«

Sa tasse de thé vert entre les mains, elle plongea son regard dans la boisson chaleureuse. En y apercevant tant bien que mal son reflet, elle réalisait que c’était bien une des premières fois depuis longtemps qu’un sourire s’affichait sur son visage. Le type de sourire qui ne prend pas que les lèvres, mais aussi les yeux qui se plissent davantage et le coeur qui s’attendrit encore plus. Elle décrochait son regard pour s’attarder sur les couples de danses dans la cour.

A l’abri sur une balançoire en bois, Celia pouvait admirer les danseureuses virevolter au son de l’accordéon. Les notes se suivent, se dansent sans un arrêt. Puis vient le moment attendu, celui de la prise de Parole du vagabond chanteur. Il scande alors ces quelques mots à moitié murmurés:

« La Quête

De la simplicité

De la vérité

De l'authenticité

De la réalité rêvée

Imperceptible changement

L’audace rebelle

L'ode à la lenteur

Tout commence

En silence? »

C’est au dernier mot que le souffle de l’accordéon se tait. Ils laissent alors la place ensemble aux derniers pas, derniers froissements de vêtements contre la peau. Le soleil caresse les couples de danseureures. Des frissons parcourent l’échine de la jeune danseuse témoin de cet instant. L’émotion lui prend le coeur, les larmes au yeux. Pour une fois, ce ne sont pas des larmes de tristesse. Les paroles sont fortes, elles font échos en son âme. Oui, c’est ici qu’elle retrouve l’essentiel de sa quête. Tout commence en silence… ou en musique?