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Les gouttes tombent. Toutes les gouttes tombent. Irrémédiablement elles tombent. Et toutes les gouttes savent qu’au bout, il y a le grand Lac. Personne ne sait ce qu’il se passe après le Lac. Il y a bien des rumeurs, des idées, mais jamais aucune goutte n’en n’est revenue pour raconter ce qu’elle en a vu. En attendant, toutes les gouttes tombent.

Tandis qu’une nouvelle vague de gouttes se prépare pour le grand voyage, notre goutte se senti en déroute avant de prendre la route. Alors que Mère Nuage lui préparait son dernier casse-croûte, Goutte ne put se retenir de partager ses doutes :

« Mais… Mais ? Pourquoi dois-je chuter ? On doit vivre le voyage, au risque d’y prendre goût, pour finir ensemble à la fin dans un trou. A quoi sert de tomber, quand on connait le bout ? J’ai peur, c’est tout… ce grand Lac vide que je redoute… Excuses moi, mais je doute. Je refuse de chuter, si c’est juste pour la route. »

Mère nuage répondit gentiment :

« Mon enfant, toutes les gouttes tombent. La chute est un cadeau, un voyage unique, ne vois pas l’arrivée comme une fin tragique. Tu n’as pas commencé, ne penses pas à l’issue, profites plutôt des joies que t’offre l’imprévu. »

Après plusieurs échanges, Goutte n’avait plus de mots, elle salua les anges avant l’ultime grand saut. Et en quittant ses langes, la Goutte dit en sanglot :

« Moi, la chute, ça me dégoute ! »

Puis elle chuta.

Encore toute agitée par cette fatalité, sous le bruit de ses pleures elle distingua crier : c’était ses sœurs les gouttes qui étaient enjouées de partager cette route, le temps d’une tasse de thé. A ce stade il faut que vous sachiez, que pour une goutte de pluie, c’est une éternité ; et que le grand voyage, équivaut à une vie, ne soyez donc pas triste, je reprends mon récit.

Une goutte au fort tempérament lancée à pleine vitesse, fusait à même le vent en criant sa liesse. Sans penser à l’avenir elle avançait sans cesse, et fonçait droit devant, sans même serrer les fesses. Elle croisa notre ami, et d’un clin d’œil lui dit :

« Tu devrais profiter, car ainsi va la vie ».

Notre goutte ourdit :

« Quel idiot celui-là, au fond du Lac sans bruit plus vite il finira ».

Une autre goutte voguait à une allure plus sage, et flottait doucement, profitant du voyage. Sa chute était plus longue, toute en contemplation, elle aimait profiter des plaisirs de chaque âge.

Elle croisa notre ami, et d’un clin d’œil lui dit :

« Tu devrais profiter, car ainsi va la vie ».

Notre goutte répondit :

« Je ne vois pas comment tu apprécies la vie, quelle angoisse ce fardeau qui finira dans l’eau ».

Une dernière goutte épaisse glissait d’une goutte à l’autre, emmenant avec elle chaque rencontre dans son lit. Chacun de ses passages laissait une douce odeur qui réchauffait les cœurs cachées dans ses sillages. La goutte volage lui tien ce langage :

« Tu devrais profiter, car ainsi va la vie ».

Notre goutte réagit :

« A quoi sert de lier ce qui ne sera plus, moi je préfère être seule, et qu’on en parle plus ».

Le reste de sa chute ne connut d’autres histoires, la goutte tomba dans le lac, recueillie par les Moires. Avant son dernier souffle, juste avant le grand plouf, elle se mit à douter :

« J’ai peut-être eu tort, aurais-je dû profiter ? »


Texte publié par Taman_StoryTelling, 23 août 2022 à 08h36
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