : aussi malléable que lui, pour s’adapter aux saisons. Ils devaient nourrir le peuple nain.

Les Neuf Lignées

Chacun des nainfants de Duka devait fonder une lignée, il fallut donc marier frères et sœurs et nainfanter pour perpétuer les lignées.

Bolka s’unit à Tarak et Grondinar, Volgit s’unit à Drangdvit, Trud, Magrim, Angrad et Kohl. Chaque lignée s’installa dans un hall, s’attachant une maison, peuplant Dol Rual.

Volgit, La Lignée des Matriarches

Volgit eut dix nainfants, des jumeaux avec chacun de ses époux, toujours une fille et un fils.

Avec Angrad, elle mit au monde Bazguk, qu’elle nomma ainsi pour qu’il navigue sur les magmas. Avec son père, il devait canaliser les feux souterrains. Avec lui vint Gilaed qui rejoignit la lignée de sa mère. Elle y apporta les maîtrises de son père.

Avec Kohl, elle nainfanta Kilond. Il fut nommé ainsi pour qu’il devienne un grand diplomate et un ami sincère des alliés. Nurabela, leur fille, fut nommée ainsi par sa mère pour qu’elle la conseille. La fille devait aiguiser ses sens et évaluer ceux qui se présenteraient devant sa mère.

Avec Drangdvit, elle eut Belurt, le premier berserker. Ce nainfant devait fonder les compagnons vengeurs : les Aimen Thagi. Harlydd, sa fille, la dévouée vengeresse, rejoignit la lignée de sa mère. Elle devait lier les nains et leur rappeler leurs rancunes.

Avec Trud, elle fit naître Falthaï, le fort qui broie. Il devait être le plus puissant parmi les nainfants des lignées pour protéger les portes de Dol Rual. Glorideth, sa sœur, était la gardienne de Rual : Celui Qui Brille. Elle rejoignit sa mère pour veiller sur lui. Elle était celle qui prit le plus au sérieux la prophétie de Draskar, fondant les Rualundi.

Avec Magrim, elle accoucha de Thorval, le noble messager et ami des griffons. Vivant avec son père dans les cimes, il patrouillait les cieux de Dol Rual. Sa sœur Bida, le souffle de la colère, rejoignit la lignée de sa mère, mais continua de voler parmi les griffons.

Bolka, la maison des mères

Tandis que Volgit fondait les lignées des guerriers, Bolka fonda les lignées des créateurs.

Elle s’unit avec Grondinar et nainfanta des jumeaux, une fille et un fils. Le fils fut nommé Helkraal, la divine forteresse, afin de pouvoir fortifier Dol Rual. La fille fut nommée Orifra, l’ouvrière des gemmes, qui devait dépasser la maîtrise de la joaillerie de son père.

Avec Tarak, elle mit au monde Aradin, le sang de la forge. Tarak avait de grands projets pour son fils, c’est pourquoi il demanda à sa femme de le nommer ainsi, pour que le travail du métal coule dans ses veines. Leur fille, Noratia, fut nommée rivière de Mitral. On l’appela aussi Noradnd, celle qui tisse le mitral.

Comme les nainfants de Duka, lignées et maisons investirent Dol Rual.

Volgit installa sa lignée dans le grand hall où fut créé Duka, avec sa mère, ses filles et sa maison. La maison de la matriarche devait être la plus grande des neuf. Elle voulut magnifier ce grand hall, le premier creusé, lieu de naissance du peuple de Duka. Elle fit construire de grandes places souterraines, dans les grands gouffres autour du corps de Rual. De titanesques escaliers sculptés les reliaient. Ils s’élevaient des profondeurs jusqu’aux cimes. Chaque tunnel y menait et chaque hall y était rattaché. Sur chaque escalier, elle installa sa maisonnée et ses gardes. Au centre de la montagne, elle érigea une place plus grande encore, au centre de laquelle se tenait le corps de Rual. Ainsi tout le peuple nain pourrait venir contempler la magnificence du Primordial.

Sur cette place, au pied de Son Corps matériel, Rual fit émerger un trône.

Alors Volgit fit venir l’Aînée, les Puînés, les Cadets, les descendants et les maisonnées. Tous vinrent pour voir le trône de Rual occupé. Alors Volgit accompagna sa mère Duka pour que la Première Née prenne sa place et accomplisse sa Vision. Mais Duka ne régnait pas dans sa Vision.

Alors, une couronne apparut depuis les ombres, ornée de onze pierres. Elle se posa sur la tête de Volgit.

Alors, Duka, Dolgrim, Draskar et Bolka portèrent Volgit sur un bouclier jusqu’au trône de Rual.

Alors les Troisièmes nés sortirent leurs armes et saluèrent leur reine.

Alors les quatorze acclamèrent leur mère, leur tante, leur souveraine.

Alors les maisonnées s’inclinèrent, jurant fidélité et obéissance.

« Longue vie au peuple nain, que les barbes des Cadets poussent à emplir leurs halls. Que les mères siègent jusqu’à la fin des Âges. Que les lignées prospèrent, à jamais ininterrompues. »

Alors Volgit s’assit sur le trône de Rual. Son premier acte fut pour les lignées. Comme elles devaient perdurer, Volgit maria : Harlydd et Falthaï, Glorideth et Helkraal, Bida et Belurt, Gilaed et Aradin, Nurabela et Thorval, Orifra et Kilond, Noratia et Bazguk.

Ainsi furent perpétuées les lignées.

Volgit confirma les Tâches de chacun.

La lignée de Trud devait protéger leur peuple.

La lignée de Kohl devait trier les ennemis des alliés.

La lignée de Drangdvit devait venger les affronts.

La lignée de Grondinar devait loger le peuple.

La lignée de Tarak devait l’outiller, l’équiper.

La lignée d’Angrad devait le chauffer, le préserver d’Ajax.

La lignée de Magrim devait le veiller, le garder en bons termes avec Celene.

La lignée de Bolka devait le soigner et le nourrir.

La lignée de Volgit devait le mener.

Dolgrim devait instruire le peuple sur les mystères du monde, Draskar devait le prévenir de sa vision, Duka devait l’inspirer par sa Vision.

Le Royaume nain, Ankor Dawi

Suite à la fondation de Dol Rual, les nains se tournèrent vers l’extérieur de la montagne, certains cherchant des alliés, d’autres des ennemis. Certains cherchaient l’altérité pour s’y confronter, par la force ou le commerce, ou pour partager un repas autour d’un feu. La montagne avait été purgée de ce qui l’infestait, plus aucune menace n’arpentait ses flancs ni ne grouillait dans ses profondeurs.

Le foyer des nains, Dol Rual, accueillait aussi les griffons, mais d’autres peuples aussi habitaient ses contreforts. Les cyclopes avaient été chassés, ainsi que tous les giganthropes détestables qui hantaient ces lieux.

Les Tengus, libérés de l’esclavage, reformèrent un royaume aux portes de Dol Rual. Volgit leur installa une enclave à l’intérieur de la crête de Trud pour honorer les paroles échangées. Vidés de leurs détestables occupants, les abords de Dol Rual attirèrent des peuples en quête de quiétude.

Les tribus des géants des nuages, elles qui depuis longtemps connaissaient Duka, étaient libérées de leurs frères maléfiques. Ils négocièrent non-agression et commerce avec Dol Rual, apportant la prospérité aux deux peuples. À travers eux, Dol Rual put commercer avec la cité de Celene : Kazad Orral, la cité des nuages bleus.

Sur les contreforts sud vivaient les impassibles géants de pierre. Ils cherchaient l’isolement pour que nul ne vienne les troubler. Contre un pacte de non-agression, les géants s’installèrent en bordure du royaume nain, cachés dans leurs grottes. Ils venaient commercer leurs bêtes d’élevage en passant le col d’argent.

Dans les falaises est et nord-ouest, des géants s’installèrent pour restaurer l’Équilibre. Venant des bosquets, ils œuvrèrent pour reverdir la montagne, purifiant la terre après la dévastation des cyclopes. Mais Dol Rual était le foyer des nains : un âtre brûlant, une table garnie, un atelier besogneux. Les nains élevaient du bétail et cultivaient les contreforts de la montagne. Volgit envoya Kohl, Bolka et ses filles Harlydd, Bida et Nurabela en ambassade dans les bosquets pour trouver un accord. Les nains firent valoir leur droit à l’intérieur de la crête de Trud. Le peuple du bosquet s’installerait aux frontières, veillant sur l’équilibre des saisons sans interférer.

Il était des géants proches de Rual, fascinés par la roche et ses trésors, souhaitant en travailler les beautés. Ils étaient les géants des gemmes, et s’installèrent à l’intérieur de l’Ankor Dawi, au pied de Dol Rual. Volgit leur accorda la protection qu’ils cherchaient contre paiement.

Ainsi le peuple nain forgea-t-il ses premières alliances.

Viendra alors le Second Âge, durant lequel les nains sortiront de leur royaume. Car au-dehors, tandis que le peuple nain s’éveillait, s’éveillaient aussi les menaces.

Les cyclopes terribles, au sud, reconstruiront la cité de Gorgrond.

Les géants de feu, dans les volcans du sud-est, fonderont la terrible Goria.

Et Gog, l’ogre-mage, fera émerger d’un lac de sang le Botaan.


Texte publié par Médiéfictions, 30 août 2022 à 18h31
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